Rouen - Amiens (4 avril 2006)

 

Finale de Ligue Magnus, match n°1.

Souviens-toi des play-off derniers...

Les meilleurs ennemis du monde ont encore rendez-vous cette saison en éliminatoires pour le plus grand plaisir de leurs partisans. C'est la troisième fois en trois années de play-off que les Dragons sont opposés aux Gothiques d'Amiens. Une autre victoire normande scellerait les plus vils railleries normando-picardes pour l'ouverture de la nouvelle centaine de matches entre des ennemis qui se veulent du bien !

Après un premier tiers où les meilleurs patineurs rouennais ont sûrement été les Dragon's girls, le combat pourtant imposé par les Gothiques a été fatal aux joueurs de Denis Perez. Inférieurs dans les remises en jeu, ils ont souvent été contraints de courir derrière la rondelle. Délétères, les coéquipiers d'Anthony Mortas ont payé cher leur jeu agressif. Conséquences fâcheuses, les Picards, plus souvent dans la prison alors que le match n'était pas encore destiné, ont d'abord flanché en infériorité autour de la mi-match, avant de définitivement lâcher prise dans un nouveau désavantage à neuf minutes de la fin du match.

Les Dragons redoutant l'échec-avant des Amiénois se sont beaucoup protégés à l'occasion des contacts physiques du premier tiers. Très perturbés à la fois par des adversaires combatifs et par des intersections nuisibles qu'ils fabriquaient, leurs courses croisaient des passes croisées, les relances rouennaises se sont contrées d'elles-mêmes. Meilleurs dans la conquête des rondelles libres, les Picards ont donc réussi à faire déjouer les Rouennais tout au long de la période initiale. La première pénalité de la rencontre a rapidement plongé les acteurs dans l'intensité d'une finale. Histoire de mettre l'ambiance, pendant cette attaque à cinq, Loïc Sadoun n'a pas réussi à mettre sa crosse sur la trajectoire d'une passe précise et menaçante de Laurent Gras. Au second poteau, l'ailier gauche n'avait qu'à dévier la rondelle dans la cage ouverte (2'26). Sur un contre de ce jeu de puissance picard, Mindjimba a été sauvé par un ricochet du palet juste devant le bâton de Carl Mallette au moment où le Canadien était en mesure d'ajuster son tir (ou une passe pour Thinel). Il n'y avait plus qu'un défenseur pour aider le portier face aux deux canardeurs canadiens (3'43). Le ton était donné. Un match d'émotion avant tout.

Dans une attaque installée en surnombre, Pierre-Édouard Bellemare a repris de près un palet laissé libre par Antoine Mindjimba après un lancer frappé fort de la pointe de Kimmo Salminen (1-0 à 7'23). Les Dragons ont sans doute pensé avoir fait le plus difficile quand ils ont ouvert le score car le gardien picard s'est montré solide en ce début de rencontre. Par la suite, il a été mieux soutenu par sa défensive, qui a pressé plus haut les Rouennais, dans leur camp, les poussant à la faute. Dans le haut de l'enclave, Laurent Gras a arraché le caoutchouc à Sedlak qu'il venait d'intercepter. Ce revirement a pris à contre-pied les coéquipiers de l'arrière slovaque. En surnombre, après un bon relais de Loïc Sadoun, François Rozenthal a hérité de la rondelle libre devant le filet. L'international a été patient. Il a provoqué Sopko. Puis attendu qu'il bouge avant de balancer du revers le puck dans la maille (1-1 à 13'29). Nicolas Pousset a repris un rebond donné par Sopko lors d'un jeu de puissance habilement joué derrière la cage par Pazak (1-2 à 18'30). Les Dragons ont même frôlé la correctionnelle dans ce premier tiers lorsque Brice Chauvel relayant l'interception de son défenseur a envoyé Pazak en breakaway face à Sopko. Le gardien rouennais a réalisé un double arrêt magistral devant l'échappé amiénois (19'24).

