Match comptant pour la douzième journée de la Ligue Magnus 2006/07.

Ce match est soit le dernier choc de la saison régulière, soit le premier d'un sprint final éblouissant. Malgré ses quatre points d'avance, il manque encore un cap important au HC Morzine-Avoriaz avant de s'adjuger la première place : il n'a pas encore joué en championnat contre les Grenoblois, qui l'ont battu deux fois en coupe de la ligue. Si les Pingouins gagnent ce soir, ils auront six points d'avance sur les Brûleurs de Loups, et quatre sur Briançon qu'ils devancent dans les confrontations particulières. Mais s'ils perdent, tout est relancé.

La comparaison des jeux de puissance est tout de suite favorable aux Morzinois, peu inquiétés après le coup de genou de Miettinen, mais qui mettent plus de pression sur la cage pendant la prison de Manavian pour obstruction. Un petit tir de la bleue de Niko Halttunen termine dans les filets de Ferhi grâce à la déviation d'un Tony Bergin à la présence solide devant le but (1-0, 05'53"). Deux minutes plus tard, la confusion règne à côté de la cage grenobloise, et Halttunen, pourtant placé derrière la ligne de but, parvient à glisser la rondelle derrière Eddy Ferhi qui se met le but lui-même en se relevant (2-0, 07'39").

Grenoble a une seconde chance en supériorité quand Pousset met sa crosse entre les patins de Valcak. Mais la meilleure occasion est en contre-attaque : Dan Welch, laissé seul par la défense iséroise, reçoit un centre de Cheverie pour une tentative de déviation à bout portant. La troisième pénalité locale, une obstruction de Mille, finit quand même par coûter cher. Le faiseur de jeu Roger Jönsson effectue une très bonne passe transversale vers Jimmy Lindström dont le lancer heurte la barre. Le palet n'est pas rentré même si les Grenoblois lèvent les bras... mais ils ne font en fait qu'anticiper le dénouement d'une demi-seconde puisque Benoît Bachelet prend le rebond devant la cage ouverte (2-1, 14'14"). Trois minutes plus tard, Papa rejoint Tartari en prison pour une charge incorrecte et Grenoble joue à trois. Amar contre une passe mais il manque quelques centimètres pour que le palet sorte de sa zone. Et quand Woods, chargé du ménage devant la cage, perd sa crosse, Morzine est en quelque sorte installé 5 contre 2,5 ! Le défenseur canadien essaie de ramasser son bâton quand le jeu passe à proximité, mais la seconde qu'il perd ainsi se transforme aussitôt en action extrêmement chaude sur la cage. Grenoble s'en sort, certes, mais pas pour longtemps. Même avec quatre partenaires sur la glace, Ferhi est toujours sous pression, et Nicolas Pousset, sans opposition devant la cage, le crucifie (3-1, 18'37"). Le powerplay plus percutant du HCMA a fait la différence.

Grenoble a maintenant une mission difficile face à une équipe qui ne presse plus avec trois buts d'avance et qui attend très bas pour surgir en contre-attaque. Dès la reprise, le palet remonte en vitesse avec une passe en zone neutre de Leos Pipa pour Thomas Gueguen en plein élan qui réussit un magnifique tir du poignet dans le haut du filet de Ferhi (4-1, 21'55"). La gourde du gardien grenoblois roule sur la glace... Ce lancer a des allures de sentence définitive. C'est le strike pour Morzine : à cette heure, on sait que Briançon est mené de deux buts chez lui, et un vrai boulevard semble s'ouvrir devant les locaux. D'ailleurs Welch récupère aussitôt le palet dans le coin et repique devant Ferhi qui arrête in extremis alors que les Morzinois se congratulaient déjà... Un boulevard, peut-être, sauf que les Pingouins n'avaient pas prévu que la route serait gelée. Un comble...

La première réaction grenobloise vient de deux rebonds consécutifs pour Valcak et Lindström, repoussés par Stevie Lyle. Mais le tournant arrive exactement à la mi-match, moment où Pipa rejoint Welch en prison. À cinq contre trois, le palet circule bien pour revenir dans l'enclave à Kevin Hecquefeuille, mais Lyle écarte son bon tir et Bergin finit par dégager. Grenoble se réinstalle cependant à cinq contre quatre, et Jimmy Lindström réalise un exploit personnel en marquant subtilement après une première feinte de tir qui lui a permis de dribbler le défenseur dans le mouvement (4-2, 31'08").

Le signe qu'une évolution a eu lieu, c'est que les Brûleurs de Loups sont plus à l'aise en infériorité, notamment grâce au duo Tartari-Treille. Et l'impensable se produit : à quatre contre cinq, Benoît Bachelet met en échec Pierre-Claude Drouin en fond de zone et revient seul avec le palet devant la cage pour se jouer de Lyle (4-3, 37'38"). Le pauvre Drouin en est réduit à se justifier auprès de ses partenaires, mais ceux-ci partagent un peu de responsabilité par leur manque de réactivité.

