Villard-de-Lans - Grenoble (3 février 2007)

 

Match comptant pour la vingt-quatrième journée de la Ligue Magnus.

80e derby de l'histoire en championnat entre les voisins isérois et troisième rencontre entre Ours et Brûleurs de Loups cette saison qui fait figure de belle puisque Villard l'avait emporté en Coupe de France avant que Grenoble ne prenne sa revanche quelques semaines plus tard en Ligue Magnus pour le compte du match aller. Un derby qui s'annonce engagé puisque les deux équipes ont un besoin impératif de points pour des objectifs bien différents : les hommes de Gérald Guennelon sont toujours en course pour la première place mais doivent pour cela faire carton plein jusqu'à la fin de la saison, tandis que ceux de Stéphane Barin ont besoin de prendre définitivement leurs distances avec Dijon et Anglet afin d'éviter les barrages de relégation.

La rencontre démarre à cent à l'heure avec beaucoup de mouvement de part et d'autre. Tardif écope de la première pénalité de la partie après un peu plus de deux minutes de jeu. Les Brûleurs de Loups en profitent pour mettre la pression sur la cage de Nogaretto mais le "box play" des Ours tient le choc malgré une grosse présence grenobloise dans la zone villardienne. De retour à cinq contre cinq, les visiteurs ne relâchent pas leur emprise sur les débats mais Maurice Rozenthal place un contre qui menace Ferhi. Le pressing grenoblois finit cependant par payer lorsque Benoît Bachelet récupère un palet aux abords du slot pour le placer hors de portée de Nogaretto (0-1, 07'07"). Une ouverture du score logique au vu du début de partie. Villard est asphyxié et a du mal à sortir de sa zone. Patrik Valcak tente de déplacer la défense villardienne avec l'aide de Martin Paquet mais il butte sur Nogaretto. Le palet ressort pour Brad Woods à la ligne bleue qui expédie un slap ras de glace qui passe à travers une forêt de jambes pour finir sa course au fond des filets de Nogaretto (0-2, 11'02"). L'entame de match est idéale pour des Grenoblois appliqués et concentrés. Les Ours sont stériles sur leur première supériorité numérique de la partie et Stéphane Barin décide de sortir son gardien, pas forcément à son avantage sur les deux premiers buts. Pascal Favarin entre en scène et c'est un message envoyé à toute l'équipe villardienne. Un message visiblement reçu cinq sur cinq puisque sur la deuxième supériorité numérique des locaux, le slap de la bleue de Miroslav Dvorak est dévié de manière imparable par Laurent Deschaume devant le but (1-2, 17'48"). Dans la foulée, Damien Fleury ne parvient pas à récupérer un palet immobilisé devant le but qui a échappé à la vigilance de Ferhi. Villard rate ainsi l'égalisation d'un cheveu mais s'est bel est bien relancé dans le match.

Le deuxième tiers débute avec Patrik Valcak en prison. Les Ours installent le jeu de puissance mais se font contrer à la ligne bleue. Benoît Bachelet s'échappe et part défier Favarin en break. Le portier villardien s'en sort remarquablement alors que le capitaine grenoblois avait l'occasion de redonner deux buts d'avance à son équipe. Les débats sont plus tendus et quelques frictions commencent à rappeler le parfum du derby. Bonnard, Jernberg, Paquet et Metro s'échangent quelques amabilités même s'il s'agit plus d'intimidations que de véritables affrontements directs. Dès lors la partie devient plus hachée et surtout beaucoup plus équilibrée que lors du premier tiers. Par le jeu des pénalités, Villard bénéficie même d'une double supériorité numérique de plus d'une minute à la mi-match mais ne parvient pas à concrétiser malgré une grosse occasion de Deschaume. La rencontre devient de plus en plus engagée et les charges plus appuyées. Un tir du revers de Broz heurte le poteau mais les Villardiens, motivés à l'extrême comme toujours face à Grenoble, prennent petit à petit le jeu à leur compte. À force de pousser, Villard parvient à décrocher une égalisation méritée en fin de tiers par l'intermédiaire de Damien Fleury (2-2, 38'09"). Le score semble en rester là et pourtant le tiers finira comme il a commencé : par une échappée grenobloise, cette fois celle de Jimmy Lindström. Mais le Suédois n'aura pas plus de réussite que son capitaine et s'incline face à Favarin sur la sirène.

