Canada - Russie (7 septembre 2007)

 

Septième match de la "super série" anniversaire, pour les moins de 20 ans.

Brent Sutter et son fils Brandon accueillent la Russie à Red Deer. L'entraîneur du Canada fait ainsi ses adieux à son public, puisqu'il a signé cet été pour les Devils du New Jersey après plusieurs saisons en tant que manager et entraîneur des Red Deer Rebels, l'équipe de la ligue junior de l'ouest (WHL) dont il reste propriétaire. La famille Sutter est chez elle dans l'Alberta puisque la célèbre fratrie (les six frères ont joué en NHL, cas unique) est originaire de Viking, non loin d'ici.

Après six succès de rang, les joueurs à la feuille d'érable poursuivent leur quête de perfection. Les Russes ont mieux joué au match 6, avant d'exploser dans la deuxième partie de rencontre. Sauver l'honneur est à peu près tout ce qu'il reste à faire après cette semaine de cauchemar !

Le Canada prépare aussi le mondial junior et partagera les cages entre Mason et Bernier pour ce match 7, confiant le 8e à Leland Irving, pour l'instant considéré comme étant battu pour l'une des deux places cet hiver. Le portier d'Everett devra briller au dernier match pour éliminer les deux portiers du jour. Vadim Zhelobnyuk, apparu dans la série, reçoit pour sa part sa première titularisation.

La ligne Vasyunov-Mamin-Bashkirov, qui a surnagé dans la série, est la première en action et repousse les noirs dans leur camp. Lucic est immédiatement puni pour une mauvaise charge. Quelques secondes plus tard, le jeune défenseur Vyacheslav Voinov allume à la bleue après une bonne circulation du palet et trouve la lucarne opposée à travers une forêt de joueurs (0-1). C'est la première fois que la Russie mène depuis le match 2 !

Sur l'engagement, le Canada trouve le poteau par Ellerby et les mises en échec pleuvent. Peu après, Josh Godfrey, spécialiste du lancer surpuissant, décoche un missile bloqué douloureusement par Kublikov, sonné   les visiteurs font preuve d'un état d'esprit que l'on ne leur avait pas encore connu, eux qui ne faisaient pas toujours barrage devant les tirs, chose impensable pour quiconque dans l'équipe de Sutter.

L'échec-avant russe est plutôt bon, et, après avoir frôlé le surnombre, il est récompensé par une crosse haute de Boychuk. Même si le palet circule, aucune occasion ne se dégage avant un arrêt de Mason de la mitaine sur Grishin sur un débordement. En face, Gagner manque l'égalisation dans une position identique, imité par Tyrell servi par une passe ligne de fond. Un nouvel effort de la première ligne est malgré tout coupé par une pénalité contre Turris. Le jeu de puissance ne s'installe pas et manque de se faire piéger lorsque Giroux vole le palet à Alexandrov, mais le Québécois contrôle mal la rondelle devant Zhelobnyuk. Dans la foulée, Gagner pousse Kurbatov à la faute et remet son équipe dans sa configuration favorite.

Tavares se montre le premier dangereux face à un gardien qui paraît peu sûr, puis chanceux face à Giroux près du poteau. De retour à 5 contre 5, les noirs en ont profité pour reprendre le contrôle du jeu et imposer leur physique. Un peu trop d'ailleurs... Nouvel avantage numérique russe, avec une double mineure contre Pyett ! L'occasion de doubler la mise est énorme : Alexander Vasyunov, de plus en plus en vue face à son possible futur entraîneur canadien, s'échappe mais perd son duel face à Mason du revers. Ce n'est que partie remise : sur un palet dégagé, Evgeni Bodrov devance Mason sorti à sa rencontre et trouve la cage désertée (0-2).

Les dernières minutes offrent une supériorité canadienne lorsque Boychuk manque la cible pendant que Legein est accroché. Le Canada pousse, Gagner rate encore une bonne occasion à bout portant. Les hommes de Sutter finissent par être récompensés. Hickey s'avance et tire, le palet traîne dans le slot, Tavares le dévie et la rondelle revient sur Turris qui ajuste sous la barre, pendant que Mamin charge Hickey (1-2). Cette dernière faute aurait dû remettre l'équipe locale en avantage numérique pour les quelques secondes avant la sirène, mais curieusement la pénalité différée n'est pas comptée et la sirène retentit peu après.

Les Russes mènent donc à la pause et repartent en position défensive et en mode contre-attaque, par la ligne Vasyunov notamment. Le Canada riposte par sa ligne d'échec, par une bonne conservation du palet en zone offensive. Zhelobnyuk doit s'imposer à plusieurs reprises, notamment face à une déviation de Gillies sur un lancer de Pyett de la bleue. Puis, c'est au tour de Gagner de trouver le plastron sur une bonne séquence de Giroux. Le jeu s'équilibre et s'intensifie. Les contacts sont plus appuyés et les duels âprement disputés. Il n'y a plus aucun espace, et une bonne séquence de possession de palet côté russe les positionne en avantage numérique. Mais Brendan Sutter, devant son public déchaîné, mange presque une minute à lui tout seul. La pénalité est facilement tuée et les noirs pressent, avec un Gagner ultra-mobile, suivi par Emmerton et Boychuk : Zhelobnyuk s'impose à trois reprises.

