Épinal - Caen (6 octobre 2007)

 

Match comptant pour la quatrième journée de la Ligue Magnus.

Deux tiers, ça suffit...

En arrachant le gain du match à cinq secondes du terme sur les hauteurs de Saint-Gervais (4-3), Épinal a démontré que sa force de caractère n'était plus à prouver, Jan Plch ou pas. Si l'absence du maître aura permis à quelques-uns de ses lieutenants (avec une nette montée en puissance des Chassard, Petrak et autres Salmivirta) de prendre efficacement leurs responsabilités, son retour (même s'il avoue ressentir une légère gêne au genou) face au mal-classé caennais ramènera l'ICE en configuration quasi-optimale. Pas encore totalement puisque deux Canadiens devraient sous peu intégrer le contingent drivé par Shawn Allard. Alors qu'un défenseur est incessamment attendu, l'ailier gauche Marc Lefebvre, lui, est déjà sur place. Présentement mis à l'essai, ce Franco-Ontarien de 25 ans au profil de col-bleu a surtout roulé sa bosse outre-Manche, y récoltant quelques menus points (et une bonne poignée de cachots) entre Sheffield et Coventry !

Si le sourire est revenu dans la Cité des Images, la grimace hante le visage de Drakkars à nouveau naufragés ce mardi devant l'armada de Briançon (2-7). Bons derniers, les Bas-Normands rament à contre-courant, minés par la stérilité de l'attaque et la triste régularité de leurs performances. Avec ses turn-overs avec la réserve engagée en division 2, Rodolphe Garnier demeure très critique des prestations de ses troupes mais sait qu'un exploit dans la Cité des Images passe forcément par de la rigueur et un engagement total. Dans un passé très récent, cette recette avait presque fonctionné...

Avec la concurrence du rugby, l'horaire de la partie a soigneusement été avancé par crainte d'un dépeuplement (prévisible) des gradins. Ce que craignait en revanche Shawn Allard, c'est plutôt une entame poussive, comme celles subies ces dernières semaines. Au tour de Caen de profiter des largesses inaugurales de son hôte en fructifiant une solide entame de partie par une ouverture du score rapide en supériorité numérique. Là encore, une bonne élaboration du jeu de puissance amène l'intenable Thibaut Geffroy à monter le palet, puis à temporiser pour servir en retrait Michal Cesnek. Le coup d'œil du défenseur slovaque permet ainsi de décaler un Tomas Nemcicky balayant, su second poteau, la lucarne vosgienne (0-1 à 02'42").

Caen le jeu de puissance s'emballe...

Avec un jeu de passe rythmé, Caen met en péril la stabilité de Spinaliens encore pénalisés. Mais voilà, Jan Plch est de retour et n'attend visiblement qu'une chose : embraser Poissompré... Ce n'est pourtant pas lui qui ravive le feu sacré, mais plutôt Simo Romo, d'un lancer frappé légèrement dévié au passage, ce qui trompe Petr Tucek côté mitaine (1-1 à 07'43"). Le jeu de puissance spinalien a donc du répondant, ça on le savait. Mais ce qu'ignorent Rodolphe Garnier et sa bande, c'est que les Dauphins ont appris à vivre sans leur maître à jouer. C'est du moins qu'en laissent transpirer les shifts des Chassard, Simko et autres Petrak, tous plus rythmés les uns que les autres. Il leur suffit d'appuyer sur le champignon pour désarçonner un dispositif adverse se retranchant, au fil de minutes, vers une tactique plus prudente.

Caen sait assurément faire vivre le disque en zone offensive lors de ses avantages numériques, mais manque clairement, ô surprise, d'efficacité. En l'assortissant d'une certaine ténacité, les Drakkars limitent un temps les dégâts, mais vont vite se rendre compte de la froide efficacité d'un jeu de puissance en pleine bourre. Dopé par le retour de qui vous savez, le powerplay joue toujours cette même musique et parvient à ses fins sur un décalage de Michal Petrak vers Stéphane Gervais, lequel décoche un maître-tir subtilement dévié par... Jan Plch dans le petit filet (2-1 à 18'20").

