Épinal - Saint-Gervais/Megève (26 décembre 2007)

 

Match comptant pour la dix-septième journée de la Ligue Magnus.

Du Mont-Blanc au dessert !

Tourmentés par une récurrente indiscipline et un Guillaume Chassard plus infernal que jamais, les Diables noirs ont bien failli vivre l'enfer samedi dernier. Devant ce (presque) Tours de force réussi rue de l'Élysée, la saison spinalienne, prometteuse mais jusqu'alors trop inconstante, paraît enfin lancée.

Pour ne pas gaspiller cet "entre-deux réveillons", la dynamique bleue se doit ainsi d'être perpétuée pour gratter deux points traînant encore au pied du sapin. De quoi rapprocher l'ICE de son objectif et, par conséquent, de son visiteur d'un soir. Mais attention, l'Entente n'entend pas être privée de dessert ! Depuis maintenant deux hivers, ces Alpins-là sont ceux réussissant le mieux aux Vosgiens. Les chiffres en ce sens sont implacables avec, dernièrement, un succès acquis in-extremis dans l'anonymat megévan (5-4). Mais cette jeune garde toujours valeureuse (et encore encadrée par l'éternel Christian Pouget) est reconnue pour sa ténacité.

Les Spinaliens, gênés par la densité de lignes arrières resserrées, se montrent incapables de poser leurs jalons en ces premiers instants. Devant ce travail de sape et cette solidarité, la créativité vosgienne s'en voit fatalement altérée et ses combinaisons désamorcées. Les contres en découlent donc naturellement et Mathias Arnaud, d'un tir ricochant au ras du montant, signe la toute première occasion de la partie (2e).

L'Avalanche, bien en place et espiègle jusque dans l'échec-avant, devient plus audacieuse au fil des minutes en coupant les lignes de passes pour jouer sur sa spontanéité offensive. Se créant mêmes de bonnes occasions, à l'image d'une récupération suivie d'une infiltration de Yohann Auvitu, papillonnée par Stanislav Petrik (07'53"). Ce manque de solutions côté local ne freine toutefois pas le rythme, ni même la fluidité de cette entame.

Dominés en zone neutre, les Dauphins ne s'impatient pas et attendent leur heure, bien conscients de leurs forces. L'une d'entre elles est sans conteste la complémentarité quasi-innée entre Jan Plch et Michal Petrak. Eux aussi bousculés, les deux Slaves finissent par trouver une petite brèche ; Jan Plch décale un Jan Simko butant naturellement sur Radek Lukes. Michal Petrak poursuit l'action, déboulant du coin droit pour se jouer de son compatriote (1-0 à 08'29").

Rigoureux et homogènes, les Alpins avaient jusqu'alors limité les solutions offensives de leurs contradicteurs et l'organisation d'Ari Salo se montre encore efficace sur la première pénalité concédée (12'24"). Tellement que le bloc de Shawn Allard et Simo Romo ne franchit jamais le premier rideau. Bref, bien peu d'actions concrètes malgré un filet extérieur frémissant sur une rafale de Stéphane Gervais (15'00") puisque l'abattage des cadres de l'Entente (la vivacité du néo-international Clément Masson, l'intensité de Nicolas Antonoff ou encore la roublardise de Christian Pouget) font merveille.

Ça sent le sapin pour les Alpins

Alors que l'ICE se dirige vers le premier entracte fort d'un avantage certes minimal, mais précieux au vu de la physionomie, Michal Petrak, encore lui, travaille derrière la cage sans se soucier du chrono pour servir un Peter Slovak monté au filet. Cet inhabituel instinct offensif est payant puisqu'il envoie sa reprise sous la barre (2-0 à 19'59").

