Mulhouse - Dunkerque (27 octobre 2007)

 

Match comptant pour la sixième journée de division 2, poule est.

Si l'on regarde son parcours depuis début septembre, on peut légitimement penser que l'équipe de Mulhouse est la bonne surprise de ce début de saison de D2.

Une seule défaite (contre Asnières la première journée, une phase de rodage dirons-nous) pour quatre victoires (Wasquehal, Clermont, Mont Blanc II et surtout Nice, un gros favori), voilà ce qu'on peut appeler un bilan très satisfaisant. Ce soir, les Scorpions entamaient une série ardue : recevoir Dunkerque puis Lyon, deux gros outsiders, le tout entrecoupé par la réception du voisin spinalien pour la Coupe de France. Voici trois missions des plus délicates mais qui peuvent avoir le mérite de montrer ce dont Mulhouse est capable... et éventuellement de faire taire aussi les éternels grincheux qui pourraient rétorquer que la présence alsacienne en D2 n'a rien d'une légitimité sportive (si si, il en existe encore !).

Alors voilà, l'Illberg attendait avec impatience un beau match et l'a eu. Et plus que la victoire, ou le score, c'est la manière pour gagner qui est la plus remarquable : pensez, infliger un 5-0 dans le dernier tiers, voilà de la performance. Et puisqu'il y a eu des buts, autant les énumérer :

- On vient de siffler le début du match, David Croteau lance Thomas Tupy pour l'ouverture du score (1-0 à 0'33 ")

- Pas le temps d'annoncer le but que Dunkerque égalise sur un repli défensif mulhousien pris de vitesse, un tir décentré d'Arnaud Péan est dévié par Thomas Van Densteene (1-1 à 0'47")

- David Oulik s'y met à deux fois pour tromper Bram Debacker de près (2-1 à 2'03")

- Il ne faisait pas bon arriver en retard puisque dans la foulée, à quatre contre quatre, Mathieu Destoop lance un missile freiné par Marc-André Martel (2-2 à 3'14").

- Surnombre mulhousien. Dunkerque s'installe et fait tourner rapidement le palet. Julien Aubry vole le palet à Clément Derepper et lance David Croteau qui manque le break, mais sur le contre, ce même Derepper, bien servi, s'y reprend par deux fois pour tromper Martel à l'abandon (2-3 à 12'59")

- Olivier Lyon commet une faute au mauvais moment : Clément Thomas s'appui sur Dewolf et fusille de près le portier alsacien alors que les locaux reprenaient sensiblement les opérations en main (2-4 à 19'47")

- Après une entame de deuxième tiers franchement mulhousienne, Dunkerque remonte à l'abordage tout d'abord par deux breakaways de Destoop (31'14"), puis Thomas N'Guyen (32'01"). En supériorité, ils enfoncent le clou quand Arnaud Péan loge la rondelle dans la cage laissée béante par une défense locale aux choux (c'est normal, c'est la saison de la récolte !) (2-5 à 33'49")

- Petite rébellion alsacienne : Romain Pierrel, déterminé, tente avec succès la technique du "coast-to-coast" (3-5 à 34'42")

- Le speaker n'a pas eu le temps de prendre son micro, et les Alsaciens de revenir dans leur zone, que Destoop conclue une remontée turbo de Derepper (3-6 à 35'09")

- Scénario gag pour terminer le tiers lorsque Mulhouse décide de changer de ligne sans bien dégager "au fond", Grégory Dubois récupère le palet pour lancer Karl Dewolf qui bat le seul Mulhousien resté sur la glace, Marc-André Martel (3-7 à 39'23"). La messe est dite !

- Et bien non, maintenant, va commencer la remontée fantastique. La montée de l'Alpe d'Huez à fond de quatre, c'est du pipi de chat à côté ! Maintenant, ça va saigner !

- On sort des vestiaires que Julien Aubry te loge de la bleue un palet flottant dans la lucarne du portier ch'ti (4-7 à 41'26").

- Nicolas Maindron expédie, sans se poser de questions, le puck dans la lucarne béante de Debacker, après un bon travail de Pierrel (5-7 à 45'18").

