Grenoble - Dijon (27 janvier 2007)

 

Match comptant pour la vingt-troisième journée de la Ligue Magnus.

Après avoir arraché un succès inespéré mardi à Morzine (5-4 après avoir été menés 4-1), les Brûleurs de Loups avaient la possibilité ce soir de reprendre la tête du championnat en cas de défaite des Pingouins à Rouen. Toujours privés des défenseurs Bonnard et Trabichet, ils devaient pour cela se défaire d'une équipe de Dijon qui les avait tenus en échec au match aller (3-3) et surtout qui reste sur une performance incroyable à Briançon (victoire 7-5). Les Ducs luttent pour leur survie et valent bien mieux que leur classement actuel, voilà les Grenoblois prévenus.

Petite surprise au coup d'envoi avec la titularisation de Frédéric Dorthe dans les buts grenoblois, histoire de laisser au repos Eddy Ferhi, particulièrement sollicité ces dernières semaines. Dorthe cueilli à froid dès les premières minutes de jeu sur un beau mouvement des Dijonnais : relance rapide de Hiadlovsky pour Kristin qui prend la défense grenobloise à revers en décalant Antoine Amsellem, lequel envoie un puissant slap sous la barre de Dorthe, battu sur le tir alors qu'il n'était pourtant pas masqué (0-1, 03'57"). Surpris par cette ouverture du score, les Brûleurs de Loups réagissaient rapidement. Karrer écopait de la première pénalité du match pour une obstruction et les hommes de Gérald Guennelon mettaient en place leur powerplay. Une mécanique bien rodée, surtout lorsque le premier bloc est sur la glace. Ludek Broz à la baguette trouvait Baptiste Amar qui ne cadrait pas son tir mais le palet rebondissait contre la balustrade pour atterrir sur la palette de Kévin Hecquefeuille qui n'avait plus qu'à pousser le palet dans les buts vides (1-1, 08'27").

Les quatre lignes grenobloises donnent le tournis à la défense dijonnaise. À la récupération d'un rebond consécutif à un slap d'Amar, Papa centre intelligemment en retrait pour Brad Woods qui transperce Hiadlovsky d'un slap puissant (2-1, 09'37"). Malmenés, les Ducs concèdent une nouvelle faute par Senko et la sanction est similaire. Grenoble déroule son jeu de puissance et cette fois c'est Viktor Wallin qui se trouve à la conclusion de l'action en envoyant un slap dévié sur lequel Hiadlovsky n'est pas plus heureux que sur les précédents (3-1, 11'53"). Le gardien dijonnais paraît au bord de la rupture alors que le powerplay isérois connaît une réussite insolente avec deux buts sur deux tentatives. Daniel Maric demande un temps mort pour recadrer ses troupes et arrêter l'hémorragie. L'effet est plutôt réussi même si les Grenoblois gardent la mainmise sur le palet tandis que Dijon se contente de procéder par contres. Dorthe semble se reprendre en s'illustrant en infériorité numérique mais connaît une nouvelle rechute à moins de deux minutes du terme lorsqu'il encaisse un "mauvais but" sur un tir de loin plein axe de Kristin qu'il laisse filer entre ses jambières (3-2, 18'11"). Dijon se sort de la première période avec un seul but de retard, presque un miracle, d'autant que Masa échoue in extremis sur Hiadlovsky peu avant la fin du tiers.

En début de deuxième période, les Ducs multiplient les fautes, parfois sous la pression mais le plus souvent par simple indiscipline. Quatre pénalités en l'espace de dix minutes et une double supériorité numérique à la mi-match pour les locaux qui auraient pu et dû tuer le match à cet instant. Mais voilà, la supériorité numérique n'est pas une science exacte, et autant le power-play grenoblois était fluide et efficace au premier tiers, autant il s'avère statique et lent au cours de cette deuxième période. La faute aussi à des Dijonnais bien mieux positionnés en défense et qui se battaient comme des morts de faim sur tous les palets. Moins mordants qu'au premier tiers, les Brûleurs de Loups se font endormir dans un faux rythme et le réveil est brutal : sur un contre rondement mené, Miroslav Kristin s'offre un petit numéro en solo en effaçant le dernier défenseur grenoblois pour ajuster Dorthe cette fois impuissant sur le coup (3-3, 34'15"). Une égalisation qui ne provoque pas plus de réaction côté grenoblois si ce n'est une pénalité de Wallin qui n'arrange pas les affaires des hommes de Gérald Guennelon. Au terme d'un tiers bien terne et pauvre en occasions de buts, Dijon est revenu à hauteur et peut se mettre à rêver à un possible exploit.

