Suède - Russie (15 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, deuxième tour, groupe F.

Conclusions compliquées

La Russie a tout gagné jusqu'ici elle n'était pas tranquille tant que Zvyagin serait son gardien titulaire. Elle attend donc avec impatience le retour de Maksim Sokolov, qui a repris le jeu progressivement après sa blessure au genou et qui doit être fin prêt ce soir à reprendre son poste.

Du côté de la Suède, l'équipe est également complétée, avec le grand début en championnat du monde du jeune Nicklas Bäckström, directement placé sur la première ligne avec Franzen et Zetterberg. L'espoir avait suscité pas mal d'attention médiatique, mais Gustafsson l'avait laissé en réserve et avait tardé à l'inclure dans sa sélection définitive. Il est maintenant le dernier joueur inclus. Corollaire implicite : Alfredsson ne viendra pas.

Ce match est très attendu de part et d'autre puisqu'il oppose deux favoris qui n'ont pas eu à croiser d'autres vrais prétendants au titre jusqu'ici. Cela n'a pas empêché les Suédois de perdre déjà trois points contre la Suisse et la Slovaquie, ce qui assure d'ores et déjà aux Russes la première place de la poule. Mais ce match a aussi d'autres enjeux "cachés", on y reviendra à la fin...

La Russie part très fort grâce à sa classe-biberon déchaînée qui marque d'entrée. Nikolaï Kulemin parvient devant la cage, Johan Holmqvist repousse de la crosse et Aleksandr Ovechkin claque le palet entre les jambières du gardien (0-1, 01'22"). Une minute plus tard, une relance rapide prend la Suède à revers et permet à Sergueï Mozyakin de se présenter en breakaway devant Holmqvist, qui repousse de la plaque. Les Suédois n'arrivent toujours pas à empêcher les Russes de prendre des lancers dans le slot : Kulemin et Malkin s'y essaient à tour de rôle, et le second nommé est même victime d'une obstruction de Karlsson. Mais cette prison n'est pas terminée que Misharin, et surtout Zaripov qui accroche Kenny Jönsson à la bleue suédoise, prennent des pénalités inutiles. La Suède a donc une minute et demie à cinq contre trois, mais elle manque d'énergie, et quand la circulation de palet devient intéressante, Nylander rate son contrôle. Il reste quand même une mise au jeu à cinq contre quatre, et Nylander la remporte. Mozyakin monte sur Kenny Jönsson qui décale Mikael Samuelsson. Celui-ci a le champ libre pour ajuster un tir à ras glace, mais Sokolov a lui la vision bouchée par un écran de Joel Lundqvist (1-1, 07'33"). Pendant la prison de Zetterberg, la Russie peine à s'installer mais quand elle y parvient, Sergueï Zhukov intercepte au vol un dégagement de Timander et prend un lancer de la bleue. Holmqvist détourne sur la transversale, le palet retombe mais rentre finalement sous la menace de Mikhnov (1-2, 11'28"). Atyushov fait trébucher Zetterberg, mais le jeu de puissance suédois est encore très décevant. La Tre Kronor attend la fin de période pour montrer enfin ses qualités éternelles de conservation du palet, y compris dans le coin, et cela lui permet d'obtenir une autre pénalité contre Zhukov. Mais pour en faire quoi ?

La réponse arrive à la reprise : Mikael Samuelsson envoie le palet en lucarne grâce à un passage opportun de Joel Lundqvist devant Sokolov (2-2, 20'14"). S'il y a une chose qui fonctionne parfaitement en supériorité numérique pour la Suède, c'est bien la présence physique du frère de Henrik : ajouté à la ligne de Nylander comme quatrième attaquant en powerplay, Joel Lundqvist sait s'imposer dans le slot et faire écran de son corps. Les Russes sont à la peine, et Sokolov lâche un mauvais rebond sur un lancer de Samuelsson. Le palet semble offert face au but à Per Hållberg, son tir est cependant dévié par le gardien, mais rabattu par le gant de Jörgen Jönsson qui rode et met le palet au fond avant même qu'il retouche le sol (3-2, 22'58"). La Russie a perdu son avantage en trois minutes en ne paraît pas s'en remettre. Emeleïev accroche Emvall, et Sokolov est encore en difficulté sur une action de Johan Franzen, avant d'être sauvé par son poteau. Le temps se gâte subitement pour la Suède quand l'arbitre envoie Franzen et Samuelsson en prison à dix secondes d'intervalle. Holmqvist doit faire un excellent arrêt de la jambière sur une double tentative de Denis Arkhipov servi au second poteau par Semin à quatre contre trois, mais à cinq contre trois, la Russie n'arrive même pas à s'installer face à un triangle suédois très agressif. Hållberg retient Grigorenko qui essaie de se relever : le jeu de puissance russe a une chance de rachat mais ne l'utilise pas. Au retour à égalité numérique, Sokolov arrête in extremis un tour de cage de Zetterberg. Et en fin de période, c'est encore le poteau qui lui sauve la mise.

