SKA Saint-Pétersbourg - Spartak Moscou (10 mars 2008)

 

Huitième de finale de Superliga russe, match 5.

Cette saison était jusqu'à présent faite de violences des supporters, avec les regrettables débordements du 8 janvier dernier avec les bagarres entre fans du Zénith Saint-Pétersbourg et du Spartak football lors du match dans la "capitale du Nord" qui avait vu la victoire 1-0 des Moscovites. Heureusement, les hooligans du foot sont retournés dans les stades et le hockey a repris ses droits.

Et le moins que l'on puisse dire est que cette série entre le club militaire de Saint-Pétersbourg (qui appartient à Gazprom, drôle de mélange...) et le "club populaire" de Moscou tient toutes ses promesses puisque nous en sommes à la cinquième manche.

Pourtant, les joueurs de l'entraineur américain Barry Smith, avaient parfaitement débuté leur série à domicile. Deux larges victoires 3-0 et 6-1 qui laisser espérer une fin rapide. C'était sans compter sur la volonté de fer de l'équipe du peuple qui a parfaitement renversé la vapeur dans son antre de Sokolniki avec une claque 7-1 confirmée le lendemain par un autre succès 5-3. Onze des douze buts du Spartak à domicile ont été marqués par la ligne Rybine-Oupper-Drozdetsky. Une revanche particulière pour Nikolaï Drozdetsky, joueur écarté en milieu de saison du SKA car peu utile sur une troisième ligne.

En tout cas, on voit des buts dans cette série ! Sauf que de retour à Saint-Pétersbourg, le SKA doit justifier les énormes dépenses de recrutement de Gazprom et poursuivre sa route pour faire aussi bien que l'autre club pétersbourgeois financé par le géant étatique du gaz, le Zénith, devenu champion de Russie de foot fin 2007.

Dès les premières secondes, le ton est d'ailleurs donné avec la première mèche allumée par Sergueï Goussev d'un puissant tir de la bleue qui passe à côté de la cage spartakiste gardée par Evgueni Lobanov.

Un peu de nervosité de part et d'autre avec deux pénalités sifflées dès la première minute, une de chaque côté pour ne pas faire de jaloux : le défenseur spartakiste Roman Koukhtinov et l'attaquant canadien naturalisé russe, Dave Nemirovski. Une seule chose à remarquer dans cette période à quatre contre quatre, c'est un tir lointain d'Evgueni Sapojkov qui échoue sur le gardien canadien du SKA, Marc Lamothe (déjà passé en Russie par le Lokomotiv Iaroslav et le Séverstal Tchérépovets).

Ce début de match est équilibré. Dominé territorialement par les locaux, mais au nombre d'occasions, c'est kif-kif avec Konstantin Gorovikov qui voit son tir bloqué par Lobanov, puis Dimitri Pestounov qui tente sa chance de près mais échoue face à Lamothe.

Ce sont donc les prisons qui vont faire la différence. Le Spartak échoue (pénalité contre le jeune joueur en provenance des Krylia, Igor Makarov) avec une tentative de son capitaine Maxime Rybine, mais c'est juste au-dessus de la cage !

Malheureusement pour les Moscovites, les Petersbourgeois, eux, ne vont pas laisser passer leur chance. C'est également un ancien des Krylia, Léonid Kanareïkine, qui part à son tour en prison, et ça fait mouche pour "Piter". Un premier tir brutal et lointain de l'habitué des missiles de la bleue, Sergueï Goussev est renvoyé par Evgueni Lobanov. S'ensuit une panique devant la cage spartakiste où le gardien et ses défenseurs s'emmêlent crosses et patins. Les militaires de Saint-Pétersbourg "attendent" que Lobanov soit à plat ventre et hop, Dimitri Riabykine n'a plus qu'à loger la rondelle dans la cage désertée pour l'ouverture du score (1-0, 11'37"). En gros, les Kryliens de chaque équipe partent en prison, mais c'est le SKA qui en profite !

Le Spartak a l'occasion de rendre la monnaie deux minutes plus tard lors d'une pénalité infligée à Igor Misko. Mais Lamothe veille face à un Léonid Kanareïkine des plus dangereux en se couchant et en écartant le palet du bout de sa crosse, alors que la rondelle se dirigeait tout droit vers la cage vide. Et le gardien canadien qui remet le couvert à la 18e face au même joueur ! Tout cela fait donc 1-0 après la première période pour un SKA beaucoup plus réaliste que le Spartak.

