Mulhouse - Asnières (9 février 2008)

 

Match comptant pour la dix-huitième et dernière journée de division 2, poule est.

Croteau et la relève font parler la poudre

Mulhouse et son attaque flamboyante sont donc parvenus à préserver leur troisième place des diverses convoitises. Lyon et Nice intouchables, les Scorpions ont résisté à Dunkerque, à la réserve mont-blanaise et connaissent, depuis une semaine déjà, leur adversaire pour les prochains playoffs. La saison régulière vivant ce soir son épilogue (avec, en point d'orgue, un très attendu combat des chefs à Charlemagne entre Lyon et Nice), les regards sont déjà tournés vers Font-Romeu. Car les Aigles des Pyrénées, sixièmes à l'ouest, seront les premiers à se dresser sur la voie des Alsaciens en post-saison.

Mais en attendant, les Castors d'Asnières sont au menu. Des Franciliens vainqueurs à l'aller dans des circonstances favorables. Mulhouse, alors privé de la quasi-totalité de ses étrangers (exceptés Martel et Oulik) s'était en effet nettement incliné dans les Hauts-de-Seine (4-8).

Les choses ont changé depuis. Les Scorpions, portés par l'étonnante efficacité de leur maître à jouer canadien David Croteau (auteur d'un quintuplé voilà deux semaines face à Chambéry), ont acquis depuis une bonne notoriété dans cette poule est et une réputation d'équipe offensive et spectaculaire.

Mulhouse aborde ce match sans enjeu apparent, le dernier de la phase régulière à l'Illberg, pour "prendre du plaisir" comme le soulignait l'entraîneur local Laurent Arnaud, avec un contingent identique à celui aligné contre les Éléphants. En effet le capitaine Vincent Bringuet, le buteur Romain Pierrel et le polyvalent Vincent Da Silva seront ménagés pour l'occasion. De quoi faire la part belle aux jeunes, responsabilisés ce soir à l'image de Sylvain Lerch, titularisé devant le filet en lieu et place du Québécois Marc-André Martel.

Le "Croteau-Show" sans modération

Prenant rapidement le contrôle des opérations, les Scorpions assiègent un Guillaume Dalsasso soumis, d'entrée, au régime Croteau. Avec sa vista et sa technique supérieure, le centre canadien survole proprement les débats et sublime à lui seul ses compagnons de trio. Le rapide ailier David Oulik mais aussi Loïc Claden se procurent donc de bonnes occasions, toutes contrecarrées par le portier francilien. Les coups de patte de Croteau, associés à l'audace des jeunes (d'ailleurs bien entourés par l'expérimenté Julien Aubry), rythment donc une amorce de partie dominée par les locaux.

Mais voilà, à trop gâcher, ceux-ci finissent par tomber, lentement mais sûrement, dans un certain faux-rythme. Celui de Castors certes moins entreprenants, mais enhardis par cette résistance initiale. Bien sûr ce diable de Croteau fait encore des siennes, enrhumant ses vis-à-vis comme il changerait de chemise et servant, au passage, l'offensif Tomas Tupy, fidèlement parti à l'abordage mais qui temporise trop devant la cage (8'40"). Bien sûr, l'abattage d'Aubry se heurte au bouclier de Dalsasso (9'17"). Mais en dépit de cette relative mainmise, c'est Asnières qui ouvre la marque, en toute fin de supériorité numérique sur un slap flottant décoché par David Machon et dévié, à mi-hauteur, par Guillaume Pfeiffer (0-1 à 11'42").

En ces terres vinicoles, les vendanges ont assez duré, se dit-on. Et le déclic viendra de Tomas Tupy, tireur d'élite de son état. Une longue sortie de zone du Tchèque, trouvant le relais de David Croteau en zone neutre, permettra à David Oulik, libre dans son couloir droit, d'enfin s'en aller déjouer Dalsasso (1-1 à 13'13"). Tupy, pas toujours très brillant dans ses interventions (c'est le moins qu'on puisse dire vu ses nombreuses largesses défensives et ses relances pour le moins hasardeuses), l'est davantage lorsqu'il pointe aux avant-postes. Nouvelle preuve s'il en est sur un matraquage en règle du cerbère francilien qu'il conclut du poignet, à l'affût d'un énième rebond (2-1 à 18'42"). Sous la houlette de Croteau, Mulhouse fait doucement, mais sûrement, parler sa force intrinsèque malgré une arrière-garde trop fréquemment fébrile, mais bien soutenue par la prestance d'un Sylvain Lerch très fiable sur cette poignée d'assauts banlieusards.