De telles compétences en situations spéciales ont de quoi alarmer des Normands certes travailleurs, mais limités. Devenant moins rigoureux, ces derniers sont surpris par un puck dégagé par Guillaume Chassard, échappé par les deux arrières de service en zone neutre et finalement récupéré par Jan Simko. Opportuniste, la fusée slovaque s'engouffre dans la brèche pour embarquer et glisser la rondelle dans le dos d'un Petr Tucek livré à lui-même (3-1 à 22'20").

Si davantage de lumière rejaillit sur ses pairs, Jan Plch n'est jamais bien loin. Un de ses coup de patte certifié lui permet de trouver le relais d'un Michal Petrak redirigeant aussitôt vers le second poteau, là où justement Ilpo Salmivirta s'apprêtait à trancher dans le vif. Tic. Tac. Toe (4-1 à 26'26").

Une telle avance ne nécessitant plus forcément autant d'implication offensive, Épinal s'en remet aux infractions adverses pour faire parler la poudre. Même cause mêmes effets pour le HCC, Jan Simko, sur une montée rapide de Guillaume Chassard, exécute à bout portant un Arnaud Goetz venu à la rescousse de son collègue tchèque (5-1 à 32'12"). Et tant pis pour le gardien formé à Grenoble, qui s'échinait à retarder l'échéance depuis de longues, très longues secondes...

Les indisciplines rythment le quotidien de Caen en cette fin de deuxième période. Soit autant de munitions offertes à une brigade d'attaque bien calibrée, où tout paraît si facile. Notamment ce fameux jeu à trois, réglé comme du papier à musique par l'orfèvre Jan Plch et conclu au second poteau par Guillaume Chassard après un relais en coin de Michal Petrak (6-1 à 34'50"). Le Drakkar coule, inexorablement, au fil des pénalités... mais n'en a pas encore fini avec ce diable de Simko ! Déjà survolté samedi dernier, le Slovaque monte le disque en zone offensive, déposant au passage ses adversaires pour servir un Radoslav Regenda armé à la ligne bleue. Et si le slap du dernier nommé se voit repoussé dans le slot, Simko surgit dans la confusion pour valider le tour du chapeau (7-1 à 39'50"). Dépassés par les événements et la vitesse d'exécution des as spinaliens, les Caennais ont pris un authentique bouillon dans un tiers s'annonçant de référence pour leurs hôtes...

... le suspense se fait la malle !

Vu la tournure des événements, Shawn Allard pense alors à économiser ses cadres. Aussi consent-il à donner du temps de glace à Franck Constantin. La doublure spinalienne est rapidement mise dans le bain, plongée dans l'apathie soudaine de ses coéquipiers. De quoi en perdre le fil du match puisque Graham Avenel, l'une des rares satisfactions du début de saison caennais, s'y reprend à deux fois pour réduire le score (7-2 à 41'24").

Ce flagrant manque d'investissement persistera jusqu'au terme. Dans ces conditions, Caen retrouve un second souffle. Plus tranchants, plus présents, les Drakkars tuent désormais les pénalités (avec un Goetz enchaînant les arrêts) et gagnent en allant offensif, causant beaucoup de torts à un Constantin soumis au feu adverse. Et puisque le cœur n'y est plus chez les locaux, c'est celui des Caennais qui rythme cette fin de match. En double supériorité numérique, le collectif visiteur reprend quelques couleurs et Brice Chauvel, démarqué dans l'enclave, signe sa reprise au son du poteau (47e).

Le box-play vosgien, emmené par un certain Borislav Ilic (!), se montre passif et concède bien trop de lancers pour s'en sortir indemne. Brice Chauvel, l'international rentré cet été au bercail, n'en demandait pas tant (7-3 à 47'11"). En deux temps trois mouvements, Caen a réussi, mine de rien, son meilleur total offensif de l'exercice sur un match.

Rien n'empêche donc les Calvadosiens de faire le jeu en exploitant les nombreux espaces laissés à leur disposition par des Spinaliens négligents. Ces derniers sont vernis que voir Graham Avenel toucher du bois (52e), et davantage de ne pas concéder d'autres filets vu la physionomie des derniers instants. Le changement des rotations, profitable au troisième bloc ainsi qu'au duo Geoffroy-Scott, influe grandement sur une partition collective jusque là sans accrocs. "Là", c'est évidemment cette quarantième minute, puisqu'au delà, on aura gentiment laissé couler... quitte à ce que Caen sorte la tête de l'eau !

