Mulhouse - Lyon (15 mars 2008)

 

Demi-finale de division 2, match aller.

Le public avait répondu présent ce soir (1265 spectateurs), pour cette affiche de choix récompensant une belle saison des Scorpions pour leur première participation au championnat de Division 2 : une demi-finale face à Lyon, et son emblématique coach Christer Eriksson. Les deux équipes se présentaient au complet pour ce troisième affrontement de la saison. En effet, Tomas Tupy, absent lors du match à la Roche, signait son retour après avoir soigné sa blessure, et Oulik, un moment incertain, avait pu finalement soigner son genou pendant la semaine, ne voulant en aucune manière manquer ce rendez-vous.

Tout avait été dit, déjà pendant la saison, mais également durant les derniers jours sur les forces en présence, et surtout sur les tactiques de jeu habituelles des deux équipes. Face à trois blocs homogènes et talentueux du côté de Lyon, avec une habitude de partir relativement lentement dans les rencontres pour accélérer dans le troisième tiers en usant leurs adversaires, Mulhouse pouvait compter sur de fortes individualités capable de faire la différence en contre, et surtout sur un très grand gardien qui avait pu montrer qu'il pouvait à lui seul décourager les plus fougueux attaquants et faire basculer une rencontre.

Mais voilà, le scénario n'a pas été du tout celui-là : en vieux briscard de la glace qu'il est, Christer Eriksson a su brouiller les cartes pour mieux disposer de Mulhousiens trop timides et brouillons en début de partie, et qui sont se sont réveillés bien tardivement.

En fait, la phase d'observation tranquille entre les deux équipes dure à peine plus de deux minutes. Si Romain Pierrel est le premier à être dangereux en interceptant le palet à la 40e seconde de jeu pour alerter Burnet, la réplique lyonnaise sonne par Bigot et Masson, puis Robert Olsson accélère les choses à 2'37 en obligeant le portier mulhousien à s'y prendre à deux fois pour capter le palet. Quelques instants plus tard, coup de froid dans la patinoire de l'Illberg lorsque Croteau, si agile d'habitude avec le palet, rate totalement sa sortie de zone en offrant littéralement la rondelle à l'ex-Mulhousien Jérémy Bigot qui n'en demandait pas tant. Il ne gaspille pas cette occasion en or et trompe Martel par un très beau tir sous la transversale (0-1, 3'21). David Croteau, en rage contre lui-même, en casse sa crosse sur sa cage avant de revenir, dépité, à son banc.

L'addition est à deux doigts de se corser davantage à 4'22 lorsque Robert Olsson rate l'immanquable pendant que Herbrecht est en prison. À peine au complet, Arrial commet lui-aussi une faute bien inutile, remettant son équipe en infériorité. Robert Olsson continue d'insister, mais Martel résiste ! Les Lyonnais, contrairement à leur habitude, prennent littéralement leurs adversaires à la gorge en ce début de partie, en multipliant les accélérations, les passes précises qui donnent le tournis aux Mulhousiens totalement surpris, et en exerçant un pressing très haut, empêchant les Scorpions de sortir de leur zone ! Le gardien mulhousien connaît rapidement une avalanche de tirs et est obligé à être sur tous les fronts ; il en repousse cinq ou six de suite mais doit finalement céder face à l'acharnement et à la détermination d'Alexander Olsson (0-2, 7'39). Et ce n'est pas fini ; à peine le palet remis en jeu que les Lyonnais se ruent à nouveau à l'attaque comme des morts de faim et inscrivent leur troisième but par Geoffrey Paillet magnifiquement assisté par Prophette (0-3, 7'52).

Quel coup de massue pour les Mulhousiens qui pour l'instant semblent trop tendus pour contrer les attaques lyonnaises. Les coéquipiers du capitaine Bringuet n'arrivent en effet pas à développer leur jeu tant la pression adverse les asphyxie ; méconnaissables, il paraissent jouer la peur au ventre. Ainsi, à 10 minutes de jeu, Lyon a déjà adressé 19 tirs cadrés alors que Pierrel est toujours le seul à avoir tenté sa chance. Il n'y a pour l'instant qu'une seule équipe sur la glace !

Et Lyon continue à presser, ne laissant aucun espace aux joueurs alsaciens qui se cherchent toujours et qui dépensent beaucoup d'énergie pour uniquement sortir le palet de leur zone ! Les visages sont creusés... les Scorpions souffrent !