Au retour des vestiaires on prend les mêmes... et on recommence ! Sauf que cette fois-ci Asnières s'emploie à gêner plus efficacement le déploiement offensif de ses hôtes. Cela n'empêche certes pas Croteau de poursuivre son festival puisque les Castors restent à la merci des actions individuelles de cet étonnant stratège. Mais cet échec avant suffit à freiner les manœuvres collectives des Scorpions. Toutefois les Asniérois manquent cruellement de précision aux abords d'un filet bien gardé par Sylvain Lerch. Le back-up alsacien, parfois délaissé, ne s'en laissera pas compter, repoussant de la botte un break de Mikko Kallioinen (27'00") et participant activement à l'échec d'un Jean-Christian Fornero pourtant esseulé dans l'enclave suite à une séquence du remuant Émilien Rouyer en toute fin d‘avantage numérique (29'16").

Car les Scorpions ressortent consolidés de leurs indisciplines et punissent sans coup férir celles de leurs contradicteurs. Redoutable lors de deux échappées en désavantage numérique, David Croteau l'est tout autant en powerplay et profite d'un service de Julien Aubry, planté dans le coin, pour s'enfoncer dans l'enclave et lever son propre rebond au-dessus de Guillaume Dalsasso (3-1 à 31'04").

Il va sans dire que Croteau en fait voir de toutes les couleurs à la défense francilienne. Alternant courses percutantes, crochets, pressings et occasions grandeurs natures, le Canadien confirme son étiquette de "super poil à gratter" de la division 2. Contraignant sa garde rapprochée à une surveillance constante, il décharge ainsi ses acolytes, libérant les espaces propices à la production offensive. Pris contre la bande, Croteau laisse filer pour Aubry, lequel voit Oulik couper dans le slot (4-1 à 34'09"). Et puisque l'indiscipline perdure, le jeu de puissance continue d'engranger. Aussi ne lui faut-il qu'une quinzaine de secondes pour s'installer et quintupler la mise, par le jeune Baptiste Rahm, à réception d'un mouvement amorcé par Julien Aubry et relayé dans l'enclave par Tomas Tupy (5-1 à 38'14").

Offensivement empruntés malgré l'activité incessante de Rouyer, les Castors limitent d'eux-mêmes leurs chances de réduire le score devant un Lerch des plus inspiré. Pourtant, et comme les courants d'air se font parfois sentir dans le sens de la défense, le cerbère mulhousien finira par se faire cueillir, non sans avoir préalablement repoussé le break-away d'un Fornero jaillissant au nez à la barbe naissante du jeune duo Gaétan Marck - Guillain Pierrel. Le problème, c'est justement que le Niçois profitera de cette "tendresse" pour scorer du revers (5-2 à 45'06").

Un sursaut sans conséquence sur la dynamique haut-rhinoise, profitant à son tour d'un net fléchissement défensif adverse pour retrouver toute sa vigueur. L'écharpe est ainsi de sortie sur un coup de froid défensif permettant à Julien Aubry d'avoir un boulevard pour se permettre d'ajuster Guillaume Dalsasso du poignet (6-2 à 46'10"). L'infortuné gardien des Castors n'en a pas fini puisqu'une série de contres favorables à David Oulik permettront à Loïc Claden, en soutient du Tchèque, de se faire plaisir en balayant la lucarne, côté mitaine qui plus est (7-2 à 50'01").