La Russie retrouve son jeu en début de troisième tiers-temps, et c'est maintenant le poteau de Holmqvist qui repousse un revers de Sergueï Mozyakin. Une bonne présence de Zetterberg marque le réveil suédois en provoquant une faute d'Atyushov. Au vu des rebonds concédés par les deux gardiens depuis le début, un but paraît possible à tout moment. Samuelsson prend une pénalité, puis en provoque une de Gorovikov pour se rattraper, mais le powerplay est toujours à revoir de part et d'autre malgré les buts marqués dans cet exercice. La maîtrise du match semble suédoise, mais à quatre minutes de la fin, un rebond heureux le long de la bande envoie le palet sur Aleksei Mikhnov qui marque du revers face à un Timander un peu lent et à un Holmqvist paraissant presque fragile face au gabarit imposant de "l'Ukrainien importé" (3-3, 55'47"). Dans les tribunes, cette égalisation décroche même un sourire à Viktor Tikhonov, observateur amusé de ce joli coup.

Les Russes restent donc invaincus avant la phase éliminatoire, alors que la Suède n'a pas encore complètement assuré sa deuxième place, qui peut encore être contestée par les Suisses s'ils sont soudainement frappés de furie offensive. Par contre, cette égalisation ne change pas l'influence de ce match sur les autres équipes à la lutte pour la qualification en quart de finale : ce résultat positif de la Tre Kronor suffit à faire l'affaire du Bélarus, qui ne sera plus le dindon de la face en cas d'égalité à cinq points. En revanche, il n'arrange pas les affaires des Slovaques qui perdent une partie - mais une partie seulement - du bénéfice de leur victoire d'hier sur la Suède.

Pensionnaire régulière des quarts de finale, la Slovaquie n'est maintenant plus maîtresse de son destin et sera éliminée quoi qu'il arrive si la Suisse et le Bélarus se neutralisent et font match nul. Si les Suédois avaient perdu, c'est le Bélarus qui serait passé à la trappe dans ce cas. Dans le duel "malheur au vaincu" entre Suisses et Biélorusses, il y a donc maintenant une échappatoire commune aux deux équipes. Ce match ne manquera pas du coup d'être observé à la loupe.

Pour en revenir aux adversaires de ce soir, on pouvait espérer qu'ils fassent le spectacle, enfin opposés à un rival de même niveau dans un groupe qui abonde par ailleurs en équipes très défensives. Cela n'a pas totalement été le cas : ce match a probablement été le meilleur dans la Skonto Arena, mais il a été inférieur au rythme de ce qui s'est fait de mieux dans l'autre poule. La Suède a mis dix minutes à rentrer dans le match, ensuite elle a pris le dessus, notamment sur l'engagement physique et sur les duels. Elle paraissait longtemps mériter la victoire sur ses intentions plus ambitieuses : ses arrières se joignaient à l'attaque, et elle pressait beaucoup plus que son adversaire. Mais son troisième tiers-temps a de nouveau été suspect, puisqu'elle n'a finalement pas géré cet avantage qu'elle pensait conserver après une deuxième période très solide.

La Russie a mis en place des schémas très défensifs et récupère un match nul qui traduit sa volonté finale. Mais des fondamentaux comme les jeux de puissance et les engagements ont été moyens ce soir (alors qu'ils étaient très satisfaisants statistiquement jusqu'ici). Quant à Maksim Sokolov, son manque de compétition a été assez criant, ce qui accentue par exemple ses carences sur ses sorties à la crosse. Même s'ils terminent en tête de la première phase, peut-on vraiment considérer les Russes comme favoris ?

