CSKA Moscou - Avangard Omsk (27 septembre 2006)

 

Match comptant pour la neuvième journée de Superliga russe.

Pas grand monde dans les travées du Palais des Sports de Glace du CSKA pour cette pourtant grande et prometteuse affiche de la Superliga. Un peu plus de deux mille personnes seulement (remarquez, c'est la moyenne de spectateurs aux Krylia Sovietov...). Match en semaine ? Problèmes récurrents d'attente aux caisses du CSKA ? Match retransmis à la télévision ? Concurrence de la Ligue des Champions en foot (enfin, ça m'étonnerait franchement que les supporters du CSKA se déplacent pour voir jouer le Spartak...) ? Ou traditionnelle indifférence des Moscovites ? (Moscovites qui, de toute manière, sont englués dans les embouteillages à 19h). Quoi qu'il en soit, ce match n'a pas attiré la foule, et heureusement qu'une forte délégation de Sibériens sont venus mettre de l'ambiance dans la patinoire militaire.

Deux clubs qui doivent cependant se replacer vers l'avant. Le CSKA a raté son début de saison est se trouve englué à la neuvième place. Et surtout, les militaires de la capitale n'ont toujours pas remporté le moindre match à la maison en quatre tentatives. Cela explique peut-être finalement la désaffection du public.

Quant aux visiteurs, ils sont un peu mieux classés, cinquièmes, mais ce n'est pas encore le Pérou, avec des difficultés dans les matches réputés faciles.

Ce choc entre le finaliste de l'an passé (Omsk) et le cinquième de la saison écoulée (CSKA) peut en tout cas servir de révélateur aux deux équipes. Un match particulier également pour le gardien sibérien, le Moscovite d'origine Alexandre Fomitchev, ancien remplaçant du CSKA, et qui jouera en face de celui qui lui barrait la route, le Letton Peteris Skudra !

Et ce sont les militaires qui démarrent comme s'ils étaient en opération spéciale. Du coup, ils poussent les Sibériens dans leurs derniers retranchements et obtiennent des fautes. Mikhaïl Lioubouchine et Vladimir Pervouchine sont sanctionnés d'entrée de match (1re et 3e) et cela permet au CSKA de se mettre en évidence... et à Fomitchev de se rappeler au bon souvenir de l'armée russe !

La rencontre est lancée et très vite agréable à suivre. Les deux équipes semblent avoir retrouvé leur tradition de jeu offensif et léché. Les attaques se succèdent et les deux gardiens sont grandement responsables de la virginité prolongée du score. Et comme souvent dans ces cas-là, c'est sur les fautes que se fait la différence. Il faut donc attendre la fin du premier tiers pour voir l'ouverture du score. À la 18e, deux militaires moscovites se font prendre par la patrouille, les défenseurs (de la Patrie, évidemment...) Maxime Goncharov et, 18 secondes plus tard, Anton Bélov. Les troupes spéciales de Gazprom venues de Sibérie interviennent rapidement et cela fait mouche. Une passe transversale impeccable du capitaine d'Omsk, Dimitri Riabykine, pour le "légionnaire" (c'est comme cela qu'en russe on appelle les renforts étrangers) du Bélarus, Alexeï Kalioujnyï, et l'homme en forme du moment à l'Avangard tire instantanément et trompe le gardien letton de l'armée russe (c'est compliqué cette histoire...) pour l'ouverture du score (0-1, 18'13").

L'Avangard n'a pas laissé passer sa chance et les bruyants supporters sibériens peuvent crier leur joie. Pff, ce qu'ils sont vulgaires, ces ploucs de province, pense le spectateur du CSKA. Le club rouge et bleu est très chic et peut être comparé au Racing à Paris, hooligans avinés (avodkaïnés ?) du foot exceptés. Et voilà donc le CSKA encore une fois obligé de faire la course contre le score sur sa glace...

Et ce n'est pas terminé. La deuxième période part sur les mêmes bases, les attaques fusent... Et donc logiquement aussi, les contre-attaques. Et c'est justement sur l'une d'elle que l'Avangard double la mise. Un tir lointain mais puissant de Nikita Nikitine est détourné du bout de la crosse par le Tchèque Vaclav Novak. Peteris Skudra, surpris, tend le bras pour essayer de bloquer la rondelle. Cette dernière, à la trajectoire bizarre, rebondit peut-être sur le gant du gardien, mais en tout cas, rentre sans aucun doute dans la cage moscovite (0-2, 26'10"). Pas chanceux les militaires sur cette action, ils n'ont même pas gagné une tringle à rideaux !

Heureusement pour eux, pratiquement sur l'engagement, ils reviennent au score. Profitant d'une pénalité infligée juste après le but à Vladimir Pervouchine, le CSKA repart à l'offensive. Une action confuse. Cela part de derrière la cage. Une passe en retrait est semble-t-il bloquée dans un premier temps par Alexandre Fomitchev. Mais celui-ci voit le palet lui passer sous le corps. Devant la pression de David Nemirovski, un défenseur d'Omsk veut dégager... et marque contre son camp ! Un but casquette partout. Le but est attribué au dernier militaire qui a touché le palet, soit Alexeï Kossourov (1-2, 26'38").

Les rouge et bleu, qui jouent en blanc à la maison, mettent alors la pression. Et cela fonctionne une fois de plus en supériorité numérique. Un tir de la bleue du défenseur Konstantin Korneiev sur le gardien adverse est repoussé par ce dernier. David Nemirovski récupère le rebond et égalise (2-2, 29'25"). L'attaquant canado-russe (né au Canada, il a été naturalisé russe, et parle d'ailleurs russe) a été déterminant sur ces deux buts. En mettant la pression sur l'arrière garde de l'Avangard sur le premier et en étant opportuniste sur le second. À la mi-match, revoilà donc le CSKA dans le sens de la marche. Les deux plus deux infligées à Alexandre Nikouline, pour une crosse haute ayant terminé sa course dans le nez ensanglanté d'un adversaire sibérien, ne changent rien à l'affaire.

