Tours - Gap (3 février 2007)

 

Match comptant pour la cinquième journée de la poule finale de division 1.

C'est l'affluence des grands soirs et un parfum de Magnus à la patinoire de Tours pour ce choc au sommet. Les deux favoris s'affrontent à nouveau après avoir partagé les deux rencontres de la première phase. Le public est venu très nombreux et fait preuve de beaucoup d'enthousiasme pour concurrencer la vingtaine de Gapençais très actifs dans les tribunes.

L'entrée des joueurs se fait dans un vacarme rare, mais ce sont bien les Rapaces qui entament le mieux. L'échec avant est bien rodé, la vitesse est au rendez-vous. Le jeu est extrêmement rapide et déjà engagé, le jeu de passe fluide : un match de très haut niveau dès les premières minutes. Tours se crée la première occasion d'un lancer excentré mais c'est Gap qui ouvre le score. Sur un débordement de Nathaniel Jackson côté gauche, Alexandre Cornaire trompe Girouard à bout portant, tout en finissant dans le but... Le palet est-il entré dans la cage en même temps que le joueur, avant, pendant que la cage se dessoclait ? Difficile à dire mais le but est bel et bien validé (0-1, 2'43"). Un but qui pique les Diables Noirs qui se créent une occasion identique sur la mise au jeu. Un tir du point d'appui, un rebond laissé par Cédric Dietrich pour Perna qui pousse le palet au fond... De la confusion, des joueurs dans le but et une cage qui bouge : cette fois-ci les arbitres refusent le but, une décision peu évidente, tout comme la précédente, sans la vidéo.

Le duel au sommet se poursuit avec un impact physique intense, à l'image d'un Sebo secoué sur une belle charge alors qu'il slalomait près du but. Tours pousse, joue avec son cœur plus qu'avec sa tête face à une formation gapençaise intelligente dans son placement. Les multiples tirs de loin avec écrans des Diables leur octroient tout de même une première pénalité contre Henrik Arnstrom. Le jeu de puissance s'installe, avec Simak au tir puis Stepan pour un arrêt hasardeux de Dietrich. Le gardien peut ensuite remercier son masque qui repousse un beau mouvement Stastny-Perna. La pénalité à peine terminée, Gap cède encore faute de s'être dégagé. Nicolas Ravoire en prison, et 19 secondes plus tard c'est l'égalisation. À l'origine, un tir du point d'appui de Divisek, pour une déviation astucieuse de Claude Deveze (1-1, 6'49").

Dès l'engagement la ligne Perna-Sebo-Stastny pèse encore et manque de peu le but du 2-1 avec un décalage à droite pour un face-à-face avec le gardien pour un tir au dessus. Sur le contre Girouard s'en sort à son tour de justesse. Le pressing de Gap diminue malgré tout, les Diables prenant le jeu à leur compte. Ceci dit, un seul petit tir de Perna vient émailler cette séquence de duels physiques intenses et à haute vitesse. C'est sur cet aspect que les Rapaces surprennent à nouveau la troupe de Millette. Rambousek récupère un palet dans la neutre, décolle côté droit pour un véritable festival. Il feinte Vandecandelaere qui se jette, le contourne, patiente, résiste au retour du défenseur le temps de mettre Girouard au sol, avant d'ajuster tranquillement le gardien québécois pour un petit bijou de technique (1-2, 10'34").

Un but qui éteint un peu le public mais ne décourage pas les Diables Noirs. Ils appuient immédiatement pour réagir, Dietrich s'imposant difficilement sur un tir de Child. Les mises aux jeu sont majoritairement tourangelles ce qui permet de multiplier les tirs de loin comme celui de Divisek. Malgré tout le rythme a légèrement ralenti. Le jeu est équilibré, le nombre de tirs diminue. Gap contrôle, joue en contre-attaque. Nicolas Ravoire et Frédéric Roussin-Bouchard se créent ainsi une bonne occasion mais le palet file devant le but sans trouver preneur. On bataille dur dans les balustrades sur un rythme soutenu, mais le jeu demeure très correct. Jackson se fait à son tour menaçant avant de se confronter à Stepan : c'est un quatre contre quatre. Rambousek tente d'en profiter sur un nouveau débordement à droite, sans parvenir à éviter la plaque de Girouard. Le gardien s'impose aussi devant Mertl sur un bel arrêt de la mitaine, dans l'axe. Tours riposte par sa première ligne, Sebo et Stastny mettant la défense au supplice. Les contacts se multiplient, de plus en plus appuyés. Le placement des Gapençais est parfait et ne manque d'être pris en défaut que sur une approximation d'un défenseur sur un puck flippé : maladroit du gant, il envoie finalement le palet au ras du poteau... La dernière minute est très chaude sur le but de Gap avec un pressing de Tours qui se termine par une pénalité de Stastny pour une faute sur Charrette le long de la bande. La période s'achève donc sur cet avantage aux visiteurs...

