Épinal - Chamonix (24 février 2007)

 

Play-offs de la Ligue Magnus 2006/07, premier tour, match 1.

Le coup de grâce...

Folklorique ! En quelques jours, Épinal aura subi de plein fouet, à l'instar des autres clubs de Ligue Magnus, les nouvelles péripéties de l'imbroglio dijonnais. Avec l'ultime rebondissement de la veille, c'est finalement la jeune garde chamoniarde qui est proposée à des Spinaliens émoussés.

S'ils furent eux aussi dupés par le brassage désespéré de Dijon et préparés mentalement à croiser le fer avec leur ancestral rival (Saint-Gervais/Megève), les Chamois ne craignent personne et abordent cette première manche sans complexes. En appliquant d'entrée leurs préceptes, les Haut-Savoyards perturbent des Spinaliens fort laborieux et toujours privés de Luc Mazerolle et Michal Petrak. Les Chamois s'efforcent ainsi de faire vivre la rondelle mais ratent une première fois la cible, sur une montée de Tobias Granath et un rebond mal ajusté par son compatriote Tobiasson-Harris (05'25").

Sous les coups de boutoir des insaisissables Plch et Simko, l'ICE maintient toutefois un certain danger en zone chamoniarde mais souffre d'un manque criant de relève. Il faut que Jan Plch prenne les choses en main et provoque lui-même une pénalité (06'04") pour que le deuxième trio réponde enfin présent et applique à son tour une pression plutôt soutenue en supériorité numérique. Le soufflé retombe certes très vite lorsque la faible troisième ligne entre en jeu mais Épinal semble, au fil des minutes, prendre un léger ascendant sur des visiteurs joueurs et toujours prompts à se lancer en contre-attaques.

Les Chamois seront les premiers à craquer sur une montée anodine du deuxième trio et un tir sans conviction apparente du touriste Milan Buda. Le portier Radek Lukes reste stoïque mais relâche toutefois un rebond suspect, qui lui revient sous la forme d'un tir à ras de glace filant entre ses bottes, signé du vieux briscard Jan Bohacek (1-0 à 13'03").

Un mental en question

Chamonix devient alors plus nerveux et alterne période de soumission (en présence de Jan Plch et consorts) et relative accalmie lors de trois infériorités numériques quasi-successives. Car à Épinal, toutes les lignes ne se valent pas. Cela s'illustre d'ailleurs sur une séquence où sa légendaire troisième ligne perd le palet en zone d'attaque et laisse filer Aram Kevorkian sur l'aile droite. Nul ne sait alors ce qui passe par la tête de Stanislav Petrik, mais le cerbère slovaque, dans une sortie totalement inconsidérée, se jette dans la gueule du loup et se fait ensuite éliminer par un Kevorkian n'ayant plus qu'à finir le travail dans une cage vide (1-1 à 19'30").

Décrié depuis de longues semaines pour son implication douteuse, Milan Buda semble effectivement avoir la tête ailleurs. Le touriste tchèque ne devait sûrement pas l'avoir à son match lorsqu'il intercepta une relance adverse en zone offensive et se présenta, seul, devant Radek Lukes. Peut-être s'est-il pris, l'espace d'une poignée de secondes, pour le joueur qu'il n'est pas en tentant de confondre son compatriote d'un geste bien trop difficile à réaliser (21'12").

Après quelques secondes d'interruption, histoire que la glace fatiguée de Poissompré reprenne quelques couleurs, l'ICE tente malgré tout de perpétuer son semblant de domination territoriale. Chamonix est ainsi loin d'être dans les cordes et tente d'exploiter chaque situation favorable (une présence de la troisième ligne notamment) pour aller de l'avant. Il suffit aux Chamois de glaner un face-off en zone offensive et à Alexandre Audibert de prendre le retour de Clément Masson pour scorer entre les bottes de Stanislav Petrik (1-2 à 24'37").

Chamonix flaire alors le bon coup, surtout que les Spinaliens démontrent (déjà !) une désagréable sensation de résignation. Les visiteurs travaillent alors sans relâche et chaque duel tombe indubitablement dans leur escarcelle. Leur powerplay a donc tout loisir de s'exprimer. Il se heurte cependant à un Stanislav Petrik certes livré à lui-même, mais fort habile à déjouer ce déluge de plomb. À l'instar de cet essai à bout portant d'Yven Sadoun, qu'il bloque de la mitaine (31e).

