Rouen - Angers (28 octobre 2006)

 

Match comptant pour la huitième journée de la Ligue Magnus 2006-2007.

La messe était loin d'être dite

Le match phare de cette journée a tenu certaines promesses à défaut d'être convaincant. Qui, sur l'île Lacroix, se plaindra de la victoire rouennaise ? Personne ! Surtout pas les spectateurs qui en ont eu pour leur argent. Malgré treize buts inscrits l'intérêt de la rencontre a été constant. À la faveur de gros caprices et de petites trahisons, les rebondissements ont été légion ce soir. Le suspense a duré jusqu'à trois minutes de la fin de la partie, et ensuite le coach angevin François Dusseau a été très sportif en jouant son va-tout, sans gardien. Action qui ponctua la manche d'un point d'orgue.

Un excellent match alors ? Non, sans aucun doute, vu du banc ou avec les yeux d'un amateur. La rencontre a été quelque peu tronquée par un mauvais arbitre qui n'a pas su légiférer à bon escient. Il siffla en faveur des locaux à des moments de la partie qui se révélèrent opportuns.

Angers a pris la direction des opérations, mais ce sont les Dragons qui ouvrent le score (1-0 à 06'36). Les Ducs n'ont pas abdiqué et parviennent à égaliser puis à prendre l'avantage (1-2 à 16'38). Ils mènent à la fin du premier tiers joué en infériorité pendant deux minutes quarante à cause de deux pénalités consécutives. Un avantage d'un but logique qui pourrait être supérieur tant Juho Jokinen s'est heurté au talent du portier normand sur deux nettes tentatives.

Pendant la fin de délai du jeu de puissance rouennais débuté au cours de la première période, les Dragons égalisent tôt (2-2 à 21'09). Alain Vogin modifie ses trios et la tactique des Ducs appliquant une stricte ligne défensive face aux Thinel est caduque vis-à-vis des alignements rouennais plus complets. Mais plus tard, les joueurs locaux paient cash leur manque d'abnégation collective (2-3 à 28'03).

Malgré tout, les Normands combattent. Ils surgissent pour égaliser (3-3 à 32'39). Puis, ils font preuve d'intelligence en avantage d'un homme. Ils prennent les devants (4-3 à 35'51), et gardent cette avance jusqu'à la seconde pause, gaspillant même un double jeu de puissance à cheval sur le retour au vestiaire.

Au dernier renvoi sur la glace, le RHE crée la cassure (5-3 à 43'24). L'équipe d'Alain Vogin semble désormais sur le bon chemin. Mais c'est sans compter sur l'incapacité des Rouennais à tenir un résultat et à jouer solidement derrière. Les Ducs exploitent le manque de solidarité et d'assiduité défensive des Dragons. Deux exploits angevins plus tard, tout est remis à plat. En moins de deux minutes, Angers a remonté de l'arrière ses deux buts d'écarts (5-5 à 45'51). Les visiteurs tombent sur un os. Au cours des sept minutes suivant leur retour au score, il leur faut négocier trois pénalités. Les deux premières sont réduites à néant. Pendant la troisième, les Rouennais bousculent la boîte angevine et enfilent leur sixième but (6-5 à 52'47). Angers pousse sur le but rouennais. Ramon Sopko, dans l'œil du cyclone, résiste à lui seul et repousse plusieurs assauts des joueurs de l'ASGA. Sur un contre assassin les champions de France inscrivent un septième but (7-5 à 56'56). Dans la dernière minute, François Dusseau essaie de profiter d'une pénalité rouennaise pour revenir au score. Le coach angevin demande un temps mort, sort son gardien au profit d'un attaquant supplémentaire. Malgré une bonne installation des Ducs dans le camp normand, les visiteurs perdent la rondelle. Celle-ci revient dans les crosses des Dragons qui n'ont plus qu'à la pousser dans la cage déserte (8-5 à 59'34).

Les deux entraîneurs ne peuvent sans doute se satisfaire de tant de buts encaissés. L'inconstance de leurs équipes doit les inquiéter. Les fautes techniques ne sont pourtant pas en cause.

Le patinage des Normands a été bien meilleur que celui exercé à Amiens. L'envie a été supérieure qu'en Picardie où il semblait planer un certain malaise au-dessus des Dragons. Ce soir, les Rouennais, qui décidément n'aiment pas défendre, se sont "démerdés" offensivement pour l'emporter.

Parmi ceux qui se sont arrangés en attaque pour ne pas perdre, on peut citer Édouard Dufournet. Le junior du C.H.A.R. a fait sa (bonne) rentrée au début du deuxième tiers au centre des jumeaux Thinel. C'est lui qui va durement conquérir la rondelle qui permettra aux Québécois de briller et au RHE d'égaliser (2-2 à 21'09). Autre citation, celle de Thibault Geffroy lorsqu'il suit un énorme rebond laissé libre devant le gardien d'Angers. Le mal-aimé du public s'est fait adouber ce soir par les partisans en égalisant de la sorte. De plus en plus sur la glace, c'est pour lui le début de la rédemption (3-3 à 32'39). Daniel Carlsson, déjà offensivement en vue à Amiens, a complété une belle passe d'un bon jeu (enfin) en attaque à cinq placée avec les Thinel, la valeur ajoutée rouennaise devant la cage adverse (4-3 à 35'51). Julien Desrosiers, isolé en première ligne, a retrouvé une grosse palette de jeu, plus libre et inspiré au sein du deuxième bloc (un but et deux passes décisives). Évidence, ce changement de centre rend l'attaque rouennaise plus complète. Avec Desrosiers aux cotés de Kimmo Salminen, les Dragons peuvent compter sur deux lignes capables d'enfiler à tout moment. Les champions de France pouvaient-ils continuer de la sorte à se priver de la sorte d'une deuxième ligne efficace ?

