Épinal - Saint-Gervais/Megève (16 décembre 2006)

 

Match avancé de la vingtième journée de la Ligue Magnus 2006-2007.

Ils n'y ont vu que du bleu !

Sans être totalement capital, ce quatrième match de rang à domicile pour les Dauphins s'annonce important en vue des toutes prochaines échéances à venir. Bredouilles depuis deux derbys de l'est victorieux fin novembre, les Spinaliens alignent en effet les prestations honorables sans jamais s'en tenir à l'essentiel. La faute, entre autres, à un contingent certes qualifié, mais définitivement trop limité. Un constat cuisant pour l'entraîneur romand Pierre-Yves Eisenring, constatant depuis quelques semaines une recrudescence des blessures affaiblissant indubitablement le rendement de ses troupes. Certes, le défenseur Radoslav Regenda et le bosseur Michal Petrak réintègrent la formation après quelques pépins physiques, mais le gros soucis du Suisse reste évidemment le forfait de Peter Slovak. Victime d'une luxation de l'épaule suite à une charge engagée du Morzinois Evan Cheverie, cet arrière sobre mais diablement efficace privera la défense de son meilleur élément.

Mais de quoi se plaignent-ils ces Vosgiens au juste ? Comparés aux soucis montblanais, les ennuis spinaliens en deviendraient presque des caprices de nouveau riche ! En cette période de trêve internationale, le Mondial junior disputé dans le Piémont italien prive l'Entente de son polyvalent espoir Yoann Auvitu. Pour leur part, le routinier Étienne Croz et le dernier venu Matti Hana, suspendus après la récente défaite amiénoise, sont autant de poids retirés à un ensemble davantage délesté par le forfait de dernière minute de son vétéran Christian Pouget. Assurément un handicap pour une équipe imprévisible, en perpétuelle progression depuis une entame difficile mais battue il y a peu et sur ses terres par les individualités slaves de l'ICE (1-3). Les Spinaliens avaient alors souffert dans un climat hostile pour signer leur première (et unique à ce jour) victoire à l'extérieur...

Un Plch dans le moteur

Face à une formation alpine collée à leurs basques au classement, les Spinaliens cherchent de prime abord à se prémunir de toute mauvaise surprise en emballant rapidement les débats par une pression inaugurale de leur ligne de parade. L'Entente laisse tant bien que mal passer l'orage et ressert quelque peu ses lignes, sans toutefois brider les velléités d'un Jan Simko plus tranchant que jamais. On sent bien que les Dauphins, en position de force ce soir, en ont sous le patin et ne tardent pas à le démontrer en assiégeant les Avalanches en supériorité numérique. La muraille Kinnunen a beau être étanche aux essais de Petrak et Strapaty (4e), elle se fissure sur une reprise à bout portant du même Petrak. Servi dans le slot par un caviar de Plch, le Tchèque reprend instantanément et voit le cerbère finlandais freiner le puck sans toutefois l'empêcher de franchir, d'un rien, la ligne fatidique (1-0 à 04'19").

Cette soirée sera bien celle de Jan Plch. Le Slovaque, décisif auparavant, se distingue peu après en contrant dans sa zone (et en désavantage numérique) un mauvais choix de Matti Tevanen à la bleue pour s'offrir le contre, déportant par la même ses deux vis-à-vis pour s'en aller titiller Timo Kinnunen (05'21"). Le Finlandais s'en sort bien mais ne fait que retarder, déjà, une échéance inéluctable. Car la supériorité intrinsèque des Lorrains ne fait aucun pli et s'exprime à nouveau par la grâce de Jan Plch. À l'affût sous le nez de Kinnunen, le magicien slovaque va à nouveau gratifier Poissompré d'un tour de grande classe en signant un but remarquable de sang-froid, glissant le disque dans un trou de souris après une feinte de son cru (2-0 à 07'27"). Du grand art !

Cela semble aller trop vite pour des visiteurs dans leurs petits souliers et totalement mis sous l'éteignoir par une formation spinalienne appliquée. Seul le remuant Lahtinen, exploitant une bévue d'Ilic, semble être capable de changer la donne (08'51"), mais il ne s'agit que d'un bref éclair dans le brouillard. Les automatismes et la rapidité d'exécution locale assomme davantage des Avalanches limitées et sans cesse poussées à la faute. Ainsi, les pensums se succèdent et une nouvelle mésentente manque ainsi de profiter à Michal Petrak (11'18") avant que Jan Simko, répondant à un contre alpin, ne surprenne Timo Kinnunen d'un tir précis dans le petit filet (3-0 à 14'23").

