Grenoble - Anglet (30 septembre 2006)

 

Match comptant pour la quatrième journée de la Ligue Magnus.

Après l'intermède de la Coupe de la ligue, retour aux affaires de la Ligue Magnus avec l'obligation pour les Brûleurs de Loups d'effacer la contre-performance de la semaine précédente face à Rouen. La large victoire mardi face à Mont-Blanc (7-0) a déjà pu en partie rassurer les Grenoblois même si l'opposition n'était pas de niveau très élevé. Pas certain qu'elle le soit plus ce soir face à des Angloys en plein doute, battus 2-8 à Briançon mardi après avoir été blanchis à deux reprises sur leur glace en championnat face à Caen (0-3) et Strasbourg (0-4). Anglet, une équipe qui réussit habituellement bien à Grenoble, ne se présente d'ailleurs pas dans les meilleures dispositions psychologiques puisque le club vient de se séparer de son défenseur international Guillaume Karrer et de son attaquant canadien Olivier Maltais.

Les Brûleurs de Loups, qui récupèrent Viktor Wallin mais ont perdu Brad Woods, touché à l'entraînement pendant la semaine, démarrent la rencontre pied au plancher. Julien Figved avait intérêt à être prêt et il se mettait en évidence d'entrée pour venir au secours d'une défense déjà dépassée à l'image de Patrice Bellier contraint à la faute dès la première minute de jeu. Le premier jeu de puissance grenoblois était stérile mais permettait aux hommes de Gérald Guennelon de s'installer durablement dans la zone angloye. Masa, touché sans gravité, se relève, et les Brûleurs de Loups enchaînent avec une deuxième supériorité pour une faute de Daramy. Le palet circule cette fois un peu plus vite et sur un tir de Masa repoussé par Figved, Martin Paquet se jette sur le palet immobilisé devant la cage et le pousse au fond des filets (1-0, 06'15"). L'attaquant canadien, très en vue en ce début de rencontre, signe un doublé quelques minutes plus tard en se trouvant à la réception d'un centre au cordeau de Christophe Tartari faisant suite à un énergique débordement de l'ailier grenoblois (2-0, 09'24"). Pris de vitesse, dépassés en défense, les Angloys sont tout près de boire le calice jusqu'à la lie sur une nouvelle infériorité numérique mais un but d'Hecquefeuille est logiquement refusé car marqué du patin. Deux pénalités grenobloises d'affilée permettent aux Orques de desserrer l'étau et de mettre enfin à contribution Eddy Ferhi. Mais le "box play" grenoblois, même à trois contre cinq, est particulièrement rôdé avec Treille, Antonoff et Montesinos dans les premiers rôles. Le danger est vite écarté et les hommes de Jean-Michel Lutaud se trouvent à nouveau sous pression en concédant trois pénalités consécutives. La troisième est fatale suite à une remarquable circulation de palet entre Kévin Hecquefeuille, Simon Bachelet et Ludek Broz conclue avec facilité par Martin Masa (3-0, 19'10"). Un vrai cas d'école pour clore en beauté une période euphorique des Brûleurs de Loups.

Le deuxième tiers commence sous les mêmes auspices, l'efficacité en moins. Trois pénalités angloyes viennent ponctuer les dix premières minutes de jeu marquées par une première explication le long de la bande entre Coulombeix et Treille. La "tolérance zéro" pénalise clairement les équipes qui subissent le jeu, et Anglet en a fait les frais ce soir tout au long de la rencontre. Mais heureusement pour les partenaires de Xavier Daramy, le jeu de puissance grenoblois n'a pas la même efficacité que lors du premier tiers et bute sur un Figved bien en place. Alors que le match semble perdre en intensité, la situation se débloque pourtant rapidement. En l'espace de trois minutes, les Grenoblois vont tuer le match en marquant trois buts assassins qui entraîneront la sortie du portier d'Anglet. Le premier est un exploit individuel de Sacha Treille, encore une fois épatant d'adresse et de culot. Le jeune ailier grenoblois prend à revers tout la défense angloye avant de repiquer au centre devant Figved et marquer du revers. Remarquable pour ce joueur d'à peine 19 ans qui a une nouvelle fois fait honneur à sa titularisation (4-0, 31'16"). Deux minutes plus tard, la défense angloye craque à nouveau sur un débordement de Jeff Bonnard qui sert sur un plateau Ludek Broz qui ne rate pas une telle occasion (5-0, 33'53"). Le coup d'envoi à peine donné, le jeune défenseur Antonin Manavian participe lui aussi à la fête en marquant à son tour un beau but du revers au milieu d'une défense inexistante (6-0, 34'07"). Mais le néo-Grenoblois n'a pas le temps de savourer son but, car il se fait sécher contre la balustrade et rejoint le banc porté par ses coéquipiers. Est-ce le temps mort demandé par Lutaud qui a conduit les Angloys à ce surplus d'agressivité ? Toujours est-il que quelques instants plus tard, c'est Martin Millerioux, tête baissée, qui se faisait charger violemment contre la bande par Lassalle. Une agression qui déclenche immédiatement l'ire des joueurs grenoblois avec Masa qui se jette sur le coupable avant que ce dernier soit prudemment ramené au banc par ses coéquipiers. Les joueurs qui restent sur la glace s'expliquent avec les poings, Wiart subissant les foudres de Treille avant que Bonnard ne vienne prendre le relais. La deuxième période se termine prématurément afin de refaire le glace pour enlever le sang laissé par Millerioux.

