Lokomotiv Yaroslavl - Salavat Yulaev Ufa (9 avril 2008)

 

Finale de Superliga russe, match 4.

Le Salavat Ioulaiev est à soixante minutes de son premier titre de champion de Russie (et peut-être aussi le dernier, puisque l'an prochain la Ligue Continentale de Hockey ne sera pas un championnat russe, mais international !). Les Bachkirs mènent en effet deux manches à une dans une finale des plus acharnées.Oufa a perdu le premier match chez lui 3-0, puis s'est repris deux jours plus tard, toujours à domicile 2-0, et a enfoncé le clou en s'imposant en fin de rencontre 4-1 lors de la première manche à Iaroslavl. En cas de victoire ce soir, c'est donc le titre pour Oufa.

Mais Iaroslavl n'a pas dit son dernier mot. Tout d'abord, les trois premiers matches ont été très serrés, et ensuite, devant le public le plus nombreux de toute la Russie, rien n'en définitivement scellé. Il y a du beau monde ce soir à Iaroslavl. En plus de la coupe de champion, on note en tribune officielle le président de la fédération Vladislav Tretiak et le patron de la compagnie nationale des chemins de fer qui sponsorise le club du Lokomotiv.

Pour l'hymne russe joué avant la rencontre, les paroles sont diffusées sur l'écran géant comme au karaoké. Il faut préciser que si les Russes connaissent la musique de leur hymne, puisque c'est la même qu'à l'époque soviétique, peu connaissent les paroles actuelles. Les plus de trente ans ont immédiatement les paroles soviétiques qui leur reviennent à la mémoire ("Partiiia Léninaaaa"), et les vingt-trente ans n'ont pas appris à l'école les nouvelles paroles, seuls les écoliers actuels peuvent chanter en fait !

Bref, il faut faire de la pédagogie. À signaler quelque chose d'étrange sur l'hymne que j'ai remarqué lors de retransmissions télévisées depuis Oufa. Là-bas, on joue d'abord l'hymne russe puis l'hymne bachkire. Et la tradition dans les patinoires, c'est que les supporters brandissent bien haut leurs écharpes pendant l'hymne en signe de respect. Or, à Oufa, les supporters restent imperturbables pendant l'hymne russe et brandissent leurs écharpes comme un seul homme pendant l'hymne du Bachkortostan... Inquiétant d'un point de vue moscovite.

Comme il n'y a pas d'hymne de la région de Iaroslavl, on peut passer directement au match. Et cela démarre très fort et très vite. Le jeu est somptueux et très rapide. Les deux équipes se livrent à fond, se disant peut-être qu'elles auront bien le temps plus tard dans la partie de calculer. Pour l'instant c'est "à fond, à fond, à fond" et c'est superbe à voir. Le niveau de jeu de la Superliga est vraiment devenu impressionnant. En plus, il y a peu de fautes, une de chaque côté contre Andrei Terechtchenko et Ari Vallin.

Et si le score reste nul et vierge, c'est uniquement dû au talent des deux gardiens. Sémione Varlamov pour Iaroslav et Alexandre Eremenko pour Oufa. Quand je pense que certains pensent qu'il n'y a pas de bons gardiens en Russie. Au bout du compte, ce sont les clubs qui n'ont pas engagé de gardiens étrangers (enfin, pas tout à fait, disons plutôt qui font jouer leurs gardiens russes...) qui sont en finale ! Ces trois dernières années, les portiers étrangers avaient monopolisé les finales...

Après une première période aussi engagée, on se demande si les deux équipes vont pouvoir tenir à ce rythme. La réponse, du moins dans la première partie du tiers est "da". Cela continue à patiner comme des avions (et une locomotive et un héros national bachkir du XVIIIe qui font l'avion, j'aime autant vous dire que c'est spectaculaire). En plus, les joueurs sont incroyablement disciplinés. Il n'y a pas une faute. En fait, c'est très simple, comme au premier tiers, cela file d'une cage à l'autre et les deux gardiens sont imperturbables.

Il faut attendre la trentième minute pour voir une pénalité. L'excellent défenseur suédois Daniel Tjärnqvist est sanctionné. Et il suffit d'une première pénalité pour en déclencher... deux autres dans la foulée ! Kirill Koltsov pour Oufa et Dimitri Siomine sont à leur tour pénalisés. À quatre contre trois, Oufa a une belle opportunité d'ouvrir enfin le score. Mais Semione Varlamov ne tremble pas. Nous sommes donc à la mi-match et les joueurs éprouvent le besoin de souffler un peu. La fin du tiers est moins haletante et le jeu plus équilibré. Peut-être aussi qu'inconsciemment, les joueurs hésitent à se livrer offensivement, se disant que la moindre faute, le moindre contre peut-être fatal.

Le dernier tiers débute comme s'était terminé le précédent, par un jeu équilibré et plus prudent que lors de la première moitié de la partie. Et puis, petit à petit, imperceptiblement, le Loko prend l'ascendant. Les joueurs de Iaroslavl finissent visiblement plus fort. La pression des joueurs du club du ministère russe des chemins de fer, mettent leur patte sur cette fin de rencontre. Eremenko commence à avoir plus de travail que Varlamov. Mais l'ancien Dynamiste s'en sort parfaitement. On croit pourtant qu'il est battu à la 48e. En dans les faits, il l'est, mais Zbynek Irgl rate une cage ouverte. L'attaquant tchèque reçoit une passe idéale devant la cage d'Oufa, mais l'ancien joueur de Vitkovice est trop déséquilibré et il ne peut redresser son tir du revers qui passe à côté de la cage déserté par le gardien bachkir...

