Match comptant pour la vingt-deuxième journée de la Ligue Magnus 2006/07.

Un seul petit point séparant les deux protagonistes de la soirée, la partie s'annonce serrée. Alors que l'on s'attend à retrouver une équipe chamoniarde au complet, c'est dans les tribunes que l'on peut croiser le jeune international Erwan Pain, touché aux adducteurs. La défense très sollicitée depuis une quinzaine de jours est, elle, amputée de son entraîneur-joueur Peter Hrehorcak. Côté gothique, même si les "tauliers" sont bien présents, c'est au niveau de la tête que se situe la principale inquiétude. Depuis quelques semaines, les joueurs de Perez ne parviennent plus à imposer leur jeu. Les attaquants en plein doute sont victimes de la même crise de confiance que leur gardien Éric Raymond.

Dès la première minute, Aram Kevorkian se montre dangereux mais son tir finit au-dessus de la transversale. Dans la foulée, Laurent Gras sert Loïc Sadoun qui ne se prive pas d'ouvrir la marque (0-1, 01'22). Le match des "Sadoun" tourne pour l'instant à l'avantage de l'aîné. Lorsque l'ancien "Chamoniard" Benjamin Dieude-Fauvel se voit pénalisé pour avoir fait trébucher, les locaux poussent, mais l'on sent que leur jeu si brillant une semaine auparavant n'est plus là : les passes sont moins précises, les contrôles plus approximatifs. C'est pourtant dans cette configuration de supériorité numérique que les Chamois égalisent une poignée de minutes plus tard. Le gardien visiteur, puni pour une altercation, est la première victime de son geste puisqu'il ne peut que s'incliner face à la fougue d'Aram Kévorkian qui marque à ras de glace (1-1, 07'47). Peu après, Alexandre Audibert, aligné ce soir avec ses coéquipiers juniors Lebey et Séguy, parvient à faire un tour de cage et tirer du revers, mais le gardien canadien s'impose. Les Amiénois se montrent à leur tour menaçants et Radek Lukes doit faire montre de tout son talent pour repousser les tentatives successives de Pulscak. À trop jouer avec le feu, on finit par se brûler, et lorsque Laurent Gras, peut-être revigoré par les parfums de son enfance, se présente devant le cerbère des jaunes et bleus, on ne peut que constater : le palet est au fond, les visiteurs sont à nouveau devant (1-2, 16'33). C'est à Richard Aimonetto, désireux de se rappeler aux bons souvenirs des supporters gothiques, que l'on doit une nouvelle égalisation : après s'être engagé derrière la cage, le capitaine chamoniard revient sur ses pas et parvient à glisser le puck au premier poteau (2-2, 17'55). Avant de rejoindre les vestiaires, le gardien tchèque de Chamonix doit encore s'employer sur une tentative de Jonathan Gauthier très bon ce soir.

À l'entame de la deuxième période, les poussées amiénoises se font plus franches mais aucun des tirs visiteurs ne fait mouche. Torfou sur un bon lancer tente bien de répondre mais les occasions locales sont peu nombreuses. Dans les minutes qui suivent, François Rozenthal se met à son tour en évidence sur plusieurs tentatives : le palet termine immanquablement sa course hors cadre ou dans les bottes du gardien local. L'ensemble de ce tiers-temps ressemble plus à un monologue qu'à un véritable échange. Les Chamois plient, font le dos rond, mais ne cèdent pas. Malgré toutes les bonnes volontés de Gauthier, de Mortas ou de Gras, les Amiénois voient arriver la seconde pause sans avoir concrétisé leur domination. À leur grand regret, l'ascendant pris dans le jeu n'est pas retranscrit par le tableau d'affichage, la faute en revenant en grande partie à un Radek Lukes plutôt inspiré depuis le début de la partie.