Sans démériter, les jumelés de Saint-Gervais et Megève se retrouvent mal bien embarqués. Assaillis dès le retour des vestiaires (avec deux breakaways évidemment ratés par Simko devant un Lukes souvent kamikaze dans ses interventions), ils concèdent une nouvelle pénalité de Markus Laine (21'07") mais déploient un box-play contrariant pour le redoutable powerplay vosgien, réduit sur ce coup au silence. Dommage pour eux que l'offensive ne soit pas aussi efficace puisque la finition n'en finit pas de faire défaut à l'Entente. Étienne Croz, sur une montée rageuse de Christian Pouget, est petit bras devant la cage vide, alors que Kai Öhberg, sur une énième mise au jeu glanée par Clément Masson, voit son lancer balayé heurter la base du montant gauche de Stanislav Petrik (23'41").

C'est sur ce point très précis que s'effectue la différence dans ce match équilibré et engagé. Épinal, sans flamber, enfile le bleu de chauffe et ne renie pas les basses besognes, ce qui lui vaut de multiplier ses chances devant le filet. Ainsi la deuxième ligne locale, sublimée par un Guillaume Chassard taille-patron, est présente sur tous les fronts. Lancé dans le dos de la défense par Simo Romo, Ilpo Salmivirta voit son revers décrypté par Radek Lukes (24'17") avant d'aussitôt obtenir une seconde chance. Une pénalité différée étant appelée, Jan Plch arrive en renfort et décale l'ailier-fort finlandais dans son jardin, au second poteau (3-0 à 24'58").

Plch, Petrak, Chassard, le brelan d'as des Dauphins

Si l'Entente ne relâche pas pour autant son effort, les Lorrains trouvent plus facilement leurs repères en zone offensive. L'influence croissante de Chassard pèse ainsi sur les débats, démontrant une fois encore toute l'importance du Tricolore le plus productif de Ligue Magnus.

Dans le même genre, Christian Pouget n'est pas en reste. Avec son métier, le vétéran apporte beaucoup à son groupe, s'affirmant même comme la plaque tournante du jeu de puissance. C'est en tout cas ce qu'il ressort d'une séquence pleine de leadership où son slap, limpide, fait mouche comme à ses plus belles heures (3-1 à 29'50"). Il n'en faut guère plus pour ressourcer l'Entente, à nouveau bénéficiaire d'un homme mais déficitaire dans la réussite, sur un lancer frappé de Laine expédié sur le haut de la barre transversale (30'39").

Toujours prompts à jaillir en contres, les Alpins voient cependant un problème émerger en cette deuxième période, Jan Plch. La technique du Slovaque devient un casse-tête quasi-insoluble, tout comme la vitesse de son compatriote Jan Simko, qui engendre même un double avantage numérique après plusieurs courses illicitement contrées. Et c'est-là qu'entre en jeu Stéphane Gervais, le tireur d'élite à la feuille d'érable, qui décoche un obus sur la barre bien suivi par un Michal Petrak complètement excentré (4-1 à 36'32").

S'ils trouvent toujours de quoi se procurer quelques occasions, les Montblanais ne brillent pas par leur efficacité offensive. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer, d'autant que la défense vosgienne se tient désormais en rangs serrés, ce qui n'arrange rien à l'affaire. Pour preuve Guillaume Chassard, sur une rondelle dégagée en fin d'infériorité, prend la tangente et se débarrasse de Pierre-Antoine Simonneau pour feinter avec sang-froid Radek Lukes (5-1 à 42'32"). Impressionnant !

La sévérité du tableau d'affichage ne reflète en rien la prestation d'ensemble du Mont-Blanc. Les Haut-Savoyards travaillent pourtant d'arrache-pied pour rendre cette note moins salée. En vain, la faute à un Petrik par instants "petrikéen" ! L'ICE préserve ainsi son écart et le gonfle même devant un Radek Lukes livré à lui-même par... Guillaume Chassard ! Top shelf, stick side comme on dirait outre-Atlantique (6-1 à 56'30").

