Épinal - Grenoble (20 octobre 2007)

 

Match comptant pour la huitième journée de la Ligue Magnus.

Brûlés à un moindre degré !

Pour la première grosse affiche de la saison à Poissompré, Épinal pourrait présenter deux visages. Le premier reflétant un compartiment offensif au grand complet et agrémenté du col-bleu canadien Marc Lefebvre, tout juste qualifié et déjà prêt à mordre la glace. Le second, préoccupant, à l'arrière où Peter Slovak, le meilleur arrière défensif du cru, se fait porter pâle. Asti d'tabarnak, se présenter ainsi face à un gros bonnet de Magnus nuance d'entrée les chances vosgiennes !

C'est-là que Marc-André Crête, joker défensif déniché par Shawn Allard après d'interminable prospections, se serait déjà montré salutaire pour des lignes arrières de toute façon trop limitées. Mais voilà, le jeune Québécois, lançant sa carrière outre-Atlantique après avoir dernièrement connu la Coupe Mémorial (tournoi final du junior majeur canadien), n'a pas encore reçu sa licence. Après avoir fait son trou dans la concession américaine de Lewiston et dans l'exigeant système érigé par Clément Jodoin devant le néo-King Jonathan Bernier, Crête espère faire le sien en Ligue Magnus.

En attendant, c'est de loin qu'il prendra connaissance du potentiel de ses nouveaux coéquipiers, mais aussi des nombreux atouts isérois. Scrutant la ligne bleue des Vosges avec toute la méfiance de rigueur (ils y furent ballottés ces deux dernières années), les champions de France en titre sont confiants, forts d'une invincibilité préservée à l'automne. Leur contingent semble plus aguerri que jamais avec un gardien reconnu pour être le plus fiable du plateau depuis deux ans (Eddy Ferhi), une défense solide et une offensive trois étoiles, réorganisée depuis quelques semaines par Mats Lusth. Les nouvelles moutures sont fatalement reconduites en cette fin d'après-midi, accusant les absences de l'espoir de l'année Sacha Treille et, surtout, de Ludek Broz...

Sans peurs... mais sans défense

Le forfait du maître à jouer tchèque se fera d'ailleurs sentir dans la structuration du jeu offensif grenoblois. Mais, en ces premières minutes, les locaux, en rangs serrés, abordent ce premier choc. Bien disposés à éviter une ouverture du score prématurée de leurs adversaires, comme c'est systématiquement le cas depuis de longues semaines. Leur plan d'action est simple, occuper sans tarder le terrain pour tenter déstabiliser l'arrière-garde dauphinoise. Un temps perturbés par cette audace, les Brûleurs de Loups profitent d'une première infamie pour montrer le bout du museau. Mais voilà, l'absence de Broz altère initialement le rendement d'un jeu de puissance fébrile et un temps contrarié par la boîte vosgienne. Ainsi, seule la pointure suédoise Mikael Pettersson, au four et au moulin, semble être capable de faire la différence dans cette entame. Le confirmant d'ailleurs à de nombreuses reprises.

En se limitant, notamment, à l'impact de son crack suédois, Grenoble subit l'énergie déployée par des Dauphins cumulant les bonnes séquences en zone offensives. Une reprise trop molle de Simko exerce la mitaine de Ferhi (07'06"). Tenant la dragée haute à forces égales, l'ICE souffre en revanche dans son domaine de prédilection. Pourtant toujours bien huilé, l'avantage numérique tient ses positions sans trouver de solutions devant un box-play de tout premier ordre.

Jan Plch, ouvrant trop ses poignets, rate ainsi une cage vide sur une intelligente remise d'Ilpo Salmivirta (11'41"). Là-dessus, le Slovaque en rajoute et écope d'une pénalité certes mineure... mais lourde de conséquence ! Sur ce, les assiégeants trouvent leurs marques et le disque circule avec une fluidité retrouvée. Damien Fleury, remplaçant de fortune de Ludek Broz, trouve la solution en décalant Viktor Wallin en pointe. Le Suédois, d'un lancer frappé à ras de glace, prend à contre-pied Petrik et retire aussi une belle épine au pied des BDL (0-1 à 12'37").

