France - Grande-Bretagne (25 avril 2006)

 

Deuxième journée du championnat du monde de division I, groupe A.

Après les "gentils" Japonais, c'est une mission différente qui attend la France aujourd'hui face à des Britanniques plus physiques et plus agressifs, y compris dans la conquête du palet comme ils le montrent rapidement. Le film du match est décrit dès les premières minutes : la France fait le jeu, encore faut-il concrétiser.

Il ne faut qu'une minute pour entendre le premier coup de sifflet, un cinglage de Clarke. Un tir de la bleue de Barin dévié dans l'enclave par Bonnard atterrit dans la mitaine déjà chaude de Stevie Lyle. Au retour à égalité, c'est Anthony Mortas qui teste le gardien gallois sur une passe de derrière la cage de Marcos. La Grande-Bretagne est cantonnée en défense, et elle n'obtient son premier tir qu'à la faveur de Besch, mais Jonathan Phillips est aussitôt sanctionné pour un coup de crosse sur Lhenry au rebond. C'est à quatre contre quatre que commencent à apparaître les failles françaises sur les contres adverses. Bachet commet ainsi une obstruction pendant une contre-attaque de Jonathan Weaver (06'08"). La Grande-Bretagne se retrouve pendant cinquante secondes à quatre contre trois mais cette opportunité est ruinée par l'imprécision à la fois à la relance et au tir de Daniel Meyers.

Sur une nouvelle infériorité britannique (le toujours avenant Jamieson), le palet arrive au second poteau sur le revers de Coqueux qui ne parvient pas à le redresser suffisamment fort dans la cage ouverte. Une charge avec la crosse est toutefois sifflée sur cette action. La France a une minute trente de double supériorité numérique, mais un contrôle du palet raté à la bleue par Amar à mi-parcours contribue à annuler cet avantage. Pendant une prison de Hecquefeuille, on se fait une petite frayeur quand Bonnard perd de vue le palet qu'il vient de contrôler du gant devant la cage. Les Britanniques en profitent pour insister sur Lhenry, et Besch se fait alors pénaliser pour avoir retenu une crosse. La France passe vingt secondes à trois, ce qui lui arrivera encore en fin de tiers avec Marcos et Desrosiers en prison. Un cinglage de Jonathan Phillips met les deux équipes à quatre contre quatre, et Olivier Coqueux obtient une dernière très bonne occasion conclue par une énième pénalité contre Clarke (19'40"). On aura très peu joué à cinq contre cinq dans ce premier tiers-temps, et avec des Britanniques qui n'ont guère été menaçants hors des supériorités numériques, cette avalanche de prisons n'a pas permis à la domination française d'être aussi franche qu'elle aurait pu être.

Les préposés aux prisons auront un peu de répit au deuxième tiers, mais il faut d'abord évacuer les fins de pénalité restantes. À quatre contre trois, un lancer de Maurice Rozenthal frappe le coin du but de Lyle, déjà sur les genoux et hors de position sur ce tir, puis à cinq contre quatre, le gardien se rattrape en arrêtant un tir de Meunier laissé seul devant le but. Les Bleus mettent un peu de temps à retrouver le sens de la marche à cinq contre cinq, mais ils reprennent ensuite leur domination, notamment avec un tir de la bleue d'Amar dévié en l'air par Meunier. Vincent Bachet échoue ensuite sur Lyle à la conclusion d'une contre-attaque développée pendant une pénalité différée de Matt Myers (26'50"). La pression s'accentue en supériorité avec un nouveau palet rabattu dans les airs par Laurent Meunier, action pas facile à défendre même si elle commence à être téléphonée, et donc toujours susceptible de provoquer la chance. Cowley se laisse tomber et obtient une pénalité de Bonnard, aisément tuée.

Les tricolores peuvent repartir à l'attaque mais la réussite les fuit toujours. Il manque le geste final à Mortas lancé sur une magnifique séquence de passes en zone offensive. Un tir apparemment anodin de Hecquefeuille au ras de la glace trouve encore l'extérieur du montant. Quand ce n'est pas Lyle, il y a toujours un poteau ou la jambe d'un défenseur sur la trajectoire des tirs. Les dernières minutes françaises de la deuxième période sont moins convaincantes, et Jonathan Weaver peut prendre un dernier lancer en entrée de zone bien vu et donc bien capté par Lhenry.

Quand on voit Greg Owen sauver miraculeusement le palet du patin juste avant qu'il ne franchisse la ligne de but, on en vient à croire que cette Grande-Bretagne si vernie conservera ce score vierge jusqu'au bout. Puis vient cette pénalité contre Colin Shields pour faire trébucher. La boîte très agressive des Britanniques semble étouffer les Français, mais voilà que le capitaine Jonathan Weaver a la mauvaise idée de porter le palet au lieu de simplement le dégager. Il est puni par une mise en échec de Baptiste Amar. Ce palet récupéré en zone offensive et en supériorité, c'est de l'or en barres ! Desrosiers décale François Rozenthal qui nettoie la lucarne opposée de Lyle (1-0 à 45'07"). La France n'est pas encore au bout de ses peines, car Julian Marcos retombe dans ses travers avec une charge avec le coude levé. Dave Henderson rumine et voit sa tête sur l'écran géant car la caméra guette sa réaction. Barin rejoint son camarade en prison une minute plus tard, la France est réduite à trois mais les tirs britanniques sont tous contrés au passage. Laurent Meunier part même en breakaway, mais Lyle dans son plongeon désespéré détourne le palet avec son gant. La tension est montée d'un cran, la Grande-Bretagne a perdu pour dix minutes capitales un de ses meilleurs joueurs, Matt Myers, parce qu'il a discuté lors d'un engagement. Après s'être retrouvés en infériorité à la suite d'une altercation confuse, les Britanniques enchaînent avec une autre sur une crosse haute de Shields au visage de Besch, mais il ne se laissent plus surprendre. Avec les deux équipes au complet, les deux derniers bons lancers sont pour le capitaine français, l'un après un geste technique superbe pour décaler son palet par rapport au défenseur, l'autre sur une action très directe.

