Suède - Russie (8 novembre 2007)

 

Match comptant pour le tournoi Karjala, première manche de l'Euro Hockey Tour.

Forsberg, l'absence

Bengt-Åke Gustafsson l'avait annoncé, et la presse suédoise l'a relayé à grand renfort de publicité. Même sans contrat, Peter Forsberg avait repris en douceur l'entraînement avec son club de Modo ces dernières semaines, et la Karjala Cup devait être son grand retour au jeu, lui qui compte 98 sélections et qui devait atteindre les 100 (rentrera-t-il jamais dans ce club ?). Dès l'annonce de sa présence, les Detroit Red Wings avaient fait savoir qu'ils enverraient leur recruteur en chef et le premier adjoint de leur manager général pour observer Forsberg. Tout le monde attendait ce moment... et patatras, lors de son premier entraînement avec la Tre Kronor, sa douleur au pied s'est réveillée, comme trop souvent quand il rechausse les patins malgré l'opération qui devait renforcer ses ligaments. C'est un homme abattu qui s'est exprimé, en doute sur la suite de sa carrière (une saison complète de repos ?), et qui s'est excusé envers les spectateurs qui espéraient surtout le voir.

Dans l'affaire, cela a totalement éclipsé le retour de Daniel Tjärnqvist, autre joueur convalescent sans club (il devrait finalement signer en Russie à Yaroslavl), et cela a compliqué un peu plus la préparation d'une formation également dénuée de Martin Thörnberg et Johan Davidsson, attaquants "locaux" du HV71 de Jönköping privés pour cause de blessure des retrouvailles avec la Sbornaïa.

Devancés par leurs adversaires du soir lors de la précédente édition de l'Euro Hockey Tour, les hommes de Vyacheslav Bykov se passent de cadres, tels les duettistes de Kazan, Morozov et Zaripov. Paradoxalement, leur centre, dont l'état physique et psychologique a fait tant parler depuis trois mois, a été appelé : Sergei Zinoviev a manqué les quatre derniers matches de championnat pour des problèmes d'adducteurs, mais il a quand même été convoqué en sélection.

L'absence d'un joueur aussi emblématique que Forsberg ne paraît pas perturber les jaunes, dont le pressing contraint la Russie à se dégager à la va-vite, avant de souffler en voyant Tony Mårtensson sanctionné. Oleg Saprykin en profite pour inquiéter Stefan Liv, et si la Suède s'en sort sans dommage, les vociférations de Christian Berglund ne peuvent lui éviter la geôle. Mieux en place, la Zbornaya prend les devants sur une passe de Vladimir Antipov sur la droite vers Mozyakin, qui permet à Sergei Zinoviev d'ouvrir le score en devançant Ekman (0-1, 06'49"). Toutefois, l'arrière-garde orientale laisse quelques espaces à la paire Weinhandl-Mårtensson, et voit avec crainte ses assaillants prendre le contrôle de la zone neutre. Après une nouvelle alerte signée Berglund, sur une accélération de Patric Hörnqvist, Kenny Jönsson pointe une première fois la crosse vers Aleksandr Eremenko, vainqueur de son duel avec l'arrière de Rögle. Ce dernier a finalement raison de son vis-à-vis dès la mise au jeu, expédiant la rondelle en lucarne opposée, bien aidé par le trafic (1-1, 11'18").

Un temps recroquevillée, la Russie réagit de manière retentissante par Fedor Fedorov, qui repique de derrière la cage et, en donnant l'impression de paraître désarmé, s'approche de la ligne bleue, d'où il décoche un lancer aussi astucieux qu'imprévisible pour Liv, médusé (1-2, 13'31"). À partir de cet instant, seules des défaillances dans la dernière passe permettent aux Suédois de regagner le vestiaire avec une seule unité de retard, leur portier se rattrapant bien de la mitaine devant Kulemin, à la recherche de la lucarne, et ceci malgré l'ultime occasion offerte à Nils Ekman, mais Eremenko ne tombe pas dans la feinte de l'attaquant du Khimik.

La Tre Kronor doit patienter vingt-deux minutes pour enfin bénéficier d'un avantage numérique, non exploité car Kenny Jönsson manque désormais de soutien dans l'enclave. C'est même Anton Belov, sorti du banc des pénalités, qui laisse passer une belle occasion en manquant son contrôle. À égalité numérique, les Russes se trouvent plus facilement, grâce à ses individualités Mozyakin et Zinoviev, imposent leur jeu aux hommes de Gustafsson, plus brouillons. Les autres blocs appliquant les consignes de Bykov avec application, les jaunes commencent à faire preuve de nervosité, à l'image de Nils Ekman, auteur d'une charge appuyée sur Proshkin. Plus à son avantage et volontaire, Ekman tente à son retour sur la glace de forcer le verrou rouge, en vain car Eremenko a également retenu la leçon reçue de Kenny Jönsson au premier tiers. La multiplication des prisons côté visiteurs ne remet pas plus en course la troupe de Gustafsson malgré l'activité de Mårtensson. À l'autre extrémité, Liv, moins occupé, reste concentré pour empêcher Afanasenkov de profiter d'une perte de palet d'Åkerman et repousse le lancer de Nikulin, témoin d'un retour à l'offensive de la Russie, sous la houlette du duo Mozyakin-Antipov, assez à l'aise.