Deux pénalités de Croux (accrocher) et Simoni (retard de jeu) donnent un double avantage numérique à leurs adversaires. Mulhouse n'a pas le droit de laisser passer une telle chance ! Les Scorpions font bien tourner le palet, et Bringuet adresse un superbe tir de la ligne bleue que Julien Aubry dévie dans le filet (1-3, 12'40). Espérons que cette ouverture du score va un peu décomplexer l'équipe locale. Une minute plus tard, Vincent Bringuet est effectivement à deux doigts de marquer suite à un très beau tir. Mais Lyon revient au complet et profite même d'une nouvelle pénalité mulhousienne pour relancer le rouleau compresseur : les deux Olsson, Norin et les ex-Strasbourgeois Reverdin et Bastian s'en donnent à cœur joie ; la bataille est rude devant la cage de Martel. Bastian et Aubry commencent d'ailleurs à s'accrocher, mais l'altercation n'amène pas de pénalité supplémentaire. Le jeu continue et Croteau et Bringuet en profitent pour lancer un contre magistral, mais Burnet se lance et annule l'attaque de Bringuet : une énorme occasion perdue par Mulhouse ! Le jeu s'accélère encore et toujours, par Robert et Alexander Olsson du côté lyonnais, mais également par Da Silva et Tupy du côté mulhousien. Mais cela ne va pas au bout.

Les Mulhousiens auront-ils pu récupérer pendant la pause, et pourront-ils sortir la tête de l'eau en ce début de deuxième tiers ? La réponse vient malheureusement au bout de seulement 25 secondes, sur la première montée lyonnaise ; Kim Wikström trompe à son tour Martel (1-4, 20'25). L'enfer que vont vivre les Mulhousiens dans ce tiers a à peine commencé. Robert Olsson trouve lui aussi le chemin des filets sur un tir levé à mi-hauteur, après une très bonne circulation du palet (1-5, 21'11"). Les hommes de Christer Eriksson sont déconcertants de facilité. Ils paraissent jouer à la "passe à 10" entre des Mulhousiens décontenancés. Croteau, toujours lui, essaye bien de lancer quelques contres, mais il bute sur le portier lyonnais.

Face à lui, la vitesse des Olsson est impressionnante ! C'est la panique totale dans les rangs mulhousiens. L'aisance de leurs adversaires donne l'impression qu'ils jouent constamment en supériorité numérique. Et après une première parade de Martel, Bigot signe sa deuxième réalisation de la soirée sur passe de Masson (1-6, 25'46). Le tir de loin d'Arrial n'inquiète en rien Burnet qui jusque là n'a pas eu trop à travailler, ce qui n'est pas le cas de Martel qui peut remercier son poteau de l'avoir sauvé d'un nouveau tir de Jérémy Bigot. Ce n'est que partie remise, puisque Lyon continue à se promener, donnant à Alexander Olsson l'occasion de marquer le septième but pour son équipe (1-7, 28'31"). Olivier Lyon essaye bien de tromper lui aussi Burnet, mais son tir à ras la glace passe à l'extérieur du poteau gauche de la cage lyonnaise. Et ce n'est pas fini ! Alors que Croteau fournit un gros effort pour passer par la droite et entrer en zone lyonnaise, il ne trouve personne pour reprendre sa passe. Le palet est immédiatement repris par Alexander Olsson qui remonte toute la glace à grandes enjambées pour marquer son troisième but personnel (1-8, 30'06).

C'est la grande déprime sur les visages des joueurs mulhousiens qui ne semblent pas comprendre ce qui leur arrive. Face à la déferlante lyonnaise, les Alsaciens ne peuvent procéder que par des rares contres individuels sans danger. À 33'57, Claden rentre en jeu et tente crânement sa chance mais Burnet ferme bien son angle. Bringuet écope d'une pénalité donnant un avantage supplémentaire à des adversaires qui n'ont absolument pas besoin de ça pour faire absolument ce qu'ils veulent. Masson décoche deux tirs très dangereux, mais Martel repousse. Trémellat tente lui aussi de relever la tête, mais son action ne peut être menée au bout. La domination lyonnaise est totale ! Croteau, puis Arrial et Aubry essayeront encore avant la sirène, mais rien n'y fait, les lions sont bien les rois de la glace ce soir en infligeant un sévère 5-0 dans ce tiers.

On est donc très près de l'humiliation pour les Mulhousiens à l'entame de la troisième période, et on se demande bien par quel miracle ils vont pouvoir enrayer une mécanique lyonnaise parfaitement huilée. Mais les Scorpions ont de l'orgueil. Soutenus sans relâche depuis le début de la rencontre par les Ultras, ils vont relever la tête dans cet ultime tiers-temps et profiter d'une petite baisse de régime bien légitime des visiteurs, confortablement assis sur un pécule de 7 buts d'avance.

Et c'est une fois encore David Croteau qui mènera la révolte et trouve la réussite (2-8, 42'47"). Après avoir vu Martel dévier un énorme tir à bout portant de Dave Grenier, Pierrel se voit inviter à rejoindre le banc des pénalités. Mulhouse se retrouve donc en infériorité. Après un nouveau missile d'Alexander Olsson que Martel ne peut que repousser, Croteau s'empare de la rondelle et prend tout le monde de vitesse pour aller, seul, mystifier Burnet (3-8, 46'40"). Magnifique !

