Épinal - Anglet (3 février 2007)

 

Match comptant pour la vingt-deuxième journée de la Ligue Magnus 2006/07.

Et Plch se leva...

Billets pour Bercy en poche, les Dauphins se replongent dans le quotidien moins festif du ventre mou de Ligue Magnus pour assurer, si ce n'est déjà fait, leur place pour les séries finales. L'exploit briançonnais résonne encore dans toutes les têtes mais Épinal, libéré par sa qualification pour la grande finale, doit désormais se consacrer à des tâches plus obscures.

Si leur adversaire basque, jamais dans le coup et déjà condamné aux barrages, semble faire pâle figure au regard des prestations vosgiennes, les Spinaliens n'en restent pas moins méfiants. Certes, l'Hormadi avait parfaitement tiré profit de l'absence de Jan Plch à l'aller pour se donner un peu d'air (8-3). Mais le maître à jouer slovaque, mieux entouré que jamais, sera bien là ce soir, à l'instar d'un Stanislav Petrik ragaillardi par sa performance "petrikéenne" de mardi soir. Les données paraissent hautement favorables aux locaux mais les lendemains de fêtes réservent parfois leurs lots de surprises. Attention à la gueule de bois...

Les jours se suivent...

Diminués par les forfaits et déjà tournés vers des échéances plus "terre à terre", les Basques se font rapidement déborder par des Spinaliens restés sur leur lancée de mardi. Le stakhanoviste Michal Petrak se charge ainsi de transpercer une première fois la défense peau de chagrin de l'Hormadi (00'22") avant qu'une remise en jeu glanée par ses soins ne se voit bonifiée par son leader Jan Plch. Après avoir contourné la cage, le Slovaque se fait une joie de crucifier du revers, avec une facilité déconcertante, un Julien Figved livré à lui-même (1-0 à 00'36"). Voilà qui semble impulser le sort du match...

Mais voilà, l'ICE relâche trop rapidement ses efforts et n'enfonce pas le clou, à l'image d'un Jan Simko lancé en profondeur mais touchant le montant droit de Figved (03'02"). Les brèches observées dans l'arrière-garde basque facilitent pourtant le travail des Spinaliens en ce début de match mais ceux-ci sont donc bien mal avisés de ne pas les exploiter. Ils redonnent ainsi confiance à des défenseurs basques serrant progressivement leurs rangs à l'image de ce sauvetage décisif de Sébastien Rousselin pour enrayer une combinaison Mazerolle-Chassard dans le slot.

Les hommes de Jean-Michel Lutaud n'ont pas fait ce long voyage à travers l'Hexagone pour des cacahuètes et manœuvrent longtemps avant de trouver l'ouverture en supériorité numérique. Le néo-international Sébastien Rousselin, décalé à la bleue par Dave Grenier, surprend ainsi Stanislav Petrik d'un lancer perforant (1-1 à 06'33").

... mais ne se ressemblent pas !

Cette égalisation a le mérite de mettre en confiance une formation d'Anglet vaillante et de plus en plus hardie, à l'instar de cette percée d'un Géraud Maréchal très saignant en début de partie (07'20"). Épinal, alors incapable de passer la seconde, s'en remet encore et toujours à sa ligne de parade mais celle-ci rate le coche sur une occasion à bout portant vendangée par le solide Jan Bohacek (08'23"). Presque une copie conforme de son but de mardi contre Briançon. Tout un symbole...

Anglet n'en demandait pas tant et affirme au fil des minutes son emprise sur le jeu, sans toutefois faire la différence aux avant-postes. Hormis l'abatage d'un Géraud Maréchal se substituant tant bien que mal à un Xavier Daramy porté disparu, l'offensive visiteuse reste bien poussive et Petrik s'y soustrait sans grands soucis. Les "mercenaires" de Pierre-Yves Eisenring, visiblement pas dans leur assiette, se compliquent la vie et ne trouvent pas cette grinta les ayant caractérisés contre Briançon. Pourtant, les occasions sont là mais Jan Simko reste un finisseur bien médiocre comme en témoigne ce nouveau break stoppé du gant par Julien Figved (14'12").

