Allemagne - Autriche (10 février 2007)

 

Match comptant pour la Skoda Cup, à Bâle.

Après deux ans d'absence, la Coupe Škoda revient en privilégiant pour de bon les rivalités régionales. Tout en permettant un dernier test grandeur nature avant les Mondiaux moscovites. Allemands et Autrichiens, tous deux rescapés du purgatoire de la division 1 en avril dernier, alignent ainsi deux escouades bâties sur des fondations différentes.

Rien que du classique du côté de Jim Boni malgré le forfait de ses trois meilleurs gardiens (Reinhard Divis, Bernd Brückler et Gert Prohaska), et celui de son capitaine habituel Dieter Kalt, touché la veille face aux Slovaques. Les autres cadres habituels, hormis les expatriés en Amérique du Nord, sont là sans oublier le nouveau naturalisé, le défenseur Jamie Mattie. L'Autriche aligne donc une formation rôdée et très "nationaliste" avec un seul expatrié, un Daniel Welser qui fut l'une des révélations du dernier Mondial estonien. Un deuxième larron était pourtant envisagé mais le puissant Christoph Brandner, relancé en DEL après plusieurs saisons chaotiques et tourmentées par les blessures, a justement dû déclarer forfait à cause de son dos toujours douloureux. Un coup dur pour Jim Boni et son staff qui se réjouissaient déjà de son retour mais qui ont dû finalement modifier leurs plans à la dernière minute. Ce match donne l'opportunité de voir l'attaquant Kevin Kraxner et le gardien Bernhard Bock, qui font leurs grands débuts internationaux. Ce test d'importance vise surtout à voir où en est l'équipe nationale, dans sa mouture quasi-définitive après une prestation certes convaincante à la Loto Cup. Mais beaucoup moins hier face aux Slovaques (2-6)...

Les Allemands restent pour leur part sur la lancée du Mondial amiénois. Une continuité voulue par le sélectionneur national Uwe Krupp, perpétuant à chaque sortie son noyau de jeunes talents fraîchement révélés. Quelques rares tauliers rescapés, comme Daniel Kreutzer ou le naturalisé tchèque Martin Ancicka, encadrent donc cette "classe-biberon" aux allures de bal des débutants. En attaque, la Nationalmannschaft reste relativement proche de celle envoyée à Amiens au printemps dernier. Seule différence notable, excepté l'absence évidente d'un Marco Sturm occupé à guerroyer en NHL, celle d'un Sven Felski forfait dans la semaine et remplacé par un certain Ronny Arendt, aperçu voilà trois ans à Villard-de-Lans et désormais en service du côté de Mannheim.

Prenant et captivant

Malgré son huitième revers de rang hier devant l'hôte suisse, l'Allemagne aborde son second derby sans retenue, en imprimant un rythme élevé et une intensité physique qui met d'entrée l'Autriche à la peine. Malmenés par la fougue adverse, les hommes de Jim Boni n'en mènent pas large et succombent rapidement sur le premier jeu de puissance du match. D'un lancer bien dosé à la bleue, Félix Petermann trouve la petite déviation de Petr Fical dans le slot (1-0 à 02'09").

Cette entrée en matière tonitruante ne freine pas le moins du monde les ardeurs des hommes d'Uwe Krupp, asphyxiant totalement des Autrichiens qui laissent toutefois passer l'orage en se reposant sur la supériorité intrinsèque de leur premier trio. Un retenir de Daniel Kreutzer (05'14") tombe à pic, et après une première alerte d'Oliver Setzinger, stoppée du gant par Dimitrij Kotschnew (05'36"), la pression autrichienne se concrétise sans tarder. Une pression trop forte pour la jeune garde allemande, rapidement réduite à trois et à constater l'égalité sur un slap que décoche le Canadien naturalisé Jeremy Rebek dans le petit filet droit (1-1 à 06'03").

