Suisse - Russie (12 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, deuxième tour, groupe E.

Le match pour le mental

Décontractés, les joueurs qui foulent la glace du Colisée pour ce match qui déterminera la première place du groupe D. Décontractés mais pas concentrés ? Je ne pense pas ! Les Suisses veulent créer un nouvel exploit de taille, et la Russie, elle, doit respecter la logique des choses pour entamer sereinement ses quarts de finale, face à ce même adversaire si elle sort vainqueur.

Alexei Morozov, le n°95 capable de beaucoup de choses à n'importe quel moment, est laissé de côté à cause d'une petite blessure, conséquence du match contre la Suède alors qu'il était meilleur marqueur de l'équipe. Côté suisse, c'est dans le but que tout se passe. Jonas Hiller remplace Gerber, il devra être en forme pour affronter les attaquants vedettes russes.

Dès l'engagement, c'est du côté suisse que les spectateurs rivent leurs yeux... D'ailleurs, les joueurs de l'équipe de France, spectateurs attentifs, ne s'y tromperont pas en changeant de place à chaque tiers-temps pour s'installer au niveau de la zone offensive. Les joueurs russes ont à coeur de mettre le premier but et cela se ressent par un jeu... parfaitement parfait ! Du grand art, dira-t-on, passes précises, charges très rudes, gestes techniques dignes des Kovalchuk et autre Ovechkin. Une Russie qui montre de très belles choses et qui met énormément de pression sur les Helvètes qui ne peuvent rien faire d'autre que dégager le palet de leur zone.

C'est finalement Dimitri Kalinin qui trouve le premier trou. Bien installée en zone suisse, la Russie fait tourner sa rondelle, puis le défenseur défensif de Buffalo, bien servi avec une cage ouverte, n'a plus qu'à atomiser Hiller !

Deux minutes plus tard, toujours sous la pression russe, Sandy Jeannin part pour en prison. Cinq secondes plus tard, Ovechkin reprend la rondelle au centre de la zone suisse, tire précisement entre les jambes du gardien à nouveau battu, que dis-je, c'est toute la défense qui a été transpercée par le jeu intelligent de la star des Capitals. Et une minute après ce but, rebelote ! C'est Sushinsky qui, très bien servi par Gorovikov à l'extrémité de la patinoire, tire en pleine lucarne. 3-0, le match est fait !

La Suisse completement assommée n'arrive pas à se relever. La Russie ne calme pas pour autant son jeu, mais préfère jouer en passes dans la zone offensive. Un brin énervant, Afinogueno se fait un malin plaisir de passer derrière la cage, revenir au centre, feinter pour... refeinter puis enfin passer a ses coéquipiers qui tirent sur un Jonas Hiller tout de même présent ! Fin du premier tiers avec quatre tirs seulement côté suisse, pour 14 tirs russes plus dangereux les uns que les autres.

Début de cette deuxieme période où nous pensions voir une Suisse tout de même un peu plus réveillée, mais rien n'y fait. La Russie est tout simplement sublime à voir jouer et déstabilise énormement le jeu mis en place par Ralph Krueger.

La Russie aura réussi un deuxième tiers sans aucune pénalité avec un jeu tres discipliné, et elle en est encore une fois récompensée. Sergei Fedorov, servi impeccablement par Ovechkin, trompe la défense suisse, et sur un petit cafouillage, le palet passe la ligne rouge (4-0). Les jeux sont faits à la fin de ce deuxième tiers, enfin... presque !

Les supporters russes venus en masse pour cette affiche sont fiers et le montrent ! Un peu trop confiants, peut-êtren comme leurs idoles dès le début de ce dernier tiers ? Bah oui, que voulez vous, la Russie aime relâcher un peu le rythme quand elle a bien dominé ! Elle laisse un peu de suspense jusqu'à la toute fin du jeu. C'est donc une Suisse plus en jambes que l'on voit à l'oeuvre, profitant du relâchement disciplinaire de Russes qui sont plus stressés et commettent plus de fautes. Zinoviev part se calmer en prison pour accrochage, la Suisse en profite et veut enfin tirer comme il se doit sur Nabokov (qui n'aura eu à faire que huit arrêts lors des deux premières périodes) pour montrer qu'elle peut elle aussi être dangereuse. Les joueurs tricolores sont donc placés du mauvais côté des tribunes dans ce troisième tiers...

Sur une très belle incursion en zone russe, DiPietro en profite pour passer derriere la cage mais se fait chiper le palet. Un mauvais dégagement, et Raffaele Sannitz en profite pour battre Nabokov (4-1). Les cinq minutes suivants sont aussi bien à l'avantage des Russes que des Suisses. Quand Monnet sort de prison pour accrocher, c'est Beat Gerber qui commet la même faute que son collègue ! On pense donc a une belle supériorité russe suivie d'un but... Oui, exact ! Sauf que, comme dit plus haut, l'équipe russe entière est endormie, et sur une mauvaise relance, un 2 contre 1 pour les Suisses permet à Julien Vauclair de battre un Nabokov impuissant sur ce joli tir (4-2). Le match est totalement relancé. La Russie se réveille doucement, un peu nerveuse mais en jambes, et la Suisse veut penser que l'exploit est toujours possible.

