Finale de la Coupe Stanley, match 4.

Les Penguins ont repris un éln favorable en gagnant le 3e match. Leur capitaine, Sidney Crosby, a donné l'exemple en inscrivant un doublé. Il va désormais falloir confirmer pour égaliser dans la série. Detroit espère s'imposer à l'extérieur pour tenter de conclure ensuite à domicile, mais devra faire sans Tomas Holmström (touché aux ischio-jambiers)... et face à une équipe invaincue à domicile en playoffs.

Le public scande "Let's Go Pens !" à l'entrée des joueurs, pour une ambiance assez incroyable. Une minute de silence ne tarde pas à se mettre en place en mémoire de Luc Bourdon, le jeune défenseur de Vancouver décédé quelques jours plus tôt lors d'un accident de moto.

Un début très offensif

La mise au jeu est gagnée par Pittsburgh et la partie débute. Marc-André Fleury est rapidement sollicité par deux tirs de Brian Rafalski et s'impose de la botte. Detroit débute bien, pesant physiquement - mises en échec de Dallas Drake et Kris Draper - et cette usure débouche sur une pénalité... contre Drake, qui en fait trop sur Ryan Whitney. Les Penguins cherchent le premier but si capital... et il arrive rapidement. Un tir de Sergei Gonchar traverse une forêt de joueurs, Roberts gêne bien la vue. Chris Osgood, trop lent, laisse un espace près du poteau, dans lequel Marian Hossa fait mouche (1-0). Les noirs enchaînent, sans qu'Adam Hall puis Darryl Sydor ne cadrent. Le gardien des Red Wings est en difficulté, et est encore battu lorsque Marian Hossa démarre côté droit et voit son revers repoussé par la barre.

Les Wings à la peine s'en remettent à leur première ligne pour s'installer en attaque et casser le rythme adverse. Pavel Datsyuk et Henrik Zetterberg confisquent la rondelle, s'appuient sur Nicklas Lidström et Dan Cleary pour les tirs. Ce dernier obtient de plus une pénalité contre Pascal Dupuis pour charge dans le dos. Detroit manque de précision dans les passes et les choix, peinant à garder le disque en zone offensive. À la dernière seconde, au moment où Dupuis remet le pied sur la glace, Rafalski décale Lidström qui expédie une mine de la bleue, profitant d'un écran de Gonchar, à la lutte avec Cleary (1-1). Fleury ne peut rien faire sur ce tir puissant.

À la mi-période, une percée d'Adam Hall surprend Rafalski, qui, battu, prend une pénalité un peu bête. Le jeu de puissance local se déploie et Hossa reprend du cercle droit, sans tromper la vigilance de Chris Osgood. Il capte aussi un bon tir de Gonchar plein axe, malgré l'écran de Gary Roberts. Les dernières secondes manquent de profiter à Petr Sykora, à la réception d'un travail de Malkin. De l'autre côté, Cleary manque la reprise d'une passe de Datsyuk, avant de servir Zetterberg qui manque à son tour.

Detroit s'est repris, lançant à nouveau par Samuelsson, puis Lebda. Malheureusement pour eux, ils plient face à une attaque de Kennedy, Staal et Talbot, et Draper prend deux minutes. Le jeu de puissance aligne les gros bras ; Malkin manque ainsi une chance après une lumineuse passe dans le dos de Sidney Crosby, de derrière la cage. Le travail des Wings est excellent, Stuart maintenant le jeu dans les bandes et dégageant facilement. Après un ultime tir de Sykora, les joueurs du Michigan reviennent au complet. Les esprits ne tardent pas à s'échauffer... Pénalités contre Lebda pour un coup de crosse et contre Talbot pour simulation. Les espaces profitent à Detroit ; Zetterberg remet à Kronwall pour un bon tir dans l'axe, avec Stuart à l'affût du rebond. Pas de but, mais encore des jeux de mains qui expédient deux joueurs sur le banc, Orpik et Franzen. Les dernières secondes sont équilibrées : 1-1 à la pause, avec des occasions de part et d'autres... un peu plus côté Red Wings.

Un tiers défensif et peu emballant

La tension demeure dès la reprise. Michel Therrien a donné ses consignes et la ligne Talbot-Staal-Kennedy fait systématiquement face à celle de Datsyuk et Zetterberg. Peu d'espaces dans les premières minutes, avec un pressing haut dans la neutre, des deux côtés. Personne ne rentre lancé dans les zones d'attaque, les deux gardiens doivent jouer beaucoup à la crosse. La première vraie occasion revient à Crosby, bien servi dans le dos de la défense par une belle passe de Pascal Dupuis. Les deux minutes pour obstruction de Staal ne donnent strictement rien, face à la belle défensive noire.

