États-Unis - Norvège (5 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe D.

Le supplice de Pål

Lorsque le Danemark avait intégré l'élite mondiale il y a trois ans, il avait fêté ça par un exploit d'entrée en battant les États-Unis. Les Norvégiens pourront-ils imiter leurs cousins face à une équipe tout juste constituée avec quelques arrivées de dernière minute ?

Les Américains paraissent quand même tout de suite dans le match et obtiennent une pénalité de Nilsen dès la première minute, obligeant déjà Pål Grotnes à un arrêt difficile face à Cullen décalé par Reasoner. Ils doivent tout de même se méfier de certains joueurs adverses, en particulier de Patrick Thoresen qui intercepte un peu trop facilement un palet en zone neutre pendant un changement de ligne. La première fausse note vient d'Andy Hilbert qui prend deux pénalités successives. Oprik le rejoint même en prison et la Norvège passe trente secondes à cinq contre trois. Elle manque cependant de précision dans ses tirs alors qu'elle a des positions très intéressantes. Norvège recherche finisseur d'urgence.

Il est temps pour les États-Unis de retrouver la discipline, mais Slater retient la crosse de Nagel. Ce jeu de puissance est le moins bon pour les Scandinaves : ils mettent plus d'une minute à s'installer, et ne prennent leur premier lancer que dans les dernières secondes. Sauf que le lancer en question trompe Anderson, complètement masqué (0-1, 13'32") ! Pour reprendre le match par le bon bout, les Américains vont travailler dans les coins, et Jakobsen y charge Kessel. La meilleure occasion de la supériorité numérique est un contournement de cage de Richard Park sur son revers.

Quand les Américains mettent la pression, cependant, ils provoquent des fautes adverses. Marthinsen est pénalisé à la dernière minute du premier tiers-temps, et Ryman à la reprise, laissant leurs coéquipiers à trois. Andy Hilbert évite Jakobsen qui s'est jeté imprudemment puis prend un tir du revers, et Dustin Brown place le rebond en angle fermé (1-1, 21'21"). Ce sont maintenant les pénalités scandinaves qui s'accumulent, puisque Thoresen accroche Cullen. La Norvège ferme ensuite les vannes : elle ne commet plus de fautes et ne laisse plus d'espaces aux Américains. Bien installée dans son système traditionnel, elle prend de plus en plus confiance au fil des minutes. Les deux pénalités de Reasoner puis de Komisarek arrivent donc au bon moment. La première ne donne qu'une contre-attaque sur laquelle Cullen rate le palet, plus tout de même un récupération en zone neutre et un tir de Mads Hansen sur lequel Anderson lâche un rebond. Le second avantage numérique, quant à lui, confirme que la Norvège est douée pour porter la menace devant la cage, mais qu'elle n'y a pas le geste qu'il faut, l'instinct du buteur. Grosso modo, il est dommage qu'elle ne puisse pas emprunter Dave Livingston, puisque le papy américano-néerlandais joue maintenant en Norvège...

Les Norvégiens commencent le troisième tiers-temps et, plus surprenant, les Américains ne forcent pas beaucoup. Mais pendant une prison de Mats Trygg, un tir du poignet anodin de Dustin Brown surprend Pål Grotnes qui rabat le palet entre ses bottes avec sa plaque (2-1 à 45'42"). Reasoner retient la crosse de Ryman, et pour la seconde fois du match, Per-Åge Skrøder a une belle cage ouverte devant lui, qu'il n'exploite pas à cause d'un tir moyen. La Norvège est encore en supériorité avec une prison de Stastny, mais l'intenable Dustin Brown part en contre-attaque et oblige indirectement Nilsen à commettre une obstruction car la cage est vide après le plongeon de Grotnes. Ce sont ainsi les Américains qui ont le dernier jeu de puissance, et après une circulation à une touche de palet, c'est évidemment Dustin Brown qui est à la conclusion (3-1 à 55'46").