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "La première période a été bonne, nous étions donc disposés à jouer malgré l'absence d'enjeu. Honnêtement, je m'attendais à pire. La deuxième période a été très difficile pour nous et Sokolov s'en est bien sorti. Zvyagin était au repos ce soir. Nous avons deux gardiens et je n'ai pas encore choisi le titulaire. Une sixième victoire de suite aurait pu conduire nos jeunes joueurs à faiblir. Le nul est le meilleur résultat. Nous n'avons pas gagné, mais nous n'avons pas non plus perdu."

Maksim Sokolov (gardien de la Russie) : "Le premier but est pour moi. Je commence seulement le championnat et je savais que les erreurs étaient inévitables. Regardez les premiers matches du championnat du monde et vous verrez que tous les gardiens y ont commis des erreurs. Ce qui me plaît, c'est que notre équipe a du caractère. Dans la troisième période, je n'ai presque rien eu à faire, la Russie était seule sur la glace. Le problème pour moi maintenant, c'est que je souffre d'un manque de préparation sur la glace. Les matches se suivent à un rythme élevé et les heures de glace sont constamment annulées. Si j'avais plus d'entraînements, je me sentirais probablement mieux."

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Je suis très content du match. Malheureusement, nous n'avons pas pu garder la victoire, mais il faut reconnaître que la Russie est très forte."

 

Suède - Russie 3-3 (1-2, 2-0, 0-1)

Lundi 15 mai 2006 à 20h15 à la Skonto-Arena de Riga. 3983 spectateurs.

Arbitrage de Chris Savage (CAN) assisté de Mikko Kekäläinen (FIN) et Milan Novak (SVK).

Pénalités : Suède 16' (4', 10', 2'), Russie 18' (8', 6', 4').

Tirs : Suède 29 (11, 16, 2), Russie 24 (7, 6, 11).

Évolution du score :

0-1 à 01'22" : Ovechkin assisté de Kulemin et Malkin

1-1 à 07'33" : Samuelsson assisté de K. Jönsson et Nylander (sup. num.)

1-2 à 11'28" : Mikhnov assisté de Zhukov et Arkhipov (sup. num.)

2-2 à 20'14" : Samuelsson assisté de K. Jönsson (sup. num.)

3-2 à 22'58" : J. Jönsson assisté de Hållberg et Samuelsson

3-3 à 55'47" : Mikhnov assisté de Semin et Khomitsky

 

Suède

Gardien : Johan Holmqvist.

Défenseurs : Ronnie Sundin - Magnus Johansson (A) ; Kenny Jönsson (C) - Niklas Kronwall ; Per Hållberg - Matthias Timander ; Andreas Holmqvist.

Attaquants : Johan Franzén - Henrik Zetterberg (A) - Nicklas Bäckström ; Jörgen Jönsson - Michael Nylander - Mikael Samuelsson ; Fredrik Emwall - Andreas Karlsson - Jesper Mattsson ; Joel Lundqvist - Jonas Nordquist - Mika Hannula ; Tony Mårtensson.

Remplaçant : Stefan Liv (G). En réserve : Daniel Henriksson (G), Björn Melin, Matthias Johansson.

Russie

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Denis Kulyash - Dmitri Bykov ; Vitali Atyushov - Kirill Koltsov ; Sergei Zhukov - Ilya Nikulin ; Georgy Misharin - Vadim Khomitsky.

Attaquants : Aleksandr Ovechkin (A) - Evgeni Malkin - Nikolaï Kulemin ; Danis Zaripov - Igor Emeleïev - Maksim Sushinsky (C) ; Aleksandr Semin - Denis Arkhipov (A) - Aleksei Mikhnov ; Sergei Mozyakin - Konstantin Gorovikov - Igor Grigorenko.

Remplaçant : Aleksandr Fomichev (G). Absents : Sergei Zvyagin (G), Andrei Kruchinin (surnuméraire), Aleksandr Kharitonov (genou).

 

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