De nouveau en supériorité numérique pour débuter la dernière période, les Brûleurs de Loups tentent de mettre fin à la plaisanterie dijonnaise. Après plusieurs tentatives malheureuses, ils y parviennent finalement lorsque Baptiste Amar reprend un centre derrière les buts et place le palet sous la barre. Pôle Sud exulte, les joueurs s'arrêtent de jouer, tout le monde croit au but mais, surprise, M. Hauchart refuse le but, prétextant que le palet n'est pas rentré et a frappé la barre. Une décision arbitrale incompréhensible qui aura de lourdes conséquences sur l'issue de la rencontre. Car ce but aurait soulagé des Grenoblois pas au mieux de leur forme qui avaient eu toutes les peines du monde à l'inscrire. Et il aurait obligé les Dijonais à se découvrir un peu plus au lieu de jouer un jeu d'attente qui limitait les espaces.

Mais voilà, la score est toujours de parité et chaque équipe tente de faire la différence au gré des supériorités numériques créées par les pénalités pas toujours évidentes sifflées par M. Hauchart. À l'image de Masa, qui échoue à bout portant sur Hiadlovsky, les attaquants grenoblois manquent de réussite ce soir. Et ils vont rater en fin de tiers une occasion rêvée de remporter le match lorsque l'arbitre leur accorde une double supériorité numérique à 1'30" de la fin. Le jeu de puissance a perdu toute spontanéité et les passes lentes et prévisibles des locaux sont du pain béni pour les Ducs qui s'accrochent jusqu'au coup de sirène à ce point si précieux, presque miraculeux compte tenu de cette fin de tiers et du but refusé en début de tiers.

La prolongation débute à cinq contre trois pour les Brûleurs de Loups mais n'apporte rien de plus côté isérois. Au contraire, Roger Jönsson est sanctionné pour deux minutes et c'est au tour de Dijon de se retrouver en supériorité numérique. Une supériorité numérique que va rapidement doubler Daniel Maric en faisant sortir Vladimir Hiadlovsky, tentant ainsi un audacieux coup de poker. Les Ducs campent dans la zone iséroise, Dorthe, sous pression, sort quelques beaux arrêts, mais ce qui devait arriver arriva lorsque Miroslav Kristin, l'homme du match chez les visiteurs, trouve finalement l'ouverture au ras du poteau (3-4, 62'43"). Le banc dijonnais peut exploser de joie car les Ducs reviennent de très loin mais sont allés chercher leur victoire.

Les Dijonnais ont démontré une très grande force de caractère ce soir en remportant aux forceps un match très mal engagé. Plus combatifs que leurs adversaires, ils ont compensé leur manque de banc par une implication sans borne même si la prestation de Hiadlovsky et de sa défense a fait craindre le pire en début de rencontre. Miroslav Kristin éclabousse le match de son talent et endosse le rôle du sauveur, lui qui est impliqué sur les quatre buts de son équipe. Une vraie renaissance pour le buteur dijonnais qui avait été laissé sur le banc par son coach face à Caen suite à une série de prestations décevantes. En lutte pour leur survie, les hommes de Daniel Maric terminent ainsi avec quatre points une semaine qui les a vus se déplacer à Briançon et Grenoble, deux ténors de la ligue... De quoi se raccrocher plus que jamais à l'espoir d'un maintien.