La partie reprend sans Lassalle qui écope d'une pénalité de match tandis que Bonnard et Wiart doivent également rester au vestiaire. Manavian et Millerioux restent pour leur part à l'infirmerie, ce qui conduit les Brûleurs de Loups à reprendre le jeu avec seulement trois défenseurs ! Mais avec quatre attaquants alignés lors de la supériorité numérique de cinq minutes, le problème ne se pose pas dans l'immédiat. Le but attendu survient d'ailleurs au début de la troisième période sur un centre au timing parfait de Broz qui trouvait Hecquefeuille idéalement placé devant la cage de Benoît Sanchez (7-0, 40'41"). Mais le centre tchèque voulait lui aussi inscrire son nom au tableau d'affichage et s'offrait un petit slalom d'école en laissant sur place trois joueurs d'Anglet et en glissant le palet hors de portée de Sanchez (8-0, 43'58"). Avec les centres Paquet et Jönsson replacés par la force des choses en défense, le match tourne à la démonstration puisque Martin Masa s'offrait un but presque similaire à celui de Broz, cette fois en supériorité numérique (9-0, 49'33"). Les Angloys n'en peuvent plus et attendent avec impatience la fin de leur calvaire, mais les Grenoblois continuent à jouer. Les jeunes bénéficient d'un maximum de temps de glace et en font bon usage, à l'image de Quentin Garcia entré en cours de match ou de Joan Montesinos, toujours aussi volontaire et directement impliqué dans le dixième but, conclu par Christophe Tartari après un rebond laissé par Sanchez (10-0, 53'44"). La marque sera clôturée par Viktor Wallin d'un tir précis de la bleue qui troue Sanchez (11-0, 55'59"). Les Isérois s'appliquent enfin à assurer le blanchissage d'Eddy Ferhi, son troisième en quatre matches de Ligue Magnus !

Difficile de tirer beaucoup d'enseignements d'une rencontre aussi déséquilibrée. Les Angloys avaient pris un sévère 8-0 l'an dernier à Pôle sud et repartent cette fois avec trois buts de plus dans les valises. Souhaitons leur la même réaction d'orgueil que celle qu'ils avaient connue après leur déroute à Grenoble. Mais le contexte semble difficile et les lacunes énormes dans tous les compartiments du jeu. La défense s'est montrée d'une fébrilité incroyable avec un Dave Grenier décevant. Devant, le constat n'est guère meilleur. Pour la troisième fois en quatre matches, Anglet est blanchi, signe d'un manque évident de percussion offensive. Xavier Daramy, le seul semblant en mesure de créer du danger, est bien isolé, et Michal Garbocz ne suffit plus à lui prêter main forte. À moins d'un ou deux renforts d'impact pour remplacer Maltais et Karrer, la saison s'annonce longue au Pays Basque...

Du côté grenoblois, la bonne humeur est de retour après une semaine faste qui a vu les Brûleurs de Loups marquer dix-huit buts en deux matchs sans en encaisser un seul. On retiendra encore ce soir les excellentes disposition de la ligne "tchèque" qui a une nouvelle fois pris le pas sur la ligne "suédoise", confirmant les impressions laissées mardi. Broz retrouve la grande forme, entraînant ses coéquipiers de ligne, Masa et Hecquefeuille, eux aussi très en vue ce soir. La troisième ligne n'est pas en reste avec Martin Paquet de plus en plus présent et Sacha Treille flamboyant, prouvant ce soir qu'il mérite une place de titulaire sur les trois premières lignes, même lorsque Papa et Benoît Bachelet seront de retour de blessure. Des choix difficiles attendent Gérald Guennelon. Mais pour l'instant c'est plutôt du côté de la défense que naissent les inquiétudes. Avec seulement trois défenseurs pour finir la rencontre, les Grenoblois risquent d'avoir un problème à très court terme : celui de n'avoir que deux défenseurs pour s'entraîner cette semaine, vu que Bonnard et Simon Bachelet vont participer au regroupement de l'équipe de France. Pas la meilleure façon de préparer le choc de la semaine prochaine face à Briançon, que tout Pôle Sud attend déjà avec impatience et qui devrait constituer un test d'une toute autre envergure que ceux proposés aux Grenoblois cette semaine.

