Ilves Tampere - Yunost Minsk (5 janvier 2007)
Finale de la Coupe Continentale, première journée.
Le seul qualifié sportif de ce tournoi final est un club dont la mort est programmée : il y a deux semaines, les dirigeants de la fédération biélorusse ont en effet décidé de fusionner les trois clubs de la capitale Minsk pour former une équipe qui sera engagée la saison prochaine en deuxième division russe, avec pour objectif la promotion en Superliga. Une décision qui a suscité l'incrédulité générale. Les forums internet de hockey ont été pris d'une fronde sans précédent : la quasi-totalité des supporters se prononçant contre cette incompréhensible décision, qui sacrifie un championnat biélorusse en constant progrès pour l'avenir russe incertain d'un seul club. Une étonnante rébellion démocratique dans un pays où le hockey sur glace fait figure de jouet du président et où de telles orientations sont généralement "décidées en haut"...
Dans ce contexte, les performances du Yunost Minsk seront évidemment observées à la loupe. Le champion du Bélarus s'inquiétait de devoir affronter d'entrée Ilves Tampere, car c'était l'unique adversaire dont il n'avait pas pu obtenir un match récent en vidéo. Il s'attend quand même à ce que les Finlandais impriment un rythme élevé, et espère y résister comme face au Salzbourg de Hardy Nilsson au tour précédent.
Privé de cinq joueurs sélectionnés aux championnats du monde des moins de 20 ans, Ilves a complété son effectif avec des éléments de l'équipe réserve. Pour sa part, le Yunost Minsk a fait tout son possible pour rapatrier au plus vite son unique international junior Nikolaï Stasenko et lui a trouvé un vol direct Stockholm-Budapest. Mais il a finalement atterri à un peu plus d'une heure seulement du coup d'envoi de la partie. Il était donc hors de question qu'il puisse faire le déplacement jusqu'à Székesfehérvár (ville située à 60 kilomètres de la capitale) si vite pour être aligné dès aujourd'hui.
Le Yunost se contente du coup de sept défenseurs, et présente des lignes offensives bien remaniées par rapport au tour précédent : il faut dire que Zakharov n'arrête pas de bouleverser ses blocs. Juste avant de partir en Hongrie, la dernière modification en date est la promotion en première ligne d'Igor Andrushchenko : rappelons que ce tenace vétéran était le héros de la poule demi-finale où il a marqué le but décisif en prolongation. Par contre, le dernier renfort prévu n'est pas là : l'international italien Tony Tuzzolino n'a finalement pas pu arriver à temps au camp du Yunost, et puisque cette finale européenne était le seul vrai motif de son recrutement, il est peu probable qu'on le voie jamais sous le maillot du Yunost.
La première période est à peu près conforme aux attentes : un round d'observation dominé par les Finlandais face à un adversaire bien regroupé défensivement et attendant l'opportunité de contre-attaque.
Mais au retour sur la glace, les Biélorusses préparent une surprise : les voilà qui accélèrent et qui entreprennent des actions offensives si débridées qu'on dirait qu'ils ont oublié la valeur de leur adversaire. Et cette ambition nouvelle est payée en retour. Sur un engagement gagné en zone offensive par Aleksei Krutikov, l'attaquant tchèque Tomas Chlubna est servi juste devant la cage par une parfaite passe en retrait de Sergei Shytkovski. Et une minute plus tard, après une contre-attaque menée avec Andrushchenko, l'attaquant russe Mikhaïl Buturlin s'impose dans la mêlée pour prendre le rebond laissé libre par les jambières de Häkkinen et ajoute un deuxième but.
Mais le lynx n'a pas dit son dernier mot. Ce sont deux obstructions de Klochkov et Shytkovski qui lui permettent de revenir à hauteur, d'abord sur un superbe jeu en triangle en mouvement entre Helminen, Pesonen et Jaaskelainen, puis sur un lancer dans l'axe de Kuukka dévié au passage par un Jussi Pesonen dans tous les bons coups. Entre-temps, le gardien Pasi Häkkinen a réussi un arrêt capital sur un lancer de Volkov, et on pense les Finlandais sortis d'affaire.
Mais en troisième période, sur une diagonale de Ponomarev, le défenseur Mikko Kuukka se rate et Andrei Kovalev se retrouve seul face à Häkkinen qu'il bat du revers. Malgré un énorme rebond dans le slot pour Pesonen, qui échoue sur jambière du gardien, les Finlandais ne reviendront pas, malgré une minute passée à cinq contre trois.
