États-Unis - Lettonie (2 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, premier tour, groupe B.

Citizen Kane et ses jeux de puissance

De tous les matches de cette première journée du premier championnat du monde jamais disputé au Canada, c'est certainement cette rencontre qui est la plus belle affiche.

D'un côté, les États-Unis d'Amérique, qui présentent l'une de leurs plus belles équipes de ces dernières années dans un Mondial et que le fait de jouer sur des petites glaces motive particulièrement. De l'autre, une Lettonie qui a agréablement surpris lors des matches de préparation et qui semble avoir réussi sa mue post-soviétique en remplaçant la génération russophone formée avant l'indépendance par une jeune garde lettone qui avait déjà pointé le bout du museau l'année dernière à Moscou.

C'est donc Halifax en Nouvelle-Écosse qui va avoir le privilège d'assister à ce premier test. Une patinoire du Metro Centre grandement teintée de grenat... Que l'on soit au Canada, en Russie ou au Zimbabwe, lorsque l'équipe nationale lettone joue un match, les supporters affluent ! Certes, la nombreuse communauté lettone nord-américaine s'est mobilisée, mais il y a également des fans qui ont traversé l'Atlantique. Des fans bruyants et chauds qui surprennent la "sécurité" canadienne plus habituée à des pères de famille gavés de pop corn qu'à des supporters à l'européenne. À tel point qu'un "stadier" passe son temps à demander aux premiers rangs grenats, massés derrière les cages de s'asseoir ! "Oui, oui" répondent les premiers rangs en questions... avant de se relever l'action suivante ! Grenat Power !

Enfin, dans les tribunes, car sur la glace, les "boys", qui jouent avec un maillot blanc symbolisant leur victoire olympique de 1960 (durant ce Mondial du centenaire de la fédération internationale, chaque équipe doit jouer un match avec un maillot typique), partent à fond. La pression américaine est d'entrée sur Edgars Masalskis. Mais le gardien de Riga, qui évolue cette saison à Jlobin au Bélarus, répond parfaitement présent. Une réplique en contre de Lauris Darzins et ce sont même les Lettons qui se créent la première grosse occasion sur la première pénalité du match, infligée à Keith Ballard. Le défenseur du Lada Togliatti, Georgijs Pujacs, frappe le poteau de Tim Thomas (6e).

Cependant, les choses ne tardent pas à revenir à la normale. Les Américains tuent la pénalité et ouvrent le score sur leur premier jeu de puissance. Jekabs Redlihs est sanctionné à 06'55, et à 07'21, les Américains mènent 1-0. Un rebond laissé par Masalskis parfaitement repris par Dustin Brown (L.A. Kings), et une leçon d'efficacité made in USA !

La pression américaine se poursuit sur la lancée de ce premier but. Les Baltes enchaînent les fautes (Saviels et Mikelis Redlhis), mais la maison lettone tient sur ces fondations. Ils redonnent même de l'espoir à leurs nombreux fans et reprennent du poil de l'Aigle en fin de tiers, en particulier sur deux supériorités numériques (Stempniak et Gleason). 1-0 à la fin du premier tiers. Les Américains ont dominé et mènent, les Lettons ont eu de belles possibilités en contre. Tout le monde peut croire en sa chance.

D'autant plus que les Grenats ont une fois de plus une superbe occasion en début de période suivante. Martins Cipulis se présente absolument seul face à Tim Thomas. Mais l'attaquant de Jlobin échoue sur le gardien des Bruins de Boston qui a parfaitement géré cette action. Après le poteau de Pujacs, on va finir par croire que les Baltes laissent filer leur chance. Surtout que sur une pénalité différée (faute de Jerofejevs), le jeune et talentueux Kaspars Daugavins se blesse en se couchant sur un tir. Il grimace de douleur, le palet ayant violement heurté sa jambe. Il doit sortir soutenu par ses coéquipiers et le médecin de l'équipe (il reviendra). Les Américains ne sont pas connus pour leur sentimentalisme dans ces cas-là... Un tir du poignet de la jeune merveille (19 ans) des Blackhawks de Chicago, Pat Kane, rappelle aux Lettons ce que c'est l'efficacité nord-américaine (2-0, 28'44").

Ceci dit, les Américains peuvent également rater des occases ! La preuve à 31'34". Lee Stempniak file tout seul vers la cage de Masalskis. Le défenseur d'Odense, au Danemark, Agris Saviels, n'a plus le choix : c'est Osoto-gari ! Et tir de pénalité. L'attaquant des Blues de Saint-Louis, étonnant meilleur marqueur américain l'an passé, s'élance pour se faire justice lui-même... mais il échoue sur la botte d'Edgars Masalskis !

Cela redonne du tonus aux Baltes... mais le problème pour eux restent de mettre ce maudit palet au fond des cages de Thomas. Et là, c'est une autre histoire, pour preuve, ce tir du revers du Pingouin de Krefeld, Herberts Vasiljevs, qui est dévié par Tim Thomas à vingt secondes de la sirène, alors que le Letton était tout seul au deuxième poteau. Bon, la passe était un peu forte...

Les Américains ne vont pas rater le coche lors de l'ultime période. Cela débute par un long 5 contre 3 suite à deux fautes en moins de vingt secondes d'Aleksandrs Jerofejevs et Mikelis Redlihs. Bon, ça tangue, mais ça tient. Cela se poursuit par un sauvetage miracle d'Arvids Rekis. Le défenseur d'Augsbourg se détend de tout son long pour écarter du bout de la crosse un palet qui filait dans la cage...

