Grenoble - Mont-Blanc (14 mars 2006)

 

Quart de finale de Ligue Magnus, match 1.

Les choses sérieuses commencent pour les Brûleurs de Loups, au repos forcé depuis dix jours dans l'attente de connaître leur adversaire. Et surprise, alors que tout le monde se préparait à un enflammé derby isérois contre les Ours du Vercors, c'est l'Avalanche du Mont-Blanc qui se présente à Pôle Sud pour le compte de ces quarts de finale. Les joueurs d'Ari Salo ont créé l'événement de ce premier tour des play-offs en sortant victorieux d'une série serrée qui a fait beaucoup parler d'elle. Si on ne peut vraiment parler de derby, on peut au moins évoquer les retrouvailles entre anciens coéquipiers vu que les ex-Grenoblois (Gachet, Pouget, Goetz, Carry, Fleutot, Sangiorgio) sont nombreux dans les rangs haut-savoyards. Déjà dans le rythme des phases finales, ces derniers n'ont sans doute pas oublié qu'ils ont été les seuls cette saison à s'imposer dans le temps réglementaire à Pôle Sud. De quoi forcément donner des idées...

Remontés comme des coucous, les Grenoblois attaquaient la rencontre tambour battant et il fallait à peine plus d'une minute à Craig Mills pour déborder sur l'aile droite et tromper Arnaud Goetz d'un tir sec au ras du poteau (1-0, 01'12"). Le match débutait de manière idéale pour les locaux qui semblaient sur leur lancée de la fin de saison régulière et à l'abri de toute mauvaise surprise. Mais les minutes suivantes ne confirmaient pas vraiment cette première impression. Mont-Blanc ne venait pas en victime expiatoire et Pirrka Lahtinen profitait d'une absence de la défense grenobloise pour remettre les deux équipes à égalité (1-1, 05'05"). Une pénalité de Berruex permettait aux Brûleurs de Loups de tester leur jeu de puissance sans pour autant parvenir à porter le danger devant Goetz. La pression grenobloise sur les cages se faisait pourtant sentir depuis l'égalisation et les locaux tentaient de prendre le dessus physiquement sur leurs adversaires. C'est finalement un exploit individuel de Baptiste Amar qui débloquait la situation. Le défenseur international récupérait le palet derrière la cage de Mont-Blanc, faisait le tour puis couchait Goetz et plaçait le palet dans le haut du but (2-1, 14'13"). Les choses semblaient se décanter pour Grenoble qui bénéficiait dans la foulée d'une nouvelle supériorité numérique. Après avoir déployé un jeu de puissance plus convaincant que la première fois, les Brûleurs de Loups trouvaient la faille par l'intermédiaire de Bonnard, bien placé devant le but, qui exploitait un décalage de Wallin pour marquer en déséquilibre malgré l'intervention musclée d'un défenseur haut-savoyard (3-1, 16'11"). Cette fois le break était fait et les hommes de Gérald Guennelon auraient pu être satisfaits de leur entame de match si le score en était resté là à la pause. Mais Mont-Blanc bénéficiait à son tour d'un power-play en fin de tiers et Stéphane Gachet expédiait un lancer balayé hors de portée de Burnet, masqué par le trafic devant sa cage (3-2, 18'51"). La première période, fertile en buts et bien laborieuse pour les défenses, s'achevait ainsi avec un petit avantage d'un but pour les Isérois.