Comme face à Chamonix et Mont-Blanc, Villard a réussi à surmonter son handicap initial de deux buts. Comme face à Dijon la semaine dernière, Grenoble a dilapidé son avantage au terme des deux premiers tiers. Reste à voir si l'histoire continuera à se répéter à l'issue des vingt dernières minutes... Les Brûleurs de Loups prennent le meilleur départ sous l'impulsion de leur première ligne : cette fois c'est Hecquefeuille à la préparation et Masa à la finition, tandis que Broz s'explique avec Nicolas Favarin sur l'action (2-3, 42'01"). Mais ce but grenoblois est un trompe-l'œil car c'est bien Villard qui fait le jeu dans ce troisième tiers-temps. Les Ours, déchaînés, donnent le tournis à une défense grenobloise soudain fébrile. Fleury et Tardif, deux des Villardiens les plus en vue ce soir, testent la vigilance de Ferhi. Mais la deuxième supériorité numérique villardienne du tiers sera la bonne puisqu'il ne faut que dix secondes à Miroslav Dvorak pour marquer d'un slap que Ferhi ne voit pas venir (3-3, 45'51"). À nouveau à égalité, les locaux croient plus que jamais en leur bonne étoile... Les Brûleurs de Loups laissent passer leur chance en supériorité numérique alors que Metro sur un contre marque en emportant sur son passage Ferhi et la cage grenobloise... Un but très contesté par les Grenoblois et Ferhi lui-même mais M. Bourreau reste sur sa position et valide le but (4-3, 50'28"). Pour la première fois de la rencontre, Villard passe en tête au score et semble filer vers un succès qui lui tend les bras. Pourtant Grenoble évolue pendant près de quatre minutes en supériorité numérique suite aux prisons de Guillot Diat et Lepers mais rien n'y fait face à un Favarin intraitable. Les débats sont toujours aussi houleux dans cette période très intense. Finalement Grenoble obtient une dernière chance suite à une pénalité de Dvorak. Cette fois Guennelon n'hésite pas et sort Ferhi plus de 2'30" de la fin du match pour créer une double supériorité numérique. Un pari osé qui fonctionne puisque Baptiste Amar parvient à arracher l'égalisation d'une tir de la bleue en pleine lucarne (4-4, 58'00"). Place aux prolongations !

Une mort subite illustrée par la volonté grenobloise de faire la différence à tout prix. D'abord Gérald Guennelon aligne comme à son habitude trois attaquants puis il n'hésite pas à sortir son gardien lorsque Dvorak se faisait sanctionner pour un accrocher. Un scénario qui n'est pas sans rappeler celui du Grenoble-Dijon de la semaine dernière lorsque les Ducs l'avaient emporté grâce au coup de poker de Daniel Maric en prolongation. Cette fois Guennelon a retenu la leçon et joue le tout pour le tout. Grenoble évolue donc à cinq contre trois pendant deux minutes... La pression est énorme sur les cages de Favarin mais le palet finit par sortir de la zone villardienne pour se retrouver dans la crosse de Maurice Rozenthal qui file vers la cage déserte.... Toute la patinoire s'attend au but mais il veut trop assurer le coup, laisse revenir les Grenoblois et se fait contrer in extremis par la crosse de Jimmy Lindström et le palet s'envole au-dessus du plexi au lieu de toucher le fond des filets... Un loupé incroyable de l'international tricolore et une chance inespérée pour Grenoble. Une chance qui sourit aux audacieux puisque Barin rate à son tour la cage vide sur un lancer lointain... Villard a raté deux belles occasions de tuer le match et a laissé passer sa chance. À quatre contre quatre, le buteur adverse, Martin Masa, lui ne la ratera pas et mettra fin aux débats en récupérant un palet perdu en zone villardienne pour ajuster Favarin dans un trou de souris (4-5, 65'54").

Scénario renversant qui vient ponctuer une rencontre incroyable d'intensité entre Grenoblois et Villardiens, qui ont livré cette fois un vrai derby. De l'engagement, des buts, du spectacle et un suspense digne d'Hitchcock sont venus animer cette rencontre qui sentait bon les play-offs. La victoire s'est joué sur un détail, une cage vide incroyablement manquée par Rozenthal et sur la réussite du buteur Martin Masa. Les Villardiens seront certes déçus mais ont livré une partie exemplaire avec un engagement sans limite, face à un des ténors du championnat. Les Ours ont confirmé leur bonne tenue des dernières semaines à Ravix et ont montré que leur place au classement n'était pas méritée. Favarin s'est illustré devant sa cage tandis que Fleury et Tardif ont animé l'offensive. Dvorak s'est montré présent en défense et son lancer a fait des dégâts mais ses deux dernières pénalités sont arrivées à un bien mauvais moment. Le point de pris permet en tout cas à Villard de s'assurer définitivement sa place en play-offs et d'écarter ainsi tout danger de relégation.