La Grande-Bretagne demande un temps mort et sort son gardien (58'26"). La France récupère le palet, et Maurice Rozenthal, au lieu de poursuivre son action, attend derrière la bleue offensive et cherche une passe qui est interceptée, un choix regretté sur le banc français qui restera sous pression jusqu'au bout. Sur un autre essai de contre, la passe de Desrosiers, imprécise, finira en dégagement interdit. Deux autres suivront en cherchant au petit bonheur la cage vide. Les Bleus s'imposent donc dans la douleur par un but d'écart face à une équipe britannique accrocheuse. C'était le scénario le plus probable et il ne fallait pas s'attendre à autre chose.

Désignés meilleurs joueurs du match : Fabrice Lhenry pour la France et Stevie Lyle pour la Grande Bretagne.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Dave Henderson (entraîneur de la France) : "Nous savions que ce serait un match difficile, et ça l'a été, avec deux bons gardiens. Nous avons concédé trop de situations de 2 contre 1 dans les quinze premières minutes, cela allait mieux par la suite. Nous avons deux styles différents. Nous avons plus de vitesse, ils sont plus disciplinés. Ils ont fait exactement ce qu'il fallait faire pour nous gêner. Ils jouaient à 17 joueurs de champ et nous à 20, cela a peut-être joué pour avoir plus d'énergie à la fin. Les joueurs ont la gnac, il n'y a pas à regarder plus loin que notre capitaine. Laurent, c'est un battant, et les autres le suivent jusqu'au bout."

Laurent Meunier (capitaine de la France) : "Nous sommes allés chercher cette victoire avec les tripes. La glace est super-lente, difficile à jouer. On a l'impression de faire beaucoup d'efforts pour pas grand-chose, surtout contre une équipe qui ne fait que défendre. C'est frustrant avec cette glace qui ralentit sans cesse le jeu. Mais on n'a pas douté, le but finirait par venir, et c'est François qui nous le met. La Hongrie, c'est plus technique et ça joue mieux au hockey, mais ce sera quand même un match un peu du même genre, accroché."

Rick Strachan (entraîneur de la Grande-Bretagne) : "Notre plan de jeu était de mettre le palet là où on voulait qu'ils aillent, dans le fond de la zone. Les gars qui portaient le maillot peuvent être fiers d'eux-mêmes. Notre jeune équipe a mis beaucoup d'énergie. Je suis extrêmement fier de la façon dont elle a tué les pénalités. Finalement, sur l'une d'entre elles, notre meilleur joueur n'a pas sorti le palet, c'est une erreur pour laquelle il va sûrement se sentir mal pendant longtemps. La France est talentueuse, c'est une équipe de groupe A qui y retournera, si ce n'est pas cette année ce sera l'an prochain. Nous, en tant que nation de hockey, nous ne pouvons toujours être beaux. Nous sommes une équipe rugueuse, c'est notre jeu."

 

France - Grande-Bretagne 1-0 (0-0, 0-0, 1-0)

Mardi 25 avril 2006 à 20h00 au Coliséum d'Amiens. 2696 spectateurs.

Arbitrage de Sven Bergman (BEL) assisté de Marco Coenen (HOL) et Sebastian Molenda (POL).

Pénalités : France 22' (12', 2', 8'), Grande-Bretagne 34' (12', 2', 10'+10').

Tirs : France 37 (14, 14, 9), Grande-Bretagne 26 (11, 8, 7).

Évolution du score :

1-0 à 45'07" : F. Rozenthal assisté de Desrosiers et Amar (sup. num.)

 

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Nicolas Besch - Baptiste Amar ; Vincent Bachet - Stéphane Barin ; Simon Bachelet - Jean-François Bonnard ; Guillaume Karrer.

Attaquants : Laurent Meunier - Laurent Gras - Luc Tardif Jr ; Maurice Rozenthal - Julien Desrosiers - Sébastien Subit ; Julian Marcos - Anthony Mortas - François Rozenthal ; Antoine Lussier - Olivier Coqueux - Kevin Hecquefeuille ; Brice Chauvel.

Remplaçant : Eddy Ferhi (G).

Grande-Bretagne

Gardien : Stephen Murphy (sorti à 58'26").

Défenseurs : Danny Meyers - Kyle Horne ; Leigh Jamieson - Jonathan Weaver (C) ; David Phillips.

Attaquants : Russell Cowley - Colin Shields - Mike Ellis ; Mark Richardson - Matthew Myers - Marc Levers ; David Clarke (A) - Greg Owen - Jonathan Phillips (A) ; Paul Moran - Warren Tait - Paul Sample.

Remplaçants : Stevie Lyle (G), Mark Thomas, Scott Moody.

 

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