On arrive à la mi-période et Jonathan Bernier remplace comme prévu Steve Mason. On assiste à une petite coupure, le temps que le Québécois s'échauffe avec quelques palets. À la reprise, l'intensité monte encore d'un cran, avec une série de charges appuyées côté canadien. Sutter, Lucic, Tyrell s'en donnent à cœur joie. Finalement, la pression paie et le public explose. Une bonne pression de Perron et Tavares ligne de fond, le benjamin de l'équipe ressortant et fixant la défense dans l'enclave pour décaler à l'opposée Pyett, qui ajuste Zhelobnyuk (2-2).

La Russie n'est pas abattue : Vasyunov pique à trois reprises en quelques secondes mais Bernier s'impose, tout comme son homologue face à un tir puissant de Lucic. Les esprits s'échauffent, plusieurs charges russes dans le dos et surtout un coup de crosse de Kablukov au visage de Pyett énervent le public. Les arbitres donnent deux plus dix minutes pour ce geste très dangereux. Sur la première action, Tavares et Chudinov se frottent et les bancs se remplissent, puisque Perron est lui aussi sanctionné. Godfrey enchaîne de la bleue et Turris ne parvient pas à garder l'équilibre sur le rebond. Alzner l'imite peu après en profitant des écrans de Sutter. Finalement, après un bon travail de Claude Giroux, Sam Gagner offre le palet à Brandon Sutter au second poteau, pour une cage ouverte (3-2). Une circulation de palet au millimètre sur ces trois passes du revers !

Le public n'a pas le temps de fêter le but que Maxim Mamin égalise sur l'engagement ! En retard sur l'action, les noirs ne peuvent que constater les dégâts, Ellerby perdant un duel le long de la balustrade face à Bashkirov, Gillies battu dans l'axe par Maïorov, avant de voir Mamin reprendre de volée au fond des filets sur ce jeu rapide (3-3).

Après un échec de Tavares à bout portant, Alzner empêche Mamin et Vasyunov de conclure. La Russie, dans une bonne période, est tout heureuse d'obtenir une supériorité lorsque Boychuk commet une crosse haute en contre-attaque. Ryabev est le premier en action, avec deux tirs d'entrée sur Bernier. La pression blanche est intense et pousse Pyett à la faute. C'est un 5 contre 3 pour la dernière minute... Suffisant pour voir Vasyunov décoller côté droit, prendre toute la défense de vitesse et tromper Bernier ras glace entre les jambières, un gardien couché un peu tôt sur ce but facile (3-4). L'attaquant est récompensé de ses efforts lors des 3 matches en terre canadienne.

Les hommes de Nemchinov débutent la dernière période avec un but d'avance et un avantage numérique. Et rapidement Bernier doit fermer la porte face à Bashkirov, bien servi au second poteau sur un superbe débordement de Vasyunov. Sur le contre, Giroux est dangereusement chargé par Voinov, puni. La mise au jeu est gagnée par le Canada, encore une fois, et l'égalisation survient dans la foulée, Hickey transmettant à Godfrey à la bleue pour un centre-tir côté opposé conclu par Sam Gagner ligne de fond (4-4).

Les noirs ont le vent en poupe, à l'image de Stefan Legein, de retour après dix minutes de méconduite et qui trouve le gardien à deux reprises. Zhelobnyuk est à la limite de la rupture sur un tir de Pyett et le rebond, avant que Maïorov ne trouve Bernier sur le contre. Le Québécois vole ensuite Dadonov sur un excellent débordement côté gauche. Sur l'action, Turris prend deux minutes, mais les efforts russes ne donnent rien, si ce n'est une très longue séquence le long des balustrades en zone canadienne.

La partie est serrée, rythmée mais pauvre en occasion tant les duels sont accrochés. Personne ne s'approche des buts jusqu'à un arrêt miraculeux de Zhelobnyuk sur Boychuk seul dans l'enclave après l'échec-avant réussi de Gagner. Puis, le médaillé d'or en moins de 18 ans au printemps dernier s'impose face à Zach Hamill dans la même position. À la mi-période, c'est au tour de Legein de se trouver en bonne situation sur une passe de Lucic venue du coin. La tension est palpable dans le public, debout à chaque contact un peu litigieux, ou à chaque accélération comme cette énorme occasion de Tavares en débordement sur l'aile droite, sortie par Zhelobnyuk. Les Russes commencent à reculer et jouer en contre, sans cadrer leurs tirs. Les arbitres ne sifflent plus rien et les contacts sont rudes, mais quelle intensité ! On se rend coup pour coup...

