Russie - Bélarus (9 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, deuxième tour, groupe E.

Jour de fête

C'est fête aujourd'hui pour les deux équipes. En effet, le 9 mai, en Russie et au Bélarus, et dans les autres pays de la CEI, on célèbre la fin de la deuxième guerre mondiale, appelée depuis l'époque soviétique la Grande Guerre Patriotique. Pas question donc pour les joueurs de passer à côté de ce match, véritable "derby" de l'Europe orientale. En plus, le 9 mai, c'est mon anniversaire, alors "ils" ne vont pas me gâcher la fête avec un match médiocre !

Du point de vue sportif, les deux équipes ne sont pas placées devant les mêmes responsabilités. Avec trois victoires en autant de rencontres durant la première phase, la Russie a parfaitement commencé son Mondial et les joueurs de Slava Bykov sont dans la peau d'un favori qui doit confirmer. En revanche, la situation est plus ardue pour le Bélarus. Qualifiés en troisième position dans la poule A après deux défaites très courtes 5-6 devant la Suède et 1-2 contre la Suisse pour une victoire décisive face à la France 3-1, les joueurs entraînés par l'Américain Curt Fraser ne peuvent se permettent de perdre des points s'ils veulent jouer les quarts de finale.

Et avec une majorité de joueurs qui a joué ou joue encore (5 évoluent en Superliga) en Russie ou qui connaît parfaitement le style de jeu des Russes, le Bélarus sait que s'il doit réussir un exploit dans ce Mondial, ce sera aujourd'hui. Et dans cette équipe bélarussienne 2008, ils sont encore trois, Rouslan Salei, Alyakseï Kalioujni et Dzimitri Doudik, a se rappeler que c'est possible de battre la Russie dans une poule de deuxième tour des championnats du monde... comme en 2000 à Saint-Pétersbourg (1-0) !

Ceci dit, cela débute de la plus mauvaise des manières pour les Bélarussiens avec une pénalité infligée au jeune défenseur d'AHL Uladzimir Denisau, sanctionné dès la 35e seconde pour une crosse haute. Mais la Russie ne parvient pas à se mettre en route. De plus, le gardien formé à Perm et arrivé au Bélarus en 2006, Vitali Koval, se dit qu'après tout, il a intérêt à briller face à ses compatriotes (il a la double nationalité, ayant été naturalisé bélarussien pour évoluer en équipe nationale, même s'il a des racines familiales à l'ouest de la Russie...).

Cette première pénalité met les choses en place dans ce match. La Russie attaque... Koval renvoie tout !

Et dans ces cas-là, le meilleur moyen de faire douter l'équipe qui domine... C'est de placer un "pion" en contre. C'est ce qui arrive à la 7e avec un tir en angle d'Andreï Mikhalev qui trompe Mikhaïl Birioukov qui n'avait rien eu à faire depuis le début de la rencontre. Bon, 1-0 pour le Bélarus, la Russie débute son match à l'envers. Mais les joueurs de Viatcheslav Bykov ne sont pas perturbés, ils s'attendaient à des difficultés et... ils sont servis, car Vitali Koval, lui, est "légèrement" en confiance !

D'autant plus que cela fait 2-0 cinq minutes plus tard, avec un autre but en angle, mais cette fois-ci de l'autre côté, après un magnifique tour de cage de Dzimitri Doudik, l'un des survivants de l'exploit pétersbourgeois ! Comme Mikhalev, Doudik est passé par l'Allemagne, mais en DEL à Nuremberg.

Et cela continue à ne pas tourner rond pour les Russes, car Maxime Souchinski à une occasion en or. Le buteur de Saint-Pétersbourg se retrouve tout seul face à Koval... et tire à côté de la cage. Le problème devient même franchement compliqué lorsque l'attaquant Siarheï Zadelenau est sanctionné par un 2'+2' (pour une crosse haute ayant blessé son adversaire) et que la seule action dangereuse de ces quatre minutes de supériorité russe est un contre bélarussien ! Les Russes ont même une autre supériorité numérique lorsque l'attaquant du Spartak de Moscou, l'excellent Dzimitri Melechka, est également sanctionné par le duo d'arbitres finlandais. Une pénalité qui court également sur le début de la deuxième période... mais qui ne donne rien, face à la baraka de Vitali Koval !

