Match comptant pour la dix-neuvièm journée de la Ligue Magnus 2006/2007.

Un vrai choc des rois était offert à la foule de l'île Lacroix en ce week-end d'épiphanie. Des rois un peu à l'écart du carré final en ce début de nouvelle année, mais Rouen et Amiens sont les seules équipes vainqueurs de la coupe Magnus dans les années 2000 encore présentes en Ligue Magnus en 2007.

C'est avec une plus grande volonté, un meilleur patinage et une attaque de feu menée de main de maître par un Éric Doucet toujours aussi présent dans ce derby que Rouen a su construire cette ample victoire, confirmant les Dragons à la quatrième place du championnat.

Rien n'est allé dans le bon sens pour des Gothiques jamais dans le coup, impuissants face à la conservation du palet des joueurs d'Alain Vogin. Le RHE a récité un jeu composé d'actions individuelles qui n'a vraiment pas senti bon pour les visiteurs. Éric Raymond, souvent livré lui-même, a laissé beaucoup trop de rebonds, ne pouvant pas stopper à lui seul le gros trafic des attaquants normands qui a désorganisé une défense amiénoise peu pressante.

Néanmoins, il faut un contre, un palet récupéré en zone neutre sur Rozenthal, pour que Sébastien Thinel ouvre le score de belle manière. Seul face à Éric Raymond, l'ailier gauche envoie la rondelle dans la lucarne (1-0 à 4'54). La nouvelle première ligne du RHE, Thinel-Doucet-Thinel, s'en donne à cœur joie en ébranlant le système adverse. De derrière le but, Sébastien Thinel adresse une merveille de passe en retrait à destination de Doucet. Le joueur de centre reprend aussitôt la rondelle et enfile son premier but de la soirée (2-0 à 6'36).

En moins de sept minutes, les coéquipiers de Daniel Carlsson ont lancé huit fois, marqué deux buts, obtenu deux chances, le tout en tuant aussi une infériorité complète. Pourtant, on est loin de se douter du plantureux scénario qui suivra. Parce que Amiens va revenir au score. Pazak dévie un pseudo lancer - sorte de dégagement du revers dans le coin à la ligne bleue - de Gauthier (2-1 à 8'38). Anthony Mortas et ses partenaires ont-ils trouvé la parade : la chance ?

La réponse n'est pas longue à attendre pour le plus grand plaisir des gradins noirs et jaunes à 95%. Un Doucet majuscule qui arrive, non seulement, à tenir les joueurs de centre adverses, mais surtout qui, au four et au moulin, prépare les aguignettes* comme tout bon artisan boulanger rouennais les lendemains de Saint-Sylvestre. Moins de trente secondes après la réduction du score amiénoise, une récupération de Marc-André Thinel dans la zone neutre est suivie d'un débordement par la droite de "Douce". MAT, servi sur un plateau, se retrouve dans l'enclave pour fusiller Raymond dans le haut des filets (3-1 à 9'06). À peine plus de quatre minutes plus tard, Éric Doucet, comme à la parade en supériorité, puis Éric Fortier ont inscrit deux autres filets (5-1 à 13'08).

Denis Perez, pour ne pas partir dans une longue galère de quarante autres minutes, demande alors un temps mort, secoue le cocotier amiénois pour qu'enfin les noix tombent de l'arbre. Et pour tomber elles vont tomber... comme un long crachin normand, mais pas dans le camp souhaité par l'ancienne gloire du RHC !

Toujours empruntés au deuxième tiers, ne trouvant toujours ni la volonté nécessaire en défense, ni la fluidité dans les changements de zone, et encore moins l'engagement physique, les Amiénois vont subir un nouveau contrecoup. La défensive rouennaise continuant à priver de palet les fameux tireurs des Gothiques. Avec en victimes expiatoires, le premier trio amiénois, et surtout Laurent Gras quelque peu perdu, toupinant au milieu des Canadiens rouennais. Cela donne des power-plays et des palets à remonter aux Dragons qui s'en donnent à cœur joie de fourrer les fèves dans la galette de leurs meilleurs ennemis. Kimmo Salminen, à ras la glace d'un tir à mi-distance, verni par la déviation d'une crosse adverse, puis Édouard Dufournet, d'une lucarne du revers après un slalom, et enfin Tristan Lemoine, en déviation d'un tir de Veydarier, inscrivent les trois buts suivant, le tout avant la mi-match (8-1 à 29'56) !

