Épinal - Briançon (5 décembre 2006)

 

Match en retard de la douzième journée de la Ligue Magnus 2006-2007.

Des détails qui fâchent

Servi en préambule d'un mois de décembre infernal, le hors-d'œuvre amiénois présenté samedi dernier aux Spinaliens se révéla plus indigeste que prévu. Au terme d'un spectacle sacrifié sur l'autel de la tolérance zéro, les hommes de Pierre-Yves Eisenring n'ont pu que constater les dégâts (2-5).

Sur cette route semée d'embûches, les Dauphins d'Épinal poursuivent leur triptyque de prestige à Poissompré par l'accueil de l'épouvantail briançonnais. Avec ses gros bras et sa densité physique, Briançon est clairement en campagne pour la conquête du titre suprême. Parfois desservie par une discipline défaillante, la formation des Hautes-Alpes ne manque pas d'atouts dans ses manches, alliant l'expérience et le talent offensif à la rudesse (parfois excessive) d'un Rémi Royer. Associant au jeu de puissance le plus efficace du championnat l'un des tous meilleurs penalty-killing de l'Hexagone, Briançon ne présente pas de failles apparentes dans sa cuirasse si ce n'est l'indisponibilité temporaire du solide Milan Tekel.

Promis au purgatoire, les Spinaliens espèrent simplement pouvoir jouer. Toujours au doigt et à la baguette de Ján Plch, l'arme fatale de Vosgiens émoussés et au pain sec depuis leur victoire devant Strasbourg voilà deux semaines.

Déjà pas spécialement en confiance, les Lorrains signent la première pénalité du match (0'32") et ne résistent pas longtemps au jeu de puissance de la bande à Basile. Reprenant de volée une passe transversale de Pierre-Luc Sleigher, l'international hongrois Viktor Szélig fait rapidement mouche en trompant Stanislav Petrik, en retard dans son déplacement latéral (0-1 à 02'01"). Voilà une manière assurément délicate d'aborder cette ascension d'un col hors-catégorie, mais les Spinaliens ne se laissent pas abattre et partent à l'abordage, non sans y laisser quelques plumes devant une nonchalance de Bohácek, aussitôt exploitée par un Jean-François Dufour stoppé par le repli défensif (4e). Le ton du match est donné.

Dans le sillage de Plch, l'attaque locale n'a de cesse de bousculer une défense briançonnaise certes très physique, mais pas forcément à son avantage face aux petits gabarits spinaliens. Elle le paye en cachots sonnants et trébuchants mais se replie sur un carré défensif dur à bouger, tenant en respect un powerplay forcé au statisme en ces premières minutes de jeu. Mais voilà, Épinal possède un bon génie ayant le don de rendre tout plus facile, ce Ján Plch des grands soirs capable à lui seul de renverser des montagnes. Après plusieurs tentatives infructueuses, le génial Slovaque, d'un enchaînement plein de maîtrise sous le nez de Christian Bronsard, bonifie d'un magistral contrôle orienté un slap préalablement contré de Peter Listiak (1-1 à 06'25").

Inspiré par ce coup de génie, Épinal prend alors confiance en ses moyens et pousse de nouveau sur l'accélérateur, sans pour autant être à l'abri de contres tranchants, principalement initiés par une association Edo Terglav - Martin Filip au four et au moulin. Malgré ces frayeurs, les Dauphins appuient encore là où ça fait mal et disposent sans cesse de nouvelles munitions en supériorité numérique. Jouant crânement sa chance, l'ICE applique une pression constante sur une arrière-garde plus fébrile au fil des minutes. Ainsi, Luc Mazerolle ne déroge pas à la règle, complétant parfaitement son forecheck pour gratter le disque dans le coin avant de repiquer vers la cage pour finalement voir son palet franchir la ligne in extremis. Ce n'est hélas pas assez flagrant pour que le trio arbitral ne valide l'essai du Canadien (12'23").

Pas totalement souverain à l'arrière, Briançon montre un visage redoutable en récupération où le travail incessant des avants met à mal les tentatives de relances adverses. Celle du centre tchèque Michal Petrák se voit ainsi interceptée très bas dans sa zone par Cédric Boldron, lequel voit Stanislav Petrik repousser sur un Éric Blais en embuscade (1-2 à 12'58"). Le vétéran marque son habituel filet à Poissompré et rappelle aux locaux qu'aucune erreur ne leur sera tolérée dans ce domaine.

