Épinal - Chamonix (26 février 2008)

 

Match comptant pour la vingt-sixième et dernière journée de la Ligue Magnus.

Chacun sa route, chacun son destin...

Au sortir d'un prestigieux succès sur Briançon, les "boys" de Shawn Allard bouclent ce soir les affaires courantes pour l'épilogue de la phase régulière de Ligue Magnus. Assurés d'en découdre avec leurs voisins dijonnais, les Vosgiens doivent toutefois l'emporter sur Chamonix pour espérer, encore, glaner le huitième rang. Synonyme, rappelons-le, d'avantage de la glace. Mais Dijon, à la faveur des deux victoires sur Épinal cette saison, est aujourd'hui positionné à ce poste. Et une défaite des Ducs face au Mont-Blanc expédierait les Lorrains à cette place tant convoitée... si tant soit peu que ces derniers prennent au moins un point face aux Chamois.

De tout autres perspectives s'ouvrent, elles, à des Alpins tourmentés et déjà condamnés aux barrages (face à Caen). Les putsch successifs (démission de Peter Hrehorcak et intérim assuré par les joueurs avant la toute récente arrivée du Canadien Allan Jacob) n'ont pas influé sur la courbe dangereusement descendante du bourreau des Dauphins en février dernier. Inexpérimentée, surtout à quelques postes-clés, la jeune garde chamoniarde a pourtant souvent donné du fil à retordre à l'ICE ces derniers temps.

En somme, une bonne préparation avant le premier tour des séries qui verront les bleus défier leur "bête-noire" de cette campagne 2007/08. Mais en attendant, il faut vendre la peau de Chamois audacieux en ces premiers instants. Les qualités de la jeunesse me direz-vous, qu'il faudra préserver pour résister aux actuelles individualités marquantes de Poissompré. Parmi-elles Stanislav Petrik, décrit au travers des colonnes du quotidien local par Shawn Allard comme le gardien du moment en Ligue Magnus. D'ailleurs, il paraît difficile de contredire l'entraîneur-joueur canadien après la performance petrikéenne du Slovaque face aux Diables rouges (57 lancers essuyés pour 54 arrêts).

Le CHC amorce donc l'échauffement de l'homme masqué mais frise la correctionnelle sur un lancer soudain de Shawn Allard, lequel ricoche sur le montant sans qu'Andy Foliot n'ait esquissé le moindre geste (02'06"). Il faut dire que ce match est bizarre, débuté sur un rythme de sénateur pour des Spinaliens sûrs de leurs forces à l'image d'un Jan Plch constamment sur la brèche. La distribution de pénalités casse certes le rythme des Alpins mais permet au fantôme de Peter Listiak, absent ce soir, de planer sur la glace jaunie de Poissompré. En effet le vétéran slovaque, passé maître dans l'art des palets perdus, voit l'énigmatique Simo Romo lui rendre un singulier hommage sur une passe dans l'axe aisément interceptée par Richard Aimonetto. La pénalité qui en découle rétablit l'équilibre numérique mais le capitaine chamoniard, à son tour frappé d'une "Listiakite foudroyante", amorce une échappée conjointe de Jan Plch et Ilpo Salmivirta, heureusement stoppée in extremis par Andy Foliot (04'34").

Disposant, en ces premiers instants, de quelques chances en supériorité numérique, les hommes d'Allan Jacob tirent toutes leurs munitions en axant exclusivement leurs schémas vers Yannick Riendeau. L'ex-franc-tireur de division 1, posté en pointe, maintient Petrik sous pression en l'assénant de lancers plus ou moins vicieux. Erwan Pain, en acrobate dans le demi-cercle, manque même de fructifier un de ses retours (06'59").

Particulièrement enragé ce soir, le rugueux Marc Lefebvre souligne la partie de son engagement physique constant et de son opiniâtreté dans les duels. Un travail de sape toujours utile mais parfois bien appuyé, ce qui assomme notamment le vétéran slovaque Rastislav Böhme, sonné par l'intensité du Canadien contre la bande (10'48"). Cette quête constante du défi physique est toutefois à double-tranchant pour l'ancien Blaze de Coventry, volontiers provocateur et fréquemment pénalisé.

Un point qu'il partage avec son compatriote Yannick Riendeau, isolé sur le front de l'offensive avec la régression progressive de Tobias Granath depuis l'entame de match. Gavé jusqu'à plus soif de tickets shoots, le Québécois arrose copieusement et souligne le manque criant d'originalité de Chamois inefficaces.

