Grenoble - Briançon (20 mars 2007)

 

Demi-finale de la Ligue Magnus - Match n°5.

Après le retour grenoblois dans le match 4, c'est finalement avec un cinquième match décisif que Grenoblois et Briançonnais vont devoir se départager afin d'accéder à la finale. Le ballottage, favorable à Briançon après le troisième match, est désormais en faveur des Brûleurs de Loups qui ont l'avantage de la glace pour cette cinquième manche. Un avantage qui permettra aux locaux de bénéficier de l'appui de leur supporters, toutes les places disponibles à Pôle Sud s'étant vendues en deux heures trente !

Pas de place cette fois aux altercations en ce début de match, les deux équipes jouent le jeu à fond et prennent garde à ne pas commettre de fautes connaissant l'importance des jeux de puissance. Le jeu se développe essentiellement en zone neutre avec très peu d'ouvertures de part et d'autre. La première alerte sérieuse sur Bronsard vient d'un tir en pivot de Roger Jönsson avant que Gary Levêque ne réplique sur un contre emmené par Martin Filip. Les deux équipes procèdent essentiellement par contres et Martin Masa met ainsi à contribution Christian Bronsard qui doit faire face également au rebond repris par Bonnard. La pression grenobloise conduit à une première pénalité de Royer. Les Grenoblois installent rapidement le jeu de puissance, le palet tourne, Hecquefeuille se procure une première occasion de près avant qu'une reprise de volée d'Amar ne transperce Bronsard, masqué par un écran de Masa (1-0, 05'12"). Briançon a rapidement l'occasion de remettre les compteurs à zéro puisque Woods écope à son tour d'une pénalité pour une obstruction sur Terglav. Mais le jeu de puissance haut-alpin est moins efficace et le box play local bien en place. Malgré un tir de Royer, la pénalité est bien tuée par les unités spéciales grenobloises, au sein desquelles figurent Cyril Papa et Christophe Tartari comme lors du match 4 à Briançon.

Edo Terglav, encore l'un des Briançonnais les plus actifs ce soir, obtient une nouvelle pénalité cette fois sur Antonin Manavian. Bis repetita malgré une occasion de Sleigher, le jeu de puissance briançonnais est gêné par une unité à quatre bien en place du côté de Grenoble. De nouveau à égalité numérique, Broz emmène un contre que Benoît Bachelet puis Valcak ne parviennent pas à conclure... Les pénalités animent la fin du tiers avec un jeu à quatre fréquent de part et d'autre. Mais ni Amar ni Royer ne parviennent à cadrer leur tir alors qu'ils étaient en bonne position. Sur une contre-attaque, Terglav sollicite Ferhi mais aucune des deux équipes ne concrétise en avantage numérique. Sur le coup de sirène, Royer se fait sanctionner pour avoir bousculé Jönsson avant de se faire balancer à son tour par Woods. Le décor est planté pour la deuxième période.

Les hommes de Gérald Guennelon débutent donc la seconde période en supériorité numérique mais malgré les efforts de Broz, ils ne parviennent pas à faire la différence sur le jeu de puissance. Ce même Broz, se trouve l'auteur d'une faute inutile sur Szelig en zone offensive grenobloise. Petite cause, grands effets puisqu'après un bon jeu de puissance briançonnais, un tir de Petr Kratky est dévié devant les cages par Perez, trompant ainsi Eddy Ferhi (1-1, 24'50"). Les Brûleurs de Loups tentent de réagir immédiatement avec une grosse pression dans la zone briançonnaise mais les Diables rouges procèdent par contres difficiles à maîtriser à l'instar du rapide Sébastien Rohat, très en vue ce soir. Woods écope de deux nouvelles minutes de prison et une petite altercation entre Bonnard et Kratky fait monter la tension du match. Grenoble parvient à tuer la pénalité de Woods mais subit la pression des hommes de Luciano Basile qui déstabilisent la défense grenobloise à l'image de Terglav, véritable poison. À force de pousser, les Diables vont parvenir à leurs fins sur une très belle combinaison à trois entre Vas le long de la bande, Dufour en relais derrière la cage et Sleigher à la conclusion qui fusille Ferhi à bout portant (1-2, 32'05").

Le match semble basculer mais encore une fois les pénalités font la différence et remettent Grenoble dans le match. En l'espace de vingt secondes, Szelig puis Terglav sont coupables de fautes sur Treille et Valcak et sanctionnés par M. Mendlowitcz. C'est une double supériorité numérique pour Grenoble, l'occasion pour Guennelon de lancer dans la bataille Jimmy Lindström, cloué sur le banc jusque là. Et le Suédois ne va pas tarder à se rappeler au bon souvenir de son entraîneur. Mis sur orbite par ses deux compatriotes Jönsson et Wallin, il fusille Bronsard d'une reprise de volée instantanée et remet les deux équipes à égalité (2-2, 33'08"). Pôle Sud redouble d'encouragements pour son équipe et les Brûleurs de Loups continuent sur leur lancée avec Wallin en supériorité numérique. Filip se montre dangereux sur un contre difficilement neutralisé par Ferhi mais c'est Grenoble qui domine cette fin de tiers. Lindström rate de peu le doublé sur une nouvelle passe de Broz tandis que Masa manque de conclure à son tour. Patrik Valcak déborde toute la défense briançonnaise, passe derrière les cages et sert en retrait Baptiste Amar dont le tir du poignet instantané trouve la lucarne de Bronsard qui n'a rien vu venir à cause d'un écran de Jönsson (3-2, 36'12"). Briançon tente à son tour de forcer la décision en fin de tiers sur une supériorité numérique. Sleigher et Vas échouent tour à tour sur Ferhi, les Diables rouges campent dans la zone grenobloise mais les Isérois reviennent de loin en parvenant à maintenir leur avantage initial au coup de sirène.