Mais il ne faut pas croire que les Lyonnais baissent les bras dans ce tiers. Ils répliquent de très belle manière en mitraillant à nouveau Martel qui produit un énorme travail. Les Scorpions semblent désormais décomplexés et on assiste enfin de leur part à de bonnes mises en échec. Garcia écope d'une pénalité mais Mulhouse n'arrive pas à construire en zone offensive. À cinq minutes de la fin du match, Croteau tente une fois encore sa chance mais trouve Burnet sur sa route. Bringuet fournit un très gros effort afin de garder le palet dans la zone adverse et résiste à plusieurs charges ; il se dégage, passe le puck à Olivier Lyon qui le lui remet afin qu'il puisse conclure (4-8, 57'01). Les Mulhousiens sont ressuscités, mais leur regain d'énergie est arrivé bien tardivement dans cette partie qui a été à sens unique pendant 40 minutes.

Les Scorpions auront tout de même sauvé l'honneur dans ce troisième tiers remporté 3-0. Après avoir longuement salué le public et leurs plus fidèles supporters qui les sont soutenus pendant toute cette saison, ils quittent la glace mulhousienne au compte-gouttes, sachant que certains ne la retrouveront peut-être pas. Pour d'autres, ils devront attendre septembre prochain pour retrouver la chaude ambiance des matchs à l'Illberg. Bien sûr, on ne peut jamais dire que tout est perdu. Tout est possible en hockey sur glace. Mais la partie sera plus que difficile samedi prochain à la patinoire Charlemagne, où à nouveau, près de 3600 spectateurs seront dernière leur équipe pour la porter vers une finale tant attendue. Parions que le match d'hier va rester un bon moment dans les esprits des Mulhousiens qui auront peut-être de quoi regretter de n'être pas être arrivés à rentrer dans la rencontre pendant les 40 premières minutes.

Quoi qu'il en soit, leur parcours cette saison aura été plus que positif et les objectifs ont été largement atteints. Les Mulhousiens ont de quoi être fiers de leur équipe qui aura montré un cœur énorme et un formidable esprit collectif. Elle n'aura absolument plus rien à perdre samedi prochain à Lyon, face à une superbe équipe taillée pour une accession en D1. Les applaudissements de ce soir leur ont d'ailleurs été également adressés, car ces joueurs-là ont montré tout leur talent dans un excellent état d'esprit.

Compte-rendu signé Christian Catil

 

Commentaires d'après-match (dans les Dernières Nouvelles d'Alsace)

Laurent Arnaud (entraîneur de Mulhouse) : "Nous avons été perturbés par leur changement de stratégie. Ils nous ont mis la pression d'entrée, alors que d'habitude Lyon est plutôt une équipe qui laisse venir et qui accélère vers le 2e, voire le 3e tiers. Il n'y a pas eu de miracle. Nous avions en face de nous une équipe qui n'a pas le niveau de D2, mais un niveau pour jouer les premiers rôles en D1, d'autant plus que l'équipe est très homogène. Ils ont patiné très vite et très fort. Nous nous sommes battus jusqu'au bout. Il y a eu une véritable volonté du groupe de sauver l'honneur devant notre public. Nous allons faire de notre mieux là-bas, voilà notre objectif."

 

Mulhouse - Lyon 4-8 (1-3, 0-5, 3-0)

Samedi 15 mars 2008 à 17h40 à l'Illberg. 1265 spectateurs.

Arbitrage de Thierry Fraysse et Philippe Forget.

Pénalités : Mulhouse 10' (6', 2', 2'), Lyon 6' (4', 0', 2').

Tirs : Mulhouse 15 (4, 7, 4), Lyon 77 (27, 26, 24).

Engagements : Mulhouse 28 (10, 8, 10), Lyon 54 (20, 21, 13).

Évolution du score :

0-1 à 03'21" : Bigot

0-2 à 07'39" : A. Olsson (sup. num.)

0-3 à 07'52" : Paillet assisté de Prophette

1-3 à 12'40" : Aubry assisté de Bringuet et Herbrecht (double sup. num.)

1-4 à 20'25" : Wikström

1-5 à 21'11" : R. Olsson assisté de A. Olsson et Bastian

1-6 à 25'46" : Bigot assisté de Masson

1-7 à 28'31" : A. Olsson

1-8 à 30'06" : A. Olsson

2-8 à 42'47" : Croteau assisté de Tupy

3-8 à 46'40" : Croteau (inf. num.)

4-8 à 57'01" : Bringuet assisté de Lyon

 

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