L'Entente, aux abois, ne sait plus où donner de la tête alors que son attaque éprouve les pires difficultés à franchir le dernier rideau défensif. Il en va bien sûr de même pour son gardien finnois, bombardé de caoutchouc lors d'un nouveau jeu de puissance et chanceux de voir Milan Buda, bien placé derrière sa cage, tenter de s'y reprendre à plusieurs fois pour glisser le puck dans son angle gauche (19'34"). Et vu des gradins, il n'est pas exclu que la rondelle ait bien franchi la ligne...

Comme à la parade

Cruellement désarmés, les hockeyeurs du Mont-Blanc ont souffert le martyr en première période et reprennent leur pénitence lors d'un acte médian débuté, une nouvelle fois, sous le signe d'un Jan Plch omniprésent. Insaisissable, le bon génie de Poissompré ira jusqu'à récupérer le puck en box-play avant de poursuivre son œuvre en débordant sur le flanc gauche pour s'en aller, seul, confondre Kinnunen en deux temps (4-0 à 21'15"). Quel talent !

Cet énième coup de génie du vétéran d'Extraliga semble inspirer ses coéquipiers et tout particulièrement son compatriote Stanislav Petrik, sortant le grand jeu pour cueillir de la mitaine une rafale puissante de Johann Morant (22'07). Avant de récidiver peu après d'un poke-check salvateur sous les yeux de Sébastien Subit (23'10"). La forme petrikéenne du dernier rempart lorrain ne semble en revanche pas déteindre sur son alter ego, une nouvelle fois abandonné par sa défense sur une montée du deuxième trio. Surpris par la passe ligne de fond de Luc Mazerolle, le portier estampillé Mestis ne peut rien devant Milan Buda, planté comme à son habitude dans l'enclave (5-0 à 24'10").

Voilà l'affaire définitivement classée, même si l'Entente essaye toujours et de manière désordonnée de sauver l'honneur. Ces initiatives trouvent même un heureux dénouement quelques instants après le temps mort demandé par Ari Salo. Un slap flottant de l'inconstant blueliner Matti Tevanen trouve la lucarne d'un Stanislav Petrik visiblement masqué (5-1 à 25'03").

Cette péripétie ne déstabilise pas outre mesure un Jan Plch plus dominateur que jamais et s'évertuant de nouveau à donner le bon tempo à ses troupes. Un rythme élevé achevant totalement des Haut-Savoyards courageux mais ne luttant définitivement pas à armes égales. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer mais rien ne semble gripper la belle mécanique spinalienne. En pleine confiance, les hommes de Pierre-Yves Eisenring bénéficient même d'un double avantage numérique qu'ils gaspillent pourtant malgré de nombreux essais de passe rapide au second poteau, une spécialité maison. Les minutes défilent ainsi, laissant Épinal gérer tranquillement les débats tout en restant continuellement menaçant. L'explosif Jan Simko et sa bande ont ainsi moult occasions de saler davantage la note alors que seules les approximations coutumières de Borislav Ilic dans sa zone troublent la presque quiétude aux abords de la cage bleue...

Ensevelis sous l'avalanche

Jusqu'à présent, les Vosgiens livrent un match sans accroc. Il est certes vrai que le Mont-Blanc, lourdement diminué, ne présente pas son meilleur visage, mais les Spinaliens n'en tiennent pas rigueur. Et un bon jeu en "tic-tac-toe", savamment orchestré par ce diable de Plch et conclu au second poteau par Jan Simko, rappelle aux visiteurs que leur calvaire n'est pas encore terminé (6-1 à 40'54")...

Pire encore, tout semble réussir aux locaux et même un dégagement "ave maria" de Borislav Ilic se voit bonifié par un Guillaume Papelier s'emparant du rebond contre la bande pour s'échapper dans le dos de la défense avant d'exécuter Timo Kinnunen d'un obus sous sa barre (7-1 à 42'09"). C'en est trop pour le Finlandais, se voyant aussitôt refuser la sortie par son banc et semblant tout proche de la crise de nerfs comme en témoigne son jet de bâton et son retour théâtral devant le filet. Kinnunen n'attendra en fait qu'une poignée de secondes avant de sortir de ses gonds, jetant sa frustration et sa colère sur un Petrak ayant eu pour seul tort d'humer d'un peu trop près les abords de son filet... Après une bonne dose de "bourre-pifs", le cerbère originaire de Turku se verra logiquement renvoyé par son entraîneur sous les quolibets du public autochtone (42'52").

Sa doublure se voit dès lors intronisée dans la fosse aux lions. Ce jeune gardien promu de la réserve engagée en division 2 s'en tire plutôt bien pour son baptême du feu, mais ne pourra en revanche rien sur une ouverture aux petits oignons de Simko vers Plch. Le maestro, lancé en profondeur, n'aura pas grand mal à l'éliminer pour glisser son troisième palet gagnant dans la cage adverse (8-1 à 45'40"). Et surtout griffer son sixième point de la soirée, égalant comme roi des compteurs de Ligue Magnus l'as rouennais Marc-André Thinel !