Mais cela finit par craquer sur la pénalité suivante prise par un autre joueur de la DEL, Krisjanis Redlihs (Hambourg). Un premier tir de Zach Parise échoue sur Edgars Masalskis, mais le Diable du New Jersey récupère la rondelle qui a filé entre les jambières du gardien letton, et conclue en poussant ladite rondelle derrière la ligne. 3-0 et troisième but en supériorité numérique...

Quand on vous parlait d'efficacité américaine ! Une soif de vaincre qui déborde un peu dans les minutes suivantes avec deux charges rugueuses sur Masalskis. La première fois, le cerbère letton laisse ses défenseurs faire le ménage, la seconde, il grogne, car faut pas exagérer. Les arbitres envoyant un joueur de chaque côté se calmer : Adam Burish, et le seul joueur de LHN de la sélection lettone, Raitis Ivanans (Los Angeles), que l'on voit beaucoup dans les (rares) échauffourées, comme s'il voulait, de par son statut, "protéger" ses camarades.

Ceci dit, le match n'est pas "méchant" et les Américains poussent plus les Lettons à la faute qu'ils ne jouent vraiment physique. Et ça marche. À dix minutes de la fin, Lauris Darzins est sanctionné et les Américains inscrivent leur quatrième but en power play ! Ou plus exactement, les Lettons poussent le bouchon jusqu'à inscrire un but contre leur camp ! Patrick O'Sullivan (tiens, il y a des Américains d'origine irlandaise ?!) tire sur Masalskis qui renvoie, Georgijs Pujacs veut alors dégager du revers ce rebond... et trompe son gardien (4-0, 51'05"). Ouille !

Et pour ne rien avoir à regretter, les Lettons ratent encore une action en or la minute suivante, par le jeune (22 ans) défenseur d'Alba Volan, en Hongrie, Guntis Galvins. Son tir du revers est détourné par l'impeccable Tim Thomas...

Les États-Unis s'imposent donc 4-0 et prouvent qu'ils sont vraiment solides. Disciplinés (pas de prison inutiles), efficaces (4 powerplays transformés), inébranlables en défense autour d'un gardien toujours présent sur les quelques actions dangereuses lettones disséminées tout au long du match. Franchement, c'est impressionnant !

Quant aux Lettons, ils ont montré leurs progrès, en confirmant leurs belles prestations des matches de préparation, mais aussi leurs limites. Car, ma pauvre dame, ce n'est pas le tout de se créer des occasions, encore faut-il en mettre quelques unes au fond. Avoir le meilleur public du monde, cela ne suffit pas...

Désignés joueurs du match : Paul Martin pour les États-Unis et Edgars Masalkis pour la Lettonie.

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

John Tortorella (entraîneur des États-Unis) : "Je n'ai pas été impliqué dans beaucoup de tournois internationaux, mais les deux fois où je les ai croisés, les Lettons ont été un adversaire difficile. Ce match n'a pas fait exception."

 

États-Unis - Lettonie 4-0 (1-0, 1-0, 2-0)

Vendredi 2 mai 2008 à 15h30 au Metro Centre de Halifax. 7360 spectateurs.

Arbitrage de Milan Minar (TCH) et Richard Schütz (ALL) assistés d'Ivan Dedioulia (BLR) et Frantisek Kalivoda (TCH).

Pénalités : États-Unis 12' (4', 6', 2'), Lettonie 14' (6', 6', 2').

Tirs : États-Unis 49 (14, 13, 22), Lettonie 24 (5, 8, 11).

Évolution du score :

1-0 à 07'21" : Brown assisté de Kane et Martin (sup. num.)

2-0 à 28'44" : Kane assisté de Martin

3-0 à 47'09" : Parise assisté de Brown et Kane (sup. num.)

4-0 à 51'05" : O'Sullivan assisté de Mueller et Martin (sup. num.)

 

États-Unis

Gardien : Tim Thomas.

Défenseurs : Paul Martin - Tom Gilbert ; Keith Ballard - James Wisniewski ; Mark Stuart - Matt Greene ; Tim Gleason.

Attaquants : Lee Stempniak (A) - Zach Parise (A) - Dustin Brown ; David Backes - Peter Mueller - Patrick Kane ; David Booth - Jeff Halpern (C) - Jason Pominville ; Patrick O'Sullivan - Phil Kessel - Drew Stafford ; Adam Burish.

Remplaçant : Craig Anderson (G).

Lettonie

Gardien : Edgars Masalskis.

Défenseurs : Georgijs Pujacs - Arvids Rekis ; Krisjanis Redlihs - Aleksandrs Jerofejevs ; Rodrigo Lavins (C) - Guntis Galvins ; Jekabs Redlihs - Agris Saviels.

Attaquants : Aleksejs Sirokovs - Janis Sprukts (A) - Martins Cipulis ; Kaspars Daugavins - Herberts Vasiljevs - Aleksandrs Nizivijs ; Mikelis Redlihs - Armands Berzins - Lauris Darzins (A) ; Raitis Ivanans - Viktors Blinovs - Juris Stals.

Remplaçant : Sergejs Naumovs (G).

 

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