Les minutes défilent dans ce bras de fer où l'on limite sérieusement les occasions. La possession de palet tombe progressivement aux mains de Detroit... mais à la mi-période, c'est Dupuis qui frôle le second but, plein axe. En face, après une grosse charge sur Talbot, Detroit se crée une bonne chance par le duo Draper-Maltby, avec un arrêt de Fleury à la clé.

Après plusieurs minutes assez calmes, Crosby, Hossa et Dupuis mettent le feu dans la défense et il faut un Osgood vigilant pour sauver son camp. Fleury n'est pas en reste lors d'une grosse présence de la ligne Maltby, qui attaque le but en force pour dévier un tir de la bleue et tenter de convertir le rebond. À quatre minutes de la fin, un gros travail de Jordan Staal pousse Rafalski à une nouvelle faute, lorsqu'il accroche Talbot. La pénalité ne donne rien, tant Detroit se montre solide en défense. Un tir de Zetterberg, sorti de la botte, termine ce deuxième tiers marqué par un jeu défensif de haut vol des deux côtés.

Zetterberg, impressionnant... en défense

Tout se jouera donc au troisième tiers, ou plus si affinités... Detroit entame bien, se créant un bon tir par Jiri Hudler sur l'aile gauche. Dans la continuité, le Tchèque surprend Marc-André Fleury du revers, en pivot. La rondelle passe au dessus de l'épaule, tape le poteau et rentre (1-2). Un but créé grâce à Brad Stuart qui a gardé le palet en zone devant deux adversaires, et à Darren Helm, sorti de derrière le but avec Hudler en attirant les défenseurs. Pittsburgh se retrouve en danger à un peu plus d'un quart d'heure de la sirène... Cela ne s'arrange pas : Draper décolle et tire au but, Fleury sauve, frappe la rondelle bondissante et l'expédie dans le filet protecteur ; deux minutes logiques. Les Red Wings ralentissent le jeu, s'appliquant pour éviter les contre-attaques. Aucune occasion dangereuse en supériorité, mais le temps défile.

Le palet reste globalement maitrisé par les visiteurs, qui privent leur adversaire d'occasions. Leur jeu défensif finit cependant par dépasser la limite : Maltby sort à son tour, coupable d'un accrochage dans la neutre... suivi d'Andreas Lilja pour une obstruction sur Crosby ! Cinq contre trois pendant 1'27" et une chance en or de revenir au score. Les tirs de Gonchar et Malkin ne sont pas cadrés, puis Crosby ne parvient pas à conclure au second poteau une passe de Marian Hossa à travers l'enclave, gêné par un Zetterberg énorme, qui se jette pour bloquer avec son patin, alors que Malkin manque le cadre sur le rebond. Le Suédois est impressionnant dans son travail défensif, parvenant même à obtenir un tir du revers sur Fleury en fin de pénalité. Maltby revient, Pittsburgh insiste... Osgood sauve deux fois et Lilja revient, le jeu de puissance des Penguins reste encore muet. C'est sans doute le tournant du match.

Le gardien vétéran Chris Osgood, hésitant en première, est bien plus concentré, parvenant à contrôler de justesse un tir inattendu d'Adam Hall à travers une forêt de joueurs. Plus que six minutes, et sur la mise en jeu c'est Malkin qui frappe à la porte, sans réussite. Les hommes de Babcock se jettent sur tous les palets, ne laissant aucune latitude aux Penguins, et manquent le 3e en contre-attaque ; Zetterberg déborde, sert Datsyuk qui sollicite Fleury, et Cleary trouve la jambière sur le rebond dans un angle impossible. Un arrêt incroyable du Québécois qui garde son équipe dans le match, à moins de quatre minutes de la fin. Mike Babcock demande peu après un temps mort, puisque Franzen a concédé un dégagement interdit après une longue présence sur la glace. Le Suédois commet la même erreur sur l'action suivante... sans conséquence, mais Cleary lui aussi effectue un dégagement interdit maladroit, à la grand colère de son entraîneur. En effet, à chaque fois, impossible de changer les lignes et la fatigue s'accumule.

Le jeu défensif de Detroit demeure impérial dans les dernières minutes, grâce notamment à un Zetterberg omniprésent. Passes précises, toujours une solution de relance... Les Penguins ne parviennent pas à passer la ligne bleue dans de bonnes conditions. Fleury sort dans la dernière minute pour un attaquant de plus et son équipe essaie de s'installer, mais se fait prendre en contre et voit Cleary rater la cage désertée. Osgood s'impose sur un ultime tir d'Hossa redirigé par Malkin : victoire de Detroit à l'extérieur... dans une ambiance tendue entre les deux équipes.

