France - Hongrie (27 avril 2006)

 

Troisième journée du championnat du monde de division I, groupe A.

C'est le nom du challenger de l'Allemagne qui se décide ce soir. Ou, pour les plus pessimistes, c'est juste le match pour la deuxième place, tant l'équipe de Krupp a fait impression quelques heures plus tôt. Le public répond présent devant l'enjeu, les tribunes sont enfin garnies (plus d'excuse du foot au stade de la Licorne ou à la télé) et les encouragements se font plus présents pour l'équipe de France.

Celle-ci aborde ce match par le bon bout en travaillant en fond de zone et en mettant la pression sur la défense hongroise. Cela lui donne ses premières occasions, un tir sur engagement de Maurice Rozenthal ou un palet ressorti de la balustrade pour Jean-François Bonnard dans l'enclave, mais le tir à ras glace du Grenoblois est détourné par Levente Szuper. Dans une lutte contre la bande en zone neutre, un palet flippé par Tardif trouve Meunier qui exécute encore son beau guidage du palet spécial devant le défenseur avant de tirer. Après douze minutes, Tamas Gröschl prend la première pénalité du match pour avoir accroché en zone neutre un Antoine Lussier très remuant. Et à nouveau, c'est François Rozenthal qui débloque la situation. Il déborde Tokaji, sert Desrosiers dans le slot et fait pendant ce temps le tour de la cage pour récupérer le rebond et lever son palet - ce qui manquait aux bleus jusqu'ici - dans les filets (1-0 à 12'10"). Deux minutes plus tard, la quatrième ligne française toujours à l'œuvre gagne un palet contre la bande, Lussier franchit la bleue et s'envole sur un accrochage de Lencses. La France s'installe à six contre cinq pendant la pénalité différée, mais moins longtemps à cinq contre quatre. Pour l'instant, Fabrice Lhenry a eu peu de travail, hormis un arrêt de l'épaule sur un lancer en entrée de zone de Tokesi et une vigilance indispensable sur un tir de la zone neutre de Horvath. Mais à une minute de la pause, tout va très vite après une mise en échec manquée de Baptiste Amar en zone neutre. Krisztian Palkovics se prend une vilaine charge dans le genou de Julian Marcos mais réussit quand même à transmettre le palet à Gabor Ocskay qui égalise (1-1 à 18'53"). Un but immérité puisque c'est la seule occasion hongroise du tiers-temps, mais "éthiquement" juste par rapport à la charge de Marcos.

La Hongrie monte très haut au retour sur la glace, et Julien Desrosiers gère mal ce pressing intense en rentrant dans sa propre zone défensive avec le palet. Pire, il y perd la maîtrise de la rondelle, subtilisée par Balazs Ladanyi qui ne se pose pas de question avant de tirer (1-2 à 20'55"). La France chasse le doute rapidement avec un peu de chance : un palet dévié par le tibia d'un défenseur lobe Szuper (2-2 à 22'41"). Le match monte d'un ton physiquement avec de rudes mises en échec en zone neutre. La France prend l'avantage sur un joli but : François Rozenthal laisse le palet du revers à son frère Maurice qui trouve le vieux renard Stéphane Barin pour dévier le palet devant la cage (3-2 à 29'40"). Le jeu continue sans temps mort dans ce deuxième tiers-temps engagé. La France livre une prestation solide mais manque d'un peu de dynamisme en zone offensive où François Rozenthal et Julien Desrosiers sont toujours les plus dangereux.

La troisième période repart avec une configuration inédite : plusieurs minutes dominées par les Hongrois, avec quatre lignes présentes offensivement. C'est quand même toujours le premier trio qui se crée la vraie occasion, par Gröschl sur passe de Palkovics. Les Bleus répliquent enfin avec un débordement de Stéphane Barin, seul défenseur français à se mêler au jeu offensif ce soir, pour un centre prolongé par Desrosiers vers Maurice Rozenthal qui rate le cadre. Luc Tardif jr intercepte aussi un bon palet en zone offensive mais manque de sang-froid dans son face-à-face avec le gardien.

Comme El Niño, la première ligne hongroise revient à intervalles constants provoquer des catastrophes dans la défense locale. C'est d'abord Palkovics qui trouve une déviation de Gröschl devant les buts, mais Lhenry ferme la porte. Puis, sur la présence suivante du trio magique, Palkovics reprend un centre parfait d'Ocskay au second poteau et marque dans le dos de Nicolas Besch, passif, qui regardait le palet et avait lâché le marquage (3-3 à 52'18"). C'est à ce moment qu'on peut regretter un petit manque d'audace des tricolores depuis qu'ils avaient repris l'avantage au score.

Dave Henderson demande un temps mort en fin de match et fait rentrer ses hommes forts (Amar-Bonnard ; Meunier-Gras-Desrosiers), mais la Hongrie aussi, et c'est Krisztian Palkovics en contre-attaque qui fait passer dans les gradins un frisson à la Konstandinov (puisque Perron a confondu Hongrie et Bulgarie hier en conférence de presse...). Engagement en zone offensive à dix secondes de la fin : Coqueux se voit confier la mission de gagner le palet pour François Rozenthal mais perd son duel. Il reste cinq secondes à jouer, et le Rouennais cède sa place à Mortas pour l'ultime mise au jeu. Au lieu d'entourer le centre, les Rozi se sont maintenant placés à la bleue en attente de cet ultime palet, mais il file à quelques centimètres de la crosse de Maurice. C'est fini, même si Pat Cortina a encore quelques griefs en réserve pour l'arbitre dont les silences sur un accrocher de Barin et une charge dans le dos de Besch l'ont fait hurler dans cette dernière période. Il les exprimera en montant sur la glace en direction des maillots zébrés.