La partie peut basculer sur un rien à quelques minutes de la fin. La Russie a enfin monté son niveau de jeu et montré son vrai visage, avec un jeu de puissance plus efficace, un gardien plus solide et une intensité physique inconnue jusque là. Les occasions restent cependant en faveur de l'équipe locale, à l'instar d'un une-deux Turris-Perron bien bloqué par la défense devant une cage ouverte. La plus nette occasion revient au défenseur Drew Doughty, auteur d'un slalom spectaculaire sauvé par l'épaule du gardien. Il ne reste qu'une minute à jouer et on va d'un camp à l'autre. Giroux manque sa chance côté droit, le reste de l'équipe appuie à son tour. Les contacts font se lever le public en quête de pénalités... Il ne reste que quelques secondes et un temps mort est demandé... trop tard et c'est un match nul, 4-4.

Clairement le meilleur match de la série, avec deux équipes jouant à leur meilleur. Intensité et combat physique, festival technique et suspense : c'est ce que l'on attendait de cette série, et il aura fallu attendre le 7e match pour y avoir enfin droit.

Désigné joueur du match : Brandon Sutter (Canada).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Brent Sutter (entraîneur du Canada) : "J'ai trouvé que les Russes avaient bien joué, donnons-leur ce mérite. Notre équipe a paru un peu fatiguée. Ils ont eu quelques buts un peu faciles, mais ils méritent le nul et on a du batailler comme des lions pour l'avoir. [Au sujet de son fils] Il a encore bien joué. Il a bien joué toute la série. Il n'a pas baissé de rythme dans un seul match, il est solide dans les trois zones. Il a fait un sacré match ce soir."

John Tavares (attaquant du Canada) : "On voulait vraiment gagner les huit, et je crois que les gens ont commencé à sous-estimer les Russes. Les matches ont été très disputés, sauf le 5e où on les a explosés."

Sergei Nemchinov (entraîneur de la Russie) : "Mes joueurs jouent de mieux en mieux. Je leur ai dit de prendre ça match par match et de tout donner à chaque fois."

 

Canada - Russie 4-4 (1-2, 2-2, 1-0)

Vendredi 7 septembre 2007 à 18h00 au Emmax Centrium de Red Deer. 7000 spectateurs.

Arbitrage de Slava Bulanov et Alexander Polyakov (RUS) assistés de Chris Carlson et Dean Laschowski (CAN).

Pénalités : Canada 30' (10', 8'+10', 2'), Russie 14' (6', 6', 2').

Tirs : Canada 40 (11, 15,14), Russie 19 (4, 9, 6).

Évolution du score :

0-1 à 01'17" : Voinov assisté de Mamin et Kurbatov (sup. num.)

0-2 à 17'10" : Bodrov assisté de Glovatsky

1-2 à 19'28" : Turris assisté de Tavares et Hickey (sup. num.)

2-2 à 32'35" : Pyett assisté de Tavares et Perron

3-2 à 36'31" : Sutter assisté de Gagner et Giroux

3-3 à 36'48" : Mamin assisté de Bashkirov et Mayorov

3-4 à 39'31" : Vasyunov assisté de Voinov et Bashkirov (sup. num.)

4-4 à 41'32" : Gagner assisté de Godfrey et Hickey (sup. num.)

 

Canada

Gardien : Steve Mason puis Jonathan Bernier à 29'56".

Défenseurs : Keaton Ellerby - Logan Pyett ; Karl Alzner - Drew Doughty ; Thomas Hickey - Josh Godfrey ; Luke Schenn.

Attaquants : David Perron - Kyle Turris - John Tavares ; Stefan Legein - Brandon Sutter - Milan Lucic ; Cory Emmerton - Sam Gagner - Claude Giroux ; Dana Tyrell - Colton Gillies - Zach Boychuk ; Zach Hamill.

En réserve : Leland Irving (G), Brad Marchand, Ty Wishart.

Russie

Gardien : Vadim Zhelobnyuk.

Défenseurs : Aleksei Grishin - Pavel Doronin ; Yuri Aleksandrov (C) - Evgeni Kurbatov ; Igor Zubov - Vyacheslav Voinov ; Maksim Chudinov.

Attaquants : Aleksandr Ryabev - Viktor Tikhonov - Evgeni Dadonov ; Konstantin Kulikov - Evgeny Bodrov - Mikhaïl Glukhov ; Maksim Mayorov - Ilya Kablukov - Vyacheslav Solodukhin ; Ruslan Bashkirov - Maksim Mamin - Aleksandr Vasyunov.

Remplaçant : Sergei Bobrovsky. En réserve : Semen Varlamov (G), Ivan Vishnevsky, Kirill Tulupov. Absents : Egor Averin (commotion cérébrale), Aleksandr Cherepanov (commotion cérébrale), Artem Anisimov (blessé).

 

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