Canada - Russie (28 avril 2008)

 

Match international.

La chaleur monte

Il suffit d'annoncer une affiche "Canada-Russie" pour que l'amateur de hockey canadien se pourlèche les babines. Le Colisée Pepsi fait donc le plein, malgré la concurrence d'un certain troisième match de play-offs NHL Philadelphie-Montréal au même moment. Deux tableaux d'affichage en indiquent perpétuellement le score, et les images en direct sont même diffusées pendant la pause. Un sacrilège dans l'ancienne antre des Nordiques de Québec !

Le Canada a récupéré tout le monde sauf Rick Nash, comme prévu puisqu'il ne devrait pas jouer le début du Mondial après son opération des amygdales juste à la fin de la saison.

La Russie a vu débarquer ses quatre derniers attaquants de NHL hier soir (Ovechkin, Fedorov, Semin et Radulov), mais ils ne sont pas encore sur la glace. Dans le cas de la star Aleksandr Ovechkin, il n'a pas même pas le droit de s'entraîner tant que la question de son assurance n'est pas réglée ! Cela représente la bagatelle de 700 000 dollars, que la fédération russe devrait débourser demain. Quand l'écran géant de la patinoire montre Aleksandr Radulov dans la tribune, la patinoire s'enflamme avec des "Radou-Radou"... Rappelons que l'attaquant russe était la vedette des Remparts de Québec et qu'il leur a fait gagner le trophée suprême en junior majeur, la Coupe Memorial, en 2006.

Il ne fait pas bon être en retard puisque, après dix-sept secondes de jeu, Dmitri Kalinin n'a pas le temps de lever son pied sur un tir de la bleue de Brent Burns. Le palet ricoche sur son patin et file dans la lucarne (1-0). La Russie ne tarde pas égaliser, en profitant de la première pénalité canadienne, une charge avec la crosse de Staios. Le but est signé Sergei Mozyakin, qui n'a pas son pareil pour se démarquer et trouver une position de tir. Il reprend, sous la transversale, la passe de Tereshchenko (1-1). Les Russes font bonne figure dans les unités spéciales, et se montrent même menaçants en infériorité. Le Canada domine plutôt le jeu à cinq contre cinq avec pas mal de vitesse 

La deuxième période sera celle de Fedor Fedorov, le "mal-aimé", pourtant meilleur marqueur de la Russie sur la saison internationale. N'est-il conservé que par exigence de son frère, qui a été obligé de démentir avoir jamais formulé de telles requêtes ? La rumeur le verrait bien parmi les éliminés de dernière minute, mais il gagne sa place sur la glace pendant ce deuxième tiers. D'abord, il part en deux contre un avec Artyukhin et feinte pour mieux tromper Leclaire d'un bon tir (1-2). Puis il se bat avec Duncan Keith et part se reposer deux minutes en prison. Ensuite, après le changement de gardien canadien, il envoie un lancer de la bleue efficacement dévié par Aleksei Tereshchenko qui s'est imposé physiquement dans le slot (1-3). Enfin, il se retrouve en breakaway face à Cam Ward et tire sur la transversale. Les Russes ont clairement pris le contrôle de la partie et sont présents dans les duels.

Le Canada pousse au début du troisième tiers-temps, mais le gardien russe Aleksandr Eremenko se montre très solide et "tacle" le palet dans la crosse de Dany Heatley. L'attaquant le plus insistant est Ryan Getzlaf qui débarrasse tout sur son passage au rebond : la rondelle, le gardien, la cage... L'arbitre refusera le but. La Russie se met ensuite à forechecker et éloigne le danger canadien. L'intensité diminue peu à peu, et Mozyakin, de la zone neutre, clôt le score dans les filets désertés par Ward (1-4).

Si les hockeyeurs russes étaient si motivés ce soir, c'est qu'ils jouaient gras. À 29, ils savent qu'ils sont un petit peu trop nombreux à quatre jours du début du championnat du monde... Le lendemain, Slava Bykov écartera finalement Kulemin, Artyukhin, Kuteikin et le capitaine de l'an passé (qui y avait laissé son genou et a connu sept mois de convalescence, forcément sans retrouver son niveau de jeu) Piotr Schastlivy.

Cela ne signifie pas qu'il soit au bout de ses peines. Il reste maintenant à composer les lignes. Le trio Mozyakin-Gorovikov-Sushinsky paraît se trouver les yeux fermés et semble acquis. Le reste est encore en chantier, surtout en ce qui concerne le "cas" Ilya Kovalchuk. Hormis deux ou trois actions totalement individuelles, il n'a rien montré pendant ces deux matches amicaux et redevient le casse-tête qu'il a toujours été pour les sélectionneurs successifs.