Malgré deux récents renforts très défensifs, les revenants Vesa Ponto et Benoît Quessandier, les Dragons encaissent énormément de but. Leur gardien n'est pas en cause, les buts d'Angers ont été souvent remarquables soit de conception soit d'habileté. Au contraire, Ramon Sopko a maintenu son équipe sur le chemin de la victoire alors en pleine tempête autour de la 56e minute. Les soucis défensifs des Normands ne sont pas individuels mais collectifs. Rarement, ils défendent en bloc. Les blessés, changements d'alignement et d'effectif plaident certes pour eux mais aucun signe ne montre quelque progrès dans ce domaine.

Angers est au niveau des qualités rouennaises du soir, en plus assidu. Dans la bande les Ducs sont plus redoutables. Plus agressifs et solidaires, les coéquipiers de Martin Lacroix se sont aussi largement dépensés en infériorité. Beaucoup plus que leurs hôtes, surtout dans le dernier vingt si décisif, dans un match disputé mais correct de la part de tous les participants. Ceci peut sans soute expliquer cela.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaires d'après-match (dans Ouest France)

François Dusseau (entraîneur d'Angers) : "Le match a été agréable, Rouen a su tirer profit de ses supériorités numériques. J'en veux à l'arbitre, M. Durand, qui pour la troisième fois, a pris des décisions injustes contre nous. C'est pourquoi nous allons porter réclamation et le récuser pour qu'il ne nous arbitre plus ; c'est trop grave de nous infliger tant de pénalités imaginaires et à des mauvais moments. On a fait un bon match mais cela n'a pas suffi en raison d'erreurs individuelles. On a aussi vendangé et gâché quelques occasions. Après un très bon premier tiers, on n'a pas bien résisté à la pression. Il va falloir vite rebondir face à Anglet et à Strasbourg. Ville va rejouer face à Anglet après plusieurs matches pendant lesquels Florian Hardy l'a remplacé. Pour la suite de la saison, il est important que les deux gardiens restent dans le bain."

 

Rouen - Angers 8-5 (1-2, 3-1, 4-2)

Samedi 28 octobre 2006 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2400 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Savice Fabre et Pierre Dehaen.

Pénalités : Rouen 12' (6', 2', 4'), Angers 22' (8', 8', 6').

Évolution du score :

1-0 à 06'36" : M.A. Thinel assisté de S. Thinel

1-1 à 13'30" : Rodrigue assisté de Bellemare et Tessier (sup. num.)

1-2 à 16'38" : Hovora assisté de Bärgman et Bardet

2-2 à 21'09" : M.-A. Thinel assisté de S. Thinel et Dufournet (sup. num.)

2-3 à 28'03" : S. Lacroix assisté de Baluch

3-3 à 32'39" : Geffroy assisté de Desrosiers

4-3 à 35'51" : Carlsson assisté de S. Thinel et M.-A. Thinel (sup. num.)

5-3 à 43'24" : Desrosiers assisté de Lemoine

5-4 à 44'30" : Bardet assisté de Hovora

5-5 à 45'51" : S. Lacroix

6-5 à 52'47" : Salomaa assisté de Desrosiers (sup. num.)

7-5 à 56'56" : Desrosiers assisté de Besch

8-5 à 59'34" : M.-A. Thinel assisté de Leveillé (inf. num., cage vide)

 

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Daniel Carlsson (C) - Nicolas Besch (A) ; Vesa Ponto - Sami-Ville Salomaa ; Benoît Quessandier - Fabien Veydarier.

Attaquants : Sébastien Thinel - Julien Desrosiers puis Édouard Dufournet à 20'00" - Marc-André Thinel (A) ; Kimmo Salminen - Thibault Geffroy [puis Desrosiers à 20'00"] - Damien Raux [puis Geffroy à 20'00"] ; Alexandre Lefebvre - Dominic Léveillé - Tristan Lemoine.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Jérémie Romand, Yvan Fontana. Absents : Simon Doreille et Frédéric Bouchard (départs), Daniel Sedlak (blessé)

Angers

Gardien : Florian Hardy.

Défenseurs : Michael Irani - Simon Lacroix ; Guillaume Drozdz - Lauri Lahesalu ; Patrik Bärgman.

Attaquants : Tomas Baluch - Martin Lacroix - Julien Albert ; Michael Tessier - Jonathan Bellemare - Guillaume Rodrigue ; Juho Jokinen - Mickael Bardet - Radek Hovora.

Remplaçant : Ville Koivula (G). Absent : Jean-François Jodoin.

 

Retour à la Ligue Magnus