Rouen - SønderjyskE (14 octobre 2006)

 

Coupe Continentale, deuxième tour, groupe C.

Faiblesses révélées

On ne peut pas tout le temps être bousculé en début de match et s'en sortir sans encombres. Dès la troisième minute, Éric Bertrand marquait en lucarne après un bon travail derrière la cage de Jan Jensen (0-1, 02'31"). Le match sera une autre histoire par rapport à hier, et les trois très mauvaises passes de Marc-André Thinel lors du premier tiers-temps le confirment. C'est quand même lui qui obtient la première pénalité, une obstruction de Nielsen. Il faut cependant patienter jusqu'aux dernières secondes de cette supériorité pour voir Julien Desrosiers s'infiltrer en beauté vers la cage.

Après dix minutes de jeu, sur une superbe transition en zone neutre, Sébastien Thinel reçoit une passe de la droite de Desrosiers et franchit la ligne bleue plein axe. Il échoue sur le gardien américain Jake Moreland mais se fait accrocher par Ström. Ce second powerplay est plus dynamique et plus spectaculaire. La meilleure occasion est celle de Nicolas Besch : un adversaire s'étant couché devant lui, il s'appuie en une-deux sur Kimmo Salminen pour prendre une meilleure position de tir. Pourtant, après une charge incorrecte de Jensen, c'est en infériorité que les Danois doublent la mise : Peter Ström réussit une interception en zone neutre et lance en breakaway Brad Rooney qui lève le palet au-dessus de l'épaule de Sopko (0-2, 14'21"). Heureusement, Alexandre Lefebvre réussit une ultime entrée de zone avant l'échéance de la pénalité et un tir du poignet de Nicolas Besch de la ligne bleue bat Moreland masqué et remet son équipe dans le bon sens (1-2, 15'31"). Rien n'est perdu, mais ce tiers-temps rythmé et intéressant montre l'ampleur du défi proposé à Rouen face à un adversaire rapide et technique.

Le deuxième tiers commence comme le premier pour les Dragons : mal... Jan Jensen surprend la vigilance de Besch et surtout de Sopko sur un tour de cage (1-3, 22'09"). Deux défenseurs qui jouaient ensemble l'an dernier au Radio X de Québec se retrouvent ensuite en prison : Frédéric Bouchard fait obstruction sur son homme pour l'empêcher de réceptionner un centre, et Simon Tremblay inflige un cinglage à Sébastien Thinel parti à contre-attaque. Sauf que nous ne sommes plus face à Nottingham, et qu'à 4 contre 4, ce sont les Danois qui patinent mieux et couvrent davantage la glace. C'est au retour à cinq contre cinq que SønderjyskE, plus actif, aggrave le score. David Burgess s'est fait oublier derrière la cage après un premier essai et reprend un centre au second poteau de Peter Ström (1-4, 26'23"). Le "Danmarks bedste publikum", tel qu'autoproclamé par sa banderole, peut chanter et tambouriner à la gloire de Vojens (pour eux aussi, c'est donc plus facile à prononcer que leur nouveau nom !).

Au pied du mur, Alain Vogin est bien obligé de demander un temps mort. Il ne se contente pas d'un discours mobilisateur mais change également ses alignements. Cela se comprend tout à fait car la première ligne n'a pas fait son travail défensivement alors que le deuxième trio est moribond et incapable d'alimenter Salminen en palets. Dominic Leveillé reprend donc place entre les Thinel, alors que c'est à son remplacement par Desrosiers qu'avait été attribuée la reprise en main des Dragons après leur début de championnat médiocre. Malheureusement, sa complicité avec les jumeaux ne se traduit pas vraiment, et il ne peut pas réceptionner la passe de Sébastien Thinel en 2 contre 1. En revanche, Salminen bénéficie un peu de la présence à ses côtés de Desrosiers. Bref, les Dragons se cherchent un nouvel équilibre, mais ce qu'il leur faut de toute urgence, c'est un but. C'est encore un lancer de la bleue qui rempli cette fonction, cette fois de Marc-André Thinel (2-4, 36'31"). La première ligne fait une bonne dernière présence dans ce deuxième tiers-temps et travaille en fond de zone. Marc-André trouve de derrière la cage Alexandre Lefebvre fraîchement sorti du banc, mais le tir de celui-ci est détourné au-dessus par l'imposant gardien Moreland.

