Grenoble - Briançon (7 octobre 2006)

 

Match comptant pour la cinquième journée de la Ligue Magnus.

Grosse affiche à Pôle sud entre deux vieilles connaissances alpines, les Brûleurs de Loups et les Diables Rouges, le premier de trois affrontements consécutifs entre deux équipes qui se retrouveront également en quart de finale de la coupe de la Ligue. Briançon, impressionnant la semaine précédente face à Rouen (7-1), vient passer un nouveau test en Isère afin de confirmer un début de saison tonitruant qui en fait l'épouvantail de ce championnat. Les Brûleurs de Loups de leur côté veulent faire oublier à leur public leur piètre prestation à Rouen et confirmer face à un "gros" de la Ligue Magnus les bonnes dispositions affichées la semaine dernière face à Mont-Blanc (7-0) et Anglet (11-0). Pour ce match, les Brûleurs enregistrent le retour de blessure de deux cadres, Benoît Bachelet et Baptiste Amar, mais doivent compter sur le forfait de dernière minute de Roger Jönsson, tandis que Papa et Woods sont toujours absents et Manavian pas remis de son match face à Anglet. À Briançon, seul Dermigny, suspendu après son coup de crosse sur Besch, manque à l'appel.

Avec M. Mendlowictz, on pouvait se douter que le sifflet n'allait pas chômer ce soir. Confirmation peu après le coup d'envoi puisque l'imposant Petr Kratky était invité à rejoindre le banc des pénalités après seulement quarante-six secondes de jeu. Le premier jeu de puissance grenoblois était quelque peu timide et les Diables Rouges parvenaient à repousser les Brûleurs de Loups hors de leur zone. Mais Dufour prenait le relais de Kratky quelques instants plus tard et le scénario fut totalement différent : engagement gagné en zone offensive grenobloise, slap de Jean-François Bonnard à la bleue, et Christian Bronsard, surpris par la légère déviation de Lindström, voit le palet passer entre ses jambes (1-0, 03'28"). Galvanisés par cette ouverture du score, les Grenoblois se déchaînent (à l'image de Treille et Antonoff remarquables d'intensité ce soir) et gardent la mainmise sur la rondelle. Le palet circule vite et les attaquants grenoblois donnent le tournis à une défense briançonnaise un brin statique. Les hommes de Luciano Basile ne semblent pas encore complètement dans le match et Sacha Treille en profite pour tirer malicieusement de l'aile gauche sur le dos de Bronsard, qui ne peut que dévier la rondelle au fond de ses filets (2-0, 04'50"). En moins de cinq minutes, les Grenoblois s'étaient déjà bâtis un avantage décisif au score. La première ligne grenobloise semblait voler sur la glace alors que son alter ego briançonnaise trouvait difficilement ses marques, ne mettant que rarement Ferhi en danger. Pourtant celui-ci faillit bien encaisser son premier but du match en mettant du temps à se replacer sur un tour de cage de Martin Filip. Rentré, pas rentré ? Après quelques discussions et palabres, M. Mendlowitcz refusait finalement le but aux visiteurs. Les Brûleurs de Loups contrôlaient le reste du tiers en faisant preuve d'une grande détermination mais ne parvenaient pas à profiter de l'indiscipline briançonnaise (16 minutes pour le seul Petr Kratky !) pour creuser l'écart malgré une double infériorité numérique en fin de tiers.

Les Diables Rouges avaient évolué un ton en dessous au premier tiers et on attendait leur réaction face à des Grenoblois dont on ne savait trop s'ils étaient capables de tenir tout le match sur ce rythme effréné. Les locaux repartaient pourtant sur des bases similaires lorsque Jimmy Lindström adressait un puissant slap qui envoyait le palet se fracasser contre le poteau... à moins que ce ne soit l'intérieur du but ! Toujours est-il que le jeu continuait sans qu'aucun des acteurs ne se manifeste. Comme lors du premier tiers, un ralenti vidéo aurait été souhaitable, mais faute de mieux, les Brûleurs de Loups devaient se contenter de leur avance de deux buts. Une avance qui allait se réduire de moitié sur une supériorité numérique briançonnaise bien négociée. Pierre-Luc Sleigher partait en contre mais se faisait rattraper par Teddy Trabichet auteur d'un bon poke-check. Mais Sleigher parvenait quand même à centrer pour Marton Vas qui profitait du manque de repli défensif grenoblois pour crucifier Ferhi (2-1, 22'16"). Revenus à un but, les Diables Rouges entament alors leur meilleure période du match en privant les Grenoblois de palet. Les supériorités numériques qui s'enchaînent sont disputées sur un rythme opposé, Briançon mettait son adversaire au supplice avec son jeu de puissance tandis que Grenoble se contentait de desserrer l'étreinte.