Ce match nul préserve finalement les chances des deux équipes, qui restent toutes deux candidates à la montée si elles parviennent à vaincre l'ogre allemand.

Désignés meilleurs joueurs du match : François Rozenthal pour la France et Gabor Ocskay pour la Hongrie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Dave Henderson (entraîneur de la France) : "Nous n'avons pas l'équipe pour gagner 6-0. Nous parvenons à marquer trois fois, mais nous faisons trois erreurs mentales individuelles, deux palets rendus en zone neutre et un mauvais marquage. Les joueurs sont déçus, mais il y a une petite fête prévue dans les vestiaires pour le centième match officiel en sélection de Stéphane Barin. Il y a du Coca. [...] Non, je n'ai pas prévu quelque chose de particulier pour la première ligne hongroise, parce que j'ai une ligne plutôt offensive et que les autres sont assez mélangées avec des joueurs de différents types. [...] La sortie de Subit, c'est un choix de l'entraîneur, pour mettre un peu plus de vitesse."

Antoine Lussier (attaquant de la France) : "On n'avait pas prévu ce match égal. Ça nous pendait au bout du nez, déjà contre les Anglais nous n'étions pas présents tout au long du match. Mais ce n'est pas fini, il faut faire l'impasse sur celui-là et gagner les deux prochains. Les Hongrois ont bien joué, ils sont physiques et ont fait leur match. Nous avons bien démarré, pas comme contre l'Angleterre, mais nous avons fait des petites erreurs qui coûtent cher. Mon intégration en équipe de France se passe très bien, il y a une autre mentalité dans les vestiaires. En suisse il y a trois régions diversifiées, ici j'ai couvert des gens charmants qui parlent tous la même langue, parce que le suisse allemand ça me sort par les oreilles."

Pat Cortina (entraîneur de la Hongrie) : "Je suis satisfait de notre effort. Nous n'étions pas très confiants au début, mais au fil du match nous nous sommes rendus compte que nous pouvions rivaliser. La France a travaillé dur, ce n'est pas facile de jouer un championnat du monde à domicile, on l'a vécu l'an dernier, il est difficile de gagner quand les gens attendent que vous le fassiez. [...] Entre la France et la Grande-Bretagne, il y a eu douze pénalités rien qu'en première période. Aujourd'hui il y en a eu deux durant tout le match. C'est difficile pour tout le monde de s'adapter. On ne peut pas siffler différemment les jours pairs et les jours impairs, il va falloir s'ajuster un jour ou l'autre."

 

France - Hongrie 3-3 (1-1, 2-1, 0-1)

Jeudi 27 avril 2006 à 20h00 au Coliséum d'Amiens. 3020 spectateurs.

Arbitrage de Rudolf Lauff (SVK) assisté de Christian Gamper (ITA) et Sebastian Molenda (POL).

Pénalités : France 0' (0', 0', 0'), Hongrie 4' (4', 0', 0').

Tirs : France 28 (11, 7, 10), Hongrie 18 (6, 7, 5).

Évolution du score :

1-0 à 12'10" : F. Rozenthal assisté de Desrosiers et Amar (sup. num.)

1-1 à 18'53" : Ocskay assisté de Palkovics et Sille

1-2 à 20'55" : Ladanyi

2-2 à 22'41" : Hecquefeuille assisté de Coqueux

3-2 à 29'40" : Barin assisté de M. Rozenthal et F. Rozenthal

3-3 à 52'18" : Palkovics assisté d'Ocskay et Gröschl

 

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Baptiste Amar - Nicolas Besch ; Vincent Bachet (A) - Stéphane Barin ; Jean-François Bonnard - Simon Bachelet.

Attaquants : Luc Tardif Jr - Laurent Gras - Laurent Meunier (C) ; Maurice Rozenthal - Julien Desrosiers - Sébastien Subit [puis F. Rozenthal à 20'00"] ; Julian Marcos - Anthony Mortas - François Rozenthal [puis Chauvel à 20'00"] ; Antoine Lussier - Olivier Coqueux - Kevin Hecquefeuille ; Brice Chauvel.

Remplaçants : Eddy Ferhi (G), Guillaume Karrer.

Hongrie

Gardien : Levente Szuper.

Défenseurs : Viktor Szélig (A) - Tamás Sille ; Viktor Tokaji - András Horváth ; Balázs Kangyal (C) - Bence Svasznek ; Tamás Lencsés - Lajos Tokési.

Attaquants : Tamás Gröschl - Gábor Ocskay - Krisztián Palkovics ; Balázs Ladányi (A) - Marton Vas - Imre Peterdi ; Csaba Kovács - Gergely Majoross - Dániel Fekete ; Arnold Feil - Attila Hoffmann - Csaba Jánosi.

Remplaçant : Krisztián Budai (G).

 

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