Norvège - Allemagne (1er mai 2007)

 

Championnats du monde 2007, premier tour, groupe C.

Feu de paille de quatre minutes

L'Allemagne et la Norvège ont bousculé le Canada et ont laissé une bien meilleure impression que la plupart des "petites équipes" du Mondial. Pourtant, une des deux sera reversée ce soir en poule de relégation.

Les Allemands utilisent ce soir leur troisième gardien en trois rencontres. Il avait en effet le choix de prendre un des deux gardiens de Worcester (l'équipe-ferme d'AHL de San José), soit Thomas Greiss qu'il avait déjà connu en sélection l'an passé, soit Dimitri Pätzold qui a été meilleur que son collègue cette saison puisqu'il a été titularisé en play-offs. C'est finalement ce dernier qui a été choisi. Le résident américain Uwe Krupp avait indiqué d'avance que n'importe quel joueur venu d'outre-Atlantique serait aussitôt aligné. Il le prouve en titularisant Pätzold dès son arrivée.

L'Allemagne contrôle tout de suite le palet en zone adverse, et après seulement une minute de jeu, Mads Hansen fait trébucher Michael Hackert. Or, les hommes de Krupp n'ont pas encore marqué en supériorité dans ce tournoi. Et ce premier jeu de puissance illustre les propos de leur entraîneur : il n'a pas le tempo international et agit trop lentement. Au moins, il était installé. C'est pire sur la supériorité suivante, avec deux hors-jeu à la bleue. L'Allemagne poursuit son effort en zone offensive, et Knut Spets se rend coupable d'une charge contre la bande. Et c'est le miracle : but allemand en avantage numérique ! Un tir de la bleue de Martin Ancicka cherche le rebond contre la jambière de Grotnes, alors que Wolf et Hackert sont à deux contre un devant la cage. Le joueur de centre place le palet à ras la glace, en toute liberté car Livf est revenu trop tard (0-1, 08'11"). Débloqués, les Allemands convertissent aussi la pénalité suivante : Michael Wolf arrive près du poteau, sans intervention suffisante du défenseur Holøs, pour claquer une passe de derrière la cage de Dietrich (0-2, 14'45").

Les Scandinaves ont eux aussi eu quatre supériorités numériques, mais ils n'en ont rien fait. Non pas qu'ils en aient fait plus à cinq contre cinq... Bloquée en zone neutre, absente dans le slot, inoffensive physiquement, cette Norvège est le fantôme de l'équipe qui avait dominé les Canadiens au premier tiers.

On imagine que les bretelles ont dû être remontées à hauteur de plafond dans le vestiaire des rouges. Leur jeu change du tout au tout. Un tir de Mats Trygg trompe Pätzold, qui semble se dire masqué au départ par Lars Erik Spets (1-2, 22'08"). Puis Rankel part en prison, et Morten Ask se retrouve seul au rebond d'un lancer de la bleue (2-2, 23'02"). Et ce n'est pas fini : sur passe de derrière la cage de Jonas Solberg Andersen, Lars Erik Spets marque au premier poteau. Pätzold s'est planté sur son déplacement, et Ancicka aussi, qui penche en arrière et n'est plus efficace dans son marquage (3-2, 23'50"). En quatre minutes à peine, la Norvège a effacé vingt minutes d'absence et même repris l'avantage.

Mais cela peut aller tout aussi vite dans l'autre sens : sur un tir de Michael Hackert, le palet jaillit des jambières de Pål Grotnes qui le perd totalement de vue. Michael Wolf n'a plus qu'à le pousser au fond (3-3, 24'25"). Les Allemands forcent et Jonas Andersen accroche Barta. En supériorité, un tir contré d'Ancicka finit contre la bande où John Tripp l'envoie au petit bonheur sur l'épaule de Grotnes en train de se relever (3-4, 26'58"). Le match devient complètement fou et un tir de la bleue de Frank Hördler est dévié juste devant le gant du gardien par Gogulla. But logiquement refusé pour crosse haute.

La poisse semble quand même s'acharner sur cette équipe d'Allemagne. Florian Busch regagne les vestiaires en boitant, blessé... dans un choc avec son coéquipier Fical ! Il ne reste donc plus que dix attaquants germaniques. L'important après tout, c'est que les valides soient efficaces. Alexander Barta part à deux contre un, fixe Ryman et s'embarque dans un angle très fermé d'où il peut ajuster la cage, car Pål Grotnes s'est couché trop tôt (3-5, 32'51"). On ne sait pas très bien ce qu'attend Roy Johansen pour changer son gardien : que son pourcentage d'arrêts passe sous 70% ? Que Gundersen atteigne 23 ans ? 25 ans ?

