Montpellier - Reims (3 novembre 2007)

 

Match comptant pour la septième journée de division 1.

Si elle ne mérite quand même pas que l'on fasse couler à flot le champagne, la victoire des Vipers met fin à une très longue disette à Vegapolis : huit mois sans victoire. La coupe du monde de rugby passée, les Vipers retrouvent leur public fidèle, des spectateurs privés de victoire mais encore et toujours présents et passionnés. Il fallait ce samedi rendre le sourire à tous, c'était, en priorité, la mission que s'était donnée le coach Lionel Bilbao.

L'entame du match était placée sous le principe de précaution. Prudents, les Phénix, devant cette énigmatique équipe de Montpellier. Prudents, les Vipers, se sachant capables de coupables défaillances comme de grandes envolées, bref, du pire comme du meilleur.

Pour ce match du rachat, Lionel Bilbao avait profondément remanié son troisième bloc, qui aura touché trois fois la cible. Composant avec les blessures, Andrej Bozik se trouvait à l'aile d'Alfieri, et Richard Filip positionné au côté d'un Thomas Dumenil impressionnant de sérénité.

Le gardien rémois Marek Raczka se trouvait quand même confronté tout de suite aux ruées des trois blocs d'attaque. Au jeu de l'intensité à imprimer à une rencontre, les Nord-Américains déçoivent rarement. Marc-André Allard était la bougie d'allumage des Héraultais avec ses accélérations et ses feintes d'équilibriste talentueux. Mais Robert Marton se trouvait lui aussi sollicité par un Marc Lira (NCAA) et surtout Joe Mollard (CIS), deux universitaires importés en Champagne. Martindale, l'homme des Maritimes, se trouvant cantonné par la défense orange et bleu à de stériles débordements. Un premier tiers-temps tout imprégné du sifflet de l'arbitre Avavian, adepte d'une tolérance zéro exacerbée.

Justement, c'est Marc André Allard qui allait mettre le feu aux poudres avec un palet donné par Malcek et logé dans la lucarne opposée du gardien rémois (1-0, 23'22). La réaction des Phénix ne tardait pas avec l'expérimenté Roman Trebaticky qui profitait d'une sortie hasardeuse de Robert Marton et de l'interception de sa relance par Krzak, pour remettre les deux équipes dos-à-dos (1-1, 26'30).

Il fallait deux pénalités de Sabatier et Lira pour que les joueurs de Pascal Ryser craquent à nouveau, alors qu'Allard, retardant sa sortie, trouvait Richard Filip pour un tir dévastateur du haut des cercles (2-1, 31'11). La suite allait être une succession de pénalités appelées à juste titre, par un trio arbitral bien conscient de la tension régnant un peu partout sur la glace. Une pichenette du policier Catil lui valait prison, le grand Polonais Slawomir Krzak se retrouvait cloué au banc d'infamie pour douze longues minutes pour en avoir appelé d'une décision qu'il jugeait contestable. Le match se tendait de plus en plus entre deux équipes cherchant à se libérer par le défi. De la parole et du geste, bien heureusement, mais la tension qui grandissait illustrait bien l'enjeu que chacun, désormais, mettait à la victoire.

C'est juste avant la pause qu'Andrej Bozik finissait un beau mouvement entre Dumenil et Fornaguera par un tir à ras de glace placé du revers (3-1, 39'02). Un but suivi de deux pénalités infligées aux joueurs du Languedoc Roussillon avec la perspective d'un dur début de troisième tiers-temps.

Une fois les pénalités tuées, Alexis Billard, finissant l'action de son capitaine Michalovic par un joli tir dans le haut du filet, parvenait à faire sauter le verrou champenois (4-1, 46'58). On se dit que le champagne risquait enfin de couler, mais entre faire sauter un verrou et un bouchon de champagne, il y a parfois beaucoup plus que la distance d'une coupe aux lèvres...

Quand Richard Filip s'en allait tâter de la geôle avec dix minutes restant à écouler, personne ne songeait à s'inquiéter, tant de pénalités ayant été annihilés par une défense bien à son affaire. C'est pourtant à ce moment du match que Joe Mollard se chargeait de replonger Végapolis et les Vipers dans les affres du doute, en frappant d'un tir précis le palet donné par Martindale et Lira sur une erreur grossière de défense des hommes de Lionel Bilbao (4-2, 49'49).