Ce siège relativement soutenu n'aboutit finalement à rien et ce sont même les Dauphins qui manquent de tirer les marrons du feu sur deux contres en désavantage numérique. Comme par hasard, on retrouve souvent les mêmes, notamment un Jan Plch certes moins brillant qu'à l'accoutumée, mais toujours aussi redoutable en un-contre-un. Sur le rebond qui s'en suit, le puck saute devant Listiak et l'ancien d'Extraliga rate une cage vide toute cuite (34e). Idem pour le capitaine Guillaume Chassard, frustré en breakaway par le lancer de bottes d'un Radek Lukes très solide (33'46"). Et ce n'est pas lors de leur seul jeu de puissance de cette période (35'47" sur un accrocher de Martin Toms) que l'équilibre sera rétabli. Milan Buda, servi dans l'intervalle par l'inévitable Jan Plch, hérite ainsi de la seule occasion franche mais ne peut bonifier son revers (36'07").

Tout ceci fait les affaires de Chamonix qui s'attelle à intelligemment gérer son avance sur les dernières minutes de la période. Un peu trop cependant et à trop faire circuler le disque en zone offensive, les Chamois s'exposent à un contre meurtrier conjointement mené par Milan Buda et Jan Simko. Les deux Slaves signent un "une-deux" de belle facture et l'ancien Tourangeau conclut au second poteau pour créer une égalité inespérée (2-2 à 39'10"). Aussi inespérée qu'indigeste pour le rugueux Martin Toms, qui se laisse submerger par l'émotion en châtiant, sans raisons apparentes, Simko après le gong (40'00")...

Jan Simko semble être le seul à pouvoir faire la différence. Sur sa lancée de son hat-trick à Angers dans la semaine, le Slovaque supersonique, habituellement peu efficace devant le filet, semble avoir ajouté une nouvelle corde à son arc : le réalisme. Surgissant des confins de sa zone défensive, il quitte sa rampe de lancement et reprend imparablement le rebond lâché par Lukes (3-2 à 40'26"). Parfois fustigé pour son manque de lucidité, Simko est ce soir la bougie d'allumage de l'ICE et ne cesse de harceler une défensive aux abois.

Secoués par cette entame explosive, les Chamoniards courbent l'échine et tentent de s'en remettre à leur vivacité de ses espoirs et à l'aisance technique de leur leader Richard Aimonetto. Malgré quelques belles percées, l'ex-international ne voit pas son activité être payée en retour. La confiance semble avoir ainsi changé de camp mais les Dauphins restent à portée de fusil d'un CHC finissant par retrouver ses aises en zone offensive et Aimonetto, d'une passe transversale sans bavures, décale Damien Torfou, placé dans le haut de l'enclave. Masqué, Stanislav Petrik se fait ainsi surprendre par le lancer à ras de glace du jeune arrière chamoniard (3-3 à 50'48").

En-dedans durant une bonne partie du match, Jan Plch ressurgit dans le "money-time" et une seule accélération suffit à expédier Damien Torfou au cachot (54'10"). Le vétéran slovaque reprend alors le flambeau de Jan Simko, sans que la réussite ne soit au rendez-vous à l'instar cette reprise de Guillaume Papelier heurtant le montant gauche de Lukes (54'25"). Le cerbère révélé à Gap ne lâchera plus rien en cette fin de match et pas même Plch, sur une reprise à bout portant, ne saura déjouer sa vigilance (56'03").

Épinal se fait hara-kiri

Les coéquipiers de Tobias Granath ont bien une dernière opportunité d'esquiver la prolongation mais leur ultime supériorité numérique reste lettre morte malgré un slap d'Aram Kevorkian sur le montant droit de Stanislav Petrik (58'15"). Inutile d'insister sur le caractère dramatique d'une mort-subite. En pareil cas, l'expérience fait souvent la différence et Richard Aimonetto provoque la faute de Jan Simko (60'42")...avant qu'un surnombre bien inopportun ne vienne rétablir la parité (61'48"). Avec trois hommes de part et d'autre, les espaces se libèrent et l'ombre de Jan Plch se met à dangereusement planer sur la zone chamoniarde. Et davantage lorsque Miroslav Böhme prend son tour de garde sur le banc d'infamie (63'51").

Mais voilà, les Dauphins ne s'appliquent pas assez sur leurs tentatives et enchaînent les imprécisions. Ce constat ne s'applique pas seulement aux lancers, rarement cadrés, et Peter Listiak, qui ne fut pas à une approximation près ce soir, ne fait pas l'effort suffisant et laisse stupidement sortir le disque en zone neutre. Ni une ni deux, le col-bleu Emil Tobiasson-Harris s'en empare et résiste à un retour de l'arrière pour planter son revers dans le haut du but, sur la droite d'un faible Petrik (3-4 à 64'50").