Repu par ce festin, Épinal baisse alors le pied pour gérer tranquillement les derniers instants d'un match rapidement privé de tout suspense. L'occasion pour Sébastien Geoffroy de prendre un peu de temps de glace et pour Peter Strapaty de s'offrir un "coast-to-coast" non couronné de succès (52'42"). Les joueurs de l'Entente Saint-Gervais/Megève, tourmentés, ne veulent pour leur part pas en rester là et tentent un ultime baroud d'honneur. En vain car les Dauphins ne sont pas d'humeur à faire de cadeaux et gardent jalousement leur avance jusqu'au buzzer final.

Jan Plch, une vraie arme de séduction massive

Cela n'a pas fait un pli. Il y eut ce soir un Plch d'écart, autant dire un monde séparant Épinal et une Entente Saint-Gervais - Megève trop peu calibrée pour résister à ce rouleau compresseur. Dominés dans tous les compartiments du jeu, les hommes d'Ari Salo n'ont jamais donné l'impression d'être en mesure de pouvoir résister sur la durée. Bien sûr, ce scénario semblait cousu de fil blanc en raisons des absences diverses et variées, et leurs hôtes ne s'y sont pas laisser prendre. Trop forts, trop vifs et trop rapides, les Dauphins ont littéralement enseveli cette jeune équipe alpine. Les montagnards, privés de certains cadres, ne pouvaient donc pas espérer mieux compte tenu des circonstances.

Guidés par un Jan Plch digne de tous les superlatifs imaginables, les Spinaliens ont ce soir joué au diapason de leur "boss". À l'instar d'un Jan Simko retrouvé et véloce comme à ses plus belles heures. Ou encore d'un Michal Petrak rétabli dans son rôle d'assistant aux côtés de Plch. Le deuxième trio ne fut pas en reste et les errances passagères de Luc Mazerolle ont superbement été compensées par l'activité sans faille de Milan Buda et Guillaume Chassard.

Les individualités vosgiennes, disciplinées, ont tout simplement surclassé les débats, signant un score certes démonstratif mais révélateur de l'écart ayant subsisté entre ces deux formations. Et surtout, ô combien symbolique du talent exceptionnel d'un Jan Plch au four et au moulin, récitant ses gammes avec une aisance de plus en plus déconcertante dans le concert hexagonal. Le maître-technicien slovaque, sans opposition, a encore fait du grabuge ce soir. Une nouvelle légende semble être née à Poissompré...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Saint-Gervais/Megève 8-1 (3-0, 2-1, 3-0)

Samedi 16 décembre 2006 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 750 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Damien Bliek et Pierre Dehaen.

Pénalités : Épinal 22' (8', 2', 12'), Saint-Gervais/Megève 30' (10', 8', 12').

Tirs : Épinal 48 (19, 16, 13), Saint-Gervais/Megève 28 (6, 18, 4).

Évolution du score :

1-0 à 04'19" : Petrak assisté de Plch et Simko (sup. num.)

2-0 à 07'27" : Plch assisté de Listiak et Petrak (sup. num.)

3-0 à 14'23" : Simko assisté de Plch (inf. num.)

4-0 à 21'15" : Plch assisté de Bohacek (inf. num.)

5-0 à 24'10" : Buda assisté de Mazerolle et Ilic

5-1 à 25'03" : Tevanen assisté de Lahtinen

6-1 à 40'54" : Simko assisté de Petrak et Plch (sup. num.)

7-1 à 42'09" : Papelier assisté d'Ilic

8-1 à 45'40" : Plch assisté de Simko

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Strapaty - Peter Listiak ; Jan Bohacek - Radoslav Regenda [puis Ilic à 40'00"] ; Borislav Ilic ; Lionel Simon [en fin de match], Sébastien Geoffroy [en fin de match].

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (A) ; Milan Buda - Luc Mazerolle - Guillaume Chassard (C) ; Tomas Jelinek - Anthony Maurice (A) - Guillaume Papelier.

Remplaçant : Franck Constantin (G). Absent : Peter Slovak (luxation de l'épaule).

Saint-Gervais/Megève

Gardien : Timo Kinnunen puis Thibault Saez à 42'52".

Défenseurs : Maxime Michaud - Matti Tevanen ; Pierre-Antoine Simmoneau - Johann Morant ; Numa Besson - Thomas Berruex (C).

Attaquants : Jani Pollari - Pirkka Lahtinen (A) - Fabrice Leglaive ; Matthias Arnaud - Thierry Nicoud (A) - Clément Berruex ; Lucas Trémellat - Sylvain Nicoud - Sébastien Subit.

Absents : Étienne Croz et Matti Hana (suspendus), Quentin Guineberteau et Yoann Auvitu (mondial junior), Christian Pouget (distorsion des ligaments du genou gauche), Johan Scanff.

 

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