Bâle - Ingolstadt (18 août 2006)

 

Match amical.

Cet EHC Bâle a de la reprise

Comme de coutume, c'est face à son voisin d'Olten (2-2) que Bâle a étrenné en douceur sa préparation avant d'être rossé mardi (5-1) par une formation d'Ambrì-Piotta pourtant privée de son trio majeur canadien... Pour ce soir, c'est l'ERC Ingolstadt qui se trouve à son menu, un gros bras de DEL qui reste sur une fin de saison frustrante marquée par une élimination prématurée des playoffs. En effet, les Bavarois restaient sur une saison régulière remarquable (deuxièmes à deux petits points des Eisbären de Berlin) avant de se faire surprendre en quarts de finale par Hanovre, au septième match.

Révélation de la saison passée, Bâle a conservé une large partie de ses éléments, déplorant toutefois la perte de son pilier défensif Olivier Keller vers Genève et enregistrant quelques arrivées de poids. Comme l'ailier international Patric Della Rossa (Zoug), le Finlandais Jussi Tarvainen (Linköping) ou encore le puissant Shawn Heins (Hanovre Scorpions) qui doit compenser le mauvais tour joué par son compatriote Andy Delmore, qui avait pourtant paraphé un contrat avec l'EHC Bâle avant de filer à l'anglaise pour Tampa Bay... Le vent du boulet a soufflé encore plus près lorsque la clé de voûte de l'équipe, le gardien Daniel Manzato, s'est vu appelé par les Hurricanes de la Caroline, qui détiennent ses droits en NHL. Après quelques hésitations, Manzato a finalement annoncé sa volonté de poursuivre son développement en Suisse, pour le plus grand soulagement de l'entraîneur Kent Ruhnke, qui n'aura ainsi pas à perdre son gardien-étoile comme il a perdu en fin de saison passée Novartis, le géant pharmaceutique qui a choisi de se retirer du mécénat du hockey pro en jugeant les frais de sponsoring comme trop élevés...

Du côté d'Ingolstadt, l'ambition est légitime et disons-le tout de suite élevée. Pour ce faire, une large ossature a été reconduite. Parmi les nouvelles têtes, l'excellent Jeff Tory, le centre Matt Higgins (Iserlohn) ou encore la révélation de Duisburg Michael Waginger. Le centre canadien Brad Tutschek, venu de l'université de l'Alberta, est lui mis à l'essai durant ce mois d'août, tandis que son compatriote Daniel Tkaczuk (27 ans), brièvement passé par la NHL et ultra-dominant ces deux dernières années en Italie avec Milan, s'est engagé tout dernièrement, apportant encore plus de punch à une attaque déjà bien calibrée.

Voilà une entrée en matière des plus consistantes pour des Bâlois diminués en défense avec l'absence de Plavsic, Astley et Bundi. Toutefois, ces forfaits ne semblent guère affecter les Rhénans, qui ont bricolé leur arrière-garde avec des attaquants convertis (Collenberg, Walker et le nouveau venu Chris Bright) et musèlent plutôt bien en ce début de match des Bavarois autrement affaiblis. En effet, Ingolstadt doit pour sa part faire l'impasse sur trois cadres indiscutables, Doug Ast, Cameron Mann et Jakub Ficenec. Le début de partie ressemble donc à un match typique de reprise où chacun se jauge, profitant des maladresses et des approximations de l'autre pour créer le danger. Mais, à ce petit jeu, c'est donc l'EHC Basel qui semble le mieux s'en tirer, retrouvant progressivement ses aises sur sa glace et sa ténacité habituelle. Ingolstadt souffre donc et peine à répondre au défi physique rhénan.

Dans ces conditions, Bâle fait le jeu, et le robuste ailier Thomas Nüssli, très en jambes ce soir, se charge de faire suer Jimmy Waite, tout d'abord sur un essai en angle fermé (4e) puis sur une ouverture en profondeur qu'il récupère et exploite ensuite pour forcer Waite à concéder le rebond. Surgissant plein axe, Stefan Voegele ne peut toutefois trouver l'ouverture, la faute au cerbère canadien de l'ERC qui signe-là la première parade du match (7e). Cherchant toujours le mouvement, Bâle prend tout doucement le dessus mais ne concrétise pas, que ce soit par Jussi Tarvainen en pivot ou par cette reprise de Shawn Heins sur une passe en retrait de l'intenable Nüssli (8e). Ingolstadt apparaît alors balbutiant, voire emprunté et Daniel Manzato, jusqu'ici préservé, doit lui attendre la onzième minute pour véritablement s'employer de la mitaine, devant Björn Barta parti en contre (10'47"). Profitant de la première indiscipline locale pour respirer un peu, l'ERC Ingolstadt tente de refaire un peu surface et rééquilibre petit à petit les forces pour se montrer plus régulièrement aux abords de la cage adverse. Sans doutes usés par leur débauche d'énergie initiale et à leur tour sanctionnés, les Bâlois peinent en fin de période mais ne plient pas, s'en remettant à leur jeu défensif et à un solide Manzato pour regagner les vestiaires sur un score nul et vierge, bon reflet d'un premier acte pauvre en occasions franches mais tout de même bien agréable à suivre.

