Amiens - Saint-Gervais/Megève (5 mars 2008)

 

Premier tour des play-offs de Ligue Magnus, match 3.

Seule équipe mieux classée battue au premier match, Amiens a retardé l'échéance en prenant la mesure de l'Entente, qui a lâché prise au deuxième tiers. Certains peuvent y voir un ascendant psychologique pour les hommes de Denis Perez, mais tout reste à faire.

Les efforts de Laurent Gras, au contact sur Clément Masson, qui en perd sa crosse, et sur une accélération côté gauche repoussée par Radek Lukes, ne reflètent pas la timidité de l'entame, illustrée par une prise de risques minimale. Passé ce round d'observation, les Gothiques accélèrent le jeu, par Wiotte devant Simonneau, puis Henderson, mais la reprise de Simon Petit échoue. Le dégagement interdit, concédé dans la foulée, offre la possibilité à Mathieu Jestin de tester le Tchèque, solide du gant. Suite à un cafouillage aux abords de la cage, sur lequel Fabrice Leglaive ne peut dégager une rondelle devenue insaisissable, Benjamin Dieude-Fauvel arrive à point nommé pour ouvrir la marque (1-0 à 08'41").

Toujours à l'affût de la moindre opportunité de contrer, tel Antonoff en déviation, l'Avalanche passe près du double déficit dès l'engagement, par Brian Henderson, mais réagit vite par son numéro 9, apparemment aussi affûté que la veille. Après avoir provoqué la faute de Julian Marcos, et malgré la présence de deux défenseurs à ses basques, Nicolas Antonoff enchaîne en effet rapidement par un contrôle rapide suivi d'un lancer au ras du poteau gauche de la cage picarde.

Julian Marcos se voit offrir une bonne occasion sur sa sortie de geôle face à Lukes, et les rôles s'inversent même rapidement. Un autre cadre local, Anthony Mortas, prend alors le relais de Laurent Gras pour forcer la décision, oblige Lukes à demeurer vigilant d'un tir à la bleue, puis affole un temps l'arrière-garde haut-savoyarde en éliminant trois adversaires. Le premier acte, peu fertile en opportunités de s'enflammer, s'achève sur un maigre avantage que Sylvain Nicoud aurait pu anéantir sans la présence opportune de Pavel Kowalczyk.

Les occasions nettes demeurent une denrée rare au retour des vestiaires. À Julian Marcos, qui rate de peu le cadre de la gauche, répond un gros lancer de Numa Besson, toutefois excentré à la bleue. Les visiteurs se montrent plus incisifs, aidés par le positionnement de Nicolas Antonoff aux côtés d'Étienne Croz. Ce changement permet à l'Entente de peser sur les débats, elle qui doit déjà se passer de Sébastien Subit, sorti d'entrée sur blessure. C'est toutefois un joueur de l'ombre, Romain Orset, qui affole la défense en repiquant vers la cage, et surtout en suivant parfaitement le tir de Fabrice Leglaive, isolé par son capitaine (1-1 à 23'56").

De nouveau au pied du mur, Amiens rate l'occasion de se donner de l'air, suite à la faute présumée de Simonneau sur Petit. Les affaires gothiques ne s'arrangent pas plus quand c'est au tour de Laurent Gras de regagner la prison, après avoir retenu Yohann Auvitu. À la mi-match, les hommes de Denis Perez voient ainsi leur situation se précariser, et sont à portée de tir d'une formation bien moins résignée que la veille à la même heure. Le moment est donc bien choisi par Loïc Sadoun pour surprendre tout son monde et permettre au Coliséum de reprendre des couleurs, d'un déboulé côté gauche, à l'issue duquel il contourne la cage et glisse la rondelle hors de portée de Radek Lukes, tout aussi dépassé que sa défense (2-1 à 28'14").

Grâce à ce but, Amiens se libère un peu plus, et propose quelques enchaînements pour se mettre à l'abri. Élie Marcos, esseulé par Simon Petit, et Lionel Wiotte pensent ainsi creuser l'écart, mais sont tus par deux parades de l'acrobatique Lukes. Une nouvelle poussée de Simon Petit provoque même un dégagement hors limites qui permet à Pavel Kowalczyk et Loïc Sadoun d'assaillir la cage, passant très près du break. Sans toutefois concrétiser car, mis entre parenthèses au cours du deuxième affrontement, le manque de réussite amiénois refait surface. L'Avalanche croit de plus en plus en ses chances, dans la foulée d'un solide Étienne Croz. Après le lancer au-dessus de Mathias Arnaud sur un 3 contre 1 provoqué par un changement de lignes très mal géré, Nicolas Antonoff inquiète Buysse d'une nouvelle déviation.