Dans la foulée, Marko Filip dégageait son camp d'un palet sur la bande... qui atterrissait tout droit dans la palette de Roman Trebaticky. Pan ! Un tir frappé pour Robert Marton. But (4-3, 50'33). Tout le banc des Phénix s'était levé avec un Pascal Ryser humant le parfum du coup de théâtre. Lionel Bilbao, instruit des failles de ses troupes, appelait un temps mort pour rassurer ses joueurs.

Alors qu'ils auraient sombré il y a encore une semaine, les Vipers réagissaient, emmenés par un Jérôme Catil irrésistible, qui concluait un travail derrière la cage de Juraj Huska en avantage numérique. Le pugnace défenseur montpelliérain logeait entre les jambières du gardien rémois le puck de la délivrance (5-3, 52'07). Ainsi, Roman Trebaticky, en allant en prison juste après son but, et le gardien Raczka, auteur de tant d'arrêts mais jambières trop ouvertes cette fois-là, ruinaient les espoirs des Phénix, contraints de voir la machine des Vipers s'emballer. Une machine bien aidée par un arbitre devenu magnanime envers les spectateurs, en laissant le hockey se jouer.

Yann Fornaguera avec un but dans le haut du filet (6-3, 55'20) et Marko Filip avec un superbe tir (7-3, 58'40) enterraient la frustration de ces longs mois de privation. Comme il l'avait débuté, Marc André Allard finissait le travail par un but vif du poignet (8-3, 59'47).

Les spectateurs de Végapolis auront assisté à un match plein d'émotions et de tension. Une intensité qui a trouvé son dénouement en toute fin de rencontre, lorsque les Vipers ont refusé de se laisser rejoindre. Sans s'enflammer, sans perdre de vue les fondamentaux du hockey et de l'humilité mais aussi en se souvenant que la confiance, la fierté et la volonté soulèvent des montagnes, les joueurs de Lionel Bilbao doivent s'en aller en quête des prochains points.

 

Commentaires d'après-match (sur le site officiel de Montpellier)

Lionel Bilbao (entraîneur de Montpellier) : "Oui, la première depuis... il semble que ça fait des siècles ! Il devenait impératif de prendre des points à domicile. Pour le public et nous c'était une bonne soirée, c'était le retour de Pascal (Ryser) à Montpellier, il était attendu. Le tempo du match était parfait pour le spectacle, et puis, c'était le moment pour se faire pardonner de notre semaine noire (à Valence puis Nice en coupe). J'ai été très satisfait du travail de l'équipe lors des deux premiers tiers. J'ai senti les joueurs concernés attentifs, appliquant bien le schéma de jeu mis en place. À la pause, je demande la fermeture du jeu, une grosse présence défensive sans fautes. À la reprise, on voit les défenseurs attaquer, une sorte de hourra-hockey que je ne supporte pas ! On prend un but, puis un second, et on se trouve à 4-3 avec un breakaway sur notre cage (Marc Lira) juste après. Imaginons que le but ait été marqué... Là, Marton a été vraiment décisif. On a encore montré notre double visage, nos difficultés lorsqu'il faut contrôler la situation. On a pas le droit de sacrifier 40 minutes de bon jeu en 5 de folie."

 

Montpellier - Reims 8-3 (0-0, 3-1, 5-2)

Samedi 3 novembre 2007 à 19h30 à Vegapolis. 871 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Guillaume Barthe et Yannick Moreau.

Pénalités : Montpellier 26' (10', 10', 6'), Reims 40' (10', 14'+10', 6').

Évolution du score :

1-0 à 23'22" : Allard assisté de Malcek

1-1 à 26'30" : Trebaticky assisté de Krzak (sup. num.)

2-1 à 31'11" : Filip assisté d'Allard (double sup. num.)

3-1 à 39'02" : Fornaguera assisté de Duménil et Bozik

4-1 à 46'58" : Billard assisté de Michalovic

4-2 à 49'49" : Mollard assisté de Martindale et Lira (sup. num.)

4-3 à 50'33" : Trebaticky

5-3 à 52'07" : Catil assisté de Huska (sup. num.)

6-3 à 55'20" : Duménil assisté de Bozik et Alfieri (sup. num.)

7-3 à 58'40" : M. Filip assisté de Billard (sup. num.)

8-3 à 59'47" : Allard assisté de Takac

 

Retour à la division 1