Bon, alors, où-va-t-on comme ça ? Vers les prolongations, mes bons amis... C'est ce que tout le monde pense... Malgré le fait que le Loko continue à pousser, non pas ses wagonnets, mais ses attaques.

Et cela finit par payer à trois minutes de la fin du match. C'est le Suédois Daniel Tjärnqvist qui crée le danger avec un tir puissant contré devant la cage par un défenseur, mais c'est Irgl qui conclut (et se "rattrape" de sa cage vide manquée) de face avec un but plein d'opportunisme. C'est du délire dans l'immense Arena-2000, l'ambiance est quasiment hystérique chez les supporters locaux qui désespéraient d'entendre siffler le train (une sirène, version train à vapeur, retentit à chaque but des rouges : Tchou, tchou !).

Dans la dernière minute, l'entraineur d'Oufa, Sergueï Mikhalev, fait sortir son gardien, mais c'est en vain. Les actions de but les plus dangereuses sont à l'actif des locaux, par deux fois à deux chouïas d'inscrire le 2-0 dans la cage vide.

Voilà donc le Lokomotiv, cinquième seulement de la saison régulière, revenu à égalité dans cette finale et qui pousse l'incontesté leader de la dite saison régulière à une cinquième manche.

Alors, certes, cet ultime match se déroulera au Bachkortostan, mais au vu de la tactique hyper défensive prônée à l'extérieur par l'entraineur finlandais Kari Heikkilä, on ne peut être raisonnablement serein du côté du Salavat Ioulaïev.

Étoiles du match Sport-Express : *** Zbynek Irgl (Lokomotiv), ** Sémione Varlamov (Lokomotiv), * Daniel Tjärnqvist (Lokomotiv).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Sémione Varlamov (Lokomotiv), ** Zbynek Irgl (Lokomotiv), * Alexandre Eremenko (Salavat).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Kari Heikkilä (entraîneur de Yaroslavl) : "L'ambiance était telle dans les tribunes que je n'entendais pas les remarques de mes joueurs et de mes assistants. Durant la deuxième période, j'ai réduit la rotation à trois lignes car nous avions un peu perdu le rythme. Mais au début de la troisième période, avec un nouvel alignement, j'ai senti que nous allions gagner ce match. Plus les minutes passaient, et plus nous avions d'occasions. L'une d'entre elles devait se terminer en but."

Sergei Mikhalev (entraîneur d'Ufa) : "Le Lokomotiv a joué comme si c'était sa dernière bataille. Ce match a été digne d'une finale. C'était à celui qui marquerait le premier. Nous avons eu des occasions, mais sans les concrétiser, comme cela a été le cas de notre adversaire pendant longtemps. À la fin du match, nous ne voulions pas perdre et nous avons cherché à atteindra la prolongation. Le but encaissé a eu sa part de hasard, avec deux ricochets."

 

Lokomotiv Yaroslavl - Salavat Yulaev Ufa 1-0 (0-0, 0-0, 1-0)

Mercredi 9 avril 2008 à 19h00 à l'Arena-2000. 9046 spectateurs.

Arbitrage d'Aleksandr Polyakov (Moscou) assisté de Sergei Shelyanin et Aleksandre Sadovnikov (Moscou).

Pénalités : Yaroslavl 10' (2', 4', 4'), Ufa 8' (2', 4', 2').

Tirs : Yaroslavl 26 (4, 9, 13), Ufa 29 (11, 11, 7).

Évolution du score :

1-0 à 56'50" : Irgl assisté de Tjärnqvist et Guskov

 

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Semion Varlamov.

Défenseurs : Ari Vallin (FIN) - Sergei Zhukov ; Aleksei Vasiliev - Vitali Anikeïenko ; Aleksandr Guskov - Daniel Tjärnqvist (SUE) ; Denis Sokolov.

Attaquants : Aleksei Yashin - Ivan Nepraiev [puis Churilov à 40'00"] - Zbynek Irgl (TCH) ; Aleksandr Galimov - Dmitri Semin - Ivan Tkachenko ; Sergei Konkov - Aleksei Kudashov (c) - Alekseï Mikhnov ; Aleksandr Vasyunov - Gennadi Churilov [puis Nepraiev à 40'00"] - Tony Salmelaïnen (FIN).

Remplaçants : Sergei Gayduchenko (G), Aleksandr Ryabev. Absents : Juuso Riksman (G, étranger surnuméraire), Konstantin Rudenko (fracture de la mâchoire), Ilya Gorokhov (surnuméraire).

Salavat Yulaev Ufa

Gardien : Aleksandr Eremenko [sorti de sa cage à 58'55"].

Défenseurs : Miroslav Blatak (TCH) - Andrei Kuteïkin ; Vitali Proshkin - Igor Shchadilov ; Kirill Koltsov - Oleg Tverdovsky ; Mikhaïl Chernov - Radek Philipp (TCH).

Attaquants : Konstantin Koltsov - Michal Mikeska (TCH) - Vladimir Antipov (c) ; Ruslan Nurtdinov - Alekseï Tereshchenko - Aleksandr Perezhogin ; Igor Volkov - Alekseï Medvedev - Alekseï Shkotov ; Andreï Taratukhin - Nikolaï Zavarukhin  - Andrei Sidyakin.

Remplaçant : Vadim Tarasov (G). Absents : Vladimir Vorobiev, Aleksandr Voïkov (blessés), Milan Hnilicka, Artiom Gordeev, Pavel Doronin, Igor Grigorenko (surnuméraires).

 

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