Autant dire que Millette remonte ses troupes à la pause... les joueurs ne reviennent d'ailleurs que tardivement sur la glace. Mais avant de revenir au score il faut déjà tuer la pénalité. Gap ne parvient pas à s'installer et cette formalité est rapidement effacée. L'arbitrage de Marcin Leszko est plutôt fluide, laissant beaucoup jouer. Sebo, Perna accélèrent, ce dernier tentant un contournement de cage sauvé en deux temps par Dietrich. Ce n'est que partie remise. Sur une sortie de zone tourangelle, une série de transversales décalent Franco Subrani à droite. La dernière passe est un peu longue mais il poursuit son effort en solitaire jusqu'à la ligne de fond, où il renvoie le palet devant le but du revers... ce qui se transforme en tir gagnant, Dietrich se faisant piéger sur sa jambière gauche (2-2, 23'42").

Tours est soudainement en feu et le duo Cikan-Child fait souffrir son adversaire, à grand renfort de mises en échec appuyées. Perna et Stepan enchaînent en une-deux, ce dernier est renversé par une charge incorrecte : nouvelle supériorité tourangelle, poussée par un public motivé. Tours fait tourner le match en sa faveur sur ce jeu de puissance. Stastny de la bleue, puis une série d'essais de déviations... C'est logiquement que le but survient ! Divisek lance du point d'appui, un rebond traîne et Kevin Child s'offre un doublé (3-2, 26'51").

Si Jeffrey Smith tente de profiter d'un écran, Gap n'en subit pas moins. Simak part en contre et sert Perna, derrière le but de Dietrich pour une remise sur Saint-Amant contrée. Gap cède encore par indiscipline avec une faute inutile en zone offensive, pour un nouvel avantage numérique. On bataille devant le but, au point que Jean-François Cal reste un moment au sol, touché sur un contact. Puis, c'est un sauvetage de justesse sur une passe de Simak pour Saint-Amant. La pénalité est tuée et Gap essaie de revenir à la faveur d'un surnombre tourangeau... Le travail de Cikan et de la défense ne permet toutefois aucun espace, tant l'intensité physique est montée d'un cran. La pénalité est facilement tuée, Tours ayant désormais la mainmise sur le match. Vandecandelaere s'y met avant que Stepan ne se jette pour couper un deux contre un puis que Girouard ne sauve du gant un lancer de Rambousek, bien seul en attaque ce soir. Les duels sont incessants, sur un rythme élevé... Dietrich, très sollicité, laisse beaucoup de rebonds, Bob Millette ayant fait beaucoup travailler ses joueurs sur des vidéos du portier des Rapaces. Les Haut-Alpins souffrent de plus en plus et Julien Maréchal se fait punir sur une sévère charge de Drzik ligne bleue. Il faut un Dietrich énorme sur un 2 contre 1 Perna-Stastny pour empêcher une addition plus lourde, car Tours finit très fort avec un ultime tir de Cikan en hauteur.

Gap entame le dernier tiers en remportant la première mise au jeu mais c'est bien Tours qui contrôle. Dietrich doit rapidement réaliser un lancer de botte spectaculaire sur un 2 contre 1 Stastny-Perna conclu par le capitaine. Les tempéraments sont de plus en plus chauds, Frédéric Roussin-Bouchard et Jozef Drzik finissant au banc, imités par Divisek. À quatre contre trois, Gap teste Girouard sur un slap de Jean-Charles Charette, qui met Stepan au sol sur le bloc. L'agressivité est tourangelle et le jeu de puissance ne s'installe pas. Roman Moussier est le seul à inquiéter réellement le portier québécois des Diables sur un palet au second poteau, sans réussite face à la botte du gardien. C'est bien Dietrich qui est menacé par le gros travail de la ligne Cikan-Child-St-Amant. Pressé et repoussé sur son but, Gap cède encore au jeu des pénalités. Sébastien Vidal doit laisser ses coéquipiers chercher le palet sur un long jeu de passes des locaux, portés par le public. Deveze à son tour manque de peu le but du break sur une déviation d'un tir de Drzik, à côté, puis c'est au tour de la ligne de Child, à nouveau, d'user la défense adverse. Dietrich s'impose à nouveau, notamment sur un bon décalage de Simak et un tir entre ses jambières. Lorsque Cikan prend une pénalité stupide, Gap espère revenir mais ne domine pas du tout ces équipes spéciales. C'est même Perna qui s'échappe et force Dietrich à un nouveau lancer de bottes.

