Quart de finale de la Ligue Magnus - Match n°1.

La soirée commence par quelques embouteillages pour arriver à l'île Lacroix. Depuis que le pont Corneille a connu de nouveaux travaux, une voie a été supprimée. Et comme par hasard, c'est la voie avec la flèche à droite au feu pour entrer sur l'île... Certains me diront que je n'ai qu'à me garer en dehors mais je n'avais pas envie de marcher sous la pluie, car il pleut ce soir. Et sur la station choisie de mon modeste autoradio, on peut entendre un sketch de circonstance de Franck Dubosc qui déclame : "Pastis par temps bleu : pastis délicieux. Pastis par temps pluvieux : bah, allez, pastis quand même !" Et ce n'est pas Henri Bardouin qui me contredirait...

Bon, le carrosse est stationné (et pas devant une borne incendie ou un garage, n'est-ce pas ?), les chevaux vont rester sages jusqu'à mon retour et je fais plusieurs mètres pour gagner l'entrée de la patinoire. Là, un autre de mes petits plaisirs qu'il faut que je vous confesse : j'adore me faire poinçonner (la carte). Mais le moment est trop bref à mon goût. Bah, je reviens demain après tout. Les habitués de ma carrée sont presque tous là mais on dirait, en regardant les autres tribunes, que le match ne va pas faire le plein. Il est pratiquement huit heures et les deux formations sont arrivées sur la glace dans la pénombre, mais sous de vives ovations.

La bonne idée est qu'un genre de chandelle d'anniversaire est distribué et que ces bougies sont allumées quand les Dragons sortent du nuage de fumigène. Bon, ça sent un peu (pas quand les Dragons sortent, les bougies) mais c'est beau, enfin je trouve. Cependant, il semble qu'il y ait un petit problème. L'éclairage tarde à se rallumer au-dessus de chaque but et quelque chose semble suinter du toit de la patinoire, pratiquement au centre de la glace. Ce sont en fait les trombes d'eau qui s'abattent, pour une fois, sur la ville qui causent cette fuite. C'est alors que Kimmo Salminen, qui est bien sûr équipé, quitte le banc avec un parapluie ouvert pour aller voir de plus près ce qu'il se passe. Ah celui-là, nous ne sommes pas prêt de l'oublier une fois qu'il sera parti... En fait, les gouttes qui tombaient finissaient par creuser la glace lors de l'impact avec le sol. Les officiels ont donc fait attendre les deux formations jusqu'à ce que ce problème soit résolu (dans la vie, il n'y a pas de problèmes mais que des solutions, à méditer). L'éclairage étant revenu au maximum, le match peut enfin démarrer à huit heures quinze (heureusement que les Angevins couchent là ce soir).

Les deux équipes semblent franchement tendues pour ce début de série. D'ailleurs, les Ducs font énormément de fautes. Les Rouennais vont passer près de huit minutes en supériorité numérique sans arriver à placer le moindre point : incroyable ! C'est à se demander s'ils ont bossé cette phase de jeu à l'entraînement... De plus, Ville Koivula a l'air particulièrement bien inspiré ce soir. Si Rouen est quelque fois franchement balbutiant dans ce premier tiers, cela n'enlève en rien les énormes arrêts du portier finlandais.

Nous sommes désormais au deuxième tiers-temps et Éric Fortier est sanctionné par Alexandre Hauchart pour avoir chargé avec la crosse. Il faudra quasiment 90 secondes pour que l'Estonien Lauri Lahesalu ouvre le score depuis la ligne bleue d'un lancer masqué (0-1). Ca commence mal quand on sait l'importance que cela engendre d'ouvrir la marque dans un match de hockey... Dès lors, Les Dragons se retrouvent obligés de pousser un peu plus pour revenir dans la partie, mais ils font l'erreur de toujours lancer alors que Koivula a une excellente visibilité. Rouen ne tente aucun tir masqué ni aucun tir dévié. Dans ce cas, le score en reste là à la fin de la deuxième période.

Le troisième tiers reprend sur un coup de boule de Tomas Baluch, qu'est-ce qui a pu lui passer par la tête ? Le voila renvoyé au vestiaire. Rouen va alors évoluer encore cinq minutes en supériorité numérique. Et la délivrance arrive sur un rebond pris par Marc-André Thinel (1-1, 45'39"). Plus qu'un long discours, voici les images. Lors de la quarante-septième minute de jeu, Monsieur Hauchart indique une pénalité différée en faveur d'Angers. Koivula s'empresse de regagner son banc afin que les Ducs jouent avec un bonhomme de plus et Guillaume Drozdz, après une passe de Simon Lacroix, envoie une deuxième mine de la bleue qui finit à nouveau dans le cordage rouennais (1-2, 46'53")... Tout est à refaire ! Peu après la mise en jeu, Éric Fortier se lance dans le jardinage. Le voila exclu de la partie, à son tour, pour piquage cette fois-ci ! Détail amusant, le protège-dents du joueur angevin reste un moment seul abandonné sur la glace. Un protège-dents en blanc et bleu, aux couleurs d'Angers : que de soucis dans le détail, messieurs !

Je plaisante et le temps passe et n'arrange pas nos affaires (moi, subjectif, non...). C'est finalement sur un coup de billard que les noir et or vont réussir à égaliser, un tir non cadré de Quessandier dévié par le corps de Sébastien Thinel (2-2, 51'41"). À nouveau, un aperçu de l'action. Vous connaissez le proverbe "jamais deux sans trois". C'est ce qui est arrivé à Ramon Sopko ce soir. Troisième lancer à la bleue (cette fois-ci par Jeff Jodoin) et troisième filet pour les Ducs (2-3, 56'26"). Ce soir, Ramon me fait penser aux faiblesses qu'avait Petri Ylönen sur les tirs de loin. J'ai les images des buts de Hartogs ou de Pellegrims qui me reviennent en mémoire lors de la finale retour de 1995 contre Brest...

