Ligue Magnus - Cinquième journée.

Le choc entre Grenoble et Amiens ne fait plus autant recette qu'avant mais reste un des grands classiques du championnat. Certes, pour l'occasion Pôle Sud n'avait pas fait le plein comme régulièrement depuis le début de saison, le statut des Gothiques cette saison confiné au rang de simple outsider n'étant peut-être pas étranger à cette désaffection partielle. Mais Amiens, qui vient d'être corrigé sur sa glace (2-7) par les Dragons rouennais, ne peut se permettre de se ridiculiser une deuxième fois face à un des ses adversaires traditionnels. C'est donc avec l'esprit revanchard que les Gothiques se présentent en Isère. Pour leur part, les Brûleurs de Loups ont eu une semaine de repos suite au report de leur match à Dijon, ce qui leur a permis de récupérer Treille, Bonnard et Millerioux.

Les Grenoblois ne mettent pas longtemps à se mettre en route et Martin Masa se signale d'entrée par une reprise écartée par Henri-Corentin Buysse, préféré dans les cages amiénoises à Landry Macrez. Pas de round d'observation donc puisque la troisième ligne grenobloise se signale à son tour dès son premier shift, sans succès cependant. Les Gothiques répliquent par Rod Stevens qui inquiète Ferhi tandis qu'Antonin Manavian, un des joueurs grenoblois les plus en vue ce soir, sème le trouble dans la défense amiénoise avec des remontées de palet difficiles à stopper. Le premier power-play grenoblois, concédé par Loïc Sadoun, sera stérile malgré l'activité du premier bloc, ponctuée par des tirs de Wallin à la ligne bleue. À partir de la cinquième minute du tiers, le jeu à cinq contre de cinq ne deviendra plus qu'un lointain souvenir, M. Mendlowictz usant du sifflet à tout va pour sanctionner la moindre faute. Résultat : une succession de supériorités et d'infériorités, souvent à quatre contre trois. Une situation qui profite aux visiteurs, Pavel Kowalczyk trouvant l'espace dans la défense grenobloise pour servir T.J. Guidarelli qui remporte son face à face avec Ferhi (0-1, 09'09"). La réaction grenobloise ne tardera pas puisque deux pénalités et 81 secondes plus tard, un slap de Pettersson était repoussé par Buysse dans la crosse d'Amar qui glissait le palet à Wallin lequel concluait d'un tir du revers de près (1-1, 10'30"). Plus rien ne sera marqué dans ce tiers relativement pauvre en occasions et haché jusqu'au bout par une succession de pénalités. À quelques secondes de la fin, Grenoble aurait pourtant pu prendre l'avantage sur un tir dévié par un défenseur amiénois.

Les Grenoblois tentent de faire la différence en début de deuxième période mais malgré une possession du palet supérieure, ils ne parviennent pas à se créer d'occasions vraiment dangereuses, se heurtant régulièrement à une défense amiénoise très bien regroupée autour de son gardien. Manavian, avec une grosse activité autour de la cage, puis Valcak, sur un déboulé rageur, se heurtent tour à tour à Buysse. Il faut attendre finalement une pénalité de Marcos pour voir les Grenoblois concrétiser leurs occasions en jeu de puissance. Avec une boîte très bien en place, le trio tchèque va faire la différence avec Valcak derrière les cages qui sert Masa dont la reprise à bout portant ne laisse aucune chance à Buysse (2-1, 25'48"). Forsander, lui aussi très actif autour de la cage, aurait pu faire le break pour Grenoble mais Buysse reste présent. Ferhi doit aussi rester vigilant sur un lancer de Lionel Wiotte de la gauche, puis sur un bon débordement de Rod Stevens pendant que Scott est en prison. Amiens profite d'une pénalité pour crosse haute de Broz à mi-match : lancer de Guidarelli, rebond de Stevens, récupération de palet de Loïc Sadoun qui tire ras de glace (2-2, 33'03"). Buysse continue pendant ce temps à faire le spectacle en sortant un arrêt déterminant face à Hecquefeuille pourtant bien servi par Forsander. Frustrés par la résistance amiénoise et leur manque de réussite en power-play, les Brûleurs de Loups commencent à s'énerver à l'image de Masa et Valcak, impliqués dans une altercation autour de la cage de Buysse. Alors que les esprits s'échauffent, Valcak manque le coche en ratant un contrôle devant Buysse après une bonne passe de Broz.