Un avantage de courte durée puisqu'Étienne Croz n'avait besoin que de seize secondes dans le deuxième période pour déborder sur l'aile et expédier un missile qui laissait Burnet sans réaction (3-3, 20'16"). Stupeur à Pôle Sud qui réalisait que l'Avalanche avait été enterrée un peu trop vite dans cette rencontre. Les Haut-Savoyards ne s'étaient pas laissés impressionner par le début de match tonitruant des Grenoblois et comblaient leur retard au point de faire douter leurs adversaires qui déjouaient complètement. Favarin se faisait sanctionner, Mont-Blanc installait le jeu de puissance et Hrehorcak de la bleue expédiait tranquillement le palet au fond des filets de Burnet (3-4, 22'07"). Les Brûleurs de Loups venaient d'encaisser trois buts consécutivement (dont deux sur deux infériorités numériques) et cédaient l'avantage au score à leurs adversaires, se rendant compte que la qualification pour les demi-finales ne serait pas un partie de plaisir. Et comme Goetz se faisait un malin plaisir à contrecarrer toutes les offensives de ses anciens coéquipiers, on se demandait bien comment ces derniers allaient réussir à se sortir de ce qui sentait le match piège par excellence. Les attaques n'étaient guère construites et deux situations d'avantages numériques consécutives ne permettaient pas plus aux Grenoblois d'installer proprement leur jeu. La succession de pénalités accordées de part et d'autre contribuait à hacher le jeu mais laissait aussi des espaces dont ne put profiter Laurent Meunier pourtant parti seul en break face à Goetz. La délivrance venait finalement de la crosse de Viktor Wallin en jeu de puissance, le défenseur suédois parvenant à tromper Goetz d'un lancer lointain (4-4, 35'32"). L'égalisation galvanisait la troupe grenobloise qui se ruait sur les cages haut-savoyardes sans pour autant obtenir l'efficacité escomptée, Meunier manquant encore une fois le coche dans les dernières minutes du tiers.

Le score de parité au début de la troisième période laissait le suspense intact dans cette rencontre plus indécise qu'il n'y paraissait. Les premières minutes devaient être décisives et ce sont les locaux qui les négociaient le mieux. Grenoble s'en remettait à son traditionnel sauveur, Roger Jönsson, pour reprendre l'avantage dans la rencontre après une longue période de doute. Le Suédois exploitait avec à-propos une passe de Benoît Bachelet pour profiter d'une certaine confusion devant les cages de l'Avalanche (5-4, 41'37"). Un avantage confirmé quelques minutes plus tard lors d'un jeu de puissance (très fructueux ce soir de part et d'autre) lorsque Simon Bachelet se trouvait au rebond sur un tir initial de Kévin Hecquefeuille repoussé par Goetz (6-4, 44'33"). Cette fois l'avantage semblait définitif et les Grenoblois, plus appliqués en défense et un peu moins feu follet semblaient enfin maîtriser les débats. Deux situations d'avantage numérique de part et d'autre ne permettaient pas au score d'évoluer, les Grenoblois semblant se contenter de l'avantage acquis, les Haut-Savoyards semblant accuser le coup physiquement. Dans un dernier baroud d'honneur, Ari Salo tentait le tout pour le tout et sortait son gardien pour créer le surnombre à trois minutes de la fin. Une manœuvre osée et inutile finalement puisque Laurent Meunier, pas très en réussite ce soir, se voyait finalement récompensé de ses efforts par un but en cage vide (7-4, 57'37").

Grenoble a eu très chaud ce soir et n'a pu faire la différence que lors de la dernière période face à une coriace équipe du Mont-Blanc. Les approximations défensives des deux premiers tiers auraient pu coûter cher à une équipe grenobloise confondant souvent vitesse et précipitation. Burnet n'était pas dans son meilleur jour de même que sa défense, un peu trop portée vers... l'attaque (quatre buts ont été inscrits par des défenseurs ce soir !). Il faudra plus de rigueur lors des prochaines rencontres. Seule réelle satisfaction ce soir : le jeu de puissance enfin efficace au bon moment. Un domaine dans lequel Mont-Blanc a également montré son savoir-faire. Les joueurs haut-savoyards ont manqué une belle occasion de créer une grosse sensation dès le premier match de la série. Il leur a manqué sans doute un peu de jus dans le troisième tiers pour rééditer leurs performances réalisées face à Villard. Ils ont en tout cas adressé un avertissement sans frais aux Grenoblois pour la suite de la série.