Mal engagés, les Dragons se sont refait une santé en trente secondes dans le deuxième tiers. D'abord, en power-play grâce à un lancer de loin de leur arrière Sami-Ville Salomaa, pendant que son compère Vesa Ponto masquait Mindjimba (2-2 à 27'44). Puis, grâce à Marc-André Thinel, démarqué, se jouant d'un poke-check de Mindjimba après une accélération de Mallette (3-2 à 28'12). Les Rouennais vont de mieux en mieux. Mais ni Mallette (28'38) ni Salminen (29'18) pourtant idéalement lancés ne parviennent à confirmer les progrès des Normands. Ils ont même un peu de chance lorsque Bachet trouve la barre au bout de son tir (29'44). Alors, c'est de nouveau Sami-Ville Salomaa qui redresse la barre normande de son slap très efficace ce soir en supériorité (4-2 à 34'03).

Les dés semblent jetés à la fin du tiers médian. Dans le troisième, Elie Marcos réduit la marque pendant un avantage numérique d'un joli tir en angle fermé dans le haut des filets et ajoute du suspens au derby (4-3 à 49'53). Mais ce n'est pas pour longtemps car Julien Desrosiers compte à son tour à un joueur de plus en reprenant un énorme rebond suite à un lancer adressé de la neutre par Pierre-Édouard Bellemare (5-3 à 51'20). La rencontre se termine sur cette victoire des Dragons attendue mais mal entamée... qui pourrait faire naître quelque appétit à des Gothiques plus affamés encore ?

Les deux gardiens ont bien joué leur rôle sans connaître l'état de grâce. Sopko a réalisé l'essentiel de son travail sur les deux premiers tiers. Très sûr de la mitaine devant Élie Marcos (16'47). Brillant face au breakaway de Pazak (19'24) à un moment important du match (Amiens menait alors d'un but) et frustrant Rozenthal en power-play (35'30). Mindjimba, lui, a laissé quelques malheureux rebonds (buts de Bellemare et Desrosiers) et d'autres qu'il a parfois bien mieux couvert. S'il a bien débuté la rencontre, de la palette pour dévier un lancer de Sedlak en supériorité (6'08), du casque face à Coqueux (9'22), et s'il a sevré Fortier (10'48), il a paru moins régulier par la suite (but de Thinel). Il n'a pas réussi à faire la police ou à la faire faire dans son enclave par ses coéquipiers. Il était sans doute masqué, par Ponto et Bellemare, sur les deux slaps victorieux de Salomaa. Pourtant, il a su maîtriser des envois dangereux de Mallette (28'38) et Thinel (41'18).

Coté rouennais, le joueur du match est sans conteste Sami-Ville Salomaa. Spectaculaires, ses deux slaps victorieux ont immortalisé le Finlandais sur l'île Lacroix. Il apparaît en leader aux points dans la feuille de match, mais l'arrière ne s'est pas contenté de marquer, il a aussi à son crédit de n'avoir commis aucune erreur défensive, le tout en étant présent dans les unités spéciales en infériorité comme en supériorité. Il a aussi été très bien épaulé par son binôme, Vesa Ponto. L'autre ogre défensif a été Daniel Carlsson. Le Suédois, monstrueux en infériorité numérique, a énormément aidé son équipe à résister aux assauts picards. Les attaquants les plus en vue et les plus réguliers sont ceux de la première ligne, Kimmo Salminen - Pierre-Édouard Bellemare - Julien Desrosiers, quasi-parfaits dans leur travaux défensifs sans que leur jeu offensif en soit perturbé. Le trio a été très réaliste en power-play, auteur de deux des quatre buts en avantage numérique et présent sur les deux autres ! La ligne Air-Canada (Fortier-Mallette-Thinel) a offensivement beaucoup usé l'adversaire, mais en délaissant certaines tâches et recommandations défensives (par exemple trois fautes offensives à leur actif). Leurs deux arrières de soutien, Sedlak et Mikel, très complémentaires, ont subit les lacunes canadiennes de plein fouet et n'ont pu réaliser des performances individuelles homogènes et ce malgré de très bonnes initiatives (offensives pour Sedlak et défensives pour Mikel).