Les Grenoblois, tenus en échec après quarante minutes de jeu, ne s'attendaient sans doute pas à pareille résistance de la part d'Amiénois, certes peu imaginatifs mais très efficaces en défense, notamment dans les situations d'infériorités numériques. Les hommes de Mats Lusth intensifient leur pressing en troisième période mais buttent inlassablement sur un Buysse très inspiré. Forsander sonne la charge avec une échappée en début de tiers puis un gros travail devant la cage avant que Broz ne parvienne à tirer en bonne position sur un jeu de puissance. La pression est forte sur la cage de Buysse, au sens propre comme au figuré puisque Pettersson entre en collision avec le jeune gardien amiénois après avoir été accroché par un défenseur amiénois. Broz se trouvera dans une situation similaire quelques instants plus tard, les supériorités numériques se succèdent pour Grenoble qui installe sa boîte sans pour autant trouver la faille malgré quelques lancers bien ajustés de Lindström et une échappée d'Hecquefeuille. Au fil des minutes, Amiens est de plus en plus recroquevillé en défense mais Buysse multiplie les exploits devant Valcak puis Forsander. Le Tchèque, intenable dans la zone d'attaque, ne parvient pas à concrétiser ses multiples occasions et les Gothiques ont l'opportunité de tenter le hold-up parfait dans les dernières minutes suite à une pénalité de Trabichet. Bardet teste Ferhi puis Gras est tout près de faire la décision après un tour de la cage qui surprend la défense grenobloise mais pas Ferhi. Fleury peut alors arracher la victoire sur une échappée à treize secondes de la fin mais son but est refusé pour un hors-jeu signalé quelques secondes auparavant.

Place donc à la prolongation au cours de laquelle s'illustre Sacha Treille dont le temps de glace est allé crescendo depuis le début de la rencontre. Il teste Buysse à son tour d'un tir du revers puis provoque une faute de Leroy par son activité incessante autour de la cage amiénoise. L'occasion est belle pour les champions de France de faire la décision, mais ni Masa devant la cage, ni Wallin de la bleue ne parviennent à faire sauter le verrou. Valcak puis Fleury se heurtent tour à tour à Buysse, à l'image d'une rencontre au cours de laquelle Grenoble a énormément peiné en supériorité numérique. Finalement Hecquefeuille semble trouver la clé, mais le but grenoblois est une nouvelle fois annulé à cause d'une obstruction sifflée contre Woods auparavant. Cette fois, c'est Amiens qui peut forcer la décision et semble le faire lorsque Sadoun se retrouve seul face à Ferhi. Mais le gardien international sort un arrêt décisif et la partie peut continuer. Malgré les tentatives de Kowalczyk à la bleue, la défense grenobloise tient bon. Les Brûleurs de Loups reprennent l'initiative par leur capitaine Baptiste Amar qui sollicite à son tour Buysse tandis que Masa rate le coche, seul face à la cage. On semble se diriger vers les penalties mais une obstruction de Stevens sur Masa change la donne et donne une deuxième chance à Grenoble de conclure en power-play. Cette fois-ci sera la bonne puisque Broz parvient à décaler Wallin en bonne position qui profite des écrans de Valcak et Masa pour placer un puissant slap sur lequel Buysse doit cette fois s'incliner (3-2, 68'27").