Malgré leur inconstance et une fâcheuse propension à tendre le bâton pour se faire battre, les hommes de Pierre-Yves Eisenring auraient pu prétendre à la victoire. Il aurait fallu pour cela être efficace en jeu de puissance (aucune réussite ce soir) et surtout plus appliqués. Au contraire de Chamoniards constamment sur la brèche et adeptes d'un patinage de tous les instants, les Vosgiens ont clairement pêché par manque d'implication collective. Mais surtout individuelle, notamment chez certains mercenaires. Privés de centres d'impact, les Spinaliens ont également souffert aux mises au jeu et durent tirer sur la corde en abrégeant les temps de repos de leurs cadres, notamment le premier bloc. Un moindre mal compte tenu de l'inconsistance récurrente de cette légendaire troisième ligne, aussi bien défensivement avec la paire Strapaty-Ilic qu'au centre avec un Anthony Maurice fidèle à lui-même... Remplaçant au pied-levé Michal Petrak, Tomas Jelinek fut inexistant aux côtés d'un Jan Plch en deçà de ses performances habituelles mais qui prit toutefois ses responsabilités en fin de match. Jan Simko sut utiliser à bon escient son pouvoir d'accélération, le complétant avec une réussite très satisfaisante. Guillaume Chassard travailla pour deux sur sa ligne, le nonchalant Milan Buda n'étant visiblement plus guère concerné par la situation.

En misant sur un alignement nettement plus homogène et une occupation efficace de la zone neutre, Chamonix sut s'adjuger une première manche indécise jusqu'au bout. Autant diminués que leurs adversaires (absences de Pain et Hrehorcak), les Chamois n'ont pas lésiné sur les efforts, et si aucune individualité ne se détacha clairement du lot, Richard Aimonetto prêcha la bonne parole en signant et là quelques actions d'éclat. Radek Lukes fut déterminant en fin de match et ses coéquipiers mirent finalement plus de cœur à l'ouvrage. Il suffit de ça, parfois, pour faire la différence en playoffs...

La série se déplace désormais vers la Haute-Savoie et les Chamois regagneront leurs sommets avec le gain de la première manche. Et connaissant leurs facultés à domicile, cela risque d'être compliqué pour ces Spinaliens-là...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Chamonix 3-4 après prolongation (1-1, 1-1, 1-1, 0-1)

Samedi 24 février 2007 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 800 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Damien Bliek et Benjamin Gremion.

Pénalités : Épinal 14' (4', 6', 2', 2'), Chamonix 30' (10', 14', 2', 4').

Tirs : Épinal 40 (14, 13, 11, 2), Chamonix 44 (12, 18, 10, 4).

Évolution du score :

1-0 à 13'03" : Bohacek

1-1 à 19'30" : Kevorkian assisté de Granath et Lukes

1-2 à 24'37" : Audibert assisté de Lebey et Masson

2-2 à 39'10" : Simko assisté de Buda (inf. num.)

3-2 à 40'26" : Simko assisté de Plch

3-3 à 50'48" : Torfou assisté d'Aimonetto et Sadoun

3-4 à 64'50" : Tobiasson-Harris (inf. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Listiak - Peter Slovak ; Jan Bohacek - Radoslav Regenda ; Peter Strapaty - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Tomas Jelinek - Jan Plch (A) ; Guillaume Papelier - Milan Buda - Guillaume Chassard (C) ; Lionel Simon - Anthony Maurice (A) - Sébastien Geoffroy.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Anthony Pernot, Kevin Benchabane. Absents : Luc Mazerolle (fracture de la clavicule), Michal Petrak (suspendu).

Chamonix

Gardien : Radek Lukes.

Défenseurs : Rastislav Böhme, Martin Toms, Anders Torgersson, Damien Torfou (A), Maxime Claret-Tournier.

Attaquants : Kévin Maresca - Richard Aimonetto (C) - Yven Sadoun ; Tobias Granath - Emil Tobiasson-Harris - Aram Kevorkian (A) ; Clément Masson - Julien Lebey - Alexandre Audibert.

Remplaçant : Andy Foliot (G). Absents : Erwan Pain (ligaments croisés, saison terminée), Vivien Renson (épaule), Mathieu Séguy, Peter Hrehorcak.

 

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