Ce sont cependant encore une fois les pénalités qui vont faire la différence (il ne faudrait pas que les Brûleurs de Loups jouent en Superliga... Bref). Une première faute moscovite n'a pas de conséquence. Ce n'est pas le cas sur la suivante, de Sergueï Rozine à la 51e. Les unités spéciales d'Omsk frappent de nouveau ! Un tir de près du défenseur international kazakhstanais Alexeï Trochtchinski redonne l'avantage aux visiteurs (2-3, 52'03").

Et ce n'est pas fini. Deux minutes plus tard, le redoutable buteur tchèque Pavel Rosa inscrit un but très fin. Avec intelligence, il ne tire pas comme une brute dès qu'il a le palet. L'ancien joueur de Litvinov lève la tête, contourne un défenseur, se replace bien dans l'axe et marque le but du K.O. (2-4, 54'32"). Et voilà le CSKA de nouveau dans la panade devant son (maigre) public... Surtout que dans la minute qui suit, son attaquant, Sergueï Chirokov, se prend un 2'+2' des plus malvenu !

La fin du match est conforme à ce que l'on pouvait envisager. Dans l'ultime minute, Slava Bykov fait sortir son gardien et Omsk en profite pour marquer dans la cage vide sur un contre conclu par l'ancien joueur de LNH Vitali Iatchmenev.

Les supporters de l'Avangard peuvent exulter. Ceux du CSKA se demander quand ils verront enfin une victoire des leurs. Ils ne vont quand même pas se déplacer en province pour voir une victoire du CSKA ?

Espérons que cela sera contre ces parvenus de banlieue du Khimik MO, et tous leurs anciens joueurs du CSKA, dans deux jours, même endroit, même heure...

Étoiles du match Sport Express : *** Aleksei Troshchinski (Omsk), ** Aleksei Kalyuzhny (Omsk), * Vaclav Novak (Omsk).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Aleksei Kalyuzhny (Omsk), ** Pavel Rosa (Omsk), * Vadim Epanchintsev (CSKA).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur du CSKA) : "Le talent a gagné dans ce match. La volonté seule ne suffit pas à faire un résultat face à cet adversaire. Certains de mes joueurs n'ont malheureusement pas rempli leur mission, en particulier les joueurs de centre. Nous avons joué comme si nous étions à l'extérieur..."

Valeri Belousov (entraîneur d'Omsk) : "En troisième période, c'était à celui qui marquerait le premier. Nos progrès en jeu de puissance nous ont permis de gagner. Du fait des blessures de Denisov et Koltsov, notre capitaine Dmitri Ryabykin est monté sur la glace sans être suffisamment guéri."

 

CSKA Moscou - Avangard Omsk 2-5 (0-1, 2-1, 0-3)

Mercredi 27 septembre 2006 à 19h00 au palais des sports de glace du CSKA. 2500 spectateurs.

Arbitrage de M. Bulanov (Moscou) assisté de MM. Olenin (Moscou) et Belov (Yaroslavl).

Pénalités : CSKA 18', Avangard 16'.

Tirs : CSKA 28 (7, 11, 10), Avangard 29 (9, 11, 9).

Évolution du score :

0-1 à 18'13" : Kalyuzhny assisté de Ryabykin et Troshchinski (double sup. num.)

0-2 à 26'10" : Novak assisté de Nikitin et Yachmenev

1-2 à 26'38" : Kossourov assisté d'Epanchintsev (sup. num.)

2-2 à 29'25" : Nemirovski assisté d'Epanchintsev et Korneiev (sup. num.)

2-3 à 52'03" : Trochtchinski assisté de Kalyuzhny et Rosa (sup. num.)

2-4 à 54'32" : Rosa assisté de Chubarov

2-5 à 59'13" : Yachmenev assisté de Gorovikov et Novak (cage vide)

 

CSKA Moscou

Gardien : Peteris Skudra (sorti de 58'48" à 59'13").

Défenseurs : Sergei Rozin - Konstantin Korneev ; Martin Strbak - Kirill Lyamin ; Vladislav Ozolin - Anton Belov ; Maksim Goncharov.

Attaquants : David Nemirovsky - Vadim Epanchintsev - Aleksei Kosourov ; Yuri Dobryshkin - Andrei Nikitenko (C) - Sergei Anshakov ; Sergei Shirokov - Aleksandr Nikulin - Denis Parshin ; Aleksei Simakov - Dmitri Upper - Eduard Kudermetov [puis Mikhaïl Anisin].

Remplaçant : Ivan Kasutin (G).

Avangard Omsk

Gardien : Aleksandr Fomichev.

Défenseurs : Dmitri Ryabykin (C) - Aleksei Troshchinski ; Evgeni Dubrovin - Nikita Nikitin ; Mikhaïl Lyubushin - Vladimir Pervushin ; Aleksandr Kuklin - Evgeni Kurbatov.

Attaquants : Pavel Rosa - Artiom Chubarov - Aleksei Kalyuzhny ; Aleksandr Popov - Anton Kuryanov - Denis Tyurin ; Vitali Yachmenev - Konstantin Gorovikov - Vaclav Novak ; Maksim Rybin - Sergei Païor - Sergei Topol.

Remplaçant : Boris Tortunov (G). Absents : Kirill Koltsov (épaule), Denis Denisov (blessé).

 

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