Désignés meilleurs joueurs du match : Simon Bachelet (Grenoble) et Stéphane Gachet (Mont-Blanc).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Ce que je craignais est arrivé. Cette impatience après dix jours de repos a fait les affaires de Mont-Blanc. Mes joueurs étaient un peu tout feu tout flamme. Ils sont partis dans tous les sens et ce n'est pas une surprise car toute la semaine, je les avais sentis comme ça. Mais ils ont réagi à la fin du deuxième tiers et je les en félicite. J'ai essayé de les calmer pour qu'ils soient plus lucides, plus efficaces en dernière période. Mont-Blanc est venu pour se battre, ne rien lâcher et l'a réalisé deux périodes. Ce n'est pas plus mal que le groupe se focalise directement sur la réalité des play-offs. Mais la série ne fait que commencer."

Laurent Meunier (attaquant de Grenoble) : "On a assez bien commencé mais quand on met deux buts contre son camp sur quatre, c'est pas facile. À la fin, on a enfin eu de la réussite. On avait beaucoup d'énergie pour commencer les play-offs et ça s'est bien passé au final. On savait que Mont-Blanc ne nous donnerait rien. Gagner le premier match, c'était super important."

Romain Carry (attaquant de Mont-Blanc) : "On y a cru longtemps même si ça avait mal commencé. On ne s'est jamais découragé, même si leur changement de rythme au troisième tiers nous a fait mal. On a perdu quelques duels, individuellement ils sont meilleurs que nous et on a péché physiquement sur certaines phases. Ca n'a pas pardonné. Je suis quand même un peu surpris des failles défensives qu'ils ont laissées alors que le match était serré. C'est peut-être dû au manque de compétition. Mais on est vraiment bien, on va croiser les doigts parce qu'en face il y a du répondant..."

 

Grenoble - Mont-Blanc 7-4 (3-2, 1-2, 3-0)

Mardi 14 mars à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3400 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Laurent Antunes et Gwilherm Margry.

Pénalités : Grenoble 14' (2', 6', 6'), Mont-Blanc 20' (4', 8', 8').

Évolution du score :

1-0 à 01'12" : Mills assisté de Draney et Favarin

1-1 à 05'05" : Lahtinen assisté de Carry

2-1 à 14'13" : Amar assisté de Hecquefeuille et Sadoun

3-1 à 16'11" : Bonnard assisté de Wallin et Jönsson (sup. num.)

3-2 à 18'51" : Gachet assisté de Fleutot (sup. num.)

3-3 à 20'16" : Croz assisté de Subit et Prunet

3-4 à 22'07" : Hrehorcak (sup. num.)

4-4 à 35'32" : Wallin assisté de Jönsson et Russell (sup. num.)

5-4 à 41'37" : Jönsson assisté de B. Bachelet

6-4 à 44'33" : S. Bachelet assisté de Hecquefeuille (sup. num.)

7-4 à 57'37" : Meunier assisté de Hecquefeuille et Amar (cage vide)

 

Grenoble

Gardien : Christophe Burnet.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Martin Millerioux - Nicolas Favarin.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Laurent Meunier - Yven Sadoun ; Bobby Russell - Roger Jönsson - Benoît Bachelet (C) ; Craig Mills - Brett Draney - Cyril Papa.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Romain Bachelet, Christophe Tartari, Josef Podlaha, Yohann Morant, Teddy Trabichet. Absents : Ludek Broz (genou, saison terminée), Sacha Treille (clavicule). 

Mont-Blanc

Gardien : Arnaud Goetz (sorti de 56'57" à 57'37").

Défenseurs : Lilian Prunet - Thomas Berruex ; Christian Pouget (A) - Peter Hrehorcak ; Stéphane Gachet - Pierre-Antoine Simonneau

Attaquants : Patrice Fleutot (C) - Etienne Croz - Sébastien Subit ; Jani Pollari - Romain Carry (A) - Pirrka Lahtinen ; Sylvain Nicoud - Thierry Nicoud - Bastien Sangiorgio ; Fabrice Leglaive - Clément Berruex - Renaud Tracol.

Remplaçants : Dejan Beaurepaire (G), Guillaume Duclos, Yohann Chauvière. Absents : Florent Socquet, Numa Besson, Julien Marquet.

 

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