- Thibault Fohrer ouvre lumineusement pour Aubry. Le break de l'ancien Angloy est stoppé illicitement. L'arbitre ne se pose pas de question et accorde un tir de pénalité. L'homme du match se fait justice lui-même (6-7 à 50'23")

- Oulik profite d'un instant de flottement, suite à une charge spectaculaire de "raccompagnement" de Croteau, et bat de près le portier nordiste (7-7 à 50'50").

- Le temps mort demandé par Dunkerque est le bienvenu afin de calmer les doutes. Les deux adversaires laissent un bref moment d'observation mais ce sont les Dunkerquois qui repartent... au charbon : Franck Herbrecht relance trop mollement, Dewolf part en break mais ses deux tentatives sont magistralement repoussées par le portier local, qui retrouve enfin ses sensations (53'22")

- Mulhouse reprend les rênes et s'installe dans le camp visiteur. Croteau délivre la patinoire au bout de sa troisième tentative de près (8-7 à 55'58")

- La bande de Laurent Arnaud enfonce le clou en acculant les nordistes dans leur zone jusque la fin de la partie, même si Clément Thomas rate une ultime tentative (59'52")

Et à part çà me direz vous ? Et bien, nous avons eu droit à une premier tiers-temps logiquement mené par des Dunkerquois très accrocheurs, très rapides, et plus cohérents dans leur hockey.

Le deuxième tiers a vu Mulhouse s'engluer dans une domination stérile. Pensez, Dunkerque trouvait le luxe de tirer cadré deux fois plus que son hôte, en étant au minimum deux fois moins souvent en attaque. On appelle çà du hockey "rationnel". Et à la fin du tiers, peu de monde donnait cher de la peau des Alsaciens.

Au troisième tiers, les locaux adoptent une tactique plus sobre, mais plus concentrée, et surtout tirent nettement plus sur le gardien. Dunkerque commence à fatiguer, on connaît la suite.

Ce succès ne doit pas pour autant faire oublier les grosses lacunes mulhousiennes du match : un gardien qui laisse beaucoup de rebonds, une défense qui ne connaît pas le mot "ménage" devant la cage, des relances molles et peu précises. Heureusement, l'attaque est un gros point fort, avec deux lignes plutôt imaginatives, à défaut d'être promptes.

Dunkerque, de son côté, rate de peu le jackpot. Ils pratiquent un hockey basique certes mais diablement rapide, efficace, énergique, avec des lignes qui se trouvent relativement bien. Ajoutez-y le métier des deux anciens internationaux amiénois (Dewolf et Dubois), bien utile lorsqu'il faut provoquer l'adversaire, ou calmer les troupes, et on se dit qu'il n'a pas manqué grand-chose pour revenir dans le Nord avec au moins un point. Sans doute une troisième ligne défensive aurait fait beaucoup de bien au niveau fraîcheur, en fin de match.

Mais à ce niveau, Mulhouse n'est pas en reste car Laurent Arnaud a fait tourner peu de temps sa ligne de "lutins" attaquants, et très peu de temps sa troisième ligne défensive.

Il reste que ce genre de match n'est pas unique : les "anciens" se rappellent qu'en 1996, en D1, Caen perdait chez lui 6-2 au bout de quarante minutes contre Strasbourg, avant de remonter héroïquement et dépasser dans la dernière minute son adversaire (victoire 7-6).

Je me rappelle aussi d'un certain match de Coupe d'Europe EHL entre Rouen et Lukko Rauma, fin 1996 à l'Ile Lacroix. Au bout de quarante minutes, les Finlandais, sûrement trahis par leur auto-suffisance, perdaient 5-1 face à des Normands euphoriques. Hélas, durant les vingt dernières minutes, les Finnois allaient se réveiller pour infliger une leçon de hockey aux Dragons (notamment une science époustouflante de la gestion de la sortie de leur gardien). Le score s'achevait sur un 7-7 incroyable.

Enfin, ici même, Dunkerque avait connu une mésaventure similaire en novembre 1998, s'inclinant déjà 7-6 après avoir pourtant mené 6-1.