Surtout que dès le retour sur la glace, Anton Bout met les bouts et met deux buts ! L'Ukrainien naturalisé russe, natif de Kharkiv, arrivé à Saint-Pét' après des années passées à Iaroslav, a un talent fou ! Et il le prouve en deux coups de cuillères à pot.

Un centre en retrait mal renvoyé par le Spartak est récupéré par Anton Bout qui fait le tour de la défense moscovite, attend que Lobanov se couche et le contourne (2-1, 21'58"). Et ce n'est pas fini du Bout-Bout-Show !

Ilia Dokchine part en prison (normal, il vient des Krylia !) et Bout remet ça. Cette fois-ci, il choisit une lucarne en pivot. Quoi qu'il en soit, cela fait 3-1 et Bout a brisé le suspense en deux minutes !

Le SKA est même à deux doigts d'enfoncer définitivement le clou, puisque le Spartak ne juge pas nécessaire d'arrêter de prendre des prisons. Rybine part se reposer deux minutes à la 26e et Goussev, fidèle à son habitude, bombarde de la bleue. Mais Lobanov ne se laisse pas surprendre. Le SKA mène la danse (!) et Bout est encore proche du but lors d'un puissant tir de la bleue. En fait, le Spartak n'a qu'une occasion dans tout ce tiers. Un tir de loin de Mikhaïl Iounkov (Kryliiiiiaaaaa !) qui rebondit sur un peu tout ce qui est devant lui, avant de finir sa course à côté de la cage de Lamothe. 3-1 avant d'entamer le dernier tiers.

Marc Lamothe ayant un petit souci d'équipement, cela permet de voir pendant la première minute du tiers, une autre ancienne idole du palais des sports des Krylia Soviétov, Dimitri Iaaaaaatchaaaaanov, dit le serpent ! "Reviens, Dima, reviens, parce que les Kryliiaaaa, y z'ont besoin de toiiiiii !"

Et pendant ce temps, "Piter" poursuit sa marche en avant. Son capitaine Maxime Souchisnki puis, encore, Anton Bout mettent Evgueni Lobanov en difficulté. Mais le gardien du Spartak réalise une très bonne partie et parvient à contenir les attaques pétersbourgeoises.

Le problème pour les Moscovites, c'est qu'ils continuent à prendre des pénalités. Témoin, Maxime Rybine, auteur d'un doublé puis d'un triplé à Moscou, quitte le banc de la prison pour répondre à une provocation de Kasparaitis et écope de 2'+20' à la 51e. Comme si c'était plus simple pour revenir au score...

Le temps passe et le SKA se dirige vers les quarts. Juste histoire de mettre un peu de piment, Darius Kasparaitis se dit qu'il n'a pas encore pris de pénalité dans le match et qu'il a quand même une réputation à tenir. Alors, à 59'06, le Lituanien qui joue pour la Russie part à son tour sur le banc de la prison. Milos Riha demande alors un temps mort. Il fait sortir son gardien. Tan-tan-tan, le suspense est à son comble, le Spartak va-t-il marquer trois buts en 54 secondes ? Et ben non ! À 59'13, Misko dégage de son camp et marque dans la cage vide. 4-0 !

Et voilà Saint-Pétersbourg qualifié. Pour le Spartak, ce n'est pas le temps des regrets. Après une saison blanche, les Moscovites ont fait un super retour au plus haut niveau en terminant à une excellente 11e place pour un promu, et en poussant le richissime SKA à la cinquième manche.

Désignés meilleurs joueurs du match : Anton Bout (SKA) et Mikhaïl Ivanov (Spartak).

Étoiles du match Sport Express et Soviet Sport : *** Anton Bout (SKA), ** Dimitri Riabykine (SKA), * Marc Lamothe (SKA).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Barry Smith (entraîneur du SKA) : "En deuxième période, nos joueurs ont bien joué et n'ont pas laissé de chances à l'adversaire. Il n'y a qu'en play-offs qu'on peut vraiment améliorer son jeu. Ce match a donc été une remarquable expérience. En partant pour Moscou à 2-0 dans la série, nous étions trop confiants. Au premier match là-bas, nos adversaires ont marqué à la fois en supériorité et en infériorité, et nous leur avons redonné vie. Cependant, l'objectif en play-offs n'est pas seulement de blesser, il faut tuer."