Du côté grenoblois, on ne sortira pas la tête haute de ce match bâclé et joué avec bien peu de conviction. Les Brûleurs de Loups n'ont en fait joué qu'un tiers-temps, puis ce fut la panne sèche en attaque. Aucune inspiration, un jeu lent et stéréotypé pendant plus de quarante minutes, à des années lumières des prestations habituelles de ces dernières semaines. Pourtant les occasions furent nombreuses, notamment sur les deux doubles supériorités numériques. Quant à Frédéric Dorthe, il n'a pas plaidé sa cause en concédant deux buts douteux qui ont maintenu les Dijonnais dans le match après vingt minutes. Même s'il s'est bien repris par la suite, son manque de régularité pendant soixante minutes n'en fait pas pour l'instant un concurrent crédible à Ferhi. Mais malgré ces nombreuses approximations, Grenoble aurait pu empocher les deux points du succès ce soir grâce à Baptiste Amar, l'Isérois le plus en vue ce soir. Mais pour cela il aurait fallu que son but au début de la troisième période soit validé par M. Hauchart... À défaut, les Grenoblois descendent de leur petit nuage et doivent se contenter de la deuxième place avant le chaud derby qui les attend à Villard samedi prochain.

Désignés meilleurs joueurs du match : Baptiste Amar (Grenoble) et Vladimir Hiadlovsky (Dijon).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans le Bien Public)

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "Ils ont changé leur supériorité par rapport à l'an passé. On s'est fait surprendre en début de rencontre en encaissant deux buts, puis comme leur système est assez stéréotypé, nous les avons contrés."

Julien Aubry (attaquant de Dijon) : "Nous avons tellement mangé de pain noir que nous avons décidé d'y aller à fond sans se poser de questions. Nous n'allons pas craquer maintenant. Depuis Morzine, nous jouons beaucoup mieux. Nous sommes plus rigoureux, et physiquement, nous tenons le choc. Même si nous devons encore faire des efforts notamment sur la discipline, nous jouons simplement, sans se prendre la tête, et ça fonctionne. On ne s'est jamais dit que c'était terminé. Au contraire. Malgré les absences, on s'est recentré. [...] Peu d'entraîneurs auraient tenté ce coup-là. Que l'on soit 13e ou 4e, il travaille toujours pareil. Il est d'une persévérance incroyable. Il faut le saluer."

 

Grenoble - Dijon 3-4 après prolongation (3-2, 0-1, 0-0, 0-1)

Samedi 27 janvier à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Cyril Carlin et Gildas Fontaine.

Pénalités : Grenoble 12' (2', 4', 4', 2'), Dijon 26' (8', 10', 8', 0').

Évolution du score :

0-1 à 03'57" : Amsellem assisté de Kristin et Hiadlovsky

1-1 à 08'27" : Hecquefeuille assisté d'Amar et Broz (sup. num.)

2-1 à 09'37" : Woods assisté de Papa et Amar

3-1 à 11'53" : Wallin assisté d'Amar et Broz (sup. num.)

3-2 à 18'11" : Kristin assisté de Hiadlovsky (sup. num.)

3-3 à 34'15" : Kristin

3-4 à 62'43" : Kristin assisté de Bochna (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Frédéric Dorthe.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Brad Woods ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Simon Bachelet (A) - Martin Millerioux.

Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz - Kévin Hecquefeuille ; Benoît Bachelet (C) - Roger Jönsson - Jimmy Lindström ; Martin Paquet - Patrik Valcak - Sacha Treille ; Cyril Papa - Christophe Tartari - Nicolas Antonoff.

Remplaçants : Eddy Ferhi (G), Joan Montesinos, Luc Tanesie. Absents : Teddy Trabichet (pied), Jean-François Bonnard (épaule).

Dijon

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Andrej Mrena (C) - Guillaume Karrer (A) ; Aymeric Gillet - Juraj Senko.

Attaquants : Antoine Amsellem - Stephen Dugas (A) - Miroslav Kristin ; Erik Bochna - Olivier Maltais - Peter Jasik ; Kévin Dugas - Julien Aubry - Anthony Guttig.

Remplaçants : Fabien Chardon (G), Yassine Fahas. Absents : Ladislav Gabris (bras), Martin Jeannette (épaule), William Mouly (acromio-claviculaire).

 

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