Douche froide sur Jönköping

La pénalité infligée à Lindström en fin de période permet à Simakov de mettre Evgeni Medvedev sur orbite, mais Stefan Liv fait l'arrêt, avant de s'imposer de la crosse devant Vladimir Antipov, trop rapide pour les défenseurs suédois. Secouée, au propre comme au figuré, à l'image de Hörnqvist, percuté par Tereschenko, la Tre Kronor tente de relever la tête, mais dilapide les occasions en supériorité numérique. Une aubaine pour la sereine Sbornaïa, bien repliée sur l'assaut de Jonas Nordquist, lancé par Magnus Kahnberg, et qui riposte par un numéro insolent de facilité de Fedor Fedorov, solide dans sa conservation du palet devant un Liv à la renverse, et surtout par Evgeni Medvedev, dont le lancer à la ligne bleue n'est que freinée par le portier des jaunes, malheureux (1-3, 54'00"). La Suède a beau retrouver sa classe de façon intermittente, sur la reprise de Daniel Tjärnqvist maîtrisée de façon peu orthodoxe par Eremenko, ce déficit de deux buts est trop important devant une formation réaliste et bien organisée, notamment en infériorité numérique.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Je comprends les Suédois. La Tre Kronor appartient à tout le pays. Mais cinq heures de bus de Jönköping à Stockholm, ce n'est pas la meilleure méthode de récupération. Ils pourraient aussi penser à leurs invités, et à leur assurer une transition plus rapide et plus confortable vers la suite du tournoi à Helsinki. Les journaux suédois ont écrit que je voulais absolument organiser un match d'Euro Tour en Sibérie en guise de revanche. Je n'ai rien dit de tel. Nous ne voulons intimider personne. L'organisation de la compétition doit être un dialogue, pas une opposition. [...] Je n'ai pas mis de pression sur Zinoviev pour l'inclure de force dans la sélection. Il a pris lui-même la décision de jouer le tournoi Karjala, après s'être entretenu avec un médecin. Je sais que c'est un excellent centre, qui peut se mettre en évidence même sur une ligne totalement nouvelle."

 

Suède - Russie 1-3 (1-2, 0-0, 0-1)

Jeudi 8 novembre 2007 à 19h30, Kinnarps Arena de Jönköping. 7 038 spectateurs.

Arbitrage de Vladimir Sindler (TCH) assisté de Christian Jönsson et Johan Sjödahl (SUE).

Pénalités : Suède 14' (6', 4', 4'), Russie 16' (0', 10', 6')

Tirs : Suède 30 (13, 8, 9) Russie 24 (6, 9, 9).

Évolution du score :

0-1 à 06'49" : Zinoviev assisté de Mozyakin et Antipov (sup. num.)

1-1 à 11'18" : Jönsson assisté de Warg et Ekman

1-2 à 13'31" : Tereschenko assisté de Fedorov et Afanasenkov

1-3 à 54'00" : Medvedev assisté de Simakov et Fedorov

 

Suède

Gardien : Stefan Liv (sorti à 58'45").

Défenseurs : Kenny Jönsson (C, 4') - Johan Åkerman ; Andreas Holmqvist - Jan Sandström ; Daniel Tjärnqvist (A) - Per Hållberg (2'); Fredrik Lindgren - Sanny Lindström (A, 2').

Attaquants : Nils Ekman (2') - Fredrik Warg - Linus Videll ; Mattias Weinhandl - Rickard Wallin - Tony Mårtensson (2') ; Magnus Kahnberg - Jonas Nordquist - Per Ledin ; Christian Berglund (2') - Johan Andersson - Patric Hörnqvist.

Remplaçant : Jhonas Enroth (G).

Russie

Gardien : Alexander Eremenko.

Défenseurs : Vitaly Proshkin (A, 4') - Ilya Nikulin ; Sergei Peretyagin (2') - Vitaly Atyushov (A) ; Andrei Kuteykin (2') - Anton Belov (2') ; Evgeni Medvedev (2') - Konstantin Korneev.

Attaquants : Sergei Mozyakin - Sergei Zinoviev - Vladimir Antipov (C) ; Timofei Shishkanov - Ivan Nepryaev (2') - Nikolaï Kulemin ; Dmitri Afanasenkov - Alexei Tereschenko - Fedor Fedorov (2') ; Oleg Saprykin - Anton Kuryanov - Aleksei Simakov.

Remplaçant : Dmitri Yachanov (G).

 

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