En troisième période, Vogin essaie encore quelques combinaisons nouvelles, en essayant au centre Marc-André Thinel, par permutation avec Léveillé, mais aussi Geffroy, par intégration de Fontana dans les alignements. Plus Rouen cherche à revenir, et plus le temps de jeu de sa première ligne est excessif. Tremblay accroche un Thinel alors que jumeaux sont déjà depuis longtemps sur la glace. Ils y restent malgré tout, et c'est dommage car ils n'ont plus la lucidité nécessaire pour organiser correctement le jeu de puissance. Cette présence bien trop longue s'achève par une obstruction de Sébastien, qui peut ainsi "se reposer" deux minutes. En infériorité, Frédéric Bouchard prend un tir à bout portant. Le palet tape la barre transversale et le dos du gardien avant de s'échapper à côté de la cage. Le Canadien a levé les bras mais l'arbitre n'accorde pas le but. La diffusion du ralenti sur l'écran mural - où l'on ne voit vraiment pas grand-chose - provoque un grondement communicatif dans les tribunes, et les joueurs rouennais suivent le mouvement en demandant à M. Bergman de regarder cet écran qui n'a rien d'officiel. L'arbitre belge ne peut évidemment pas revenir sur sa décision, mais il est probablement pris d'un doute tellement les Rouennais paraissent convaincus - par autosuggestion - de ce but.

Petite compensation ? Dominic Leveillé intercepte une rondelle en zone neutre, mais René Holm patinant à ses côtés le fait indiscutablement trébucher. Par contre, une faute nette de Sébastien Thinel après une perte de palet n'est pas sifflée, au contraire d'un cinglage d'Éric Bertrand. Rouen évolue donc une minute et demie à cinq contre trois. Le powerplay est assez désorganisé mais la pression arrive quand même devant la cage, assez pour que le gardien Moreland appelle le kiné pour se faire masser. Avec Bouchard et les quatre attaquants étoiles (Salminen à la bleue avec Desrosiers et les Thinel), c'est pourtant toute la verve offensive des Dragons qui est concentrée sur la glace.

En fait, les avantages numériques à répétition de cette dernière période font plus de mal que de bien à Rouen, qui passera encore cinquante secondes supplémentaires de double supériorité après une crosse haute en zone offensive de Burgess et un dégagement hors limites de Katulis. À chaque fois, ce sont les mêmes joueurs qui sont sollicités, et ils sont complètement cuits. Le powerplay est en panne parce qu'ils ont toujours un temps de retard et ne peuvent plus faire la différence. Inévitablement, le couperet tombe à l'avant-dernière minute : Salomaa en difficulté n'arrive pas à sortir le palet de la zone, et un lancer de la bleue de Daryl Andrews est dévié par Per Juhl seul près de la cage (2-5, 58'39").

Comme on pouvait le craindre, Rouen a été rattrapé par son manque de profondeur. Même si elles n'ont pas affecté des joueurs majeurs a priori, les blessures survenues en cours de match hier ont eu un impact. L'absence de Dufournet, bras en écharpe, a accentué la pénurie de centres, et la perte de Sedlak, atteint par un palet, a affaibli les lignes arrières réduites à cinq unités. Car les Dragons ont sombré défensivement ce soir, en commettant trop d'erreurs, à l'instar d'un Frédéric Bouchard souvent dépassé. Ils comptaient sur leur ligne magique pour les sauver, mais celle-ci s'est éteinte toute seule. Donner les clés du jeu de puissance à un seul bloc ne peut pas suffire dans l'ère de la tolérance zéro. Le RHE sera éliminé dès demain après-midi, à moins que les Danois ne soient battus par Nottingham, ce qui serait surprenant.

