Championnat du monde 2008, deuxième tour, groupe F.

La vidéo, garantie de vérité...

C'est l'un des chocs au sommet de ce deuxième tour. Les Américains n'ont cédé que de justesse face au Canada, alors que la Finlande reste solide leader. Une équipe américaine qui prépare clairement les Jeux de Vancouver en 2010, alignant une formation très jeune, principalement composée de joueurs issus du programme de sélection d'Ann Arbor dans le Michigan, qui sont pour certains médaillés d'or en moins de 20 ans en 2004.

Les blancs remportent la première mise au jeu et débutent immédiatement le travail face à un adversaire décidé à s'imposer physiquement. Les duels sont tendus mais aucune équipe ne parvient à sortir de la balustrade. À la deuxième minute, Teemu Selänne est sanctionné pour un accrochage sur Patrick Kane, le benjamin de l'équipe et possible débutant de l'année en NHL. Un peu de spectacle alors qu'on refait la glace devant le but de Bäckström : l'officiel amenant le seau s'écroule lourdement au deuxième pas et rentre au vestiaire... Le redoutable jeu de puissance américain (40 % de réussite) se met en place, sans se montrer mordant le moins du monde. La première vraie chance revient à la Finlande avec un tir de Saku Koivu à la réception une passe de Selänne en sortant de derrière le but, puis une seconde sur un tir de Peltonen côté gauche. Les deux équipes peinent à développer leur jeu tant leur échec-avant est bien mené. Le soutien est permanent et le palet ne sort guère des balustrades. Un tir de Väänänen offre tout de même un tir lointain sur Esche.

À la mi-période, la ligne Dubinsky réalise une bosse présence et seule une cage dessoclée par Lepistö prive l'attaquant des Rangers d'ouvrir le score, après le gros travail de David Booth. Les Américains s'installent, offrant une position de tir intéressante à Lee Stempniak. Faute de convertir la supériorité, ils laissent leur adversaire tenter sa chance à son tour lorsque Gleason est puni. Peltonen multiplie les tirs, sans piéger Esche. Le palet circule, le danger est bel est bien présent mais ni Jussi Jokinen, ni Tuomo Ruutu, ni Mikko Luoma ne trompent la vigilance du gardien. On revient à égalité numérique et cela s'intensifie : Olli Jokinen percute violemment Tim Gleason, qui doit rentrer au vestiaire ; pénalité pour l'attaquant des Panthers de Floride pour cette charge dans le dos, malgré les protestations finlandaises. Il prend même 5 minutes et une méconduite pour le match. Les équipes spéciales américaines ne brillent pas trop lors de cette aubaine, gaspillant l'essentiel du temps faute de rentrer en zone offensive avec le palet. La meilleure chance revient à Zach Parise, qui récupère un lancer hors cadre d'un défenseur et tente de marquer dos au but en angle fermé. mais Bäckström, même hors de position, parvient à stopper la rondelle. La Finlande se dégage bien et a tué près de quatre minutes de prison avant la pause.

Au retour des vestiaires, les États-Unis débutent par un tir de loin de Wisniewski, que Dustin Brown et Zach Parise tentent de reprendre. Les esprits s'échauffent un peu et Brown est puni, ainsi que Niemi : on continue à 5 contre 4. Sur la fin de supériorité, O'Sullivan travaille sur le côté et remet à Stempniak qui perd un peu son palet ligne de fond. Cette erreur profite finalement à Tom Gilbert, avancé dans l'enclave, qui met cette rondelle traînante hors de portée du gardien (0-1, 21'42"). La réaction adverse ne tarde pas, obligeant Esche à un grand écart spectaculaire devant un lancer de la bleue. Tout en technique, les Américains débordent la défense ; Gilbert, à la réception d'une surprenante passe du revers de Patrick Kane, pousse ainsi Väänänen à la faute. L'avantage numérique ne dure guère puisque Kessel, piégé par le bon pressing adverse, commet une obstruction. Il y a des espaces, et les blancs en profitent. Koistinen puis Saku Koivu, à la passe pour Niskala, manquent ainsi l'égalisation. Parise mène une superbe contre-attaque, décalant son équipier Matt Greene au millimètre pour un duel perdu face au gardien.