À Amiens, Laurent Gras a certainement eu le meilleur rendement même s'il a très peu compté. Peu d'erreurs défensives directes bien qu'il aille au combat. Le joueur de centre, toujours inspiré, a été très dynamique. François Rozenthal et Miroslav Pazak ont été un peu plus efficaces sur la feuille de match mais les deux ailiers ont eu plus de déchets défensifs. Pazak était un peu trop seul devant car Mortas, qui a bien joué son rôle d'attaquant défensif, n'a pu se faire violence que trop rarement pour aider le Slovaque dans son rôle de buteur. Derrière, Pulscak et Bachet ont été les plus en vue. Une fois n'est pas coutume, Vincent Bachet a été autant en vue en défense qu'en attaque avec notamment un tir malchanceux sur la barre à la mi-match qui aurait égaliser à trois partout. Une mention à Élie Marcos pour sa fiche d'un but et d'une aide.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Franck Pajonkowski (co-entraîneur de Rouen) : "On a commencé le match trop nerveux, mais ensuite, notre jeu de puissance, qui n'a pas été fameux toute la saison, a été efficace. On s'attendait à contrôler le palet. Amiens était venu défendre et c'était à nous de faire le spectacle. Maintenant, nous allons tenter d'enchaîner avec une deuxième victoire. Car même si Amiens est l'outsider, à 2-0, la pression changerait de camp..."

Denis Perez (entraîneur d'Amiens) : "On n'est pas si loin, nous avons réussi à faire douter l'ogre. Mais les pénalités coûtent cher face à une équipe comme Rouen. Mes joueurs se sont épuisés dans ces situations. Résultat : nous prenons quatre buts en infériorité ! Cela dit, je retiens qu'Amiens n'a pas baissé les bras. Pour le deuxième match, c'est simple : réussir à jouer à cinq contre cinq !"

 

Rouen - Amiens 5-3 (1-2, 3-0, 1-1)

Mardi 4 avril 2006 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2663 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Savice Fabre et Damien Bliek.

Pénalités : Rouen 20' (4', 6', 10'), Amiens 16' (2', 10', 4').

Tirs : Rouen 30 (14, 11, 5), Amiens 24 (9, 7, 8).

Occasions : Rouen 4 (1, 2, 1), Amiens 5 (2, 3, 0).

Évolution du score :

1-0 à 14'50" : Bellemare assisté de Salminen et Desrosiers (sup. num.)

1-1 à 13'29" : Rozenthal assisté de Sadoun et Gras

1-2 à 18'30" : Pousset assisté de Pazak et E. Marcos (sup. num.)

2-2 à 27'44" : Salomaa assisté de Salminen et Ponto (sup. num.)

3-2 à 28'12" : Thinel assisté de Mallette et Fortier

4-2 à 34'03" : Salomaa assisté de Salminen et Desrosiers (sup. num.)

4-3 à 49'53" : E. Marcos assisté de Pousset et Pazak (sup. num.)

5-3 à 51'20" : Desrosiers assisté de Bellemare (sup. num.)

 

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Vesa Ponto - Sami-Ville Salomaa ; Jan Mikel - Daniel Sedlak ; Daniel Carlsson (C) - Nicolas Besch.

Attaquants : Kimmo Salminen - Pierre-Édouard Bellemare - Julien Desrosiers ; Éric Fortier - Carl Mallette (A) - Marc-André Thinel ; Alexandre Lefebvre - Olivier Coqueux (A) - Tristan Lemoine.

Remplaçants : Guillaume Richard (G), Simon Doreille, Édouard Dufournet, Yvan Fontana. Absent : Pierre Pochon (blessé).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Vincent Bachet (A) - Sébastien Dermigny ; Nicolas Pousset - Peter Janik ; Thomas Roussel - Frantisek Pulscak.

Attaquants : Loïc Sadoun - Laurent Gras (A) - François Rozenthal ; Brice Chauvel - Anthony Mortas (C) - Miroslav Pazak ; Simon Petit - Elie Marcos - Julien Lefranc ; puis Jean-Édouard Petigny (à 44'21"), Christopher Texeira Leite (à 46'45") et Lionel Wiotte (à 54'46").

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G). Absents : Jonathan Zwikel (lésion à la cheville), Julian Marcos (blessé à la jambe).

 

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