Milos Riha (entraîneur du Spartak) : "Notre équipe a essayé d'animer cette série, et à mon avis, elle y est parvenue. En tout cas, elle a essayé. Nous avons eu des occasions en première période, mais après avoir marqué, le SKA s'est détendu et a joué son jeu. En fin de match, nous n'avions simplement plus de forces. [...] Je vais toujours sur la glace serrer la main de tous les joueurs adverses après une série de play-offs. [...] Au Khimik ils m'aimaient aussi, et ils ne m'ont rien proposé en fin de saison. Dans deux jours je rentre à Prague, mais il n'est pas exclu que je reste au Spartak. En fait j'avais pris mon billet pour dimanche, mais après avoir gagné le quatrième match, j'ai changé la date."

Maksim Rybin (capitaine du Spartak) : "Je n'ai pas de conflit avec Kasparaitis. Simplement, nous avions convenu que nous nous battions. Il a accepté, et ensuite, il s'est défilé comme un lâche."

Darius Kasparaitis (défenseur du SKA) : "Ma tâche était de sortir Rybin du match, et j'y suis parvenu. Maintenant je vais me reposer. Vous m'excuserez, mais je n'en dirai pas plus.

Anton But (attaquant du SKA) ; "Nous avons joué un hockey dur, parfois sévère. Je m'en excuse auprès des Spartakistes, mais l'enjeu était une qualification en quart de finale. Globalement, l'arbitrage a été normal sur la série. Les arbitres nous ont beaucoup pénalisé à Moscou, mais nous l'avions mérité par un jeu dur souvent injustifiable."

 

SKA Saint-Pétersbourg - Spartak Moscou 4-0 (1-0, 2-0, 1-0)

Lundi 10 mars 2008 à 17h00 au Palais des Sports Yubileïny. 7800 spectateurs.

Arbitrage de M. Gorski (Saratov) assisté de MM. Mikhel (Saratov) et Shikhanov (Togliatti).

Pénalités : SKA 10', Spartak 44'.

Tirs cadrés : SKA 30 (9, 9, 12), Spartak 20 (12, 1, 7).

Évolution du score :

1-0 à 11'37" : Ryabykin (sup. num.)

2-0 à 21'58" : But assisté de Bakika

3-0 à 23'59" : But assisté de Gusev (sup. num.)

4-0 à 59'13" : Misko

 

SKA Saint-Pétersbourg

Gardien : Marc Lamothe (CAN) [remplacé par Dmitri Yachanov de 40'00" à 41'06"].

Défenseurs : Jamie Heward (CAN) - Kirill Safronov ; Darius Kasparaitis - Aleksandr Ryazantsev ; Sergei Peretyagin - Dmitri Ryabykin ; Sergei Gusev.

Attaquants : Igor Misko - Artyom Kryukov - Igor Makarov ; Dave Nemirovsky - Konstantin Gorovikov - Maksim Sushinski (c) ; Anton But - Aleksandr Kucheryavenko - Aleksei Koznev ; Vladimir Bakika - Sergei Moskalev - Mika Hannula (SUE).

Remplaçant : Vyacheslav Solodukhin. Absent : Andreas Johansson (étranger surnuméraire).

Spartak Moscou

Gardien : Evgeni Lobanov.

Défenseurs : Jamie Rivers (CAN) - Alekseï Bondarev ; Nikolaï Semin (KAZ) - Leonid Kanareïkin ; Roman Kukhtinov - Evgeni Sapozhkov ; Vladimir Korsunov.

Attaquants : Maksim Rybin (c) - Dmitri Upper (KAZ) - Aleksandr Drozdetsky ; Alekseï Akifeiev - Dmitri Pestunov - Pavel Vorobiev ; Kirill Knyazev - Mikhaïl Yunkov - Aleksandr Yunkov ; Artiom Podshindyalov - Ilya Dokshin - Mikhaïl Ivanov.

Remplaçant : Aleksandr Polukeiev (G). Absents : Konstantin Simchuk (adducteurs), Vyacheslav Belov (blessé au match 4 par une charge contre la bande de Gorovikov), Eduard Kudermetov (genou), Dmitri Meleshko.

 

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