Grenoble a encore frisé la correctionnelle ce soir comme une semaine plus tôt face à Dijon. Cette fois l'issue a été plus heureuse mais cela n'a tenu qu'à un fil. La fébrilité défensive affichée, après pourtant un bon départ, est inquiétante. D'autant plus que la supériorité numérique donne à nouveau des signes de raté. Certes, les Grenoblois n'ont pas été aidés par l'arbitrage ce soir mais ils se devront d'être plus disciplinés et rigoureux en play-offs car Villard a encore profité de nombreux contres ce soir. Heureusement Martin Masa et Baptiste Amar, les deux hommes en forme du moment, ont assuré l'essentiel et les Brûleurs de Loups sont toujours en course pour la première place.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Stéphane Barin (entraîneur-joueur de Villard-de-Lans) : "On est déçu, forcément, car on n'était pas loin de gagner. Mais on a livré un gros match, face à une grosse machine et on n'a pas à rougir. On a chacun eu sa période et on avait réussi à bien revenir dans un match engagé mais très respectueux. J'avais dit aux gars d'en profiter car ce genre d'événement n'arrive que deux à trois fois par an. Et malgré la défaite, on s'est régalé."

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "On est tombé sur une très bonne équipe de Villard et un arbitrage scandaleux, affligeant. Se battre contre de super-Villardiens n'était déjà pas simple, c'est devenu quasiment impossible avec de telles décisions à sens unique. Mais on remporte quand même ce match et on garde la possibilité de terminer premiers."

Jean-François Bonnard (défenseur de Grenoble) : "C'était un vrai derby. La différence avec Villard, c'est qu'on a un gros groupe qui ne doute pas. Eux cherchaient des points, nous la victoire, c'est la différence."

 

Villard-de-Lans - Grenoble 4-5 après prolongation (1-2, 1-0, 2-2, 0-1).

Samedi 3 février à 20h30 à la patinoire André-Ravix de Villard-de-Lans. 2000 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté d'Anne-Sophie Boniface et Guillaume Gielly.

Pénalités : Villard-de-Lans 26' (2', 6', 16', 2'), Grenoble 26' (6', 8', 12', 0').

Tirs : Villard-de-Lans 33, Grenoble 36.

Évolution du score :

0-1 à 07'07" : B.Bachelet assisté de Lindström

0-2 à 11'02" : Woods assisté de Paquet et Valcak

1-2 à 17'48" : Deschaume assisté de Dvorak et Châlons (sup. num.)

2-2 à 38'09" : Fleury assisté de Metro

2-3 à 42'01" : Masa assisté de Hecquefeuille et Woods

3-3 à 45'51" : Dvorak assisté de Rozenthal et Deschaume (sup. num.)

4-3 à 50'28" : Metro assisté de Tardif

4-4 à 58'00" : Amar assisté de Hecquefeuille et Broz (sup. num.)

4-5 à 65'54" : Masa

 

Villard-de-Lans

Gardien : Nicolas Nogaretto (jusqu'à 15'23" et de 45'41" à 45'51") puis Pascal Favarin (de 15'23" à 45'41" et à partir de 45'51").

Défenseurs : Nicolas Favarin (A) - Miroslav Dvorak ; Christopher Lepers (A) - James Jernberg ; Stéphane Barin - Stéphane Guillot-Diat.

Attaquants : Franck Billieras - Laurent Deschaume - Maurice Rozenthal ; Rich Metro - Romain Carry - Luc Tardif ; Damien Châlons - Damien Fleury - Alexandre Goncalves (C).

Remplaçants : Florian Pesce, Mathieu Leblond, Jérémie Borie, Cédric Guillot-Diat.

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi (sorti de 57'24" à 58'00", de 62'51" à 63'27" et de 63'37" à 64'51").

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Brad Woods ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Simon Bachelet - Teddy Trabichet ; Martin Millerioux.

Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz - Kévin Hecquefeuille ; Benoît Bachelet (C) - Roger Jönsson - Jimmy Lindström ; Cyril Papa - Christophe Tartari - Nicolas Antonoff ; Martin Paquet - Patrik Valcak - Sacha Treille.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Antonin Manavian.

 

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