Pourtant, la Russie fini par trouver la faille au moment où le doute aurait pu s'installer vraiment. Maxime Afinoguenov, l'ancien Dynamiste (de Moscou) désormais aux Sabres de Buffalo, convertit en but un rebond laissé par Vitali Koval.

Mais, au cas où les Russes penseraient que ce but a touché son moral, le gardien du Neman Horadna répond par l'arrêt du siècle, si, si, ni plus, ni moins ! Un incroyable grand écart, une extension digne d'un déploiement d'aile d'un albatros (un vrai, un oiseau, pas un hockeyeur brestois...). Le genre d'arrêt qui donne confiance à ses coéquipiers. Certains, comme Rouslan Salei qui évolue en LNH depuis plus de dix ans, ne le connaissaient même pas avant ce Mondial...

Même une pénalité pour Mikhalev ne trouble pas Koval qui répond présent à toutes les sollicitations? Et cela nous fait donc 2-1 pour le Bélarus avant d'aborder l'ultime période.

Et dans les cages russes alors ? Que se passe-t-il ? Le jeune Mikhaïl Birioukov, 23 ans, qui sait que son aventure dans ce Mondial va s'achever avec l'arrivée du NHLer Evgueni Nabokov, se dit que lui aussi, il pourrait nous gratifier d'un arrêt miracle, histoire de montrer à Koval ce dont il est capable ! Cela arrive à la 45e avec un magnifique sauvetage du gardien du MVD, formé à Iaroslavl.

Cette performance de Birioukov a-t-elle une conséquence bénéfique pour la Sbornaïa russe ? Quoi qu'il en soit, au lieu de se retrouver menée 3-1, la Russie égalise à deux partout juste après cet exploit. Et c'est la grande vedette de cette équipe, Alexandre Ovetchkine qui, remet les pendules à l'heure.

On respire du côté russe, car même si cela ne fait pas changer de rythme à Koval, qui poursuit méthodiquement sa tâche, cela soulage quand même la Grande Russie ! D'autant plus que six minutes plus tard, Maxime Afinoguenov inscrit son deuxième but de la partie et donne, pour la première fois du match, l'avantage à son pays.

Un avantage définitif pense-t-on. Après avoir tellement souffert, la Russie va s'en sortir avec ce petit but d'avance. On ne devrait jamais penser de manière définitive !

Un peu plus de deux minutes plus tard, le Bélarus a égalisé ! Un magnifique contre conclu par Aliakseï Ougarau, grand espoir de 23 ans qui évolue en Russie au Neftekhimik Nijnekamsk. Et bien voilà, cela nous fait donc trois partout et une mort subite à venir !

Durant cette prolongation, le Bélarus souffre. Andreï Kastitsine prend une prison qui laisse trois Bélarussiens seulement sur la glace. Mais il ne rompt pas car Koval est une fois de plus vital lorsqu'il annihile une échappée solitaire d'Ilia Kovaltchouk.

Il faut donc en arriver aux tirs au but pour départager les deux voisins. C'est le "Montréalais" Siarheï Kastitsine qui s'élance le premier. Mais la jeune merveille bélarussienne échoue sur Birioukov.

La réponse russe est imparable. Elle est signée Sergueï Moziakine, le serial buteur du CSKA, passé au Khimik des nouveaux riches de la banlieue de Moscou. Puisqu'on est entre "Moscovites", c'est au tour de Dzimitri Mialechka de tenter sa chance. Il feinte sur la droite et transforme du revers.

Une chance pareille, cela ne se gâche pas, surtout lorsqu'on s'appelle Alexeï Morozov, que l'on est le capitaine de la sélection russe et surtout que l'on a été formé aux Krylia Sovietov... Malgré un grand écart désespéré de Koval, Morozov inscrit son tir au but.

Place à Aliakseï Ougarau. Il doit impérativement marquer pour maintenir l'espoir du Bélarus. Las pour lui, il échoue dans la jambière de Birioukov. La Russie se sort donc du piège tendu par Vitali Koval et ses camarades par la petite porte des tirs au but, mais s'en sort quand même.

Avec plus de cinquante arrêts, Vitali Koval, lui, a peut-être ouvert la porte d'un club russe ! Cela serait la moindre des choses, non ?