Broz montre que les Brûleurs de Loups sont toujours présents au début de la troisième période en lançant d'entrée sur Bronsard. Mais le début de tiers est délicat pour les locaux qui enchaînent les pénalités accordées parfois généreusement par le tatillon M. Mendlowictz. Mais Terglav est souvent à l'origine des fautes grenobloises et les trois jeux de puissance briançonnais consécutifs donnent du fil à retordre à la défense grenobloise quasiment irréprochable ce soir. Malgré les tentatives de Sleigher et Vas, notamment, les Briançonnais semblent manquer d'énergie pour mettre vraiment Ferhi en difficulté. La défense et la profondeur de banc grenobloise font le reste en tuant une à une les infériorités numériques. Grenoble peut même tuer le match sur un 3 contre 1 Hecquefeuille / Woods / Amar mais Woods tire finalement au but alors qu'il y avait certainement mieux à faire. Les Diables rouges s'essoufflent au fil des minutes et buttent inexorablement sur un Ferhi très présent qui accorde peu de rebonds sur les tentatives de Tekel, Dufour et Szelig notamment. À force de pousser, les Briançonnais laissent des espaces, ce dont profite Patrik Valcak pour s'échapper. Le Tchèque a le palet du match dans sa crosse mais sa feinte ne trompe pas Bronsard qui fait l'arrêt. Les Diables rouges ont une dernière opportunité de revenir au score sur une prison de Valcak qui fait trébucher Szelig. Mais le jeu de puissance briançonnais n'en profite pas et Dufour butte une nouvelle fois sur Eddy Ferhi. Après un nouveau contre Valcak/B.Bachelet, une prison de Marton Vas à trois minutes de la fin semble condamner définitivement les espoirs briançonnais. Les Brûleurs de Loups se contentent alors de gérer le score et de maintenir les Diables rouges dans leur zone, les empêchant de sortir leur gardien. Objectif réussi et après une dernière petite frayeur dans les ultimes secondes, les Grenoblois peuvent lever les bras au ciel : ils sont en finale !

Mission accomplie pour les Brûleurs qui, trois ans après leur finale perdue contre Amiens, retrouvent la finale de la Ligue Magnus à l'issue d'une cinquième manche bien gérée, notamment dans les unités spéciales. Avec deux buts marqués en supériorité numérique contre un seul concédé, la profondeur de banc grenobloise a fait la différence dans ce domaine à l'image de Jimmy Lindström, décisif alors qu'il jouait exclusivement les power-plays, et du duo Tartari/Papa auteur d'un boulot remarquable en infériorité numérique. Pour le reste les joueurs clés de Grenoble ont su élever leur niveau de jeu quand il le fallait : Baptiste Amar, auteur de deux buts et plus que jamais "patron" de cette défense grenobloise, Ludek Broz, véritable maître à jouer de l'attaque grenobloise et bien sûr Eddy Ferhi présent dans les moments clés même si sa défense lui a bien facilité la tâche ce soir. À noter enfin l'apport du public de Pôle Sud qui vraiment joué ce soir son rôle de septième homme... De bon augure avant une finale qui s'annonce tout aussi tendue.

Du côté de Briançon, on pourra nourrir beaucoup de regrets surtout après avoir réussi à prendre les devants après la mi-match. À 2-1, le vent semblait tourner en faveur des Diables mais deux pénalités ont vite remis Grenoble dans le match. Malgré un Terglav omniprésent, un Sleigher mordant et un Bronsard rassurant, les Briançonnais ont semblé fatigués au troisième tiers et ont souffert d'un manque de profondeur de banc d'autant que certains joueurs étaient blessés (Kratky évoluait par exemple essentiellement en supériorité numérique). Mais si Briançon doit avoir des regrets dans cette série ultra-serrée, ils devront porter surtout sur le match 4 que les hommes de Luciano Basile ont laissé échapper après avoir eu une avance de deux buts.

Désigné meilleur joueur du match : Baptiste Amar (Grenoble) et Mickaël Perez (Briançon)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré et Télé Grenoble) :

Baptiste Amar (défenseur de Grenoble) : "Tous les matchs ont été serrés, mais celui qui a dominé a remporté à chaque fois la rencontre. Eddy Ferhi nous avait tenu la baraque sur les matchs 2 et 3 mais Briançon méritait clairement de les gagner. Nous avons su réagir, nous y avons toujours cru, c'est notre saison qui se décidait là. Ça s'est joué à peu de choses ce soir encore mais nous sommes mieux rentrés dans le match, soutenus par un public extraordinaire. Sans démagogie, c'est le meilleur de France, chapeau. Si nous avions perdu une troisième fois à ce stade en trois ans, on aurait pu dire que nous ne savions pas franchir une demi-finale. Maintenant nous sommes en finale et qu'importe le passé."