Jiri Rambousek est beaucoup trop seul... Tous les duels sont en faveur des Diables, qui gardent le palet le long des balustrades et fatiguent les Rapaces. À quelques minutes de la fin Tours prend à nouveau deux minutes pour un mauvais geste derrière le but, offrant une nouvelle chance... aux hommes de Millette, puisque Stastny et Perna ne cadrent pas leur deux contre un ! L'occasion tout de même d'obtenir une pénalité et l'énervement gapençais se traduit par une méconduite de match contre Charrette. À l'usure, Tours s'échappe immédiatement. Un travail derrière le but, un joueur qui s'arrache pour ressortir le palet, un tir dans l'axe, et Stepan planté dans l'enclave bonifie le rebond dans la douleur (4-2, 56'05"). Sur l'action deux pénalités différées étant appelées, Tours se retrouve en avantage numérique. Dominateurs physiquement, les Diables ne laissent pas Rambousek renouveler sa feinte du premier but, l'attaquant se faisant pulvériser près du but par Stepan. Les esprits s'échauffent et le défenseur est puni d'une méconduite pour cette charge dans le dos. Moussier n'ayant pu s'empêcher de mettre son grain de sel, il est lui aussi sanctionné. Dietrich doit s'employer en infériorité. Les ultimes instants, après le temps mort de Gap, permettent à Girouard de s'illustrer sur quelques parades de la botte ou du gant, avant un contrôle parfait de la dernière minute.

Tours s'impose 4-2 et explose. Tours n'a pas volé son succès : si Gap a maîtrisé le premier tiers, son manque d'efficacité en équipes spéciales lui a coûté cher. De plus, l'impact physique des Diables a fini par leur faire perdre le bras de fer, les hommes de Millette prenant l'ascendant au fil des minutes. Le bonheur des joueurs est visible, avec tour d'honneur, glissades et photos souvenirs... Ce n'est que la 5e journée mais la victoire dans ce match au sommet, avec la manière et à l'issue d'un match de très haut niveau, devant un public déchaîné, a certainement fait tomber les nerfs de tout le monde. Une célébration bien excessive malgré tout... pour une soirée pleine de spectacle.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match (dans la Nouvelle République)

Bob Millette (entraîneur de Tours) : "Nous avons battu Gap de A à Z. Gap a une nouvelle fois misé beaucoup de choses sur son attaquant vedette, Jiri Rambousek, et des exploits personnels. Elle n'avait pas vraiment de système. Nous, nous n'avons presque rien changé à nos habitudes malgré l'absence de Sabol suspendu. Et ce sont mes deuxième et troisième lignes qui ont fait la différence, en inscrivant les buts au bon moment. Sabol est une des pièces maîtresses de ma défense. Je l'ai chronométré une fois. C'est un garçon capable de rester en possession du palet pendant six minutes dans un match. C'est énorme. Mais on l'a vu, il n'est pas irremplaçable. Stepan a passé près de trente minutes sur la glace, en tournant tous les deux shifts. Simak et Divisek ont très bien pris le relais aussi. On a prouvé que l'on pouvait gagner sans lui."

Franco Subrani (attaquant de Tours) : "Plus on me frappe, mieux je joue. Le match a été dur mais quand j'ai vu l'attitude des vétérans de l'équipe malgré la tournure des évènements dans le premier tiers, j'ai gardé mon sang-froid moi aussi. Et ce public formidable nous a aidés à réussir notre coup."

Patrick Turcotte (entraîneur de Gap) : "La partie se joue sur les phases en unité spéciale, un secteur où Tours nous a dominés. Maintenant, le championnat n'est pas fini. On va garder le nez dans le guidon jusqu'au match retour, en espérant qu'ils fassent un faux-pas. Il n'y a que deux buts d'écart au goal-average direct. Ce n'est pas un fossé insurmontable."

 

Tours - Gap 4-2 (1-2, 2-0, 1-0)

Samedi 3 février 2007 à 20h00 à la patinoire de la rue de l'Élysée. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Marcin Leszko assisté de Yann Furet et Nicolas Dessaint.

Pénalités : Tours 28' (4', 2', 12'+10'), Gap 48' (6', 4', 18'+20').

Évolution du score :

0-1 à 02'43" : Cornaire assisté de Jackson

1-1 à 06"49" : Devèze assisté de Divisek (sup. num.)

1-2 à 10'34" : Rambousek

2-2 à 23'42" : Subrani

3-2 à 26'51" : Child assisté de Divisek et St-Amand (sup. num.)

4-2 à 56'05" : Stepan

 

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