Désignés joueurs du match : Maksim Afinogenov pour la Russie et Ruslan Salei pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Nous n'avons pas sous-estimé l'adversaire, nous nous sommes préparés très sérieusement. Chacun comprend qu'il s'agit de deux équipes de l'Union Soviétique et que les joueurs se connaissent parfaitement. Tous voulaient gagner, surtout ce jour-ci. Je ne veux pas accuser Mikhaïl Biryukov du premier but, mais il était léger. Le deuxième but est une simple inattention. Je crois que la dernière fois que Sergei Fedorov a dû commettre cette erreur, c'était il y a quarante ans... Pourquoi aurais-je dû paniquer ? Que devais-je faire, trahir mon gardien ? Non, ce n'aurait pas été un changement habituel. Les raisons des difficultés de Mikhaïl sont claires, c'est parce qu'Evgeni est arrivé. Mais il s'est bien débrouillé. C'est compliqué quand 80% se déroule dans la zone adverse. Chaque occasion est dangereuse quand le palet vient vers vous. [...] Kovalchuk veut marquer, il faut lui laisser cette possibilité avec un temps de jeu conséquent. Et il va marquer. Nous croyons en lui."

 

Russie - Bélarus 3-3 (0-2, 1-0, 2-1, 0-0) / 1-2 aux tirs au but

Vendredi 9 mai 2008 à 13h00 au Colisée Pepsi de Québec. 8031 spectateurs.

Arbitrage de Sami Partanen (FIN) et Jyri Petteri Rönn (FIN) assistés de Stefan Fonselius (FIN) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : Russie 6' (2', 2', 2', 0'), Bélarus 14' (8', 2', 2', 2').

Tirs : Russie 55 (18, 18, 13, 6), Bélarus 23 (5, 5, 8, 2).

Evolution du score :

0-1 à 07'27" : Mikhalev assisté de Grabovsky et Ugarov

0-2 à 11'53" : Dudik

1-2 à 23'54" : Afinogenov assisté de Proshkin et Tereshchenko

2-2 à 47'21" : Ovechkin assisté de Semin et Fedorov

3-2 à 53'51" : Afinogenov assisté d'Ovechkin et Fedorov

3-3 à 56'12" : Ugarov assisté de Grabovsky

Tirs au but :

Bélarus : S. Kostsitsyn (arrêté), Meleshko (réussi), Ugarov (arrêté).

Russie : Mozyakin (réussi), Morozov (réussi).

 

Russie

Gardien : Mikhaïl Biryukov.

Défenseurs : Andrei Markov - Ilya Nikulin ; Denis Grebeshkov - Konstantin Korneev ; Fedor Tyutin - Dmitri Vorobiev ; Dimitri Kalinin - Vitali Proshkin.

Attaquants : Ilya Kovalchuk - Sergei Zinoviev - Aleksei Morozov (C) ; Aleksandr Ovechkin - Sergei Fedorov (A) - Aleksandr Semin ; Sergei Mozyakin - Konstantin Gorovikov - Maksim Sushinsky (A) ; Danis Zaripov - Aleksei Tereshchenko - Maxim Afinogenov.

Remplaçant : Evgeni Nabokov (G). Absents : Aleksandr Eremenko (genou), Daniil Markov, Aleksandr Radulov (surnuméraires).

Bélarus

Gardien : Vitali Koval.

Défenseurs : Vladimir Denisov - Ruslan Salei (A) ; Viktor Kastyuchonak (A) - Oleg Leontiev ; Sergei Kolosov - Aleksandr Zhurik ; Andrei Bashko.

Attaquants : Sergei Kostsitsyn - Aliaksei Kalyuzhny (C) - Andrei Kostsitsyn ; Dmitri Dudik - Evgeni Kurilin - Aliaksandr Kulakov ; Mikhaïl Grabovsky - Andrei Mikhalev - Aleksei Ugarov ; Dmitri Mialeshka - Sergei Zadzelenov - Yaroslav Chuprys.

Remplaçant : Stepan Goryachevskikh (G). Absents : Aleksandr Makritsky (blessé), Oleg Antonenko (commotion), Konstantin Koltsov (commotion).

 

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