Ludek Broz (attaquant de Grenoble) : "On est allé chercher ce match à Briançon qui nous a remis dedans et on va s'attaquer à Morzine, une équipe qui n'a pas vraiment de faiblesses, qui n'a pas terminé première par hasard. Quant à mes nouveaux coéquipiers de ligne, Benoît Bachelet et Patrik Valcak, je les remercie du boulot qu'ils abattent. Il faut parfois changer les alignements pour créer la surprise et être moins lisible pour l'adversaire."

Pierre-Luc Sleigher (attaquant de Briançon) : "Je suis sous le choc. C'est une grosse déception. Très très grosse. On a joué dans l'adversité tout au long de la série. Grenoble a gagné plus de duels, ils ont été plus forts. C'est pour cela que je leur donne du crédit. On ne peut pas se satisfaire d'une demi-finale quand on peut accomplir mieux. On a une équipe et on fait avec, on va le plus loin possible."

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "C'est une énorme joie. Je suis heureux parce que les gars ont trimé, ce match couperet est terrible car il y a une grosse déception pour le perdant derrière, et perdre ici aurait été encore plus difficile à accepter. Le fait de l'avoir remporté, ça fait vraiment plaisir pour ces joueurs qui ont donné le maximum d'eux, c'est tout ce qui m'intéresse. Maintenant, la cerise sur le gâteau, elle est là, il faut aller la chercher, la croquer. Ils ont recollé au score d'une belle façon, après il fallait avant tout être vigilant et se méfier de cette équipe avec ses contres, avec encore l'arbitrage qui a été dur pour nous. [...] On est déjà tourné vers la finale, on s'y prépare. Le groupe a emmagasiné de la confiance autour d'une grosse solidité défensive. Il faudra jouer à fond à Morzine, face à une belle équipe. Le plus lucide, le plus pointilleux et prêt à se défoncer gagnera."

Luciano Basile (entraîneur de Briançon) : "Je suis très fier d'eux. Je pense qu'on a donné ce qu'on pouvait donner. On avait trois joueurs importants pour nous qui n'ont pas joué les deux derniers matchs, on a Petr Kratky qui nous a donné un petit coup de main même s'il a une côte fracturée, on avait deux-trois autres joueurs qui normalement durant la saison seraient en arrêt mais qui là étaient sur la glace parce qu'on n'en n'avait pas d'autres. Donc on a joué à treize, quatorze joueurs contre vingt, c'est ce qui nous a manqué à la fin, peut-être un peu de fraîcheur. J'ai un petit peu de regrets pour le deuxième tiers où on a largement dominé et où Grenoble a réussi à marquer ces deux buts qui à la fin qui nous font très mal. Au troisième, on a poussé, poussé, mais on a l'énergie qu'on a... Félicitations à Grenoble."

 

Grenoble - Briançon 3-2 (1-0, 2-2, 0-0)

Mardi 20 mars à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3700 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Guillaume Gielly et Damien Bliek.

Pénalités : Grenoble 22' (8', 6', 8'), Briançon 14' (6', 4', 4').

Tirs : Grenoble 19 (6, 7, 6), Briançon 30 (12, 8, 10).

Évolution du score :

1-0 à 05'12" : Amar assisté de Wallin et Broz (sup. num.)

1-1 à 24'50" : Perez assisté de Kratky et Filip (sup. num.)

1-2 à 32'05" : Sleigher assisté de Dufour et Vas

2-2 à 33'08" : Lindström assisté de Wallin et Jönsson (double sup. num.)

3-2 à 36'12" : Amar assisté de Valcak

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Brad Woods ; Viktor Wallin - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Antonin Manavian.

Attaquants : Patrik Valcak - Ludek Broz - Benoît Bachelet (C) ; Martin Masa - Roger Jönsson - Kévin Hecquefeuille ; Sacha Treille - Martin Paquet - Nicolas Antonoff ; Cyril Papa - Christophe Tartari ; Jimmy Lindström.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Martin Millerioux, Teddy Trabichet.

Briançon

Gardien : Christian Bronsard.

Défenseurs : Rémi Royer - Jakob Milovanovic ; Viktor Szelig - Milan Tekel ; Gary Levêque - Petr Kratky.

Attaquants : Jean-François Dufour (A) - Marton Vas - Pierre-Luc Sleigher ; Mickaël Perez - Martin Filip - Edo Terglav (C) ; Sébastien Rohat - Benjamin Arnaud - Frédéric Borgnet.

Remplaçants : Damien Angella (G), Sébastien Dermigny, Dimitri Faure-Brac, Alexandre Rouillard. Absents : Cédric Boldron, Éric Blais (blessés).

 

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