Animés par un sentiment de révolte, les Spinaliens, par l'entremise du duo Plch-Petrák, repartent de plus belle mais se heurtent cette fois-ci à un bloc défensif plus vraiment enclin à se laisser marcher sur les patins. Comme prévu, Briançon signe ça et là quelques interventions viriles n'améliorant assurément pas son dossier disciplinaire. Heureusement pour eux, les Diables Rouges peuvent compter sur un Bronsard solide et des attaquants impliqués et pressant sans relâche des Spinaliens gênés aux entournures. Ces pertes en zone neutre se payent devant la vivacité des Martin Filip, Edo Terglav et autres Pierre-Luc Sleigher, ce dernier s'offrant un "coast-to-coast" pour clore une première période agréablement rythmée et équilibrée (19'05").

Plch, quelle classe !

Rien ne change à la reprise entre des Spinaliens toujours aussi remuants, ce qui n'est pas pour arranger les affaires d'une arrière-garde étonnement éprouvée par ce jeu tout en mouvement. Logiquement, les légionnaires de Pierre-Yves Eisenring en récoltent les fruits en la poussant dans ses derniers retranchements, contraignant l'immense Petr Krátký à stopper illicitement l'infiltration de Luc Mazerolle. Là-dessus, un tir de pénalité fleurant bon la compensation se voit appelé et, dans la plus pure tradition locale, Ján Plch y va de son petit revers habituel pour confondre l'ancien gardien de Fribourg-en-Brisgau (2-2 à 21'14").

Quand on la laisse s'exprimer, cette formation spinalo-slave montre de belles choses et joue sans complexes devant l'armada multinationale de Briançon. Les occasions se succèdent en supériorité numérique et le jeu de puissance local démontre qu'il n'a rien à envier à celui des visiteurs, surtout quand Ján Plch rôde dans les parages. Néanmoins, l'ICE doit garder un œil des plus attentif sur le petit trublion Martin Filip, toujours présent pour mettre son grain de sel en compagnie de son inséparable Edo Terglav. À eux deux, ils maintiennent un danger régulier sur un Stanislav Petrik de gala, présent sur la reprise à mi-hauteur de Márton Vas (28'10") et remarquable devant un Mickaël Pérez bien démarqué au second poteau mais frustré par le lancer de bottes du cerbère slovaque (29'22").

Solide sur ses bases, l'ICE peut donc repartir de l'avant et faire parler ses indéniables qualités dans le jeu rapide. C'en est trop pour une défense débordée et succombant à nouveau sur un lancer excentré de Peter Slovák mal redirigé par Bronsard sur Michal Petrák, à l'affût dans l'enclave (3-2 à 32'10"). Perclus de fautes, les Diables Rouges payent-là leur impuissance museler la créativité d'un Ján Plch plus impressionnant à chaque sortie. Malgré tout, il n'y a pas encore le feu au lac et les Alpins peuvent toujours se targuer d'une profondeur de banc plus appréciable que leurs hôtes, tournant essentiellement à deux lignes et forçant les Slovák et Listiak à se démultiplier pour assurer leurs arrières.

Par un pressing incessant sur le porteur de la rondelle, les joueurs des Hautes-Alpes cueillent ainsi régulièrement les Spinaliens en zone neutre, voire dans leur propre camp. C'est là le gros point noir des locaux, constamment sujets à des pertes fâcheuses comme sur cette interception de Sleigher aboutissant à un breakaway proprement repoussé par Petrik (36'08"). Poussant nettement sur ces dernières minutes, les Briançonnais restent dangereux mais n'en mènent pas large face à un Stanislav Petrik solide comme un roc devant deux pointures nommées Edo Terglav (37'50") et Márton Vas (39'11"). Il ne leur reste plus que vingt minutes pour inverser la tendance...

Le mauvais tour de Martin Filip

Protégeant son maigre acquis avec une hargne retrouvée, les Vosgiens jouent bien le coup et ne s'embarrassent pas de fioritures pour éloigner le danger qui les menace. Ce n'est toutefois pas suffisant pour se prémunir de certaines erreurs de jugements d'une défensive à bout de souffle. Si une relance mal appréciée de Stanislav Petrik ne se voit suivie d'aucune conséquence (revers de Blais à côté, 47e), les libertés accordées au diablotin Martin Filip se payent en revanche très cher et le poison tchèque en fait la démonstration en concluant d'une manière confuse son tour de cage (3-3 à 46'58"). Visiblement pas remis de ce mauvais coup, les Spinaliens en restent tout chose et laissent un Jean-François Dufour esseulé dévier un centre-tir excentré de son compatriote Rémi Royer (3-4 à 47'22"). En moins de trente secondes, l'ICE a perdu le fil conducteur du match. Cela lui pendant au nez, tant elle paraissait à la merci de la moindre accélération des fortes individualités adverses.

