Épinal - Angers (8 décembre 2007)

 

Match comptant pour la quinzième journée de la Ligue Magnus.

Des Dauphins très chouettes !

Minimalistes mais réalistes à Villard-de-Lans la semaine passée (1-0), les "boys" de Shawn Allard ont assuré l'essentiel avant d'accueillir leur plus fameuse bête-noire du moment. Dans l'imaginaire spinalien, ces Ducs seraient comme cette Allemagne décrite vingt ans plus tôt par un Anglais célèbre, le footballeur Gary Lineker (quoi, vous avez pensé à Daniel Scott ?). En adaptant son adage aux récentes confrontations spinalo-angevines, il semblerait effectivement qu'à la fin, ce soit toujours Angers qui gagne !

Mais cela va peut-être changer. Après avoir survolé le début de saison, les Ducs ont tout récemment perdu quelques plumes. Si Rouen a tout récemment préservé son invincibilité devant ces drôles d'oiseaux en coupe de la ligue, Briançon est dernièrement venu les fusiller au Haras. Plus fâcheux encore, Éric Fortier se ressent encore d'un choc contracté face aux Diables rouges. Par conséquent, Michaël Tessier et le rude Tomas Baluch s'associent à cet ancien baroudeur des ligues nordiques qu'est Sami Salonen. Alors Angers, moins fortiche sans Fortier ?

Une Ville de cadeaux sous le sapin spinalien

C'est qu'ils ne semblent pas être dans leur assiette ces Ducs-là, empruntés et sujets à une foule d'imprécisions devant un adversaire, lui, transcendé par l'événement. Il est vrai que Shawn Allard, en bon catalyseur, avait briefé ses troupes et prôné un investissement total, flairant-là le bon coup. Jan Plch est bien près, sitôt le coup d'envoi, de donner corps à ses projets sur un tir contré par le talon de Tomas Baluch et... longeant la ligne de Ville Koivula pour finalement choire au ras du montant (00'34"). Le ton est donné !

Imprécis et moyennement inspirés, les Angevins peinent à prendre leurs marques. S'ils restent capables de déployer quelques schémas fluides, principalement en contre-attaque, les Ducs n'en restent pas moins hésitants sur leur base arrière. Et approximatifs par dessus le marché... Trop confiant, Lauri Lahesalu, alors chargé de remonter le disque en supériorité numérique, pêche ainsi par gourmandise en tentant d'éliminer un Shawn Allard venu presser. Manque de chance, l'Estonien se fait contrer et Allard le remercie du cadeau en s'y reprenant à deux fois pour fourrer le palet entre les bottes de Koivula (1-0 à 07'29"). Angers n'en est qu'au début de sa douleur...

Et encore, Simo Romo, par une reprise en première intention, aurait pu abréger son calvaire naissant si Ville Koivula n'était, une fois n'est pas coutume, resté étanche (09'17"). Mais voilà, en ces premiers instants, l'ASGA fait encore illusion par la diversité et l'homogénéité de ses trois blocs. Une montée du premier trio engendre ainsi un cafouillage dans le slot de Stanislav Petrik, se démultipliant sur sa ligne pour finalement s'incliner devant un Éric Lavigne monté, comme à son habitude, aux avant-postes pour cueillir le rebond (1-1 à 10'44"). La première récolte de Lavigne, toujours partant pour contribuer à l'effort offensif, ne sera sûrement pas la dernière ce soir !

Cela suffit à rendre Angers plus agressif, mais aussi nettement plus accrocheur. Voire roublard par moments grâce au travail de sape notamment combiné par Martin Lacroix et Yven Sadoun, deux spécialistes du genre, leur permettant de multiplier les récupérations. Désormais remis de cette entame difficile, les leaders du championnat semblent même en récolter les fruits, aidés il est vrai par quelques bons coups de sifflets. Simon Lacroix, d'un slap de la ligne bleue, trouve la lucarne de l'inattendu "blanchisseur" de Villard-de-Lans, Stanislav Petrik (1-2 à 12'39").

Variant ainsi leurs coups, ils semblent se détachent sur une combinaison initiée en fin d'avantage numérique, sur une largesse défensive occultant l'énorme travail jusqu'alors réalisé par la boite spinalienne. Jean-François Jodoin trouve ainsi le relais d'un Julien Albert revirant aussitôt au second poteau, vers Michaël Tessier (1-3 à 17'55"). Les efforts consentis par les locaux, solidaires dans tous les aspects du jeu, ne semblent alors pas suffisants pour gripper une machine solide à défaut d'être impressionnante. À commencer par un Ville Koivula bien peu rassurant...

Koivu, es-tu la ?

Pour preuve, le cerbère finlandais ne tient pas dix secondes avant de commettre l'irréparable. Croyant avoir bloqué un tir de Plch, Koivula se fige... mais laisse filer dans son dos l'objet de tous les désirs. C'est-là que la vitesse de Jan Simko est appréciable, lui permettant de tirer les marrons du feu (2-3 à 20'09").