Entre temps, une fâcheuse envie de régler des comptes, amplifiée sur une action loin de palet laissant à terre Radoslav Regenda (53'08"), aura instauré un climat pour le moins houleux. Les forechecks de Marc Lefebvre, toujours complétés de solides mises en échec, ne font pas l'unanimité chez Étienne Croz et les siens, secoués par la dimension physique du col-bleu canadien, omniprésent ce soir.

Le cœur n'a pas suffi

Le score est flatteur, mais la victoire est méritée pour des Spinaliens méthodiques mais longtemps gênés par un adversaire coriace. L'Entente s'est ainsi appliquée à limiter les espaces et à jouer en mouvement pour brider une offensive locale qui est finalement, mais non sans mal, parvenue à en prendre la mesure. Cette stratégie volontaire, couplée à un patinage constant et à des replis efficaces, lui aura permis de faire longtemps jeu égal avec son hôte avant de craquer à la mi-match. Mais voilà, malgré le petit centre Clément Masson, qui a décidément tout d'un grand, malgré l'envie collective, un seul palet aura franchi la ligne de Stanislav Petrik.

Plus réaliste, Épinal a tout simplement fait le métier, porté par un collectif dense d'où émergent des Chassard, des Plch, des Petrak pour dynamiser le puck, mais aussi des Crête, des Lefebvre et des Slovak pour un abattage défensif tout aussi décisif. La bonne série de l'ICE se poursuit donc et il n'y a pas de raisons qu'elle cesse chez la lanterne-rouge caennaise.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match (dans le communiqué du HC Mont-Blanc)

Ari Salo (entraîneur de Saint-Gervais/Megève) : "Ce soir l'équipe a manqué de combativité et d'engagement physique. Ce manque de détermination d'une partie de l'effectif est préjudiciable et sans l'implication de tous nous ne pouvons prétendre à mieux."

 

Épinal - Saint-Gervais/Megève 6-1 (2-0, 2-1, 2-0)

Mercredi 26 décembre 2007 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1001 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Benjamin Gremion et David Courgeon.

Pénalités : Épinal 18' (0', 6', 12'), Mont-Blanc 26' (2', 8', 6'+10').

Tirs : Épinal 34 (9, 17, 8), Mont-Blanc 31 (8, 13, 10).

Évolution du score :

1-0 à 08'29" : Petrak assisté de Simko

2-0 à 19'59" : Slovak assisté de Petrak et Simko

3-0 à 24'58" : Salmivirta assisté de Plch et Petrak

3-1 à 29'50" : Pouget assisté de Masson et Öhberg (sup. num.)

4-1 à 36'32" : Petrak assisté de Gervais et Plch (double sup. num.)

5-1 à 42'32" : Chassard assisté de Gervais et Petrik (inf. num.)

6-1 à 56'30" : Chassard assisté de Plch et Petrak (sup. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Slovák - Stéphane Gervais ; Marc-André Crête - Peter Listiak ; Radoslav Regenda - Lionel Simon [ou Borislav Ilic].

Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Shawn Allard - Marc Lefebvre - Guillaume Papelier [en alternance avec Luc Mazerolle] ; Tarik Chipaux - Sébastien Geoffroy [ou Daniel Scott].

Remplaçant : Franck Constantin (G).

Saint-Gervais/Megève

Gardien : Radek Lukes.

Défenseurs : Markus Laine - Numa Besson ; Arthur Cocar - Kai Öhberg ; Pierre-Antoine Simonneau - Johann Morant.

Attaquants : Yohann Auvitu - Étienne Croz - Sébastien Subit (A) ; Christian Pouget - Clément Masson - Nicolas Antonoff (A) ; Sylvain Nicoud - Thierry Nicoud (C) - Mathias Arnaud ; Romain Orset - Fabrice Leglaive.

Remplaçant : Guillaume Richard (G). Absent : Tuomas Tikkanen (maladie de Crohn), Yohann Chauvière.

 

Retour à la Ligue Magnus