Désignés meilleurs joueurs du match : Julien Desrosiers pour Rouen et Jake Moreland pour SønderjyskE.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Nicolas Besch (défenseur de Rouen) : "On ne pensait pas qu'on allait prendre autant de buts. On encaisse dès le début, et après on va toujours à l'attaque et on commet des erreurs. Je ne me fais pas trop d'illusions sur l'aide de Nottingham, à l'heure qu'il est ils sont dans les bars... Non, j'espère qu'ils joueront leur carte à fond. Mais quel que soit le résultat, on se donnera à fond contre Salzbourg, il faudra être performants pour pouvoir être performants en championnat."

Simon Tremblay (défenseur de SønderjyskE) : "On ne s'avait pas trop à quoi s'attendre. Hier contre Salzbourg, on savait qu'on avait une chance, pour avoir joué contre Villach et Graz en pré-saison. Contre Rouen, on avait surtout comme repères le résultat d'hier, on savait que leur première ligne avait marqué six buts, et on a porté attention à cela. Ils ont une bonne offensive, leur faiblesse se situe plutôt à l'arrière, on a essayé d'exploiter cela et de profiter de leurs erreurs. On joue bien et les gars travaillent fort. L'arbitrage est comparable au Danemark, on n'a pas été surpris par la tolérance zéro même si c'est vrai qu'on a pris beaucoup de pénalités au dernier tiers."

 

Rouen - SønderjyskE 2-5 (1-2, 1-2, 0-1)

Samedi 14 octobre 2006 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2414 spectateurs.

Arbitrage de Jan Bergman (BEL).

Pénalités : Rouen 6' (2', 2', 2'), SønderjyskE 22' (6', 4', 12').

Tirs : Rouen 40 (10, 13, 17), SønderjyskE 35 (11, 17, 7).

Évolution du score :

0-1 à 02'31" : Bertrand assisté de Jensen et Burgess

0-2 à 14'21" : Rooney assisté de Ström (inf. num.)

1-2 à 15'31" : Besch assisté de Lefebvre et Lemoine

1-3 à 22'09" : Jensen

1-4 à 26'23" : Jensen assisté de Ström et Rooney

2-4 à 35'31" : M-A Thinel assisté de Léveillé et S. Thinel

2-5 à 58'39" : Juhl assisté d'Andrews

 

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Daniel Carlsson (C) - Frédéric Bouchard (2') ; Nicolas Besch (A) - Sami-Ville Salomaa ; Fabien Veydarier.

Attaquants : Sébastien Thinel (2') - Julien Desrosiers [puis Léveillé à 26'23"] - Marc-André Thinel (A) ; Kimmo Salminen - Damien Raux [puis Desrosiers à 26'23"] - Thibault Geffroy ; Tristan Lemoine - Dominic Léveillé [puis Raux à 26'23"] - Alexandre Lefebvre (2') ; Yvan Fontana (à 40'), Jérémie Romand (à 59').

Remplaçants : Landry Macrez (G), Simon Doreille, Lionel Tarantino. Absents : Daniel Sedlak (hématome au tibia), Édouard Dufournet (acromio-claviculaire).

SønderjyskE (2' pour surnombre)

Gardien : Jake Moreland.

Défenseurs : Daryl Andrews (2') - Arturas Katulis (4') ; Simon Tremblay (4') - René Holm (2') ; Peter Hindjkaer - Mads Schaarup.

Attaquants : Éric Bertrand (2') - Brad Rooney - David Burgess (2') ; Søren Nielsen (2') - Peter Ström - Kim Lykkeskov ; Jan Jensen (4') - Dan Ceman - Per Juhl.

Remplaçants : Mickael Vuorio (G), Lars Foder, Simon Lyngholm.

 

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