Finalement, Grenoble n'a guère à s'employer, se contentant d'exploiter le déchet croissant d'une défensive lorraine bricolée de toute part. Au fil des minutes, entre mésententes et couvertures négligées, les munitions affluent dans le sens des rapides individualités iséroises, toutefois mal inspirées devant Petrik. Cela souffle fort dans le cou spinalien et un courant d'air de plus, emprunté par Johan Forsander, va permettre aux visiteurs d'enfoncer le clou. Puisque le sprint latéral de l'ex-Fuchs de Duisburg, rapatrié à l'été du cancre de la DEL, n'est pas contrarié par le repli, Jimmy Lindström n'a qu'à ajuster le petit filet d'un tir croisé (0-2 à 15'41").

Vu les approximations, la sentence semblait planer telle une épée de Damoclès au-dessus de Spinaliens toujours pas résignés sur le front de l'offensive. Même menés au score ils essayent, tentent, à l'image d'un Daniel Scott défenseur ce soir (et visiblement plus à l'aise dans ce rôle-là). Et sur un puck traînant dans l'enclave surgit Jan Plch, plus prompt que tout le monde à tirer les marrons du feu (1-2 à 16'10").

La cause n'est pas encore entendue puisque la réduction du score galvanise les "tuniques bleues", déferlants aussitôt vers un Eddy Ferhi béni de voir un slap de Lionel Simon s'échouer sur sa ligne avant d'être dégagé in-extremis (16'43'). Mieux encore, un double avantage numérique leur permet d'affirmer leur pression en zone offensive, matérialisée par cette mitaine ferme du cerbère international sur une reprise sèche de Simo Romo (18'19"). Bâti autour de l'axe Petrak-Gervais (autour duquel gravite immanquablement Jan Plch), le jeu de puissance fait vivre la rondelle sans toutefois parvenir à ses fins.

Le répit sera de courte durée pour un Eddy Ferhi livré à lui-même et soumis d'entrée à une reprise musclée. Sa maîtrise suffit néanmoins à repousser les assauts locaux, engendrés par ce penchant qu'ont certains à se reposer sur les talents de leur ange-gardien. Ces instants de flottement ne seront pourtant pas préjudiciables à des Isérois agissant surtout par à-coups. Mais qu'on se le dise, chaque raid des hommes de Mats Lusth est un vrai danger compte tenu des fortes individualités les perpétrant...

Parmi elles, Mikael Pettersson, toute une carrière en Elitserien et une dernière couronne nationale glanée au printemps dernier avec MODO, club réputé du circuit (et accessoirement formateur d'une poignée d'actuelles pointures de NHL). La configuration défensive étant ce qu'elle est côté bleu, un tour de cage suffit au vétéran à livrer un caviar vers un Damien Fleury oublié dans le slot pour mieux balayer le haut du but (1-3 à 25'11").

À force de tenter le diable en cumulant les infractions, les Dauphins se jettent lentement mais sûrement dans la gueule du loup. Ils s'octroient certes un maigre sursis sur un dégagement au pied du vieillissant Peter Listiak, ouvrant le breakaway à un Michal Petrak tutoyant la barre (27'41"). Mais tout vient à point qui sait attendre. Tout statique qu'il soit, le powerplay dauphinois finit par trouver la bonne fenêtre sur une transversale de Patrik Valcak, toujours fidèlement ancré dans les coins, vers Baptiste Amar en pointe. Le filet tremble devant le lancer du capitaine et voilà Grenoble assuré tous risques (1-4 à 29'19")...

Un slashing de Valcak envoie le puncheur tchèque vers la case prison, bientôt rejoint par le vieux grognard Jean-François Bonnard (34e). Mais de ces presque deux minutes à cinq contre trois transpirent surtout l'incapacité des unités spéciales à faire la différence...