Autour de son axe fort Rebek-Koch-Welser-Setzinger, l'Autriche tient un quatuor remarquable et profite à plein de la naïveté allemande, symbolisé par une nouvelle infraction du jeune défenseur de Cologne, Moritz Müller (06'36"). À force d'insister dans l'enclave avec ces quatre-là, l'Autriche finit par trouver de nouveau la faille sur une combinaison initiée par Setzinger, relayée par Koch sur le flanc droit, puis conclue par Welser sous le nez de Kotschnew. Net et sans bavures (1-2 à 07'54").

La présence du trio d'Oliver Setzinger, auteur d'une énorme activité, fait déjà pencher la balance. Pourtant, et malgré la fébrilité de leur arrière-garde, les Allemands tentent de résister mais n'entraperçoivent la cage de Bernhard Bock qu'en supériorité numérique. Un domaine où s'affirme le blueliner Felix Petermann, souvent à la base du danger avec son lancer frappé. Autrement, les Autrichiens affirment leur supériorité technique, voire physique devant des Allemands eux aussi adeptes de l'engagement total. Un engagement qui perd toutefois Moritz Müller, sonné par un forecheck appuyé de Patrick Harand (12'31").

Loin de ces premiers instants explosifs, l'expérience autrichienne se met doucement en marche et contient plus facilement l'envie allemande. Moins de solutions s'offre à la Nationalmannschaft et le danger reste constant pour elle. Et pas seulement en présence de Setzinger. Signe de cette griffe sur le match, ce powerplay gaspillé où Matthias Trattnig, pressant à la bleue, s'octroie un break sans toutefois déjouer le gardien né au Kazakhstan (17'44"). Une ultime pression initiée par un Daniel Kreutzer sur lequel se repose (trop ?) l'attaque allemande met Bernhard Bock à contribution dans les derniers instants. L'habituelle doublure de Prohaska à Villach sort sa plus belle mitaine pour capter la lourde reprise de l'obusier Anton Bader (19'20") et préserve le score. L'Autriche, malgré son départ poussif, a su retourner le défi physique à son avantage...

Les débats sont toujours aussi rythmés à la reprise et il suffit d'un puck dégagé sur un lancer contré de Philipp Gogulla pour que ce diable d'Oliver Setzinger ne récupère, temporise puis serve un Robert Lukas arrivant lancé comme une bombe pour fusiller les cordages (3-1 à 23'54").

Ballottés dans le jeu, les hommes d'Uwe Krupp mettent toutefois un point d'honneur à préserver une certaine intensité. Le défi physique reste ainsi omniprésent et pas toujours très licite. Les Autrichiens ne se font pas prier pour répondre et mettent à leur tour leurs adversaires en difficultés. À force de se reposer sur ses hommes d'expérience (notamment Fical et Kreutzer), la Nationalmanschaft tombe dans la stérilité, voire la nervosité. D'âprement disputé, ce match tend à devenir heurté et même haché pour refroidir les ardeurs des divers protagonistes. Et même dans ces conditions "extrêmes", l'Autriche tire inlassablement les marrons du feu, même en désavantage numérique ! Une incompréhension à la bleue entre Björn Barta et deux autres de ses congénères sert les desseins du "barbichu" Markus Peintner, lequel n'a plus qu'à s'avancer pour effacer du revers un Dmitrij Kotschnew livré à lui-même (4-1 à 34'02").

La tournure est désormais très mal engagée pour Uwe Krupp et sa bande. Certains, comme le massif canadien naturalisé John Tripp, ayant carrément disparu de la circulation, d'autres, comme Daniel Kreutzer, payent de leur personne et se démultiplient sur le front de l'offensive. Un abattage qui n'est pas vain, la tension ne faiblissant pas sur la glace et chacun s'engageant à la limite de la régularité. Les cachots ne désemplissent pas, et à force de tirer sur la corde, celle-ci cède. Les Allemands réduisent le score en powerplay sur une passe latérale de Yannic Seidenberg, déviée subtilement par Björn Barta dans l'enclave (4-2 à 39'45").