Tout le contraire des Spinaliens, plus variés dans leurs dispositifs et assurément plus dangereux. Et ce soir, fait nouveau, le bloc des seconds couteaux se montre tout aussi saignant que son devancier en supériorité numérique. Un signe de la forme de Lefebvre, Allard et même Romo, qui signe l'ouverture du score en pleine lucarne (1-0 à 14'07"). Là-dessus, le décalage de Peter Slovak à la ligne bleue est tout aussi décisif que la fluidité du lancer à mi-distance du centre finlandais.

En toute quiétude

Oppressant, Épinal passe la seconde et multiplie le danger aux avant-postes. Il faut dire que la contagion a ses bons côtés, le talent de Jan Plch déteignant visiblement sur un Ilpo Salmivirta en pleine bourre et donnant présentement pleine mesure à son talent. Servi dans l'enclave par le Slovaque, le Finlandais s'autorise une "Reinprecht" en tentant de glisser, en s'aidant du talon, le puck en terre promise (16'43"). L'impact croissant de Salmivirta, comme un poisson dans le pré en ce début d'année civile, ne s'arrête évidemment pas là et tranche avec les mauvais choix répétés d'un Michal Petrak étonnement fébrile tout au long de la soirée.

Sans trop se mouiller on peut donc affirmer que le premier bloc spinalien, où rayonne Plch aux côtés de Petrak et Salmivirta, bien sécurisé par l'assurance tous risques Slovak et l'extrême polyvalence de Gervais, est le meilleur jamais vu en ces contrées. Et, pour une fois, sa relève est assurée ce soir. Une sortie kamikaze d'Andy Foliot, esquivée par Marc Lefebvre, permet au col-bleu ontarien de glisser acrobatiquement la rondelle dans les filets du Saint-Pierrais (2-0 à 24'36").

La mi-match n'est pas encore atteinte que, pourtant, la messe semble dite. Atteints par la baraka, les Vosgiens ne payent nullement leurs fréquents instants d'errance, où Cham s'enhardit au point de sérieusement mettre Petrik en danger. Un rush de Nicolas Primout touche du bois (25e) alors que Vincent Kara, en dépit de Borislav Ilic, se permet de mettre la mitaine du numéro trente-trois à l'honneur (25'51").

Ce manque certain de gnac chez les locaux est toutefois compensé par l'énergie des role-players et plus particulièrement du réserviste Tarik Chipaux, qui rentabilise au maximum le moindre shift. Cet enthousiasme le dessert parfois et amène même l'ex-Ajoulot, sur sa toute première présence, au cachot. Sans conséquence pour ses couleurs puisque Guillaume Chassard triplera bientôt la mise.

Dit comme cela, il n'y a rien de bien extraordinaire me direz-vous. Sauf que sa reprise fulgurante en pleine lucarne doit tout à Stéphane Gervais. Le Franco-Ontarien, à deux doigts de laisser sortir la rondelle de la zone offensive, réalise ainsi tout un geste en se jetant à genou pour la récupérer et ensuite rediriger le disque au second poteau, vers son assistant capitaine (3-0 à 31'57").

Pas de doute, l'abnégation sans faille de Gervais, associée à son volume de jeu hors pair, fait de lui l'une des très grandes révélations de cette saison. Et l'un des fournisseurs de goals les plus assidus ici bas puisqu'un poke-check réalisé sur Alexandre Audibert servira de rampe de lancement à Michal Petrak, à la retombée de cette "passe" flippée pour mieux s'enfuir côté gauche. Le Tchèque, intelligemment, a même le bon timing pour servir un Ilpo Salmivirta coupant au second poteau (4-0 à 36'41"). Et dire que l'ICE, peu souveraine sur certaines séquences adverses (ce qui est dû à un évident relâchement), se contentait d'un danger contrôlé devant Foliot !

Bref, tout réussit aux Lorrains. Ce diable de Riendeau marque pourtant son but tant espéré, à bout portant devant Petrik... mais le Slovaque, sur sa lancée briançonnaise, l'arrête de la mitaine (36'53") !

À l'instar de Tarik Chipaux, profitant d'une méconduite préalablement récoltée par Guillaume Chassard pour rayer la glace, Shawn Allard ne lésine pas sur les efforts. Dans les deux sens, toujours, ce qui implique aussi une certaine présence devant la cage adverse. Tel un renard dans le demi-cercle, l'homme aux mille contacts outre-Atlantique noircit ainsi la cage d'un cinquième caoutchouc (5-0 à 38'32"). Pas de doutes, les seconds couteaux ont fait la différence ce soir, même s'il convient de ne pas inclure dans cette analyse l'insipide Luc Mazerolle, toujours aussi... insipide !