Débutant le tiers médian en infériorité, les Rhénans laissent filer le temps et tentent ensuite de rejouer dans le sens de l'attaque. Une stratégie volontaire qui leur permet bien souvent de riposter aux offensives allemandes, comme sur ce premier essai de Jason Holland contré par Della Rossa qui s'échappe sur le flanc gauche mais joue mal le coup devant Vogl, qui a pris entre temps la succession de Jimmy Waite (22'58"). Toutefois, l'EHC Bâle ne garde pas longtemps ce rythme, voyant les pénalités pleuvoir et la pression des Panthers s'intensifier devant son slot. Poussés depuis quelques minutes à la faute, les Suisses finissent par craquer sur un lancer repoussé par Daniel Manzato sur Michael Waginger, à l'affût dans le slot (31e). Joie de courte durée pour le néo-international allemand puisque sa réalisation est aussitôt annulée par le corps arbitral, qui punit sur ce coup son coéquipier Florian Keller.

Revenus à quatre contre quatre, puis à leur tour en supériorité numérique, les hommes de Kent Ruhnke reprennent alors possession de la zone offensive et pilonnent Sebastian Vogl, qui s'en tire bien sur un slap de Heins (32'19") et un petit revers de Camenzind (34e) mais flanche par la suite. Laissant tout d'abord échapper le rebond d'une infiltration préalable de Stefan Voegele, le jeune portier allemand se troue complètement en se jetant sur sa gauche, laissant toutes latitudes à Voegele pour trouver côté opposé Shawn Heins. Servi sur un plateau, le grand blueliner canadien, paraissant déjà très à l'aise dans le système-maison, reprend victorieusement dans le trafic et signe sa première réalisation sous le maillot noir (1-0 à 34'21"). Assurément la meilleure manière de débuter pour Shawn Heins, remplaçant au pied levé d'Andy Delmore mais successeur désigné d'Olivier Keller après une prestation en tout point remarquable.

Prenant un avantage somme toute mérité au score, Bâle voit poindre à ses portes des Bavarois vexés et décidés à recoller au score. Enfin, juste le temps d'une montée de Chris Schmidt et du rebond concédé devant Yannic Seidenberg, puisqu'une obstruction de Michael Bakos casse leur élan. Réduits à trois contre quatre, les Panthers d'Ingolstadt se recroquevillent à l'arrière et subissent le jeu de puissance adverse. Celui-ci, rapidement en place, fait bien circuler le disque et développe une combinaison amorcée par Niklas Anger à l'angle droit, relayée par Jussi Tarvainen puis conclue par Chris Bright qui fusille Sebastian Vogl d'un tir sec dans le haut du but (2-0 à 37'00"). Un véritable schéma en "tic-tac-toe" et une première pour le Canadien naturalisé japonais, recruté de Francfort voilà quelques jours. Cette fois-ci Bâle a fait la différence, s'octroyant la dose nécessaire de réalisme pour virer en tête à l'aube de la dernière période.

Diminués, certes, par l'absence de leurs leaders habituels, les Panthers attaquent pourtant fort les vingt dernières minutes. Björn Barta sollicite rapidement Daniel Manzato d'un tir sec puis travaille derrière la cage à la suite de son propre rebond pour servir idéalement un Jeff Tory naviguant dans l'enclave et ramenant les blancs et bleus à une unité (2-1 à 42'41"). Ingolstadt se trouve alors dans une bonne dynamique et il en faut bien peu à Hilpert (43'29") puis à Höhenleitner pour créer l'égalité. Hélas pour eux, un certain Manzato se dresse devant eux et une pénalité mal placée du même Christoph Höhenleitner fait retomber le soufflé (44'01"). Il n'en faut guère plus aux locaux et surtout à ce diable de Thomas Nüssli pour tirer les marrons du feu. Après s'être signalé une première fois sur un lancer non-cadré, Nüssli se distingue aussitôt par son travail de récupération en zone neutre, qui permet ainsi à Stefan Voegele de porter à nouveau la rondelle en territoire offensif et de le lancer, seul, dans l'intervalle. En tête à tête avec l'homme masqué, Thomas Nüssli ne tergiverse pas et expédie un obus sous la barre d'un Sebastian Vogl resté pantois (3-1 à 46'32").