Ces alertes de fin de tiers tardent à trouver confirmation à l'abord du dernier acte. C'est en effet Rod Stevens, malgré un contrôle difficile, qui offre à Élie Marcos l'occasion de faire trembler la mitaine de Radek Lukes. Ce dernier demeure concentré et parvient également à repousser l'échappée de Brian Henderson. Occasion ratée pour les Gothiques, et d'autant plus difficile à digérer qu'elle s'accompagne d'une ruée vers leur cage. Mathieu Jestin est ainsi contraint à se coucher sur la rondelle, suite à une énième inspiration de Croz que Nicolas Antonoff et Thierry Nicoud étaient sur le point de convertir en but. Une présence passagère de Clément Masson entre Croz et Antonoff les accule un peu plus et les pousse à dégager à l'emporte-pièce, soulagés de voir Henri-Corentin Buysse repousser l'assaut de Kaj Ohberg. Kowalczyk puni, le Finlandais revient à la charge, et si son lancer ne fait pas mouche, le capitaine Thierry Nicoud est bien placé pour exploiter tranquillement le rebond (2-2 à 47'39").

Croz le libérateur

Une nouvelle pénalité, sifflée contre Julian Marcos, offre à Ohberg l'occasion de forcer la décision de la bleue, mais le rebond engendre cette fois un cinglage de Mathias Arnaud. Pénalité sévère que conteste Christian Pouget... avant de se reconcentrer sur le jeu de la plus belle des manières, d'une passe ajustée pour Étienne Croz le long de l'aile droite. Le grand numéro 79 alpin, à son avantage tout au long de la rencontre, déborde Thomas Roussel et trompe Henri-Corentin Buysse de près (2-3 à 50'50").

Mont-Blanc prend ainsi les devants pour la première fois, au meilleur moment, mais s'attend à souffrir jusqu'au bout. Pour éviter de voir leur saison prendre fin, Pavel Kowalczyk, de la bleue, Vincent Bachet et Mathieu Jestin, en position très avancée, portent le danger en zone offensive. De son côté, l'Avalanche demeure toutefois solide et se procure quelques opportunités en contre par Croz, repris par Loïc Sadoun, Antonoff, dont le lancer est détourné à temps au-dessus de la cage, et Romain Orset, seul devant l'enclave sur une passe de Christian Pouget. Ces occasions ratées ne profitent pas pour autant aux Gothiques, qui concèdent deux nouvelles pénalités en cinq secondes. À moins de quatre minutes de la sirène, Ari Salo organise ses troupes sous les yeux d'un public silencieux et presque résigné. La double infériorité numérique est toutefois repoussée au courage par les équipiers d'Anthony Mortas, au contre sur le tir de Masson, et Buysse. Les travées retrouvent de la voix et se lèvent subitement pour exhorter leurs favoris. Rien n'y fera ; sur les dernières occasions, Loïc Sadoun et Pavel Kowalczyk butent une fois de plus sur Radek Lukes.

Quasiment un an jour pour jour après Sébastien Dermigny, c'est au tour d'Étienne Croz d'envoyer les Gothiques en vacances prématurées.

Désignés meilleurs joueurs du match : Simon Petit pour Amiens et Christian Pouget pour Saint-Gervais/Megève.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Commentaires d'après-match