Le Yunost a une fois de plus illustré les progrès du championnat du Bélarus. Faut-il vraiment tout gâcher ?
Désignés joueurs du match : Toni Koivisto (Ilves) et Andrei Kovalev (Yunost).
Commentaires d'après-match
Sakari Pietilä (entraîneur d'Ilves) : "Je ne suis pas étonné par la résistance que nous ont opposée les Biélorusses. Je sais que le hockey est en progrès dans leur pays, et j'avais assisté aux Mondiaux juniors de Minsk en 2004 en tant que scout de Chicago. Cependant, je considère que le but décisif n'est pas valable : l'attaquant du Yunost a attaqué notre défenseur avec dureté excessive. Mais je les félicite de leur victoire méritée. Ils étaient plus frais que nous, ce qui n'est pas une surprise : nous avons dû jouer notre dernier match de championnat avant-hier."
Mikhaïl Zakharov (entraîneur du Yunost Minsk) : "Cette victoire est précieuse. Tout le monde connaît la force du hockey finlandais et de son championnat. Le patinage, la tactique, le jeu physique, tout y est au plus haut niveau. Je ne parle même pas du jeu de puissance, qu'a exploité Ilves, alors que nous n'avions presque rien à lui envier à égalité numérique. J'ai dit aux joueurs qu'il ne fallait pas prendre de pénalités s'ils voulaient gagner. Ils ont néanmoins pris une demi-heure de prison, mais l'esprit Yunost a fait son effet : l'équipe avait soif de victoire, et elle l'aurait atteinte avec quiconque dans son dos, Zakharov ou un autre."
Ilves Tampere - Yunost Minsk 2-3 (0-0, 2-2, 0-1)
Vendredi 5 janvier 2007 à 15h30 à Székesfehérvár (Hongrie). 2500 spectateurs.
Arbitrage de Brent Reiber (SUI/CAN) assisté de Miklos Haszonits (HON) et Ronni Jakobsen (DAN).
Pénalités : Ilves 16' (6', 4', 6'), Yunost 30' (10', 10', 10').
Tirs : Ilves 23 (9, 5, 9), Yunost 25 (5, 12, 8).
Évolution du score :
0-1 à 28'06" : Chlubna assisté de Krutsikau
0-2 à 29'13" : Buturlin
1-2 à 33'28" : Jaaskelainen assisté de Pesonen et Helminen (sup. num.)
2-2 à 36'51" : Pesonen assisté de Kuukka et Mattila (sup. num.)
2-3 à 50'43" : Kovalev
Ilves Tampere
Attaquants :
Vesa Viitakoski (2') - Raimo Helminen (C) - Tommi Huhtala
Toni Koivisto - Pasi Määttänen (2') - Jussi Pesonen (2')
Marko Anttila - Mikko Peltola - Radek Duda (2')
Jaakko Pellinen - Lassi Mattila - Juuso Antonen
Défenseurs :
Kristian Kudroc (4') - Mikko Kuukka (2')
Pasi Petriläinen (2') - Juha Alen
Teemu Jaaskelainen - Jyrki Lumme
Toni Niemi
Gardien :
Pasi Häkkinen (sorti de 59'23" à 59'37" et de 59'44" à 60'00")
Remplaçant : Jarmo Laitinen (G). Absents : Tomi Hirvonen (blessé, saison terminée), Riku Helenius (blessé), Temmo Tuomanen (blessé), Juho Mielonen (blessé), Tuukka Rask, Joonas Lehtivuori, Pertti Lindgren, Sami Sandell, Ville Korhonen (tous les cinq aux Mondiaux juniors), Pasi Tuominen, Jan-Mikael Jarvinen, Jarkko Nappila (en réserve).
Yunost Minsk (4' pour surnombre)
Attaquants :
Mikhaïl Buturlin (2') - Artiom Volkov - Igor Andrushchenko (2')
Vladislav Klochkov (2') - Oleg Voshchenikin (4') - Sergei Salnikov
Mikelis Redlihs - Stepan Ponomarev (4') - Andrei Kovalev (2')
Tomas Chlubna - Aliaksei Krutsikau - Sergei Shitkovsky (4')
Défenseurs :
Siarhei Paklin - Siarhei Erkovich (C, 2')
Igor Khatseï - Evgeni Krivomaz
Vladimir Kopat - Oleg Leontiev (4')
Andrei Karev
Gardien :
Stepan Goryachevskikh
Remplaçant : Edgars Masalskis (G). Absents : Aliaksei Efimenko (cervicales), Nikolaï Stasenko (tout juste rentré du Mondial juniors).