Bélarus - Slovaquie (6 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe C.

Le Bélarus prêt à étonner

La première victoire en amical contre le Canada a dopé la confiance du Bélarus : puisqu'il a été possible de défendre contre Sidney Crosby, il doit être possible de faire de même face à Marian Hossa. Et effectivement, le match suit un scénario similaire : Hossa finira la rencontre avec beaucoup de lancers au compteur (huit tirs cadrés), mais ils n'ont pas toujours été pris en bonne position grâce à la "ligne défensive" spécialement formée par Glen Hanlon. Sa vraie action dangereuse, Marian Hossa l'obtient à dix secondes de la fin de la première période, servi par Milan Bartovic en deux contre un, mais Andreï Mezin s'interpose. Mezin, qui avait fait face à cinquante tirs slovaques l'an dernier, réalise encore un grand match mais a moins de travail, ce qui témoigne des progrès de sa défense et d'un talent amoindri dans le camp slovaque.

Le score reste donc bloqué à un 0-0 assez prévisible entre deux équipes qui savent y faire défensivement. C'est une obstruction de Martin Cibak qui est le tournant du match : Dmitri Mialeshka réalise un magnifique solo "à la Grabovsky" en feintant à la fois le défenseur Tomas Harant et le gardien Jan Lasak (1-0, 34'18"). Mikhaïl Grabovsky lui-même ne veut pas être en reste, et dans la minute suivante il pique le palet à René Vydareny grâce à un pressing haut qui n'est pas loin de payer.

C'est au moment où la Slovaquie paraît très mal partie qu'elle parvient quand même à égaliser. La passe de Miroslav Kovacik et la reprise d'Ivan Ciernik sont parfaitement exécutées (1-1, 37'29"). Mais une minute plus tard, Pavlikovsky part en prison pour crosse haute. Grabovsky se faufile à nouveau en zone offensive et l'amène dans le slot à Andrei Skabelka, qui s'appuie sur Oleg Antonenko. La qualité de tir du capitaine est connue, et il ne faut pas se fier à cette action juste avant où il a lancé à côté du palet. C'était peut-être pour mieux répéter son geste final, un tir qui ne laisse aucune chance à Lasak (2-1, 39'27").

En troisième période, la Slovaquie fait rentrer son second gardien dans les cages, et le sort de Karol Krizan n'a rien d'évident : il ne verra que deux tirs cadrés en vingt minutes, pas vraiment de quoi se chauffer et rentrer dans le match. Même s'il a amené quelques innovations tactiques inconnues du côté de Minsk (cinq attaquants ensemble sur la glace, même dans des situations de jeu spécifiques, les joueurs n'avaient jamais connu ça), ce n'est parce que Hanlon est l'entraîneur qu'il a transformé radicalement le jeu biélorusse selon un style canadien : on ne cherche pas à lancer au but dès que possible. Au contraire, les Slovaques s'y emploient de plus en plus dans la dernière période, maintenant qu'ils sont dos au dur. Mais Mezin a la chance avec lui ce soir quand il repousse sur la transversale un tir à bout portant de Tomas Surovy. Les deux équipes reprennent leurs habitudes des Mondiaux viennois : pour le Bélarus, cela signifie qu'on n'encaisse toujours aucun but en infériorité numérique ; et pour la Slovaquie, cela signifie qu'on doit supporter les mauvais gestes malvenus de René Vydareny, dont le vilain faire trébucher à un peu plus de deux minutes de la fin anéantit les derniers espoirs de son équipe.

Le Bélarus crée donc la première surprise de ses championnats du monde, sans pour autant se laisser aller à l'euphorie : en allant rechercher ses joueurs interviewés en zone mixte pour les rappeler aux vestiaires où un discours les attend, Glen Hanlon y veille. Cette victoire sur une Slovaquie "prenable" en appelle-t-elle d'autres ?

Désignés meilleurs joueurs du match : Andrei Mezin pour le Bélarus et Ivan Ciernik pour la Slovaquie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Je connais les problèmes des Slovaquies pour rassembler leur effectif et je compatis, mais cela n'enlève rien à notre victoire. Les joueurs ont livré un des meilleurs matches sous ma direction. Nous avons travaillé à éliminer l'ancien point faible du Bélarus qu'était le jeu de puissance. Oleg Antonenko a encore démontré la puissance de son lancer, on l'a sélectionné pour ça. Le passage à trois lignes en troisième période était prévu à l'avance. Kukushkin a alors joué les infériorités et Antonenko les supériorités, et tout a bien fonctionné. La ligne de Mikhalev a excellemment réussi à neutraliser la ligne de Marian Hossa."