Ce blocage n'est pas du meilleur effet et à force de jouer avec le feu, les Dauphins finissent par se brûler en laissant Michal Garbocz servir un Dave Grenier lancé à vive allure dans l'enclave. Le petit défenseur offensif d'origine québécoise s'infiltre comme dans du beurre et score ainsi du revers (1-2 à 18'02"). Cela pendait au nez de ces Dauphins économes et tourmentés jusqu'au premier entracte par la vivacité d'une lanterne rouge sans complexes.

La négligence spinalienne a fait son œuvre en première période et rien se semble changer au retour des vestiaires malgré plusieurs occasions très nettes devant Figved (21e). Là encore, l'effort n'est toutefois pas poursuivi et cela profite immanquablement à une formation angloye plus entreprenante que jamais. Cette léthargie spinalienne est néanmoins combattue par ce diable de Jan Plch dont les accélérations suffisent à créer les pénalités. Sur l'une d'entre elles, le virtuose slovaque tente bien de secouer les puces de ses partenaires. Sans réussite. Au contraire, c'est l'Hormadi qui a le plus de répondant et montre assurément plus de détermination que son hôte d'un soir. On est loin de l'intensité de mardi !

L'impulsivité de Milan Buda, désormais réputée sur toutes les glaces hexagonales, coûte encore deux minutes à ses coéquipiers (27'58"). Heureusement pour eux, les Basques ne sont pas des foudres de guerre en attaque et peinent à trouver des solutions, ce qui ne profite même pas aux Simko & cie, pourtant pourvus de bonnes opportunités en contre-attaques. Le déclic viendra plutôt d'un deuxième trio en demi-teinte jusqu'alors et d'un jeu de puissance rapidement converti. Servi dans le slot sur une passe latérale de Luc Mazerolle, le capitaine Guillaume Chassard punit la lenteur du déplacement de Julien Figved pour ajuster sa lucarne gauche d'un tir précis (2-2 à 35'21").

Cette égalisation donne légèrement plus d'allant aux Bleus mais leur indiscipline entrave cette embellie. Stanislav Petrik, remis de sa bourde initiale, est néanmoins là pour garder le fort devant ces Angloys résistants et fougueux à souhait. Au petit jeu des infamies, chacun retrouve donc son compte durant ces dernières minutes hachées au possible et marquées par un Figved bien inspiré d'enrayer l'infiltration de Plch (39'29").

Ternes et sans passion, les Dauphins d'Épinal montrent assurément leur visage des mauvais soirs. Même nantis d'une entame de troisième période aux petits oignons (avec un double avantage numérique), ceux-ci se montrent incapables de reprendre le dessus. Certes, le couperet se rapproche pour Figved et les siens mais ces derniers n'entendent pas lâcher l'affaire si facilement. C'est sans connaître Jan Plch...

Comme un ouragan

Échappé en contre sur le flanc droit, le Slovaque s'infiltre au prix de dribbles déroutants pour repiquer dans le slot angloy et ainsi déporter le gardien sur son côté droit (3-2 à 44'32"). Ce nouveau trait de génie de Plch semble tout à coup relancer la machine avant qu'un cachot malvenu ne vienne briser cet élan (48'31"). En bon empêcheur de tourner en rond qu'il est, Dave Grenier, excentré, décoche un lancer dévié par Jérôme Patard dans la lucarne droite de Stanislav Petrik (3-3 à 48'55"). Tenaces ces Basques...

La nervosité basque, traduite par de fréquentes incarcérations (trois pénalités mineures en quatre minutes) et heurts divers avec le contingent local, demeure toutefois le meilleur allié d'une formation d'Épinal devenant plus pressante à chaque instants. Les Spinaliens font ainsi passer un sale quart d'heure à Julien Figved mais l'ex-Briançonnais se retrousse les manches sous le feu ennemi. Le cerbère angloy, tout solide qu'il soit, reste toutefois une proie facile pour Jan Plch. Lancé en profondeur par Simko, le maestro slovaque embrouille à nouveau Figved pour mieux le déjouer d'un revers diabolique au ras de son montant gauche (4-3 à 52'25"). Rebelote dans la foulée où ce même Plch fait oublier cette cage vide ratée par Simko (53'40") en reprenant au second poteau une montée latérale de son fidèle lieutenant Petrak (5-3 à 54'14").