Le match de la Norvège aura donc duré quatre minutes. Oh, elle donne le change au dernier tiers-temps, avec des lancers de la bleue mieux suivis, avec un essaie de tour de cage de Patrick Thoresen, ou avec un contre en infériorité de Bastiansen fauché par Fical. Mais sa fulgurante réussite du début de deuxième tiers appartient au passé. L'Allemagne se sent bien dans sa zone défensive et elle gère le score avec confiance.

Le défi allemand est donc réussi : reprendre pied dans l'élite mondiale malgré une équipe diminuée. Le bon match du duo Hackert-Wolf indique que la nouvelle génération est prête à assumer ses responsabilités. Le dossier du gardien reste cependant ouvert : Pätzold a eu ses bons et ses mauvais moments, comme ses deux collègues, et aucun des trois ne se détache.

Dans le camp norvégien, c'est le même gardien qui a joué les 180 minutes (moins sa sortie en fin de match, et on ne sait pas si c'est un cadeau à lui faire. Avec quelle confiance Grotnes abordera-t-il la poule de relégation ? Or, ce seront des matches serrés, âpres. Des matches où, plus que leur aptitudes techniques qui ne sont pas en doute, c'est la détermination des Norvégiens qui sera testée. Et on n'a pas eu l'impression qu'elle était si farouche aujourd'hui.

Désignés joueurs du match : Anders Bastiansen pour la Norvège et Michael Hackert pour l'Allemagne.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Je suis vachement fier de cette équipe. Les gars se tiennent ensemble et jouent du bon hockey. Beaucoup sont encore au début de leur carrière, mais ils ont démontré aujourd'hui qu'ils étaient une bonne équipe. Nous aurons moins de tension demain [contre les Tchèques], mais nous devrons être performants pour faire un bon résultat."

 

Norvège - Allemagne 3-5 (0-2, 3-3, 0-0)
Mercredi 2 mai 2007 à 16h15 à l'Arena Mytischi. 2200 spectateurs.
Arbitres : Jyri Petteri Rönn assisté d'Ansis Eglitis et Andryi Kicha
Pénalités : Norvège 18' (8', 6', 4') ; Allemagne 18' (8', 4', 6').
Tirs : Norvège 23 (5, 7, 11) ; Allemagne 28 (8, 14, 6).

Évolution du score :
0-1 à 08'11" : Hackert assisté d'Ancicka et Gogulla (sup. num.)
0-2 à 14'45" : Wolf assisté de Dietrich et Gogulla (sup. num.)
1-2 à 22'08" : Mats Trygg assisté d'Olimb et Bastiansen
2-2 à 23'02" : Ask assisté de Thoresen et Lund (sup. num.)
3-2 à 23'50" : L.E. Spets assisté de J. Andersen et Hansen
3-3 à 24'25" : Wolf assisté de Hackert
3-4 à 26'58" : Tripp assisté d'Ancicka et Bakos (sup. num.)
3-5 à 32'51" : Barta assisté de Wolf
 

Norvège

Attaquants :
Patrick Thoresen (-1, 2') - Morten Ask (-1, 2') - Knut Henrik Spets (-1, 2')
Jonas Solberg Andersen (+1, 4') - Mads Hansen (A, +1, 4') - Marius Trygg
Lars Erik Spets (+2, 2') - Anders Bastiansen - Mathis Olimb
Steffen Thoresen (-1) - Kristian Forsberg - Kjell Richard Nygård

Défenseurs :
Mattias Livf - Tommy Jakobsen (C, +1)
Mats Trygg - Jonas Holøs
Erik Ryman (A, -1, 2') - Lars Erik Lund

Gardien :
Pål Grotnes [sorti de 58'06" à 60'00"]

Remplaçants : Mathias Gundersen (G), Cato Ørbæk, Aleksander Nervik. En réserve : Halvor Hårstad-Evjen (G).

Allemagne

Attaquants :
Philip Gogulla (+1, 2') - Michael Hackert (+1) - Michael Wolf (+1)
Sven Felski (A, -1, 2') - Alexander Barta - André Rankel (4')
Petr Fical (-1, 4') - Christoph Ullmann (-1) - Daniel Kreutzer (C, -1)
Florian Busch - John Tripp (+1)

Défenseurs :
Alexander Sulzer (2') - Michael Bakos (A)
Robin Breitbach (-1) - Martin Ancicka (-1)
Tobias Draxinger (+1) - Robert Dietrich
Sebastian Osterloh (+1, 4') - Frank Hördler

Gardien :
Dimitri Pätzold

Remplaçant : Dimitrij Kotschnew (G). Absents : Yannic Seidenberg (commotion cérébrale), Oliver Jonas (G).

 

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