Un top-scoreur nommé... Michal Petrak !

Emmené par un jeu de puissance royal, Épinal a proprement mis au pas un adversaire incapable de répondre à une telle densité. En misant sur la vitesse d'exécution de ses gros bras mais aussi une meilleure discipline, l'ICE était partie pour un succès net et sans bavures. En somme le parfait reflet des deux tiers de la partie... Un relâchement en troisième période aura pourtant terni une performance d'ensemble pourtant significative du potentiel affiché par cette escouade que l'on croyait, jadis, dépendante du bon vouloir de Plch. Les derniers matchs auront démontré que le soutien existe bel est bien. Michal Petrak est en pleine confiance (au point d'être l'honorifique top-scoreur de Ligue Magnus !). Guillaume Chassard, toujours dans les bons coups, enchaîne pour sa part les bonnes séquences alors que Jan Simko, d'habitude gaspilleur, a rajouté à son explosivité naturelle une efficacité insoupçonnée. Alors qu'Ilpo Salmivirta s'affirme comme un renard des surfaces, Simo Romo se montre sensiblement plus entreprenant. Lorsque tous jouent de concert (ce qui n'est pas toujours pas le cas d'un Luc Mazerolle par exemple), le groupe de Shawn Allard semble décidément capable de tout.

Malgré un collectif relativement appliqué et une certaine combativité, Caen a sombré dans l'acte médian. Rodolphe Garnier savait pourtant à quoi s'en tenir, mettant bien troupes en garde contre la force de frappe vosgienne en supériorité numérique, injouable pour eux ce soir. À l'image de Josef Liska et Jaroslav Prosvic, improductifs, les étrangers n'ont rien de leaders offensifs, tâche dévolue ce soir à un Thibaut Geffroy sans cesse sur la brèche (aux côtés du technicien Tomas Nemcicky). La réaction de la fin de match rend certes la pilule moins amère, mais le chemin de croix annoncé ne fait sans doute que commencer pour des Drakkars trop tendres et désormais plongés dans le doute...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Caen 7-3 (2-1, 5-0, 0-2)

Samedi 6 octobre à 17h45 à la patinoire de Poissompré. 747 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Adrien Ernecq et Jérémy Rauline.

Pénalités : Épinal 20' (12', 2', 8'), Caen 30' (8', 8'+10', 4').

Tirs : Épinal 34 (13, 14, 7), Caen 39 (11, 4, 22).

Évolution du score :

0-1 à 02'42" : Nemcicky assisté de Geffroy et Cesnek (double sup. num.)

1-1 à 07'43" : Romo assisté de Slovak et Simko (sup. num.)

2-1 à 18'20" : Plch assisté de Gervais et Petrak (sup. num.)

3-1 à 22'20" : Simko assisté de Chassard

4-1 à 26'26" : Salmivirta assisté de Petrak et Plch

5-1 à 32'15" : Simko assisté de Chassard (sup. num.)

6-1 à 34'50" : Chassard assisté de Petrak et Plch

7-1 à 39'50" : Simko assisté de Chassard et Regenda

7-2 à 41'24" : G. Avenel assisté de Hascoët

7-3 à 47'11" : B. Chauvel assisté de L. Chauvel et Janil (double sup. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik puis Franck Constantin à 40'00".

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais ; Peter Listiak - Radoslav Regenda ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Jan Simko - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Luc Mazerolle (A) - Tarik Chipaux ; Daniel Scott, Sébastien Geoffroy.

Absents : Shawn Allard (adducteurs), Anthony Pernot.

Caen

Gardien : Petr Tucek puis Arnaud Goetz à 26'26".

Défenseurs : Michal Cesnek - Stefan Rusnak ; Frédéric Brodin (A) - Jonathan Janil ; Alexis Gomane (A).

Attaquants : Thibaut Geffroy - Tomas Nemcicky - Brice Chauvel ; Josef Liska - Jaroslav Prosvic - Thomas Decock ; Jonathan Avenel - Quentin Pépy - Luc Chauvel (C) ; Graham Avenel, Arnaud Hascoët.

Absents : Udo Marie, Pierre Bennett (ont choisi de jouer avec la réserve de division 2).

 

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