Mais pour en revenir à cette magnifique victoire mulhousienne, on retiendra avant tout le score fleuve et surtout une remontée à couper le souffle. Mulhouse a l'avantage de vouloir miser sur l'offensive. C'est tant mieux car il n'y a rien de tel qu'un match comme ce samedi pour donner envie aux spectateurs de revenir à la patinoire. Sans que le niveau soit époustouflant, le rapport prix de la place-émotions est largement supérieur à celui de divisions théoriquement plus huppées. Au diable les tactiques chiantissimement défensives ! Vivement les autres rencontres !

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Commentaires d'après-match (dans L'Alsace)

Laurent Arnaud (entraîneur de Mulhouse) : "C'est une très grande satisfaction car on n'a jamais rien lâché et on n'a jamais baissé les bras. C'est une très belle victoire ! Avec Bringuet et Aubry, je dispose de deux joueurs très importants qui apportent leur expérience au moment où il faut, c'est ce qui nous a manqué la saison dernière. On a pris pas mal de pénalités, à l'inverse de Dunkerque qui était pourtant réputé être très physique. Mais ils ont un peu lâché le morceau quand ils menaient 7-3 en pensant que la victoire était acquise. Ils étaient fatigués dans la dernière période, comme ils ne tournaient qu'à deux lignes alors que j'ai pu faire entrer ma troisième ligne qui leur a fait mal."

 

Mulhouse - Dunkerque 8-7 (2-4, 1-3, 5-0)

Samedi 27 octobre à 17h45 à la patinoire de l'Illberg. 714 spectateurs.

Arbitrage de Roy de Tao et Hervé Roulet.

Pénalités : Mulhouse 12' (6', 4', 2'), Dunkerque 24' (4', 6'+10', 4').

Évolution du score :

1-0 à 00'33" : Tupy assisté de Croteau

1-1 à 00'47" : Van Densteene assisté de Péan

2-1 à 02'03" : Oulik

2-2 à 03'14" : Destoop assisté de Péan

2-3 à 12'59" : Derepper assisté de Destoop et Péan (sup. num.)

2-4 à 19'47" : Thomas assisté de Dewolf et N'Guyen (sup. num.)

2-5 à 33'49" : Péan assisté de Destoop et Derepper (sup. num.)

3-5 à 34'42" : Pierrel assisté d'Aubry

3-6 à 35'09" : Destoop assisté de Derepper

3-7 à 39'23" : Dewolf assisté de Dubois (sup. num .)

4-7 à 41'26" : Aubry assisté de Bringuet et Croteau (sup. num.)

5-7 à 45'18" : Maindron assisté de Pierrel et Aubry

6-7 à 50'23" : Aubry (tir de pénalité)

7-7 à 50'50" : Oulik assisté de Bringuet et Tupy

8-7 à 55'58" : Croteau assisté d'Aubry et Pierrel (sup. num.)

 

Mulhouse

Gardien : Marc-André Martel.

Défenseurs : Franck Herbrecht (A) - Tomás Tupy ; Olivier Lyon - Vincent Da Silva ; Gaétan Marck - Mickaël Tin.

Attaquants : Vincent Bringuet (C) - David Croteau - David Oulík ; Lucas Tremellat - Romain Pierrel - Julien Aubry ; Nicolas Maindron (A) - Baptiste Rahm - Thibaut Fohrer.

Remplaçants : Sylvain Lerch (G), Loïc Claden. Absent : Cyril Arrial (clavicule).

Dunkerque

Gardien : Bram Debacker.

Défenseurs : Benjamin Denis - Grégory Dubois (C) ; Clément Derepper - Benjamin Louf.

Attaquants : Clément Thomas - Benjamin N'Guyen (A) - Karl Dewolf (A) ; Loïc Destoop - Arnaud Péan - Thomas Van Desteene ; François Moretti - José Mahieuw - Alexandre Delmotte.

Remplaçant : Julien Peyre (G). Absents : Ghislain Folcke, Daniel Delbarre, Camille Argiolas.

 

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