Voilà qui aurait pu être sans incidence notoire si Juho Jokinen n'avait pas trouvé l'arête gauche de la cage sur son revers en débordement (21e). Ou même si Sami Salonen, pourtant seul au second poteau, n'avait pas tant ouvert ses poignets sur une transversale aux petits oignons de Lauri Lahesalu (23'18"). Mais voilà, avec des "si" on mettrait Paris en bouteille... où plutôt Épinal en image ! Celle de Lionel Simon en prend d'ailleurs un coup sur une accélération d'Hermanni Vidman, qui le cloue sur place et permet à l'ancien Scorpion de contourner la cage pour servir un Éric Lavigne plongeant vers le slot (2-4 à 26'25"). Le coup de poignet du Montréalais fait le reste.

À cœur vaillant rien d'impossible

Mais voilà, les tenants de la Coupe de France vont lentement s'effacer devant une activité vosgienne générant un tempo sans cesse plus soutenu. D'abord Stéphane Gervais, servi dans l'enclave par un Jan Plch enfin retrouvé, leur rend la monnaie de la pièce en fusillant à son tour Ville Koivula (3-4 à 26'42"). Ensuite, c'est Simo Romo, lui aussi en net regain de forme, qui crucifie son compatriote après un effort notable d'Ilpo Salmivirta (4-4 à 27'47"). Le redoutable Michaël Tessier, lui, n'a pas cette chance sur percée où un bon jeu défensif l'excentre trop pour qu'il puisse redresser vers une cage ouverte (33e)...

Entre temps, le match aura basculé dans le défi physique avec des locaux affirmant leur présence et leur activité, surtout dans ce domaine. En confiance, ils jouent des coudes et s'en remettent ainsi à ce diable de Gervais, redevenu cette arme fatale du powerplay. Un essai non-cadré du sniper canadien rebondit derrière la cage, permettant à Chassard de prendre tout le monde de vitesse (5-4 à 33'28").

Vitesse ? Vous avez dit vitesse ? C'est qu'il y a sûrement Simko sous roche alors ! Fidèle à lui-même, le pétard mouillé slovaque embrase la glace, prend les espaces, mais persiste à vouloir glisser ses breaks entre les bottes des gardiens adverses. Depuis le temps qu'il essaye, Simko devrait se faire une raison !

Au-delà de l'inefficacité maladive de Jan Simko, un autre constat s'impose dans cet acte médian. Pour la première fois de la saison, toute l'équipe spinalienne répond simultanément présent. Cette envie collective cloue littéralement le bec à des Ducs dont la flamme semble doucement s'éteindre. Celle des Lorrains, elle, croît inéluctablement et Stéphane Gervais, encore lui, remet ça d'un plomb foudroyant en pleine lucarne (6-4 à 35'41"). Poussés dans leurs derniers retranchements, les Angevins ont clairement perdu le fil du match. Totalement débordés, voire submergés par des Dauphins généreux et appliqués, ils semblent même résignés ou du moins usés par un rythme devenu, pour eux, bien trop éreintant...

En vingt minutes, le changement de décor fut radical mais Koivula n'en a pas encore terminé avec ses tourments. Le Finlandais tient cette fois trente secondes avant que Gervais, à mi-distance, n'allume de nouveau sa lucarne (7-4 à 40'31"). Le temps-mort aussitôt demandé par François Dusseau, ouvertement destiné à sortir les hommes de leur torpeur, n'aura qu'un seul effet concret : l'entrée en jeu de Florian Hardy. Mais la responsabilité de Koivula étant partiellement engagée, changer ses batteries à cet instant précis du match ne sert plus à grand chose...

Et n'allez surtout pas chercher d'exemple du côté des vétérans comme Simon Lacroix. Sur ce coup, le Franco-Canadien, fraîchement rappelé en sélection nationale après de longues années d'absence, ne fait vraiment pas honneur à sa réputation en perdant un puck de relance devant Jan Plch. Avec l'appui de Simko, le stratège slovaque met fin à de longues, très longues semaines de disette en plaçant le rebond entre les jambières de l'infortuné Florian Hardy (8-4 à 43'04"). Si l'ex-Nantais se rachète aussitôt avec une mitaine ferme devant Chassard (43'18"), il ne pourra s'empêcher de copier son devancier, quelques minutes plus tard, en relâchant un lancer qu'il tenait préalablement dans sa hotte. Interceptée en zone offensive par Salmivirta, une passe de Lavigne coupe net le jeu d'impuissance angevin et lance ainsi Chassard vers sa destinée. Le meilleur compteur tricolore du moment n'en demandait pas tant (9-4 à 51'31").