Les Chamois qui se présentent sur la glace lors de ce dernier tiers ont une mission : résister tant bien que mal et si possible arracher un point ou deux à ces Gothiques moins moribonds que ce que les derniers ragots laissaient entendre. Les premières bonnes occasions sont à mettre au crédit des locaux lorsque, suite aux deux minutes de pénalité infligées à Dieude-Fauvel, les défenseurs chamoniards tentent leur chance de la ligne bleue. Malheureusement, la supériorité numérique est de courte durée. Aimonetto puis Toms deux minutes plus tard rejoignent à leur tour le banc d'infamie. Malgré la grosse résistance offerte aux visiteurs, les protégés de Peter Hrehorcak finissent par s'incliner devant Julian Marcos (2-3, 48'34). Les Gothiques mènent au score pour la troisième fois de la rencontre mais se sont fait, au préalable, une grosse frayeur sur une contre-attaque en solitaire du cadet des Sadoun. Les possibilités de revenir offertes aux Chamoniards par les pénalités de Rozenthal puis de Chauvel ne donnent rien, Granath, Sadoun ou Kevorkian butant sur un gardien peu serein mais capable de conserver l'essentiel, à savoir, le but d'avance. Aimonetto puni à quatre minutes du terme, les chances locales s'amenuisent d'autant plus. Lorsqu'il rejoint enfin ses coéquipiers, il ne reste qu'une alternative : sortir le gardien et tenter d'égaliser en alignant un joueur de champ supplémentaire. Le pari engagé, si souvent voué à l'échec, est ce coup-ci payant. Trente secondes après avoir pris un temps mort, les Chamoniards égalisent par la crosse de Toms qui reprend à bout portant le palet que lui a glissé Sadoun (3-3, 59'31). Ils s'en sortent bien, le point du match nul étant désormais acquis.

Cette parité conduisant directement aux prolongations, les deux équipes se présentent face-à-face pour une ultime période où les visiteurs tirent les premiers. Lukes assurant l'essentiel, les Chamois prennent petit à petit le dessus, aidés notamment par la prison de Jean-Philippe Glaude. Böhme à deux reprises échoue de peu, mais c'est sur une contre-attaque de Laurent Gras que le match manque de se terminer : se présentant seul face à Lukes, sa feinte, un tir du revers dans le dos, avorte au pied du poteau gauche du gardien. C'est un "ouf" de soulagement qui monte alors des tribunes. Les secondes s'égrènent sans que la pression chamoniarde ne trouve d'épilogue heureux, et la pénalité infligée à Tobiasson-Harris quelques instants avant la fin ne changera rien : Amiénois et Chamoniards repartiront donc dos-à-dos, engrangeant un point chacun.

On sait que le jeu développé par les Chamois depuis quelques semaines, aussi clinquant soit-il, nécessite une grosse débauche d'énergie. La lassitude s'est ce soir fait sentir dans les rangs chamoniards. La pause du mois de février arrive donc à point nommé pour effacer cette fatigue et pour soigner les "bobos" qui en résultent. Sur le banc amiénois, même si tout n'a pas été parfait, il semble que la réussite pointe à nouveau son nez. Reste à prouver à Éric Raymond qu'il est toujours le gardien qui a fait briller l'équipe rouennaise ces dernières saisons, l'indéniable talent offensif ne demandant qu'à s'appuyer sur un solide dernier rempart.

Compte-rendu signé Éric Dunand

Chamonix - Amiens 3-3 après prolongation (2-2, 0-0, 1-1, 0-0)

Samedi 27 janvier 2007 à 20h30 à la patinoire Richard-Bozon à Chamonix. 850 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté d'Éric Brondex et Gwilherm Margry.

Pénalités : Chamonix 16' (4', 4', 6', 2'), Amiens 12' (4', 0', 6', 2').

Évolution du score :

0-1 à 01'22" : L. Sadoun assisté de Gras

1-1 à 07'47" : Kevorkian assisté d'Aimonetto (sup. num.)

1-2 à 16'33" : Gras assisté de L. Sadoun et Gauthier

2-2 à 17'55" : Aimonetto

2-3 à 48'34" : Marcos assisté de Gras et L. Sadoun (sup. num.)

3-3 à 59'31" : Toms assisté de Y. Sadoun et Granath

Gardien : Radek Lukes.

Défenseurs : Anders Torgersson - Rastislav Böhme ; Martin Toms - Maxime Claret-Tournier ; Damien Torfou.

Attaquants : Tobias Granath - Richard Aimonetto (C) - Yven Sadoun ; Clément Masson - Emil Tobiasson-Harris - Aram Kevorkian ; Alexandre Audibert - Mathieu Seguy - Julien Lebey ; Valérian Croz.

Remplaçants : Andy Foliot (G), Kevin Maresca, Gaël Jeanbourquin, Sébastien Payot, Camille Gielly. Absents : Vivien Renson (main), Peter Hrehorcak (fiévreux), Erwan Pain (adducteurs).

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Frantisek Pulscak - Vincent Bachet ; Jonathan Gauthier - Jean-Philippe Glaude ; Mathieu Jestin - Benjamin Dieude-Fauvel.

Attaquants : Miroslav Pazak - Anthony Mortas - Brice Chauvel ; Robert Millar - Laurent Gras - Loïc Sadoun ; François Rozenthal - Elie Marcos - Julian Marcos.

Remplaçants : Henri-Corentin Buysse (G), Lionel Wiotte, Simon Petit.

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