Courbevoie - Tours (31 mars 2007)

 

Match comptant pour la treizième journée de la poule finale de division 1.

On se souvient tous du match aller. Les hommes de Robert Millette avaient dominé leur sujet dans tous les compartiments du jeu et devenaient les seuls maîtres à bord.

Quelques semaines plus tard, l'enjeu n'est plus du tout le même pour les deux équipes. Tours est déjà champion de France de division 1 alors que Courbevoie lutte pour conserver cette deuxième place synonyme de barrages ; car c'est bien de lutte dont il faut parler quand on sait que Gap et Neuilly se bousculent derrière à un tout petit point seulement. Le suspense reste entier à l'entame de cette avant-dernière journée, et autant le dire tout de suite, Courbevoie n'a d'autre choix que de gagner pour espérer pouvoir affronter Dijon et peut-être accompagner les Diables Noirs en Ligue Magnus. Le sprint final est lancé.

Pour apprécier ce duel au sommet, le Club Entreprises de l'A.S.G.T avait organisé un déplacement. Une vingtaine de membres a répondu présent à l'appel de son président Yann Fleury. L'organisation irréprochable a permis de suivre la soirée des Diables Noirs dans d'excellentes conditions et de faire de cette journée une totale réussite. Une rencontre entre les joueurs et les membres autour d'une bonne table était également au programme en guise d'épilogue avec pour "guest star" Monsieur et Madame Subrani en vacances en France.

Il ne fallait surtout pas arriver en retard à la patinoire sous peine de se perdre dans les méandres du chemin qui mène directement au glaçon. C'est sous les chants des supporters tourangeaux que la partie débute. Le pressing est local, Courbevoie veut laver l'affront du match aller et se montre déjà dangereux. Jan Timko dans un premier temps puis Zdenko Sarnovsky dans un second complètent l'échauffement de Pierre-Olivier Girouard. Franco Subrani riposte aussitôt, démontrant par son action que Tours n'est pas là pour faire de la figuration. Voilà les visiteurs prévenus, le match ne sera pas une partie de plaisir. On répond du tac au tac côté local, toujours par l'intermédiaire de ce diable de Sarnovsky qui décidément se montre particulièrement redoutable en attaque. On assiste à un très beau début de partie, le palet circule vite et bien, aucun déchet dans le jeu. Pendant ce temps on continue à se défier, Ales Skokan pour Courbevoie puis Jozef Drzik pour Tours tentent leur chance de loin sur des tirs précis. Les deux portiers se montrent à la hauteur de l'évènement. Ondrej Cikan se mêle à la bataille et s'offre un joli slalom sous les vivas des supporters tourangeaux qui exultent. La dernière resignature de Robert Millette fait des merveilles sur le glaçon : Vladimir Sabol est au four et au moulin, infatigable, il redouble d'énergie pour contrer les velléités adverses. Courbevoie tente à nouveau sa chance, mais les Diables Noirs prennent peu à peu le dessus. La tactique est simple côté local : mettre ses fusées sur orbite pour tenter de défier Pierre-Olivier Girouard. Aucun but n'est marqué en cette première période mais les deux équipes nous ont offert un admirable premier round.

À l'instar du premier vingt, le COC démarre très fort et veut vite marquer son territoire. On prend les mêmes et on recommence. Jan Timko puis Ales Skokan sonnent la charge. Mais rien n'y fait, la défense tourangelle supporte le choc sans broncher. Maintenant c'est au tour des Diables Noirs de se mettre en avant avec Perna. Mais le score n'évolue guère. Même Franco Subrani, sur une action rondement menée, ne trouve pas la faille. On atteint alors la 27e minute et le jeu change d'âme. Tours devient de plus en plus menaçant et fait le siège de la zone de Courbevoie. Il faut un grand Nicolas Fourcade pour maintenir son équipe à flots. À ce moment-là, une chose incroyable intervient. Un spectateur s'en prend verbalement puis physiquement de manière sournoise à Robert Millette. Ce dernier, stupéfait, empêche l'intrus de lui asséner un coup au visage. Un spectateur tourangeau intervient puis la sécurité fait son travail. Emmené vers la sortie dans un premier temps, il présente ses excuses au coach tourangeau. Robert Millette, très fair-play, les accepte. L'incident est clos. Nullement troublé par cet intermède, le Québécois reprend ses activités normales et donne de la voix. Il sent que c'est le moment. Les quatre lignes tournent à plein régime, tout le monde s'y met pour forcer la décision. Bastien Quinsac et François Gleize tentent aussi de forcer le destin, tout comme l'indestructible Jan Sebo qui continue son travail de sape en imposant son physique. Tours est logiquement récompensé de ses efforts par l'intermédiaire de Roman Novotny qui concrétise la domination entrevue depuis quelques minutes (0-1, 32'17). Les Diables Noirs ne lâchent pas l'affaire pour autant et continuent sur leur lancée. Courbevoie ne peut rien si ce n'est dégager comme elle peut ce maudit puck. Vladimir Sabol se transforme en véritable attaquant et joue en triangle avec Deveze et Subrani. La défense adverse n'y voit que du feu, le numéro 17 place une banderille fatale (0-2, 35'20). Ovide et les siens viennent de prendre un sérieux coup au moral, la pente sera dure à remonter, surtout lorsque Roman Novotny part seul au but dans la dernière minute. Excentré, il feinte dans un premier temps son tir pour l'armer une seconde fois et tromper la vigilance de Fourcade. Magnifique, le geste est beau, les spécialistes apprécient (0-3, 39'20).