Bäckström fait trébucher un joueur et les États-Unis repartent en supériorité numérique. Cela ne donne pas grand chose, le jeu étant contenu le long des bandes dans des duels physiques appuyés. L'indiscipline nordique se poursuit, brisant leur élan régulièrement. Cette fois-ci, c'est Selänne qui sort pour une faute en zone défensive. Ses coéquipiers défendent bien, empêchant les hommes de Tortorella de s'installer. Mieux, ils obtiennent deux minutes contre Parise, qui retient le bâton d'un défenseur. Les deux équipes spéciales se neutralisent à nouveau alors qu'on dépasse la mi-match.

Matt Greene poursuit la litanie des pénalités lorsqu'il retient Niemi en défense... et Saku Koivu sort à son tour, coupable d'une mauvaise charge sur Leopold, puis c'est Mark Stuart pour obstruction. Koistinen et Niko Kapanen allument les premières mèches. Ce deuxième tiers est trop haché par les pénalités pour que les deux équipes prennent un bon rythme. Saku Koivu se crée tout de même la meilleure occasion, se présentant presque seul devant Robert Esche, mais le gardien réalise un arrêt énorme de la mitaine, pour la plus belle chance du tiers. Une nouvelle pénalité de Väänänen dans la dernière minute se révèle malgré tout payante. Les États-Unis doublent la mise sur un superbe tir de Phil Kessel, du poignet, droit dans la lucarne opposée. Un shoot de sniper qui donne un avantage sensible aux Bleus (0-2, 39'13"). La période s'achève sur cet avantage net au score.

L'ultime période commence de la même manière avec une double supériorité finlandaise d'entrée. Une volée de Koistinen, consécutive à une transversale de Selänne, fait mouche et réduit le score. Sauf que le ralenti est clair : le palet est rentré par l'extérieur du poteau ! On fait appel à l'arbitrage vidéo, l'image est très nette. Et, chose incroyable, on valide le but ! Une incroyable erreur de jugement de l'arbitre vidéo, alors que tous les angles de caméras indiquent que le palet est rentré par le filet extérieur (1-2, 42'15"). Tortorella est abasourdi et l'équipe tente de rebondir, Brown se heurtant à Bäckström en un contre un : le gardien sort le poke-check astucieux. Son homologue brille tout autant devant Koistinen, volant le palet du gant, cage ouverte. Le match, enfin plus propre, se débride. La Finlande commence à prendre s'ascendant et à s'installer en attaque. Mieux, Matt Greene prend une nouvelle pénalité, sa 3e du match : Esche sauve les meubles.

Le palet quitte peu la zone américaine. L'égalisation survient donc logiquement. Un premier tir de Selänne est dégagé mais sauvé à la bleue, alors que la défense bleue est à la rue. Une transversale à droite, une à gauche, Koivu entre les jambes d'un adversaire vers Selänne, près du but, qui redirige le palet derrière le gardien (2-2, 50'50"). À une touche, c'est magnifique. La pression est énorme et Esche sauve encore, alors que la partie devient à peu de choses près à sens unique. Une nouvelle pénalité de Wisniewski confirme la domination de la Finlande qui étouffe son adversaire. Les occasions pleuvent... et finalement, Mikko Koivu, stationné dans l'enclave, parvient à reprendre une passe de la ligne de fond, dans une forêt de joueurs (3-2, 56'10"). Le mauvais placement de Matt Greene, à genoux dans la zone bleue, gène considérablement Esche, qui ne parvient pas à intervenir à temps.

Les Américains ont complètement craqué depuis le but invisible, au point que, dans les dernières minutes, les pénalités pleuvent et on joue à 4 contre 4. Le match se termine sur ce score et une belle partie d'échanges de marrons, des bagarres dignes de la NHL, ou presque... Une mauvaise charge de Burish, puis une autre de Brown, avant que Backes ne mette le visage de Niskala en sang. Une triste fin, pour ce match remporté par la Finlande mais qui restera marqué par une incroyable erreur du juge vidéo, inadmissible à ce niveau.