Denis Perez (entraîneur d'Amiens) : "Malheureusement, c'est terminé. Dans le vestiaire, il y a de la désolation. On avait des chances de gagner, de rebondir, cela ne s'est pas fait. C'est dans la tête que l'équipe n'a pas été solide alors qu'elle a eu les occasions pour alourdir le score. Eux ont eu la réussite au bon moment et ont contré en permanence. Terminer la saison sixième et se faire sortir comme cela est frustrant. Nous nous sommes battus nous-mêmes, c'est affligeant. Nous ne sommes pas assez incisifs lorsque nous avons des occasions franches. Je n'en veux pas aux joueurs. Ce qui me frustre, ce sont les mecs qui pleurent, la tête dans le sac. On aurait dû passer. Le Président est passé dire un mot dans les vestiaires. Les joueurs verront la direction, mais le bilan on le connaît. Le club mérite d'exister. Je ne sais pas quel sera mon avenir, pas mal de choses peuvent se passer. C'est un moment important dans la vie du club. Ce n'est pas à moi de dire si le projet sera changé. Il y aura des aménagements. L'équipe n'a pas eu le droit à l'erreur, alors que le Mont-Blanc a joué sans pression. Il ne faut pas tout remettre en cause, des ajustements sont à faire. Il nous manque quelque chose, c'est certain, mais on n'a pas été nul. Je vais prendre du recul après ces deux ans hyper durs et on verra."

Ari Salo (entraîneur de Saint-Gervais/Megève) : "On a été meilleur et on a hissé le niveau. Même s'il nous manque quatre joueurs, nous ne sommes pas fatigués. La préparation physique a porté ses fruits mais le mental joue aussi. Tout est possible en sport, nous avions envisagé de jouer Grenoble. Pour moi, c'est un exploit. On a été plus discipliné, avec plus de confiance dans les moments clés, en dégageant le palet quand il le fallait et en jouant simplement."

Étienne Croz (attaquant de Saint-Gervais/Megève) : "C'est un authentique exploit. Nous savions qu'il était possible de les inquiéter en jouant bien. Au premier match nous avons bien joué, pas comme hier. Si l'équipe n'est pas à 110% c'est difficile. Le mental, la réussite et la fatigue chez eux ont pesé dans la balance. Nous en voulions peut-être plus dans les deux dernières périodes, mais cela se joue à peu. Au fil du match nous récupérons les palets et à 2-1 ce n'est pas fini car on revient. Sur mon but cela se joue à rien, un moment de relâchement de leur part. Hier Amiens a prouvé que quand on joue moins bien on prend une déculottée. En saison, ils ont été plus réguliers, mais en play-offs cela se joue au mental. Ils ont peut-être pensé jouer plus facile car dans la tête, inconsciemment, on peut se sentir plus fort."

 

Amiens - Saint-Gervais/Megève 2-3 (1-0, 1-1, 0-2)

Mercredi 5 mars 2008 à 20h00 au Coliséum. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Alexandre Bourreau assisté de Jérémy Rauline et Éric Bouguin.

Pénalités : Amiens 14' (2', 4', 8'), Saint-Gervais/Megève 6' (2', 2', 2').

Évolution du score :

1-0 à 08'41" : Dieude-Fauvel assisté de Petit

1-1 à 23'56" : Orset assisté de Leglaive et T. Nicoud

2-1 à 28'14" : Sadoun assisté de Stevens et Kowalczyk (inf. num.)

2-2 à 47'39" : T. Nicoud assisté de Ohberg et Croz (sup. num.)

2-3 à 50'50" : Croz assisté de Pouget

 

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse [sorti à 59'01"].

Défenseurs : Vincent Bachet (C) - Thomas Roussel ; Pavel Kowalczyk - Julian Marcos ; Benjamin Dieude-Fauvel - Mathieu Jestin.

Attaquants : Brian Henderson - Anthony Mortas - Mickaël Bardet ; Loïc Sadoun (A) - Laurent Gras (A) - Rod Stevens ; Élie Marcos - Lionel Wiotte - Simon Petit.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Alexis Birolini, Grégory Béron, Pierre-Charles Hordelalay, Mans Papaux. Absent : Fabien Leroy.

Saint-Gervais/Megève

Gardien : Radek Lukes.

Défenseurs : Kaj Ohberg - Pierre-Antoine Simonneau ; Christian Pouget (A) - Johann Morant ; Numa Besson.

Attaquants : Sylvain Nicoud - Étienne Croz - Sébastien Subit (A) puis Fabrice Leglaive [Antonoff à 20'00"] ; Mathias Arnaud - Clément Masson - Yohann Auvitu ; Romain Orset - Thierry Nicoud (C) - Nicolas Antonoff (A) [Leglaive à 20'00].

Remplaçants : Guillaume Richard (G), Thomas Czubernat. Absents : Tuomas Tikkanen (maladie de Crohn), Markus Laine (entorse), Jordan Revel.

 

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