Le troisième et dernier acte sera un peu plus physique que les deux autres. Pour preuve, Radek Stepan ou encore Olivier Vandecandelaere encaissent de formidables charges sans broncher. Le jeu de Courbevoie a baissé considérablement d'intensité. Quelques tentatives sporadiques inquiètent toutefois Pierre-Olivier Girouard, mais celui-ci nous gratifie d'un triple arrêt malgré une position fort délicate. À ce moment du match on voit mal comment les locaux pourraient revenir dans la partie, surtout lorsque Tours joue en supériorité numérique. Le palet circule à une vitesse folle et on pourrait presque croire que les Diables Noirs jouent les yeux fermés tant ils se trouvent parfaitement. En double supériorité numérique, Jozef Drzik décale Michal Divisek qui arme son tir et offre un slap puissant et précis. Fourcade ne peut que constater les dégâts (0-4, 44'16). Autant le dire tout de suite, le Coq bat de l'aile mais n'abdique pas pour autant, et c'est tant mieux pour le spectacle. D'ailleurs Jan Timko et ses partenaires connaissent une belle séquence offensive mais doivent se rendre à l'évidence : Tours est une forteresse inexpugnable. Une fois l'orage passé, les visiteurs reprennent le dessus, et après le doublé de Novotny, c'est au tour de Michal Divisek de s'offrir le sien. Le défenseur tourangeau parachève l'œuvre en portant la marque à 0-5 (49'55). Courbevoie veut profiter de l'euphorie tourangelle pour sauver l'honneur. On croit d'ailleurs que c'est chose faite lorsqu' Arnaud Dercote met en difficulté toute la défense visiteuse, mais Pierre-Olivier Girouard veut son blanchissage et stoppe d'une mitaine incroyable ce but tout fait. On approche de la fin de match, les supporters tourangeaux chantent à tout rompre tandis que les spectateurs parisiens apprécient et applaudissent les champions de France en action.

La sirène annonce la fin de ce magnifique match où on a vu deux équipes qui savaient se respecter tout en offrant du spectacle. On se serre la main, on se congratule et on commente le match. Les Courbevoisins, beaux joueurs, applaudissent les futurs pensionnaires de la Ligue Magnus pour leur remarquable parcours. Robert Millette pourra conclure : "Nous avons joué le jeu pour ne pas perturber le bon déroulement de la D1, nous sommes des professionnels et nous avons montré qu'on étaient champions de France".

Comme à Tours, les Diables Noirs saluent les deux côtés de la patinoire et découvrent la petite surprise préparée par le club des supporters. La tribune brille de mille feux, le spectacle est tout simplement brillant. Robert Millette invite tout le monde à rejoindre son équipe sur la glace. Le président Rémi Delmas échange une longue poignée de main avec son coach fétiche. Les supporters s'offrent quelques photos souvenirs et s'arrachent de précieux autographes. Décidemment l'alchimie est parfaite entre tout ce monde augurant d'une superbe fête rue de l'Élysée la semaine prochaine.

 

Commentaires d'après-match (dans la Nouvelle République)

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Les gars sont venus me voir après Le Vésinet pour me dire qu'ils voulaient bien jouer pour gagner tous les matches mais qu'il fallait aussi que je coache pour gagner. J'ai donc remis Girouard dans les buts, joué avec cinq défenseurs et profité du retour de Vandecandelaere pour constituer un quatrième bloc offensif physique avec Gleize et Quinsac. Comme ça mes trois autres lignes ont bien eu le temps de récupérer."

 

Courbevoie - Tours 0-5 (0-0, 0-3, 0-2)

Samedi 31 mars 2007 à 19h45 au Centre Charras. 620 spectateurs.

Arbitrage de Philippe Forget assisté de Yann Vandaele et Fabien Linek.

Pénalités : Courbevoie 28' (8', 0', 10'+10'), Tours 12' (2', 4', 6').

Évolution du score :

0-1 à 32'17" : Novotny assisté de Stastny et Drzik

0-2 à 35'20" : Sabol assisté de Subrani et Devèze

0-3 à 39'20" : Novotny assisté de Simak et Devèze

0-4 à 44'16" : Divisek assisté de Drzik et Subrani (double sup. num.)

0-5 à 49'55" : Divisek assisté de Stastny et Perna

 

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