Désignés joueurs du match : Niklas Bäckström pour la Finlande et Robert Esche pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

Commentaires d'après-match

Saku Koivu (attaquant de la Finlande) : "C'était un sale coup de Brown, mais on l'a bien pris. Jussi Jokinen va bien, c'est l'essentiel."

Phil Kessel (attaquant des États-Unis) : "Je n'ai même pas envie d'y repenser. C'était un de ces matches... une grosse bataille, du combat, beaucoup de charges."

John Tortorella (entraîneur des États-Unis) : "Le gars essaie de mettre le palet cage vide. Les joueurs ont appris à ne jamais laisser un jouer marquer cage vide. Pour moi, Brown a fait le bon choix. Le but? Quel but ? Ils sont allés voir la vidéo, ont vu le ralenti. Bon sang, mais qu'est-ce qu'ils regardaient ? Ce n'est pas une erreur de décision, c'est de la cécité ! Mais on mérite notre sort, on ne méritait pas de gagner ce match. J'avais entendu parler de ces moments horribles de l'arbitrage international, j'en ai finalement vécu un. Mais pas seulement cette action, tout le match. C'était ridicule, la manière dont ils sifflaient, quand on a deux équipes qui ont envie de combattre comme cela. laissez les joueurs faire le jeu !"

Finlande - États-Unis 3-2 (0-0, 0-2, 3-0)

Dimanche 11 mai 2008 à 16h30 au Metro Centre de Halifax. 8867 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov et Alexander Poliakov (RUS) assistés d'Ivan Diedoulia (BLR) et Yuri Oskirko (RUS).

Pénalités : Finlande 96' (4'+5'+20', 12', 10'+20'+25'), États-Unis 106' (2', 10', 14'+10'+5'+20'+20'+25').

Tirs : Finlande 45 (8, 12, 25), États-Unis 22 (4, 11, 7).

Évolution du score :

0-1 à 21'30" : Gilbert assisté de Kessel et Stempniak

0-2 à 39'15" : Kessel assisté de Martin et Stempniak (sup. num.)

1-2 à 42'42" : Koistinen assisté de S. Koivu et Selänne

2-2 à 50'44" : Selänne assisté de S. Koivu et Peltonen

3-2 à 56'10" : M. Koivu assisté de Ruutu et Kapanen

Gardien : Niklas Bäckström.

Défenseurs : Janne Niskala - Mikko Jokela ; Anssi Salmela - Ossi Väänänen ; Ville Koistinen - Sami Lepistö ; Mikko Luoma - Antti-Jussi Niemi.

Attaquants : Ville Peltonen (C) - Saku Koivu - Teemu Selänne ; Olli Jokinen (A) [exclu à 16'29"] - Mikko Koivu (A) - Tuomo Ruutu ; Antti Pihlström - Niko Kapanen - Jussi Jokinen ; Mika Pyörälä - Riku Hahl - Esa Pirnes.

Remplaçant : Petri Vehanen (G). Absents : Karri Rämö (G), Sean Bergenheim, Hannes Hyvönen (surnuméraires).

Gardien : Robert Esche.

Défenseurs : Tim Gleason [sorti à 16'29"] - Paul Martin ; Mark Stuart - Matt Greene ; Jordan Leopold - Tom Gilbert ; James Wisniewski.

Attaquants : Dustin Brown - Zach Parise (A) - Patrick Kane ; Lee Stempniak (A) - Phil Kessel - Jason Pominville ; Brandon Dubinsky - Patrick O'Sullivan - Drew Stafford ; David Backes - Peter Mueller - David Booth ; Adam Burish.

Remplaçant : Craig Anderson (G). Absent : Jeff Halpern (rupture du ligament croisé antérieur droit), Keith Ballard (surnuméraire).

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