Le contexte reste tout aussi engagé à l'entame du dernier acte. Si l'Autriche reste dominatrice dans le jeu, sa discipline laisse en revanche à désirer. Assurément le gros point noir de la soirée pour Jim Boni. Cela se paye évidemment en cachots sonnants et trébuchants et, bientôt, en but allemand. À force d'allumer les mèches en défense, les Philipp Gogulla, Michael Wolf et autres Martin Ancicka vont finir par trouver la faille sur un lancer d'Ancicka que Wolf dévie dans la cage de Bock (3-4 à 46'12"). Le but est néanmoins attribué à Christoph Ullmann.

Grâce aux indisciplines chroniques de leurs cousins germains, les Allemands reviennent pleinement dans le coup et traduisent ce regain par une présence accrue aux avant-postes. Moins portés sur les duels, les coéquipiers de Daniel Kreutzer retrouvent alors leurs facilités initiales et prennent à nouveau de vitesse une défensive autrichienne aux abois. Évidemment, la montée de sa ligne de parade permet à l'Autriche de respirer mais, globalement, ce sont les Allemands qui pressent. Affublé de responsabilités dans cette défense dégarnie, Félix Petermann se montre entreprenant en attaque et force Bernhard Bock à sortir son tir du poignet du bout du gant (52'51").

Malgré l'enjeu de cette fin de partie, l'intensité à baissé d'un bon cran en raison de l'énergie déployée de part et d'autres. C'est en fait surtout le cas côté autrichien où l'application défensive a subi, durant ces dernières minutes, une nette régression. La rapidité allemande fait donc son œuvre et la lumière jaillit d'un de ses plus beaux fleurons, l'espoir Philipp Gogulla qui, d'un tour de cage supersonique, sert sur un plateau son leader Daniel Kreutzer, à l'affût dans le slot. Arguant la présence du maître à jouer de Düsseldorf dans la zone, les Autrichiens contestent dans un premier temps mais doivent se rendre à l'évidence. Le but est validé (4-4 à 57'38").

Ce retour quasi-inespéré récompense la vaillance de la Nationalmannschaft. La fin de partie est pleinement relancée, pense-t-on, mais c'est sans compter sur cette diabolique première ligne autrichienne qui, d'un coup de patin, redonne une longueur d'avance. Il suffit d'une petite passe renversée de Daniel Welser pour semer la zizanie dans le corps défensif et lancer en profondeur un Oliver Setzinger alliant vitesse et efficacité pour glisser son revers entre les bottes de Kotschnew (4-5 à 58'08"). L'attaquant viennois, proprement injouable ce soir, enfonce une dernière fois le clou en servant le caviar à Philipp Lakos alors que le cage germanique s'était vidée de son occupant (4-6 à 58'51").

Inutile de chercher longtemps la raison de ce succès autrichien. Certes, l'Autriche alignait une escouade infiniment plus expérimentée mais la principale différence est venue du rendement de son premier bloc. Avec un Jeremy Rebek intraitable à l'arrière et un Oliver Setzinger constamment menaçant avec ses compères Thomas Koch et Daniel Welser, l'Autriche disposait d'un outillage auquel l'Allemagne, trop tendre, ne pouvait prétendre. Est-il besoin de préciser que le buteur des Vienna Capitals fut désigné joueur par excellence de ce match ?

Malgré un départ tambour battant, l'enthousiasme de sa jeune garde et une certaine volonté de pimenter les débats, l'inexpérience s'est fortement ressentie dans les moments cruciaux et les troupes d'Uwe Krupp n'ont pas toujours su répondre aux arguments adverses. John Tripp, par sa lenteur et son attentisme, eut un impact négligeable ce soir, alors que Ronny Arendt fut bien discret. Autour d'Andreas Renz et Martin Ancicka, la base défensive ne fut pas un modèle de régularité malgré la bonne tenue du défenseur de Nuremberg, Felix Petermann. Ce fut également une soirée éprouvante pour Dimitrij Kotschnew, qui a sans doute perdu quelques points dans sa lutte l'opposant à Oliver Jonas, plus en verve face aux Suisses.