De ce fait la partie, déjà peu disputée, prend des tournures de jubilé. Un constat révélateur du danger chamoniard même si le sniper Riendeau, encore lui, touche l'arête gauche de la cage, voyant son palet ensuite retomber tout près de la ligne (39'53"). Que peut-il arriver, concrètement, à cette ICE-là ? À priori pas grand-chose, même si la sortie au cours de l'acte médian du sobre Marc-André Crête peut inquiéter à quelques jours des choses sérieuses.

Fort d'un avantage conséquent, Épinal se permet donc un ultime relâchement, faisant souffler Jan Plch jusqu'au terme pour mieux le préserver en vue des prochaines échéances. Le ton, devenu amical, favorise ainsi un laisser-aller aussitôt puni par Anders Torgersson. À l'affût dans le slot, le Suédois brise ainsi l'espoir de blanchissage d'un Stanislav Petrik désormais livré à lui-même (5-1 à 42'50").

L'ultime période est disputée sans aucune passion. Les cadres ménagés (et un Daniel Scott dévissé du banc de touche en bonus-trash), les minutes s'égrènent (trop) lentement jusqu'au sixième filet, signé de l'intenable Ilpo Salmivirta. Punissant une double indiscipline des Chamois, le Finlandais conclut un tic-tac-toe de belle facture dans l'enclave, initié cette fois-ci par l'inévitable Stéphane Gervais et un Simo Romo remplaçant plutôt efficacement Jan Plch dans son rôle d'organisateur du jeu de puissance (6-1 à 55'45").

Et c'est la soirée des doublés, Torgersson y va du sien en tutoyant une dernière fois le petit-filet de Petrik d'un tir du poignet à mi-distance (6-2 à 58'00"). Une fin de rencontre en roue libre qui n'altèrera pas le moins du monde la désarmante sérénité d'un ensemble vosgien fin prêt à se lancer vers un nouveau défi. Se mesurer à Dijon. Faute d'avantage du glaçon, les Spinaliens auront la confiance, et surtout l'esprit de revanche après leurs deux défaites concédées devant des Bourguignons ne s'avouant jamais battus...puisqu'ils remontèrent ce mardi un énième déficit pour battre le Mont-Blanc (3-2) !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Chamonix 6-2 (1-0, 4-0, 1-2)

Mardi 26 février à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 944 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Yann Furet et Éric Bouguin.

Pénalités : Épinal 26' (10', 12', 4'), Chamonix 20' (12', 2', 6').

Tirs : Épinal 30 (13, 9, 8), Chamonix 23 (8, 9, 6).

Évolution du score :

1-0 à 14'07" : Romo assisté de Slovak (double sup.num.)

2-0 à 24'36" : Lefebvre assisté de Gervais

3-0 à 31'57" : Chassard assisté de Gervais et Petrak (sup.num.)

4-0 à 36'41" : Salmivirta assisté de Petrak et Gervais

5-0 à 38'37" : Allard assisté de Lefebvre et Mazerolle

5-1 à 42'50" : Torgersson assisté de Pain et Riendeau

6-1 à 55'45" : Salmivirta assisté de Petrak et Gervais (sup.num.)

6-2 à 58'00" : Torgersson assisté d'Aimonetto

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Slovák - Stéphane Gervais (A) ; Marc-André Crête [puis Daniel Scott] - Radoslav Regenda ; Borislav Ilic - Lionel Simon.

Attaquants : Ilpo Salmivirta - Michal Petrák - Ján Plch (C) ; Marc Lefebvre - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Shawn Allard - Luc Mazerolle (A) - Guillaume Papelier ; Tarik Chipaux.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Anthony Pernot. Absents : Ján Simko (entorse du genou), Peter Listiak (visage), Sébastien Geoffroy (blessé).

Chamonix

Gardien : Andy Foliot.

Défenseurs : Anders Torgersson - Fabien Veydarier ; Rastislav Böhme - Tibor Schneider ; Nicolas Mottref - Damien Torfou.

Attaquants : Yannick Riendeau - Richard Aimonetto (C) - Erwan Pain (A) ; Vincent Kara - Tobias Granath (A)- Alexandre Audibert ; Kévin Maresca - Mathieu Séguy - Valérian Croz ; Nicolas Primout.

Remplaçant : Johan Scanff (G). Absents : Emil Tobiasson-Harris (suspendu), Aram Kevorkian (poignet), Vincent Léoty.

 

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