Enfin, encourager son équipe lors des moments difficiles, telle est ma modeste contribution pour soutenir "les bohisses". Cela finit par payer car Jeff Jodoin commet la faute qu'il n'aurait pas dû (58'55"). Alain Vogin décide alors de faire sortir Ramon Sopko pour jouer à six contre quatre. D'habitude : ça foire. Mais là, voici ce que cela donne à 27 secondes du coup de klaxon final : une passe en retrait de Desrosiers est reprise à bout portant par Sébastien Thinel.

Déjà, le match avait démarré avec quinze minutes de retard, et nous voici parti pour dix minutes de rab' (minimum) à quatre contre quatre. Et la prolongation ne donnera rien... Mis à part quelques belles petites actions et ceci. Alors, le lancer de Marc-André Thinel est-il rentré ou pas ? Personnellement, j'aimerais bien que les buts soient à nouveau équipés des filets que Monsieur Art Ross avait créés en 1925. Rappelez-vous, ce genre de cordage était encore utilisé il y a une quinzaine d'années. Les buts étaient équipés d'un filet qui pendait à l'intérieur de la cage et cela avait pour but d'amortir le palet, ce qui l'empêchait bien sûr de ressortir aussitôt.

En tout cas, si Rouen perd le match lors des tirs au but, cela risque de faire longtemps grand bruit. Heureusement pour les Normands, ils ont de la réussite dans cet exercice en play-offs, sauf une seule fois (de mémoire), face à Amiens en quarts en 2005. Grâce encore une fois à Tigrou 7602, voici la séance en vidéo.

Éric Doucet ouvre le bal avec un mouvement fluide terminé du revers, mais Tessier répond aussitôt en tirant sous les jambières de Sopko.

Sébastien Thinel tente l'action symétrique de Doucet, mais Koivula ne prend pas du tout à la feinte. Guillaume Rodrigue manque de tomber au passage de la bleue et se rattrape in extremis. Ramon Sopko ne se laisse pas déconcentrer par cette pitrerie et repousse sans ménagement le tir avec sa botte. Kimmo Salminen est attendu mais il tire hors cadre, et Jonathan Bellemare n'a pas plus de réussite. Julien Desrosiers place le palet derrière lui en passant entre les cercles, mais cette amorce de lancer n'a pas trompé Koivula qui reste placé et fait barrage à l'international. Juho Jokinen essaie de viser entre les bottes, mais Sopko ferme la porte.

Plus qu'un tireur de chaque côté, et en talent technique, les Dragons semblent avoir plus de ressources. Leur dernier homme s'appelle en effet Marc-André Thinel, et il déporte complètement Koivula sur la droite pour re-feinter à gauche au dernier moment et pousser le palet dans le filet ouvert. Dur de faire aussi bien pour Martin Lacroix. Le capitaine angevin réussit une belle feinte mais il n'arrive pas à conclure au-dessus de Sopko qui a parfaitement déployé ses jambières.

La première manche est rouennaise. Les Ducs sortent tous la tête basse. Il faut dire que mener trois fois au score et quitter la glace sans rien récolter, cela ne doit pas être vraiment facile à digérer. Comment vont-ils réagir demain ?

Compte-rendu signé Christophe Boulven

Rouen - Angers 3-3 (0-0, 0-1, 3-2, 0-0) / 2-1 aux tirs au but

Vendredi 2 mars 2007 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2300 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Savice Fabre et Matthieu Loos.

Pénalités : Rouen 49' (8', 12', 4'+5'+20'), Angers 57' (14', 8', 8'+5'+20', 2').

Évolution du score :

0-1 à 26'09" : Lahesalu assisté de Jokinen et Baluch (sup. num.)

1-1 à 45'39" : M.A. Thinel assisté de Desrosiers et Fortier

1-2 à 46'53" : Albert assisté de S. Lacroix

2-2 à 51'41" : S. Thinel assisté de Quessandier et Salminen

2-3 à 56'26" : Jodoin assisté de Tessier et M. Lacroix

3-3 à 59'33" : S. Thinel assisté de Desrosiers et Salminen (sup. num.)

Tirs au but :

Rouen : Doucet (réussi), S. Thinel (arrêté), Salminen (au-dessus), Desrosiers (arrêté), M.A. Thinel (réussi).

Angers : Tessier (réussi), Rodrigue (arrêté), Bellemare (arrêté), Jokinen (arrêté), M. Lacroix (arrêté).

Gardien : Ramon Sopko (sorti de 58'55" à 59'33").

Défenseurs : Daniel Sedlak - Nicolas Besch (A) ; Vesa Ponto - Sami-Ville Salomaa ; Benoît Quessandier.

Attaquants : Sébastien Thinel - Éric Doucet (A) - Marc-André Thinel (C) ; Kimmo Salminen - Julien Desrosiers - Éric Fortier ; Thibault Geffroy - Édouard Dufournet - Tristan Lemoine.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Kévin Igier, Fabien Veydarier, Damien Raux, Alexandre Lefebvre, Yvan Fontana, Lionel Tarantino. Absent : Daniel Carlsson (mollet).

Gardien : Ville Koivula.

Défenseurs : Simon Lacroix (A) - Michael Irani ; Jean-François Jodoin - Lauri Lahesalu ; Guillaume Drozdz - Patrik Bärgman.

Attaquants : Mickaël Tessier - Jonathan Bellemare - Guillaume Rodrigue (A) ; Tomas Baluch - Martin Lacroix (C) - Julien Albert ; Juho Jokinen - Radek Hovora - Mickaël Bardet.

Remplaçant : Florian Hardy (G).

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