Démobilisés car sujets à un cruel déficit de fraîcheur physique, les Franciliens sont surpassés, et Guillaume Dalsasso plus que jamais livré à lui-même. Un assaut rageur de Thibaut Fohrer le pousse ainsi à concéder un retour aussitôt fructifié par Michel Roda (8-2 à 51'55"). Eh oui, même les jeunes ont eu droit à leur part du gâteau puisque tous les blocs se sont mis au diapason ce soir !

Le fin mot de l'histoire revient finalement aux gâchettes plus traditionnelles. Ainsi Croteau confirme son rôle de plaque tournante de l'offensive en redirigeant une passe de Tomas Tupy vers un Loïc Claden bien placé au second poteau (9-2 à 53'16"). Dépositaire de ce tic-tac-toe, Croteau en remet une couche et fait une dernière fois parler son poignet, sans grande opposition adverse il faut bien l'avouer (10-2 à 57'01"). Et même si Asnières réduit anecdotiquement sa note (10-3 à 59'49"), la facture globale reste bien salée. De quoi craindre la morsure des Dogs de Cholet au premier tour des playoffs. Les Scorpions, eux, semblent fin prêts à en découdre avec des Pyrénéens les ayant vaincus, l'an passé, lors du carré final de division 3. Les choses ont changé depuis et même privés de certains atouts offensifs, les Alsaciens ont démontré qu'il leur restait une sacrée corde à leur arc, David Croteau. Le Canadien a survolé ce match comme il l'a fait au classement des compteurs de cette poule orientale de division 2, et la venue de Font-Romeu lui donnera l'occasion de ferrailler l'autre lauréat à l'ouest, un certain Matej Kiska.

Quoi qu'il en soit, c'est avec ces certitudes, celles d'un groupe jeune et enthousiaste mais manquant peut-être de stabilité et de densité défensive, qu'ils se lanceront prochainement dans le grand bain des playoffs...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Mulhouse - Asnières 10-3 (2-1, 3-0, 5-2)

Samedi 9 février à 17h40 à la patinoire de l'Illberg. 722 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand et Didier Drif.

Pénalités : Mulhouse 12' (4', 6', 2'), Asnières 10' (2', 6', 2').

Évolution du score :

0-1 à 11'42" : Pfeiffer assisté de Machon

1-1 à 13'13" : Oulik assisté de Croteau et Tupy

2-1 à 18'42" : Tupy assisté de Claden

3-1 à 31'04" : Croteau assisté d'Aubry et Oulik (sup.num.)

4-1 à 34'09" : Oulik assisté d'Aubry et Croteau (sup.num.)

5-1 à 38'14" : Rahm assisté de Tupy et Aubry (sup.num.)

5-2 à 45'06" : Fornero assisté de Blommaert

6-2 à 46'10" : Aubry assisté de Rahm et Maindron

7-2 à 50'01" : Claden assisté d'Oulik

8-2 à 51'55" : Roda assisté de Fohrer et Mathieu

9-2 à 53'16" : Claden assisté de Croteau et Tupy

10-2 à 57'01" : Croteau assisté de Tupy et Waterlot (sup.num.)

10-3 à 59'49" : Sauvage assisté de Fornero et Baskakoff

 

Mulhouse

Gardien : Sylvain Lerch.

Défenseurs : Franck Herbrecht (A) - Tomás Tupy ; Thomas Waterlot - Olivier Lyon ; Gaétan Marck - Guillain Pierrel.

Attaquants : Loïc Claden - David Croteau - David Oulík ; Lucas Tremellat - Julien Aubry (C) - Baptiste Rahm ; Nicolas Maindron (A) - Maxime Mathieu - Michel Roda.

Remplaçant : Marc-André Martel (G). Absents : Vincent Bringuet, Romain Pierrel, Vincent Da Silva.

Asnières

Gardien : Guillaume Dalsasso.

Défenseurs : Julien Boyer - David Machon ; Grégory Moreau - Sylvain Bourcet (C) ; Guillaume Baskakoff (A).

Attaquants : Guillaume Pfeiffer (A) - Baptiste Blommaert - Emilien Rouyer ; Jean-Christian Fornero - Mikko Kallioinen - Anthony Schieste ; Kevin Guimbard ; Romain Sauvage.

 

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