Désignés meilleurs joueurs du match : Martin Masa (Grenoble) et Nicolas Courally (Anglet).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans Sud Ouest)

Eddy Ferhi (gardien de Grenoble) : "L'équipe d'Anglet semble au fond du gouffre et en inscrivant deux buts d'entrée de jeu on leur a très vite coupé les ailes et remis la tête dans le seau. C'est difficile de voir ses potes se battre contre des moulins à vent, ça fait ch... forcément. Anglet est un club avec des moyens financiers limités mais qui puise sa force dans l'esprit d'équipe et la cohésion de groupe. Alors, quand on leur enlève ça ?"

Grégoire Delage (président d'Anglet) : "Maltais n'a pas été à la hauteur de nos espérances et à performance égale, je privilégie sans hésiter des joueurs locaux plutôt que des mercenaires. Quant à Guillaume Karrer, il s'agit surtout d'un problème d'état d'esprit. Bien sûr nous attendions d'un titulaire en équipe de France qu'il tire l'équipe vers le haut grâce à son niveau et à sa maturité, mais surtout qu'il montre l'exemple et pas seulement sur la glace. Cela n'a pas été le cas. Des mesures ont déjà été prises et il n'y en aura pas d'autres. Mais en cas de défaite conter Chamonix, la saison serait alors plus que compromise."

 

Grenoble - Anglet 11-0 (3-0, 3-0, 5-0)

Samedi 30 septembre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3000 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Nicolas Barbez et Savice Fabre.

Pénalités : Grenoble 30' (4', 2'+20', 4'), Anglet 73' (12', 6'+5'+20'+20', 10').

Évolution du score :

1-0 à 06'15" : Paquet assisté de Masa et S. Bachelet (sup. num.)

2-0 à 09'24" : Paquet assisté de Tartari et S. Bachelet

3-0 à 19'10" : Masa assisté de Broz et S. Bachelet (double sup. num.)

4-0 à 31'16" : Treille assisté de Bonnard et Tartari

5-0 à 33'53" : Broz assisté de Bonnard et Masa

6-0 à 34'07" : Manavian assisté de Jönsson et Lindström

7-0 à 40'41" : Hecquefeuille assisté de Broz et Masa (sup. num.)

8-0 à 43'58" : Broz assisté de Hecquefeuille et S. Bachelet

9-0 à 49'33" : Masa assisté de Hecquefeuille et S. Bachelet (sup. num.)

10-0 à 53'44" : Tartari assisté de Montesinos et S. Bachelet

11-0 à 55'59" : Wallin assisté de Jönsson et Tartari (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Martin Millerioux [puis Paquet à 37'44"] - Jean-François Bonnard (C) ; Viktor Wallin - Antonin Manavian [puis Jönsson à 37'44"] ; Simon Bachelet (A) - Teddy Trabichet.

Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz - Kévin Hecquefeuille (A) ; Nicolas Antonoff - Roger Jönsson [puis Quentin Garcia à 37'44"] - Jimmy Lindström ; Christophe Tartari - Martin Paquet [puis Joan Montesinos à 37'44"] - Sacha Treille.

Remplaçant : Frédéric Dorthe (G). Absents : Brad Woods (épaule), Baptiste Amar (main), Cyril Papa (main), Benoît Bachelet (épaule).

Anglet

Gardiens : Julien Figved puis Benoît Sanchez à 34'07".

Défenseurs : Patrice Bellier (A) - Thomas Molia ; Dave Grenier - Julien Hitze ; Mickaël Wiart [puis Tristan Larbaigt à 37'44"] - Sébastien Rousselin.

Attaquants : Nicolas Courally - Michal Garbocz - Xavier Daramy (C) ; Jérôme Patard - Jean-Michel Larroque (A) - Pierre-Hervé Coulombeix ; Thomas Decock - Xavier Lassalle [puis Maxime Lutaud à 37'44"] - Géraud Maréchal ; Bertrand Bergeron.

Absents : Guillaume Karrer, Olivier Maltais (départs).

 

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