En trois coups de pattes de son bon génie slave, Épinal s'est définitivement tiré de l'ornière et ajoute davantage de lustre à son succès sur une combinaison en zone d'attaque conclue par Jan Simko (6-3 à 58'10"). Un ultime puck mal négocié par Petrik sur un slap du diablotin Grenier (59'14") ne change rien à l'affaire et Anglet peut regagner son lointain littoral atlantique avec une nouvelle défaite en poche. Mais avec, malgré tout, le sentiment de n'avoir jamais démérité.

Jan Plch, l'arme absolue

Anglet, sans pression mais plein de bonne volonté, a longtemps entrevu la possibilité de réaliser un bon coup dans les Vosges. La période s'y prêtait d'ailleurs après cette fameuse demi-finale de Coupe de France ayant laissé des traces dans les organismes lorrains. C'était négliger l'impact de Jan Plch. Trois réalisations quasi-successives de l'ancienne gâchette de Liptovsky Mikulas en troisième période ont ainsi scellé l'issue d'une partie bien peu évidente pour les Dauphins. Contrariés il est vrai par l'enthousiasme basque, les joueurs de la Cité des Images furent ballottés une grande partie de la soirée, affichant par moment une application collective douteuse assortie d'une implication toute aussi suspecte. Sans doute une conséquence de cette épidémie virale ayant sévi dans les rangs vosgiens depuis quelques jours...

Toujours est-il que l'ICE doit tout le crédit de son succès à son premier trio et tout particulièrement son chef de file, un Jan Plch plus décisif que jamais. Une preuve de plus de l'importance qu'a le meilleur buteur de Ligue Magnus (vingt-six filets à ce jour) sur ses troupes. S'il fut l'arbre cachant la forêt en plus d'être l'homme de la situation, Plch s'affirme surtout comme un "franchise-player" incontestable. L'homme capable de transformer le plomb en or et sans lequel Épinal n'en serait assurément pas là...

En une semaine, les partisans de Poissompré ont donc eu droit aux deux visages de leur équipe. Tantôts héroïques contre Briançon, tantôts poussifs devant l'Hormadi, les légionnaires de Pierre-Yves Eisenring ont malgré tout validé leurs objectifs. Dernier en date, une assurance d'être parmi les douze, synonyme de participation en playoffs.

Loin des perspectives alléchantes offertes à ses hôtes, Anglet devra pour sa part jouer sa survie dans l'élite hexagonale au cours des semaines à venir. Un pari certes difficile mais nullement impossible...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Anglet 6-3 (1-2, 1-0, 4-1)

Samedi 3 février 2007 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 888 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Pierre Dehaen et David Courgeon.

Pénalités : Épinal 24' (6', 12', 6'), Anglet 30' (6', 18', 8').

Tirs : Épinal 35 (9, 14, 12), Anglet 22 (10, 6, 6).

Évolution du score :

1-0 à 00'36" : Plch assisté de Simko et Petrak

1-1 à 06'33" : Rousselin assisté de Garbocz et Grenier (sup. num.)

1-2 à 18'02" : Grenier assisté de Garbocz et Patard

2-2 à 35'21" : Chassard assisté de Mazerolle et Buda (sup. num.)

3-2 à 44'32" : Plch assisté de Bohacek

3-3 à 48'55" : Patard assisté de Grenier et Garbocz (sup. num.)

4-3 à 52'25" : Plch assisté de Simko (inf. num.)

5-3 à 54'14" : Plch assisté de Petrak et Bohacek

6-3 à 58'10" : Simko assisté de Petrak et Plch

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Jan Bohacek - Radoslav Regenda ; Peter Slovak - Peter Listiak ; Peter Strapaty - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch ; Milan Buda - Luc Mazerolle - Guillaume Chassard (C) ; Tomas Jelinek - Guillaume Papelier - Lionel Simon.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Anthony Pernot, Kevin Benchabane, Sébastien Geoffroy. Absent : Anthony Maurice.

Anglet

Gardien : Julien Figved.

Défenseurs : Christophe Cantos - Patrice Bellier (A) ; Dave Grenier - Sébastien Rousselin ; Mickaël Wiart.

Attaquants : Thomas Decock - Xavier Daramy (C) - Géraud Maréchal (A) ; Sylvain Favreau - Michal Garbocz - Jérôme Patard ; Christopher Teixeira-Leite - Jean-Michel Larroque - Pierre-Hervé Coulombeix.

Remplaçant : Christophe Sanchez (G). Absents : Julien Hitze, Thomas Molia, Xavier Lassalle, Nicolas Courally.

 

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