Un dernier acte sous prozac

Quelques arrêts de Ferhi plus tard, le jeu de puissance isérois revient aux affaires et ce diable de Pettersson passe d'un rien, c'est à dire d'un poteau, de davantage corser l'addition (38'21"). Et c'est à peu près tout puisque le dernier tiers-temps manquera cruellement de passion. Désireux de ne pas trop entamer leurs réserves en vue des échéances à venir, les Brûleurs de Loups rangent toutes velléités au placard, anesthésiant au passage ce qui restait d'intérêt à ce match. L'attrait des derniers instants est toutefois préservé par la classe du portier isérois, déroulant une véritable leçon de "gardiennage". Rapidité, contrôle des rebonds, sens de l'anticipation, tout le répertoire y passe devant des locaux frustrés par tant de souveraineté, confirmant le statut de l'ancien prospect d'Anaheim dans l'actuelle hiérarchie tricolore.

Grenoble aura rempli sa mission en gérant dès la mi-match, quitte à parfois s'exposer à la ténacité offensive de ses hôtes. Qu'en serait-il advenu sans un Eddy Ferhi intransigeant pour gommer ces quelques petites inattentions défensives ? Un score sûrement plus serré puisque la victoire n'a pas fait grand doute, l'ICE ayant surtout fait illusion par son entrain offensif. L'absence de Ludek Broz aura soustrait de la fluidité au jeu grenoblois, isolant au passage un Martin Masa rendu discret par la force des choses. En s'octroyant moult occasions franches, le Suédois Mikael Pettersson prit lui ses responsabilités tout en restant précieux dans l'autre sens, pesant à chacune de ses présences. Les autres auront surtout agi pour préserver l'essentiel, avec un soupçon de réactivité avant la mi-match.

Les Spinaliens, eux, n'ont pas démérité mais auront surtout payé le prix de leur faiblesse défensive. Leur mauvaise gestion des situations spéciales fut également rédhibitoire, tout comme la bonne forme tenue par un Eddy Ferhi des grands soirs. Destin ou coïncidence, c'est face au seul club français affronté jusqu'alors dans sa jeune carrière (souvenir d'un week-end de Coupe Continentale à Pôle Sud avec le Blaze de Coventry) que Marc Lefebvre effectua ce soir ses débuts en Ligue Magnus. Sans flamber, le Canado-Britannique a pris la température hexagonale aux côtés d'un Luc Mazerolle attendant encore le déclic, se procurant même quelques contre-attaques en début de partie.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Grenoble 1-4 (1-2, 0-2, 0-0)

Samedi 20 octobre à 17h45 à la patinoire de Poissompré. 707 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté d'Éric Bouguin et Matthieu Loos.

Pénalités : Épinal 22' (6', 10', 6'), Grenoble 24' (6', 10', 8').

Évolution du score :

0-1 à 12'37" : Wallin assisté de Fleury et Valcak (sup. num.)

0-2 à 15'41" : Lindström assisté de Forsander et Valcak

1-2 à 16'10" : Plch assisté de Scott et Salmivirta

1-3 à 25'11" : Fleury assisté de Pettersson et Masa

1-4 à 29'19": Amar assisté de Valcak et Fleury (sup. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Stéphane Gervais - Borislav Ilic ; Lionel Simon - Radoslav Regenda (A) ; Daniel Scott - Peter Lištiak.

Attaquants : Ilpo Salmivirta - Michal Petrák - Ján Plch (C) ; Ján Šimko - Simo Romo - Guillaume Chassard ; Guillaume Papelier - Luc Mazerolle (A) - Marc Lefebvre.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Anthony Pernot, Tarik Chipaux, Charles Joly. Absents : Peter Slovák (cheville), Shawn Allard (adducteurs), Marc-André Crête (pas qualifié), Sébastien Geoffroy.

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar (C) - Antonin Manavian ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard ; Brad Woods - Tyler Scott.

Attaquants : Patrik Valcák - Johan Forsander (A) - Jimmy Lindström ; Mikael Pettersson - Damien Fleury - Martin Máša ; Christophe Tartari - Mickaël Perez - Kévin Hecquefeuille.

Remplaçant : Frédéric Dorthe (G). Absents : Ludek Broz (adducteurs) , Sacha Treille (déchirure abdominale), Joan Montesinos, Teddy Trabichet.

 

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