On change de gardien chez les Picards. Dernier espoir d'arrêter l'hémorragie. Mais Henri-Corentin Buysse n'est pas suffisant. Éric Doucet, en double supériorité, met tout son savoir pour mettre Amiens au supplice en enfilant son troisième but de la soirée (9-1 à 39'17).

Pendant le troisième calvaire gothique, le châtiment amiénois reprend de plus belle avec, ultimes déshonneurs, deux buts encaissés pendant que les coéquipiers d'Anthony Mortas jouent à un homme de plus. Euphorisant pour la troisième (Lemoine, pour la seconde fois ce soir !) et pour la quatrième (Raux) ligne de Rouen qui s'offrent ainsi le divin plaisir de contribuer à une victoire contre Amiens (11-1 à 50'13). Pour porter la plus belle déculottée des Picards sur l'île Lacroix encore un peu plus démesurée, Éric Fortier bouge le cordage amiénois pour la douzième fois de la soirée.

*À Rouen, le nom "aguignette" désigne une pâtisserie préparer à l'occasion du 1^er janvier. Ce sont des sortes de petits pains en forme d'animaux avec un raisin sec pour figurer l'œil.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

Rouen - Amiens 12-1 (5-1, 4-0, 3-0)

Samedi 6 janvier 2007 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2663 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Damien Bliek et Éric Bouguin.

Pénalités : Rouen 18' (8', 2', 8'), Amiens 30' (8'+10', 10', 2').

Évolution du score :

1-0 à 04'54" : S. Thinel

2-0 à 06'36" : Doucet assisté de S. Thinel

2-1 à 08'38" : Pazak assisté de Gauthier et Sadoun

3-1 à 09'06" : M.-A. Thinel assisté de Doucet

4-1 à 11'47" : Doucet assisté de Fortier et M.-A. Thinel (sup. num.)

5-1 à 13'08" : Fortier assisté de Besch et S. Thinel

6-1 à 24'35" : Salminen assisté de Desrosiers et Fortier (sup. num.)

7-1 à 27'45" : Dufournet assisté de Lefebvre

8-1 à 29'56" : Lemoine assisté de Veydarier et Lefebvre

9-1 à 39'17" : Doucet assisté de Desrosiers et Fortier (double sup. num.)

10-1 à 49'19" : Lemoine assisté de Lefebvre (inf. num.)

11-1 à 50'13" : Raux assisté de Ponto et Besch (inf. num.)

12-1 à 56'37" : Fortier

Gardiens : Ramon Sopko puis Landry Macrez à 40'00".

Défenseurs : Daniel Carlsson (C) - Nicolas Besch (A) ; Vesa Ponto - Sami-Ville Salomaa  ; Daniel Sedlak - Fabien Veydarier.

Attaquants : Sébastien Thinel - Éric Doucet - Marc-André Thinel (A) ; Kimmo Salminen - Julien Desrosiers - Éric Fortier ; Alexandre Lefebvre - Édouard Dufournet - Tristan Lemoine ; puis Thibault Geffroy (à 33'19"), Damien Raux (à 50'13") et Yvan Fontana (à 54'38").

Absent : Benoît Quessandier (blessé).

Gardiens : Éric Raymond puis Henri-Corentin Buysse à 29'56".

Défenseurs : Thomas Roussel - Jean-Philippe Glaude ; Vincent Bachet - Jonathan Gauthier ; Benjamin Dieude-Fauvel - Frantisek Pulscak.

Attaquants : Loïc Sadoun - Laurent Gras (A) - François Rozenthal (A) ; Brice Chauvel - Anthony Mortas (C) - Miroslav Pazak ; Robert Millar - Elie Marcos - Julian Marcos ; Geoffrey Paillet - Lionel Wiotte - Simon Petit ; puis Nicolas Primout.

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