Les Norvégiens, défensivement très au point, peuvent avoir des regrets de l'erreur de leur gardien qui leur coûte sans doute le match nul. Car le match, qui s'est joué sur les jeux de puissance, a été encore plus équilibré que ne l'indique le total des tirs, trompeur parce que la Norvège a un problème de finition alors que les États-Unis tirent dès qu'ils le peuvent. La réussite de Dustin Brown dans ce premier match du championnat du monde n'est pas un hasard. C'est vraiment le joueur américain le plus typique qu'on puisse trouver, qui va droit au but et prend un lancer quoi qu'il arrive. Il en a tenté huit aujourd'hui, et en a mis trois au fond. C'est avec ce type de joueurs jeunes et fonceurs que les Américains peuvent retrouver la voie du succès, Brown faisait d'ailleurs partie de la jeune troupe qui avait montré le chemin en ramenant une médaille en 2004.

Désignés meilleurs joueurs du match : Dustin Brown pour les États-Unis et Pål Grotnes pour la Norvège.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Mike Eaves (entraîneur des États-Unis) : "C'était un bon match d'ouverture pour nous. Nos équipes spéciales ont été bonnes, notre gardien a été solide, et plus le match avançait, plus nous sentions que notre équipe se soudait."

Dustin Brown (attaquant des États-Unis) : "J'ai marqué un hat-trick à 15 ou 16 ans, mais jamais à ce niveau. Nous avons eu du mal au premier tiers, mais nous avons trouvé nos marques au deuxième et nous étions forts au troisième. Il est important de commencer par une victoire parce que nous arrivons tous d'équipes différentes. J'ai déjà joué avec la plupart de ces gars quelque part, j'en connais la plupart, mais nous jouons avec des systèmes différents. Il y a eu beaucoup de pénalités aujourd'hui. Certaines étaient justifiées, et d'autres... Mais nous devons nous y adapter."

 

États-Unis - Norvège 3-1 (0-1, 1-0, 2-0)

Vendredi 5 mai 2006 à 16h15 à la Skonto Arena de Riga. 4300 spectateurs.

Arbitrage de Marcus Vinnerborg (SUE) assisté de Leo Takula (SUE) et Lars Schröter (ALL).

Pénalités : États-Unis 18' (10', 4', 4'), Norvège 16' (6', 4', 6').

Tirs : États-Unis 31 (12, 9, 10), Norvège 21 (6, 6, 9).

Évolution du score :

0-1 à 13'32" : Jakobsen assisté de Holtet (sup. num.)

1-1 à 21'21" : Brown assisté de Hilbert (sup. num.)

2-1 à 45'42" : Brown (sup. num.)

3-1 à 55'46" : Brown assisté de Malone et Komisarek (sup. num.)

 

États-Unis

Gardien : Craig Anderson.

Défenseurs : Andrew Alberts - Joe Corvo ; Ryan Suter - Hal Gill (A) ; Michael Komisarek - Brooks Orpik ; Frederick Meyer.

Attaquants : Dustin Brown - Martin Reasoner - Ryan Malone (A) ; Andy Hilbert - Mark Cullen - Adam Hall ; James Slater - Richard Park (C) - Ryan Kesler ; Yan Stastny - Phil Kessel - Drew Stafford.

Remplaçant : Jason Bacashihua (G).

Norvège

Gardien : Pål Grotnes.

Défenseurs : Erik Ryman - Anders Myrvold (A) ; Johnny Nilsen - Mats Trygg ; Tommy Jakobsen (C) - Lars Erik Lund ; Jonas Holøs.

Attaquants : Patrick Thoresen - Tore Vikingstad - Per-Åge Skrøder ; Tommy Marthinsen - Morten Ask - Anders Bastiansen ; Marius Holtet - Mads Hansen (A) - Marius Trygg ; Lars Erik Spets - Lars Peder Nagel - Kjell Richard Nygård ; Jonas Solberg Andersen.

Remplaçant : Mathias Gundersen (G).

 

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