Bousculés comme jamais, les Angevins sont portés disparus. Pour eux, la messe est dite depuis longtemps et ce n'est pas cette réduction du score à bout portant de Tessier qui les consolera (9-5 à 59'26"). Ils auront tout perdu ce soir, notamment leur fauteuil de leader. Épinal par contre, aura vengé des années de frustration face à un adversaire étonnement déplumé. Et mieux que ça encore, son match-référence !

Pour une fois, c'est Épinal qui aura gagné... et avec la manière !

Les raisons ne manquent pas pour expliquer les raisons de cette débâcle angevine. Les cadres défensifs ont paru vieillissants, sans jus face à la fougue de leurs contradicteurs, souffrant incontestablement de l'accumulation des matchs et de ces rotations amoindries par le forfait de Pavol Mihalik. Pas de quoi rassurer le jeune Kevin Igier, bien trop tendre ce soir, et encore moins un Ville Koivula craquant à des moments clés de la partie. Tomas Baluch, l'homme en forme du moment, fut lui bien discret, et seuls Michaël Tessier voire Juho Jokinen et Éric Lavigne auront un temps surnagé. Avant d'être eux aussi plumés, à l'image d'une attaque inconstante et sans ressources.

C'est-là une conséquence de l'étonnante qualité du jeu spinalien, d'où un grand sentiment de satisfaction pouvait légitimement transpirer. Chacun (ou presque) remplit son rôle à la perfection, jouant juste et bien, respectant les consignes et y mettant le cœur et l'intensité nécessaire. Le retour en forme de Jan Plch n'y est sûrement pas étranger, lui qui a retrouvé ce soir son rôle premier d'inspirateur offensif. En pleine bourre, Stéphane Gervais aura pour sa part éclaboussé le match, conjuguant sérieux défensif et pertinence offensive, par la pointe de son lancer. Sans négliger le domaine physique, où son écot fut également décisif aux-côtés du précieux, mais moins flamboyant Peter Slovak. Bref, en ne citant que ceux-là, on ne fait que souligner la partie émergée de l'iceberg puisque cette œuvre est avant tout collective. On retiendra donc une cohésion enfin effective, des placements rigoureux, des forechecks constants et régulièrement complétés. Mais aussi un box-play solidaire et avare de solutions, confirmant ce léger frémissement défensif entrevu depuis deux semaines. Sans parler d'une ténacité à toute épreuve, garante d'une vraie richesse offensive et d'un état d'esprit exemplaire qu'il serait de bon ton de préserver dans les semaines à venir. Car, quand elle joue comme ça, l'ICE a vraiment tout d'une grande !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Angers 9-5 (1-3, 5-1, 3-1)

Samedi 8 décembre 2007 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1001 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Benjamin Gremion et Jérémy Rauline.

Pénalités : Épinal 18' (8', 6', 4'), Angers 16' (2', 8', 6').

Évolution du score :

1-0 à 07'29" : Allard (inf.num.)

1-1 à 10'44" : Lavigne assisté de Tessier et Salonen

1-2 à 12'39" : S. Lacroix assisté de Tessier et M. Lacroix (sup.num.)

1-3 à 17'55" : Tessier assisté de M. Lacroix et Jodoin

2-3 à 20'09" : Simko assisté de Petrak

2-4 à 26'25" : Lavigne assisté de Vidman et Jodoin

3-4 à 26'42" : Gervais assisté de Plch et Petrak

4-4 à 27'47" : Romo assisté de Salmivirta et Listiak

5-4 à 33'47" : Chassard assisté de Gervais et Plch (sup.num.)

6-4 à 35'41" : Gervais assisté de Plch (sup.num.)

7-4 à 40'31" : Gervais assisté de Plch et Simko

8-4 à 43'04" : Plch assisté de Simko

9-4 à 51'32" : Chassard assisté de Slovak et Salmivirta (inf.num.)

9-5 à 59'26" : Tessier assisté de Salonen et Baluch

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Slovák - Stéphane Gervais ; Marc-André Crête - Peter Listiak ; Radoslav Regenda - Lionel Simon [ou Borislav Ilic].

Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Shawn Allard - Marc Lefebvre - Guillaume Papelier ; Tarik Chipaux - Luc Mazerolle - Sébastien Geoffroy [ou Daniel Scott].

Remplaçant : Franck Constantin (G).

Angers

Gardien : Ville Koivula puis Florian Hardy à 40'31".

Défenseurs : Éric Lavigne ; Simon Lacroix ; Lauri Lahesalu ; Jean-François Jodoin (A) ; Kévin Igier.

Attaquants : Tomas Baluch - Sami Salonen - Michaël Tessier ; Juho Jokinen (A) - Matias Metsäranta - Hermanni Vidman ; Yven Sadoun - Martin Lacroix (C) - Julien Albert.

Absents : Éric Fortier (entorse acromio-articulaire), Pavol Mihalik (blessé à la cuisse), Nicolas Deshaies (études).

 

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