Les duels deviennent plus engagés, le jeu plus physique. Une monstre charge de Wallin le long de la bande laisse un Briançonnais K.O. tandis que Royer et Antonoff se heurtent sans ménagement avant d'échanger quelques amabilités. La défense grenobloise souffre, y compris physiquement sur les charges appuyées des Briançonnais, mais semble tenir son maigre avantage jusqu'à la pause. Avec Amar et Tekel en prison, les deux équipes évoluent à quatre contre quatre. Les espaces sont nombreux et les Grenoblois s'enflamment un peu trop en zone d'attaque. Le palet revient dans les crosses briançonnais et Simon Bachelet est abandonné à son triste sort par Bonnard et les deux attaquants présents sur la glace. À trois contre un, la troisième ligne briançonnaise se joue aisément de Bachelet et de Ferhi. Benjamin Arnaud ramène ainsi les deux équipes à égalité à vingt secondes du coup de sirène (2-2, 39'40").

La première période grenobloise, la deuxième briançonnaise, à qui donc va sourire la troisième ? Les Diables Rouges ont la faveur des pronostics et reprennent le jeu sur le même tempo tandis que les Isérois se montrent bien prudents. Une pénalité de Broz donne à Briançon l'occasion de passer devant pour la première fois de la rencontre. Le jeu de puissance s'installe rapidement, Ferhi doit faire face à un véritable siège devant sa cage et semble bien s'incliner lorsqu'il relâche une rondelle qui est poussée sans difficultés dans ses cages. But ? Non car entre-temps M. Mendlowitcz s'était empressé de siffler un palet gelé alors que celui-ci était libre comme l'air. Un incident de jeu qui aura une importance capitale dans le déroulement de la rencontre. Car Ferhi continue à sortir des arrêts déterminants et la pénalité est finalement tuée. Et alors que Grenoble semble avoir la tête dans le sac, Broz chipe un palet dans la zone défensive briançonnaise et centre pour son compère Martin Masa qui se fait un malin plaisir à libérer une patinoire passablement tendue par le cours des événements (3-2, 44'53"). Grenoble marque sur sa première action dangereuse du tiers.

Les Diables Rouges, si prêts de prendre le contrôle du match quelques instants plus tôt, ne se remettront pas de ce coup du sort. Démobilisés, à l'image de Bronsard et de sa défense qui perdent leur concentration, ils encaissent un nouveau but quelques secondes plus tard sur un slap puissant de Lindström qui marquait dans une cage... vide, le gardien briançonnais n'ayant pas eu le temps de se replacer suite au décalage de Tartari (4-2, 45'28"). Cette fois, les dieux du hockey semblent avoir choisi leur vainqueur. Remotivés par Basile qui a demandé un temps mort, les Diables Rouges vont bien tout tenter pour revenir au score. Mais on ne retrouve plus vraiment l'équipe si bien organisée qui semblait avoir renversé le cours des événements. Le cœur n'y est plus vraiment et les Briançonnais finissent par sombrer corps et âme en encaissant deux nouveaux buts en fin de match, d'abord sur un tir de loin de Baptiste Amar (5-2, 54'57") puis quelques secondes plus tard grâce à Martin Paquet qui profite des boulevards de la défense haut-alpine en glissant au fond des filets un palet que Bronsard ne se donne même pas la peine d'essayer d'arrêter (6-2, 55'17"). Le gardien canadien jette l'éponge et cède sa place à Damien Angella qui finit le match sans trop d'inquiétudes.

Victoire probante des Brûleurs de Loups ce soir qui font ainsi oublier leur faux-pas à Rouen. Mais le (large) score est trompeur et sévère. Pas seulement parce que les buts grenoblois ont été marqués deux par deux, mais parce que Briançon semblait encore en mesure de l'emporter au début du troisième tiers avant de s'effondrer inexplicablement. Les Diables Rouges ont connu une entame difficile et ont mis un tiers-temps à s'en remettre. Au deuxième tiers, il ont enfin ressemblé à ce rouleau compresseur qui a mis les Dragons rouennais en déroute, sous l'impulsion de deux lignes offensives homogènes et très difficiles à maîtriser lorsqu'elles font le jeu. Mais l'arrière-garde briançonnaise n'est pas aussi convaincante. Certes le physique est là mais la contrepartie est une indiscipline chronique (la palme à Kratky mais Royer et Tekel ont été sanctionnés à deux reprises) et une certaine lenteur dans les replacements. Christian Bronsard, sans doute fragilisé par son entame, a paru relativement fébrile durant tout le match et s'est complètement décomposé au troisième tiers, laissant apparaître un mental bien friable. Briançon a perdu son premier match de la saison dans un match qui mis en évidence certaines lacunes dans une cuirasse qui semblait jusque-là indestructible. Mais ne nous y trompons pas, les Diables Rouges seront une force cette saison et entendent bien le démontrer dès mardi à Pôle Sud en coupe de la ligue.