Forte de son expérience et de son collectif plus éprouvé, la sélection de Jim Boni n'a jamais refusé le contact. Au point d'en subir les conséquences en récoltant plus d'infamies qu'à son tour. Peu inquiétés lorsqu'ils ont contenu la vivacité allemande, les Autrichiens ont donc manqué de constance et se sont donc fait de belles frayeurs en fin de match. Ils tiennent là un succès toujours valorisant devant leur ennemi de toujours. Même si cela s'est fait dans une ambiance tristement confidentielle.

Désignés joueurs du match : Michael Bakos pour l'Allemagne et Oliver Setzinger pour l'Autriche.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Il n'y a aucune excuse pour la manière dont nous avons perdu. Cela n'a rien à voir avec l'inexpérience. Il est rageant d'avoir permis aux Autrichiens de gagner peu avant la fin. Dans les matches importants, nous faisons toujours des erreurs qui nous font perdre. Cela n'est pas une question de talent, mais d'intelligence. Nous devons maintenant commencer à apprendre."

Jim Boni (entraîneur de l'Autriche) : "Notre objectif aujourd'hui était de tenir le rythme durant soixante minutes et de nous concentrer. Nous sommes heureux de cette victoire, pour une petite nation comme l'Autriche toute victoire contre une grande nation est importante. Nous devons encore travailler et utiliser chaque possibilité de nous améliorer."

 

Allemagne - Autriche 4-6 (1-2, 1-2, 2-2)

Samedi 10 février 2007 à 16h00 à la St.Jakob-Arena de Bâle (SUI). 567 spectateurs.

Arbitres : Nadir Mandioni (SUI) assisté de Nicolas Fluri et Dany Wirth (SUI).

Pénalités : Allemagne 16', Autriche 18'.

Tirs : Allemagne 21, Autriche 29.

Évolution du score :

1-0 à 02'09" : Fical assisté de Petermann et Bader (sup. num.)

1-1 à 06'04" : Rebek assisté de Ph. Lukas et Welser (sup. num.)

1-2 à 07'54" : Koch assisté de Ph. Lukas (sup. num.)

1-3 à 23'55" : R. Lukas assisté de Setzinger

1-4 à 34'02" : Peintner

2-4 à 39'43" : B. Barta assisté de Renz

3-4 à 46'12" : Ullmann assisté d'Ancicka (sup. num.)

4-4 à 57'38" : Kreutzer

4-5 à 58'09" : Setzinger assisté de Welser et Rebek

4-6 à 59'05" : P. Lakos assisté de Setzinger et Koch

 

Allemagne (2' de banc mineur)

Gardien : Dmitrij Kotschnew (sorti de sa cage de 58'09" à 59'05").

Défenseurs : Rainer Köttstorfer - Michael Bakos ; Andreas Renz (C, 2') - Martin Ancicka ; Lasse Kopitz - Moritz Müller (2') ; Félix Petermann - Anton Bader.

Attaquants : Ronny Arendt - Alexander Barta - Daniel Kreutzer (A, 2') ; John Tripp (A, 2') - Björn Barta - Yannic Seidenberg ; Eduard Lewandowski - Christoph Ullmann (4') - Michael Wolf ; Alexander Polaczek - Petr Fical - Philipp Gogulla (2').

Remplaçant : Oliver Jonas (G).

Autriche

Gardien : Bernhard Bock.

Défenseurs : Robert Lukas (A) - Jeremy Rebek (2') ; Jamie Mattie (2') - André Lakos (4') ; Philippe Lakos (2') - Mike Stewart (A, 2') ; Gerd Gruber (2') - Martin Oraze.

Attaquants : Daniel Welser - Thomas Koch - Oliver Setzinger ; Matthias Trattnig - Phillipp Lukas - Gregor Baumgartner ; David Schuller (2') - Raimund Divis - Patrick Harand ; Markus Peintner - Roland Kaspitz - Kevin Kraxner.

Remplaçant : Patrick Machreich (G). Absents : Dieter Kalt, Sven Klimbacher.

 

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