Par ce doublé, Briançon s'ôte une belle épine du patin et reprend le contrôle de la partie en poursuivant ses multiples forechecks pour éteindre la flamme d'espoir de ses hôtes, à la recherche de leur second souffle. Celle-ci perdure pourtant jusqu'au bout, portée à bout de bras par un Ján Plch taille patron, exploitant encore et toujours les dernières indisciplines briançonnaises jusqu'à s'offrir coup sur coup deux énormes occasions à bout portant devant Christian Bronsard (58'48"). Le rêve est passé et Épinal, en dépit d'une ultime poussée, doit se résoudre à laisser la victoire à des Diables Rouges certes plus opportunistes, mais surtout plus forts. Tout simplement.

Les moyens justifient la fin

Dans un contexte infiniment plus plaisant que samedi dernier, les Spinaliens ont livré un match plein, cédant d'un rien sur la fin en raisons de rotations toujours aussi limitées, pas améliorées par le forfait de Radoslav Regenda. Jouant à fond sur leur point fort, cette rapidité d'exécution symbolisée par l'orfèvre Ján Plch, les hommes de Pierre-Yves Eisenring ont bousculé des Diables Rouges certes plombés par les pénalités, mais qui en avaient assurément plus sous le patin.

C'était prévisible mais l'absence de Milan Tekel a fait souffrir les robustes gabarits de la défense, pas à la noce pour contenir l'activité des Plch, Chassard et autres Petrák. Qu'importe, Briançon se sera rabattu sur une intensité constante et un pressing appuyé au-devant sa zone, tissant une véritable toile en zone neutre pour occasionner quelques situations fort délicates pour Stanislav Petrik et gêner au maximum le développement du jeu local. En ce sens, l'influence d'Edo Terglav et de Martin Filip fut considérable tant les deux complices auront provoqué nombre de contre-attaques, de récupérations et autres menus larcins aux autre coins du glaçon. Dans un registre pas si éloigné, les autres membres de l'attaque (et en particulier le remuant Márton Vas) n'auront pas donné leur part au chien, alors que l'autre Magyar, Viktor Szélig, fut fidèle à son statut d'international confirmé.

Face au favori désigné de Ligue Magnus, Épinal n'était pas tellement loin de réussir l'exploit mais aura payé la justesse de son banc, ternissant sa superbe performance d'un passage à vide coupable en troisième période. Si la prestation d'ensemble incite forcément à l'optimisme avant la venue de Morzine-Avoriaz, force est de constater que les comptes ne sont toujours pas bons.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Briançon 3-4 (1-2, 2-0, 0-2)

Mardi 5 décembre 2006 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 601 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Benjamin Gremion et Savice Fabre.

Pénalités : Épinal 12' (6', 4', 2'), Briançon 28' (10', 10', 8').

Tirs : Épinal 39 (14, 19, 6), Briançon 35 (12, 10, 13).

Évolution du score :

0-1 à 02'02" : Szélig assisté de Sleigher et Filip (sup. num.)

1-1 à 06'26" : Plch assisté de Listiak (double sup. num.)

1-2 à 12'57" : Blais assisté d'Arnaud et Lévêque

2-2 à 21'14" : Plch (tir de pénalité)

3-2 à 32'10" : Petrák assisté de Listiak et Slovák (double sup. num.)

3-3 à 46'58" : Filip assisté de Krátký et Pérez

3-4 à 47'22" : Dufour assisté de Vas et Royer

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik [sorti de sa cage à 59'30"].

Défenseurs : Peter Listiak - Peter Slovák ; Peter Strapatý - Jan Bohácek.

Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (A) ; Milan Buda - Luc Mazerolle - Guillaume Chassard (C) ; Tomás Jelínek - Anthony Maurice (A) - Guillaume Papelier.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Lionel Simon, Borislav Ilic, Anthony Pernot, Kévin Benchabane, Sébastien Geoffroy. Absent : Radoslav Regenda (hématome au mollet).

Briançon

Gardien : Christian Bronsard.

Défenseurs : Viktor Szélig - Rémi Royer ; Jakob Milovanovic - Petr Krátký ; Gary Lévêque - Sébastien Dermigny.

Attaquants : Jean-François Dufour (A) - Márton Vas - Pierre-Luc Sleigher ; Mickaël Pérez - Martin Filip - Edo Terglav (C) ; Éric Blais (A) - Cédric Boldron - Benjamin Arnaud.

Remplaçants : Damien Angella (G), Alexandre Rouillard. Absents : Milan Tekel (genou), Kamil Vávra (blessé), Sébastien Rohat.

 

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