Andrei Mezin (gardien du Bélarus) : "Nous avions peur de faire des erreurs, mais en résistant à leur forte pression, nous nous sommes libérés à partir de la deuxième période. Nous avons des débutants à ce niveau, ils étaient naturellement inférieurs à leurs adversaires, mais ils ont clairement exécuté les consignes de l'entraîneur et se sont bien battus. Difficile de dire si la victoire est méritée, les Slovaques ont également bien joué mais ont eu moins de réussite. Ce n'est pas si fréquent de battre des représentants du Big Seven. Je pense que c'est le tour des Biélorusses de faire entendre leur voix. Je suis fatigué d'arriver aux championnats du monde en pensant seulement au maintien. Cela n'a pas à voir avec Glen, c'est au sein même de l'équipe que nous essayons de changer de mentalité. Je pense que c'est en se fixant des objectifs élevés qu'on obtient des résultats. C'est ainsi que naissent les victoires historiques."

Frantisek Hossa (entraîneur de la Slovaquie) : "Apparemment, ce n'était pas notre jour. Cela ne s'est pas bien passé, surtout en ce qui concerne notre jeu défensif. Nous avons eu des possibilités d'égaliser en supériorité numérique dans la dernière période, mais il est difficile de tirer quand l'adversaire se défend avec rage et compétence. Un but, c'est clairement insuffisant pour gagner en championnat du monde. Commencer par une défaite est toujours déplaisant. Mais ce n'est que le premier match, et rien n'est perdu. Jan Lasak a demandé de lui-même à être remplacé car il s'est un peu blessé sur une action."

Marcel Hossa (attaquant de la Slovaquie) : "Notre pourcentage de réussite a été catastrophique. Nous avons eu énormément d'occasions et nous n'en avons concrétisé qu'une. C'est dû en grande partie à l'excellent match de leur gardien, mais si nous avions eu plus de chance, Mezin n'aurait rien pu faire. Malheureusement, la réussite était de leur côté. La Slovaquie est arrivée avec un effectif rénové. Certains leaders sont blessés, d'autres sont encore en course pour la Coupe Stanley. Il y en a qui ont refusé car cette médaille n'a pas grande valeur pour eux, ils en ont déjà acquis une collection en championnat du monde. Je ne les condamne pas. Demitra, Stumpel, Gaborik ont fait beaucoup pour l'équipe. C'est au tour des jeunes."

 

Bélarus - Slovaquie 2-1 (0-0, 2-1, 0-0)

Samedi 6 mai 2006 à 16h15 à l'Arena Riga. 6960 spectateurs.

Arbitrage de David Hansen (USA) assisté de Dean Laschowski (CAN) et Ronni Jakobsen (DAN).

Pénalités : Bélarus 12' (4', 4', 4'), Slovaquie 18' (6', 10', 2').

Tirs : Bélarus 15 (4, 9, 2), Slovaquie 37 (13, 5, 19).

Évolution du score :

1-0 à 34'18" : Meleshko assisté de Zhurik (sup. num.)

1-1 à 37'29" : Ciernik assisté de Kovacik et Kapus

2-1 à 39'27" : Antonenko assisté de Skabelka et Grabovsky (sup. num.)

 

Bélarus

Gardien : Andrei Mezin (sorti à 59'42").

Défenseurs : Aleksandr Makritsky (A) - Vladimir Dzianisau ; Vladimir Kopat (A) - Sergei Erkovich ; Vladimir Svita - Aleksandr Zhurik ; Viktor Kastyuchonak.

Attaquants : Dmitri Dudik - Andrei Mikhalev - Aleksei Ugarov ; Mikhaïl Grabovsky - Sergei Zadzelenov - Andrei Skabelka ; Dmitri Meleshko - Evgeny Kurilin - Yaroslav Chupris ; Oleg Antonenko (C) - Sergei Kukushkin - Evgeny Esaulov.

Remplaçant : Sergei Shabanov (G). Absent : Andrei Kostsitsyn (tout juste arrivé, au repos).

Slovaquie

Gardiens : Ján Lašák puis Karol Krizan à 40'00".

Défenseurs : Dušan Milo - Milan Jurcina ; Martin Štrbák (A) - René Vydarený ; Dominik Granák - Tomáš Harant ; Richard Stehlík.

Attaquants : Milan Bartovic - Rastislav Pavlikovský - Marián Hossa (C) ; Marcel Hossa - Martin Cibák - Tomáš Surový ; Miroslav Zálešák - Richard Kapuš (A) - Ivan Ciernik ; Miroslav Kovácik - Andrej Kollár - Lubomír Vaic.

 

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