Libérés, les locaux déroulent et tentent de corser l'addition devant des pensionnaires de DEL pas encore tout à fait résignés et toujours saignants sur une poignée de contres. Discret au cours de ce match, Éric Landry se met tardivement en valeur en profitant, dès sa sortie de prison, d'une petite passe de Tarvainen qui l'envoie sur orbite trouver le poteau de Vogl (51'40"). Bâle gère donc assez bien ce match et ses recrues semblent déjà entrer dans le moule. Symbole de la complicité naissante entre les "anciens" et les "nouveaux", cette lumineuse passe aveugle de Stefan Tschannen en zone neutre vers Stefan Schnyder (53'25") cause les pires tourments à Sebastian Vogl, déjà bien assez satisfait de ne pas s'être fait surprendre préalablement par l'astucieuse déviation du lutin Schnyder (52'43"). Et quand la défense se fait avoir par le décalage crée par un jeu en triangle avec Della Rossa et Fuchs, c'est Camenzind qui n'en profite pas en glissant son revers à côté (56e). Surgissant pour prendre un retour concédé par Vogl sur un dégagement de Gaétan Voisard, Niklas Anger ne trouve pas plus de réussite (56e), tandis que Sandro Tschuor, lancé en échappée, manque de s'imposer d'un tir du poignet vicieux en hauteur (58'13"). Dominant les débats, les frontaliers régalent l'assistance et signent-là une premier gain après deux premières prestations en demi-teinte. Le soin est même laissé à Daniel Manzato d'avoir le dernier mot en s'illustrant une dernière fois de la mitaine sur un lancer puissant de Daniel Hilpert (59'45").

Pour sa première devant son public, l'EHC Bâle a rempli une copie propre et forcément encourageante. Appliqués et soucieux de bien faire, les Rhénans ont joué avec leurs atouts, patiné sans relâche et apporté une présence physique régulière dans tous les sens du jeu. Malgré sa défense expérimentale, Bâle a montré certaines qualités et profité de la bonne forme tenue par ses nouvelles recrues. Si les Bright, Della Rossa, Fuchs, Gerber et autres Camenzind et Tschannen ont beaucoup travaillé ce soir, le défenseur canadien Shawn Heins a lui impressionné son monde, montrant beaucoup d'assurance dans ses interventions et même un bel esprit d'initiative. On ne serait pas surpris d'avoir découvert là le futur pilier de la défense ! Les anciens, eux, n'ont pas à rougir de leur prestation, et on a redécouvert-là cette bande de bosseurs infatigables. L'un d'entre eux toutefois s'est particulièrement distingué, Thomas Nüssli. Entreprenant et solide dans ses mises en échec, le colosse, mobile comme jamais, a secoué le cocotier tout au long de la soirée, signant avec panache un match plein. De leur côté, Éric Landry et Niklas Anger ont formé avec Jussi Tarvainen une ligne étrangère montrant un certain potentiel.

Ingolstadt ne tirera pas grand-chose de ce match. Les Bavarois ont longtemps manqué de fraîcheur face à des Bâlois volontiers offensifs mais auront toujours résisté. Le tournant du match fut sans conteste la sortie de Jimmy Waite, remplacé par sa doublure Sebastian Vogl, incontestablement trop tendre à ce niveau et coupable sur l'ouverture du score locale. Qu'importe, l'ERC n'a jamais abdiqué, à l'image des remuants Valicevic, Seidenberg et autres Keller, et montré un bel esprit de combativité bien que ses rotations soient limitées. Là aussi le potentiel demeure et il y a fort à parier qu'au complet, cet Ingolstadt-là sera autrement dangereux.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

EHC Bâle - ERC Ingolstadt 3-1 (0-0, 2-0, 1-1)

Vendredi 18 août 2006 à 20h30 à la St.Jakob-Arena. 600 spectateurs.

Arbitrage de M. Kämpfer assisté de MM. Wirth et Jetzer.

Pénalités : Bâle 14', Ingolstadt 20'.

Tirs : Bâle 20 (4, 4, 12), Ingolstadt 18 (5, 6, 7).

Évolution du score :

1-0 à 34'22" : Heins assisté de Voegele

2-0 à 37'00" : Bright assisté de Tarvainen et Anger (sup. num.)

2-1 à 42'41" : Tory assisté de Barta

3-1 à 46'32" : Nüssli assisté de Voegele

 

Bâle

Gardien : Daniel Manzato.

Défenseurs : Markus Wüthrich - Gaétan Voisard ; Shawn Heins - Lukas Gerber ; Chris Bright - Ralph Stalder ; Julian Walker - Franco Collenberg (A).

Attaquants : Thomas Nüssli - Alex Chatelain - Stefan Voegele ; Régis Fuchs - Andreas Camenzind - Patric Della Rossa ; Jussi Tarvainen - Éric Landry (C) - Niklas Anger ; Stefan Schnyder (A) - Sandro Tschuor - Stefan Tschannen.

Remplaçants : Urban Leimbacher (G), Corey Ruhnke. Absents : Mark Astley et Ralf Bundi (blessés), Adrien Plavsic (malade).

Ingolstadt

Gardien : Jimmy Waite puis Sebastian Vogl à 20'00".

Défenseurs : Michael Bakos - Lukas Slavetinsky ; Daniel Hilpert - Jason Holland (A) ; Chris Schmidt - Jeff Tory.

Attaquants : Florian Keller (A) - Glen Goodall (C) - Michael Waginger ; Björn Barta - Christophe Melischko - Yannic Seidenberg ; Christoph Höhenleitner - Matt Higgins - Rob Valicevic.

Absents : Daniel Tkaczuk (pas encore arrivé), Jakub Ficene (inflammation d'une poche de pus à la hanche), Doug Ast (contusion à la tête du tibia), Cameron Mann (problèmes de hanche), Brad Tutschek (reparti au Canada jusqu'en décembre pour achever ses études).

 

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