L'évolution du rapport de forces en situations spéciales se confirme au retour sur la glace. Ferhi va chercher un palet dans sa lucarne et Grenoble tue une nouvelle pénalité de Papa. On ne peut pas dire néanmoins que les Brûleurs de Loups aient beaucoup d'occasions face à une équipe bien regroupée. Tant qu'ils mènent au score, les Morzinois ont l'avantage tactiquement, et une rapide action collective libère Leos Pipa près du but qui rate son contrôle. Le jeu haut-savoyard est contaminé par les approximations en cette fin de match, et les Isérois sentent le vent tourner. Alors que Drouin s'apprête de sortir de sa zone, il se fait subtiliser le palet par-derrière par Kevin Hecquefeuille qui marque entre les jambières de Lyle en utilisant le défenseur comme écran pour tromper la vigilance du gardien britannique (4-4, 50'03"). Cela fait deux buts donnés à Grenoble par "PC" Drouin qui a connu bug inhabituel ce soir ! Un étrange virus qui se répand d'ailleurs... Au lieu de sortir de sa zone sans risque, Christian Elian dribble et perd le palet. Brad Woods prend un lancer de la bleue et Sacha Treille conclut au rebond à bout portant (4-5, 55'39").

À deux minutes de la fin, Dan Welch parvient à dribbler Hecquefeuille en zone offensive et obtient ainsi une pénalité providentielle, l'ultime chance des Pingouins. La défense grenobloise fait rempart devant les palets et dégage quand il le faut. Un long palet de Millerioux passe même tout près de la cage désertée par Lyle. Il y a donc encore le temps de placer une dernière attaque désespérée, mais Welch n'arrive pas à fermer la zone. C'est fini, et ce sont les supporters grenoblois qui exultent au Parc des Sports de Morzine.

La formidable série de douze victoires consécutives du HCMA en championnat s'est donc achevée ce soir, dans un match qui a tourné pendant trente minutes à la démonstration de force des leaders. Mais ces Brûleurs de Loups 2007, subitement dotés d'une confiance inébranlable après avoir embrassé la coupe de la ligue sous le gui, n'en ont pas démordu. L'équipe en forme, c'est dorénavant Grenoble, mais les Pingouins donnent déjà rendez-vous à Pôle sud le 17 février pour la revanche. Le dénouement de la lutte pour la première place est donc reporté d'un petit mois...

Compte-rendu signé Marc Branchu

Morzine-Avoriaz - Grenoble 4-5 (3-1, 1-2, 0-2)

Mardi 23 janvier 2007 à 20h30 au parc des sports de Morzine. 1278 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Nicolas Barbez et Guillaume Gielly.

Pénalités : Morzine-Avoriaz 14' (6', 8', 0'), Grenoble 16' (6', 6', 4').

Évolution du score :

1-0 à 05'53" : Bergin assisté de Pipa et Halttunen (sup. num.)

2-0 à 07'39" : Halttunen assisté de Zwikel et Bergin

2-1 à 14'14" : B. Bachelet assisté de Lindström et Jönsson (sup. num.)

3-1 à 18'37" : Pousset assisté de Cheverie (sup. num.)

4-1 à 21'55" : Gueguen assisté de Pipa et Miettinen

4-2 à 31'08" : Lindström assisté de Jönsson et Valcak (sup. num.)

4-3 à 37'38" : B. Bachelet (inf. num.)

4-4 à 50'03" : Hecquefeuille

4-5 à 55'39" : Treille assisté de Woods et Valcak

Gardien : Stevie Lyle (sorti à 59'35").

Défenseurs : Nicolas Pousset - Santeri Immonen ; Johan Ohlsson - Tony Bergin (C) ; Christian Elian - Mathieu Mille.

Attaquants : Pierre-Claude Drouin - Evan Cheverie - Dan Welch ; Niko Halttunen - Jonathan Zwikel (A) - Leos Pipa ; Thomas Gueguen - Arto Miettinen - Cyril Trabichet.

Remplaçants : Olivier Courally (G), Marc Billieras (A), Pierre-Yves Albert, Loïc Gaydon.

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar - Brad Woods ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Simon Bachelet - Martin Millerioux.

Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz - Kévin Hecquefeuille ; Patrik Valcak - Roger Jönsson - Jimmy Lindström ; Benoît Bachelet (C) - Christophe Tartari - Sacha Treille ; Cyril Papa - Nicolas Antonoff - Joan Montesinos.

Remplaçant : Frédéric Dorthe (G). Absents : Martin Paquet (rentré au Québec, deuil familial), Jean-François Bonnard (épaule) Teddy Trabichet (orteil).

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