Sauf que les minutes défilent. La Suisse a une très belle occasion de mettre un troisieme but mais ne concrétise pas. De belles contre-attaques s'ensuivent du côté russe qui tombent sur un Hiller mieux en place que son adversaire Nabokov !

Krueger décide à trois minutes de la fin de sortir son gardien pour un 6 contre 4, mais sans réussite, et c'est dès sa sortie de prison que Sushinsky reçoit la relance de la défense pour marquer en cage vide (5-2). Cette fois-ci, les jeux sont réellement faits.

Néanmoins, la Suisse n'abdique pas, Romano Lemm reprend le rebond d'un de ses coéquipiers, et tire dans la cage presque vide... puisque Nabokov avait raté sa sortie lors du précedent tir (5-3).

La Russie aura donc respecté la logique des choses en montrant du très grand hockey pour les deux premières périodes et en relâchant énormément son jeu lors de ce dernier tiers, ce qui lui aura donné de belles sueurs froides.

Les supporters suisses, eux, ont l'air ravis de la préstation de leur équipe fétiche. Avantage psychologique pour les Russes puisque, lors des quarts de finale, ils auront affaire à ces mêmes Suisses.

Désignés joueurs du match : Julien Vauclair pour la Suisse et Maksim Sushinsky pour la Russie.

Compte-rendu signé Ivan Lehec

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Nous avons effectué beaucoup de changements dans la défense. Certains ont opéré, d'autres pas. Il est difficile de maintenir le niveau de concentration nécessaire tout au long du match. À 4-0, les joueurs ont cessé de se donner complètement. Cela ne devra pas se produire mercredi. C'est la leçon pour les play-offs : il faut respecter chaque adversaire 60 minutes. Nous ne devons pas mesurer la Suisse à l'aune de ce résultat. Elle peut encore faire mieux. Nous ne la sous-estimerons pas. Nous sommes favoris et nous devrons assumer ce rôle."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Nous ne pouvons pas nous permettre d'erreurs individuelles. Les trois buts ont été la conséquence d'erreurs défensives ou de pénalités. À ce niveau, chaque erreur est sanctionnée. Je suis cependant satisfait de notre troisième tiers. Les Russes ont arrêté de travailler dur et on en a profité. Cela donne de l'espoir pour le quart de finale. Nous devrons tenir le score le plus longtemps possible, pour que les joueurs russent deviennent nerveux et perdent patience. Nous n'avons rien à perdre, nous pourrons nous prérarer libérés. Je sens quand même que, avec cette équipe meilleure que les autres années, une surprise est du domaine du possible. Nous ne nous ferons plus surprendre par le rythme de la Russie parce que nous y serons habitués."

 

Suisse - Russie 3-5 (0-3, 0-1, 3-1)

Lundi 12 mai 2008 à 19h00 au Colisée Pepsi de Québec. 8286 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker (USA) et Jyri Petteri Rönn (FIN) assistés de Peter Feola (USA) et Milan Novak (SVK).

Pénalités : Suisse 12' (4', 4', 4'), Russie 6' (0', 0', 6').

Tirs : Suisse 22 (4, 4, 14), Russie 37 (14, 14, 9).

Évolution du score :

0-1 à 15'21" : Kalinin assisté de Zaripov et Radulov

0-2 à 17'49" : Ovechkin assisté de Kovalchuk et Korneev (sup. num.)

0-3 à 18'45" : Sushinsky assisté de Gorovikov

0-4 à 30'27" : Fedorov assisté d'Ovechkin et Semin

1-4 à 40'32" : Sannitz assisté de Forster et Di Pietro (sup. num.)

2-4 à 45'30" : Vauclair (inf. num.)

2-5 à 57'25" : Sushinsky (cage vide)

3-5 à 58'25" : Lemm assisté d'Ambühl et Sprunger

 

Suisse

Gardien : Jonas Hiller [sorti de sa cage de 56'24" à 57'25" et de 58'38" à 60'00"].

Défenseurs : Goran Bezina - Beat Gerber ; Philippe Furrer - Julien Vauclair ; Raphael Diaz - Beat Forster ; Mathias Seger.

Attaquants : Thomas Déruns - Sandy Jeannin (C) - Romano Lemm ; Julien Sprunger - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Paul DiPietro (A) - Thibaut Monnet - Raffaele Sannitz ; Marc Reichert - Andres Ambühl (A) - Patrik Bärtschi ; Petter Guggisberg.

Remplaçant : Martin Gerber (G). Absents : Roman Wick (commotion cérébrale), Severin Blindenbacher (ménagé).

Russie

Gardien : Evgeni Nabokov.

Défenseurs : Andrei Markov - Ilya Nikulin ; Denis Grebeshkov - Konstantin Korneev ; Fedor Tyutin - Vitali Proshkin ; Dimitri Kalinin - Daniil Markov.

Attaquants : Ilya Kovalchuk - Sergei Zinoviev - Maxim Afinogenov ; Aleksandr Ovechkin - Sergei Fedorov (A) - Aleksandr Semin ; Sergei Mozyakin - Konstantin Gorovikov - Maksim Sushinsky (C) ; Aleksandr Radulov - Aleksei Tereshchenko - Danis Zaripov.

Remplaçant : Mikhaïl Biryukov (G). Absents : Aleksandr Eremenko (genou), Aleksei Morozov (légère commotion), Dmitri Vorobiev (surnuméraire).

 

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