Désignés joueurs du match : Brent Burns pour le Canada et Aleksandr Eremenko pour la Russie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Ken Hitchcock (entraîneur du Canada) : "J'avais prévu un match de ce genre. Cela va nous réveiller au bon moment. Nous avons affronté des joueurs qui se connaissent bien et qui ont une revanche à prendre après leur Mondial à domicile de l'an passé. Nous savons qu'ils n'abandonneront pas leur jeu collectif, même avec l'inclusion d'Ovechkin et de Semin. Nous avons joué comme je le souhaite en troisième période. Cette défaite n'a rien de catastrophique et nous aidera à devenir meilleurs."

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "C'est comme l'Euro tour : on le gagne, c'est bien, et puis on l'oublie. Il faut faire pareil avec ces matches contre la Suisse et le Canada : se préparer à passer à la suite. [...] La glace est effectivement mauvaise. Et il y a la chaleur. Il a toujours été oppressant de jouer cette patinoire, même quand j'étais joueur. C'est encore mieux de devoir jouer constamment ici. Ceux qui devront s'y habituer auront du mal. J'espère que nous aurons le temps de corriger notre jeu. Par exemple, le palet s'échappe sans cesse des crosses. La glace n'arrive pas à durcir, et elle devient de la soupe pendant le match. Cette surface épuise les joueurs."

Aleksandr Eremenko (gardien de la Russie) : "Je ne dirais pas que leur pression m'a paru forte. Par contre, il fait follement chaud dans cette salle. C'est difficile de jouer. On fait quelques mouvement et on est tout de suite fatigué. Ils ont une bonne équipe, qui prend beaucoup de bons tirs. Mais je pense qu'ils ont eu du mal aujourd'hui justement à cause de la glace. C'est difficile de tirer des conclusions d'un match amical. Je n'ai pas eu l'impression qu'ils voulaient gagner à tout prix."

 

Canada - Russie 1-4 (1-1, 0-2, 0-1)

Lundi 28 avril 2008 à 19h00 au Colisée Pepsi de Québec. 12500 spectateurs.

Arbitrage de M. Forrest (CAN).

Pénalités : Canada 14' (4', 8', 2'), Russie 12' (4', 6', 42').

Tirs : Canada 37 (9, 11, 17), Russie 41 (11, 15, 15).

Évolution du score :

1-0 à 00'17" : Burns

1-1 à 07'31" : Mozyakin assisté de Tereshchenko et Sushinsky (sup. num.)

1-2 à 26'08" : F. Fedorov

1-3 à 34'58" : Tereshchenko assisté de F. Fedorov et Nikulin

1-4 à 58'51" : Mozyakin (cage vide)

 

Canada

Gardien : Pascal Leclaire puis Cam Ward à 29'59".

Défenseurs : Ed Jovanovski - Brent Burns ; Steve Staios (A, 4') - Duncan Keith (2') ; Mark Giordano (2') - Jay Bouwmeester.

Attaquants : Shane Doan (C, 2') - Jonathan Toews (2') - Chris Kunitz ; Eric Staal - Jason Spezza - Martin Saint-Louis (A) ; Jamal Mayers - Ryan Getzlaf - Jason Chimera ; Dany Heatley (2') - Patrick Sharp (2') - Derek Roy ; Sam Gagner.

Absent : Rick Nash (se remet de son opération des amygdales).

Russie

Gardien : Aleksandr Eremenko.

Défenseurs : Dimitri Kalinin - Konstantin Korneev ; Evgeni Medvedev - Dimitri Vorobiev ; Vitali Proshkin (2') - Ilya Nikulin ; Denis Grebeshkov (2') - Andrei Kuteykin.

Attaquants : Ilya Kovalchuk - Sergei Zinoviev - Maxim Afinogenov (2') ; Sergei Mozyakin - Konstantin Gorovikov (2') - Maksim Sushinsky (C) ; Danis Zaripov - Aleksei Tereshchenko (2') - Nikolaï Kulemin ; Evgeny Artyukhin - Piotr Schastlivy - Fedor Fedorov (2').

Remplaçant : Semion Varlamov (G). Absents : Daniil Markov (genou), Aleksei Morozov (pied), Aleksandr Ovechkin (assurance), Sergei Fedorov, Aleksandr Semin, Aleksandr Radulov (en réserve).

 

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