Amiens a vendu chèrement sa peau ce soir à Pôle Sud et repart avec un point bien mérité, de quoi rassurer les Gothiques après la déroute face à Rouen. Les hommes de Denis Perez se sont appuyés sur leurs fondamentaux, à savoir une défense bien positionnée et une bonne vitesse de patinage pour perturber les champions de France pendant près de soixante-dix minutes. Pour le beau jeu et la création offensive, il faudra repasser mais cela n'était certainement pas l'objectif des Amiénois ce soir qui ont su jouer simple et efficace. Les étrangers Stevens, Guidarelli et Kowalczyk se sont montrés à leur avantage tout au long de la rencontre, apportant un plus indéniable sur le plan offensif. Mais la star picarde du soir était sans aucun doute Henri-Corentin Buysse, auteur d'une performance très remarquée dans les buts amiénois.

Grenoble est en revanche passé tout près d'une première désillusion cette saison, recevant un sérieux avertissement sur sa glace. Peu convaincants deux tiers durant, les Brûleurs de Loups ont enfin réussi à se lâcher offensivement au troisième tiers sans pour autant se montrer efficaces en supériorité numérique et manquant de réalisme dans le dernier geste. Sacha Treille a apporté un plus indéniable au fil de la rencontre, un retour salutaire qui apporte un vent de fraîcheur dans les lignes d'attaque grenobloises. Au vu de sa prestation ce soir, il se positionne en candidat sérieux à un poste de titulaire sur les trois premières lignes. Patrik Valcak et Johan Forsander ont pour leur part beaucoup tenté, usant de leur gabarit pour créer des espaces mais sans réussite devant la cage. La bonne surprise derrière est sans aucun doute Antonin Manavian qui apporte régulièrement le surnombre en attaque et qui sera difficile à déloger de son poste au sein de la défense grenobloise. Eddy Ferhi, égal à lui-même, a su effectuer les arrêts clés et pour terminer sur une note positive, on retiendra que Grenoble a enfin remporté un match en mort subite à Pôle Sud... La dernière fois, c'était il y a un an... contre Amiens !

Désignés meilleurs joueurs du match : Viktor Wallin (Grenoble) et Henri-Corentin Buysse (Amiens)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

Grenoble - Amiens 3-2 après prolongation (1-1, 1-1, 0-0, 1-0)

Mardi 2 octobre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3000 spectateurs

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Cyril Carlin et Guillaume Gielly.

Pénalités : Grenoble 22' (12', 4', 4', 2'), Amiens 30' (12', 6', 8', 4').

Tirs : Grenoble 44 (5, 13, 19, 7), Amiens 27 (6, 8, 8, 5).

Évolution du score :

0-1 à 09'09" : Guidarelli assisté de Kowalczyk (sup. num.)

1-1 à 10'30" : Wallin assisté de Amar et Pettersson

2-1 à 25'48" : Masa assisté de Valcak et Broz (sup. num.)

2-2 à 33'03" : Sadoun assisté de Stevens et Guidarelli (sup. num.)

3-2 à 68'27" : Wallin assisté de Broz et Valcak (sup. num.)

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Viktor Wallin - Teddy Trabichet ; Baptiste Amar (C) - Antonin Manavian ; Brad Woods - Tyler Scott.

Attaquants : Patrik Valcak - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Mikael Pettersson - Johan Forsander (A) - Jimmy Lindström ; Mickaël Perez - Damien Fleury - Kévin Hecquefeuille ; Sacha Treille.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Joan Montesinos, Jean-François Bonnard et Martin Millerioux. Absent : Christophe Tartari (entorse du genou).

Gardien : Henri-Corentin Buysse.

Défenseurs : Fabien Leroy - Pavel Kowalczyk ; Thomas Roussel (A) - Julian Marcos ; Pierre Le Pape - Mathieu Jestin.

Attaquants : Laurent Gras (A) - Rod Stevens - T.J. Guidarelli ; Loïc Sadoun (C) - Anthony Mortas - Mickaël Bardet ; Brian Henderson - Elie Marcos - Simon Petit ; Lionel Wiotte - Benjamin Dieude Fauvel.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Mans Papaux. Absent : Vincent Bachet.

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