À Grenoble, on peut savourer l'issue d'un match qui semblait progressivement échapper aux hommes de Gérald Guennelon. Ils ont compensé l'absence préjudiciable de Jönsson par un cœur énorme et beaucoup d'envie. Ils ont montré qu'ils sont une équipe de combattants, à l'image de Sacha Treille et Nicolas Antonoff au four et au moulin et dont l'impact physique a fait le plus grand bien, mais aussi grâce à des étrangers qui savent mettre le bleu de chauffe comme Paquet et Masa. Et avec Broz et Lindström, les Brûleurs de Loups possèdent deux artilleurs hors pair capables de débloquer une rencontre, l'un par des passes millimétrées, l'autre par un slap surpuissant. Cette victoire rassurante confirme le potentiel d'une équipe qui trouve peu à peu son équilibre et qui bénéficie d'une profondeur appréciable lorsque l'infirmerie est remplie. La défense, mise au supplice par instants, a largement bénéficié du retour de Baptiste Amar, tandis que Ferhi a su cette fois se montrer à la hauteur face à une opposition relevée en gardant son équipe dans le match lorsqu'elle avait le plus besoin de lui. Prometteur pour la suite de la saison, place maintenant à la revanche mardi !

Désignés meilleurs joueurs du match : Eddy Ferhi (Grenoble) et Edo Terglav (Briançon).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "J'attendais ça et je suis vraiment satisfait de leur prestation. Ils ont eu la lucidité nécessaire au dernier tiers. L'équipe se structure, mais il reste encore beaucoup de choses à régler."

Eddy Ferhi (gardien de Grenoble) : "C'est une victoire d'équipe, pas la mienne. On était un certain nombre à rentrer de stage en équipe de France et pendant le dernier tiers j'ai eu des crampes. Ils auraient pu revenir mais on a été capable de les museler."

Luciano Basile (entraîneur de Briançon) : "La victoire sourit toujours à celui qui travaille le plus fort. Là c'était Grenoble. C'est une bonne leçon. Mais le match tourne au début du troisième tiers lorsqu'on marque un but valide qui nous est refusé. Mardi en Coupe de la ligue, ce sera une autre histoire."

 

Grenoble - Briançon 6-2 (2-0, 0-2, 4-0).

Samedi 7 octobre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Gwilherm Margry et Guillaume Gielly

Pénalités : Grenoble 16' (6', 6', 4'), Briançon 34' (12'+10', 6', 6').

Évolution du score :

1-0 à 03'28" : Lindström assisté de Bonnard (sup. num.)

2-0 à 04'50" : Treille

2-1 à 22'16" : Vas assisté de Sleigher (sup. num.)

2-2 à 39'39" : Arnaud assisté de Levêque et Milovanovic

3-2 à 44'53" : Masa assisté de Broz

4-2 à 45'28" : Lindström assisté de Tartari et Wallin

5-2 à 54'57" : Amar assisté de Broz et Hecquefeuille (sup. num.)

6-2 à 55'17" : Paquet assisté de B. Bachelet et Treille

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Martin Millerioux ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Simon Bachelet - Teddy Trabichet.

Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz - Kévin Hecquefeuille ; Nicolas Antonoff - Christophe Tartari - Jimmy Lindström ; Sacha Treille - Martin Paquet - Benoît Bachelet (C).

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Quentin Garcia. Absents : Antonin Manavian (déchirure), Roger Jönsson (genou), Brad Woods (épaule), Cyril Papa (main), Joan Montesinos.

Briançon

Gardien : Christian Bronsard puis Damien Angella (à partir de 55'17").

Défenseurs : Viktor Szelig - Petr Kratky ; Rémi Royer - Milan Tekel ; Gary Levêque - Jakob Milovanovic.

Attaquants : Mickaël Perez - Martin Filip - Edo Terglav (C) ; Jean-François Dufour (A) - Marton Vas - Pierre-Luc Sleigher ; Cédric Boldron - Eric Blais (A) - Benjamin Arnaud ; Sébastien Rohat.

Remplaçants : Nicolas Chevalier, Alexandre Rouillard, Cyril Arnaud, Dimitri Faure-Brac. Absent : Sébastien Dermigny (suspendu).

 

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