Première défaite à domicile depuis 17 matches pour les Penguins, qui offrent l'occasion aux Red Wings de boucler la série à domicile au match 5. Une équipe de Detroit plus solide : un bon jeu de relance, plus de précision, plus de tirs aussi. En face, Pittsburgh est transparent offensivement, Evgeni Malkin ou Petr Sykora notamment ne se faisant guère remarquer. Seul Marian Hossa a surnagé dans une équipe battue dans tous les secteurs. Henrik Zetterberg a pour sa part fait un pas vers le trophée Conn Smythe de meilleur joueur des playoffs, et pas seulement pour sa contribution offensive...

Étoiles du match : 1 Nicklas Lidström (Detroit), 2 Chris Osgood (Detroit), 3 Marian Hossa (Pittsburgh).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

Commentaires d'après-match

Henrik Zetterberg (attaquant de Detroit) : "On voulait être plus serein dans notre zone. Prendre les bonnes décisions. Je pense qu'on y a réussi. Ils ont eu l'occasion d'égaliser avec le 5-contre-3 à la fin. On a bien joué, essayé de les repousser au périmètre et d'être dans les lignes de tirs. Et quand un palet passait, Ozzie [Osgood] était là. C'était une grosse occasion d'égaliser, et un défi de jouer contre de tels joueurs, surtout à deux de moins. Ils avaient beaucoup d'espace. On s'entraîne beaucoup pour ça toute l'année, c'est excitant d'avoir la chance de le faire en match."

Jiri Hudler (attaquant de Detroit) : "J'étais derrière le but, en échec-avant. Le palet bondissait, et Stewie [Stuart] l'a gardé en zone. Je me suis retourné juste quand le palet m'est arrivé et j'ai essayé de le lancer au but, en hauteur car Fleury est très bon ras glace. Le but est chanceux, mais on va le prendre ! C'était une bonne présence pour nous, je suis content qu'il soit rentré. Le 5-contre-3 était incroyable. Ils ont tant de talent devant, c'était presque 1'30", pas vingt secondes. On a tué ce jeu de puissance, et on a essayé de rester bien positionné, on savait qu'ils viendraient avec énergie."

Mike Babcock (entraîneur de Detroit) : "Ce sont des joueurs talentueux, et quand ils se bagarrent aussi dur que ce soir, ils gagnent beaucoup de duels. Mais vous savez, cela fait trois ans que je dis que Zetterberg est énorme, donc ça ne me surprend pas. Consciencieux, excellent dans les deux sens du jeu. Pareil pour Datsyuk, mais on a beaucoup de bons joueurs. On a joué correctement, mais on a pas gagné assez de duels, pas assez lutté au premiers tiers. On l'a fait de plus en plus au fil du match, encore plus dans le 5-contre-3. On a une équipe de vétérans, même McCarty a fait un super boulot sur le banc, il faut lui donner du crédit. À six minutes de la fin, il était debout à motiver tout le monde, encourager à ne rien lâcher. Je crois que quand vous avez des vétérans comme cela, c'est une aide précieuse dans les moments difficiles."

Michel Therrien (entraîneur de Pittsburgh) : "Les bonnes équipes trouvent toujours un moyen de gagner. Leur 4e ligne marque le but de la victoire, qu'est-ce que vous voulez dire ? C'est évident qu'on avait besoin de ce but mais on a mal géré ce 5-contre-3. On n'a pas fait le travail. Zetterberg a fait un gros travail, mais on doit avoir plus de précision."

Sidney Crosby (attaquant de Pittsburgh) : "[Au sujet du 5-contre-3] On a manqué la cage plusieurs fois, et il y a un ou deux palets qui traînaient dans l'enclave, sans qu'on réussisse à les mettre au fond. Je crois que si on l'avait mis en retrait on aurait pu mieux construire quelque chose, mais là on est restés collés là un moment, sans pouvoir marquer. Le match de ce soir aurait pu tourner des deux côtés. On sait qu'on doit mieux jouer, mais c'est bien de savoir qu'on était là et qu'on a joué notre match. Il n'y a pas le choix maintenant, il faut gagner. L'effort était là, on a eu des occasions ; il y avait 1-1 et le but suivant était sans aucun doute celui de la victoire, ils l'ont eu. On a été patient, dans un match serré. Parfois, quand ils pressent comme ça, c'est facile de perdre le palet ou mal réagir, faire des erreurs. Mais on a fait du bon travail, en restant concentrés et à bien gérer le palet. On va tâcher de faire la même chose à Detroit. Ils en ont mis deux, nous un seul et ce n'est pas comme s'ils s'étaient envolés."

Pittsburgh Penguins - Detroit Red Wings 1-2 (1-1, 0-0, 0-1)

Samedi 31 mai 2008 à 20h20 à la Mellon Arena. 17 132 spectateurs.

Arbitrage de Marc Joanette et Brad Watson assistés de Pierre Racicot et Jean Morin.

Pénalités : Pittsburgh 10' (6', 2', 2'), Detroit 16' (10', 2', 4').

Tirs : Pittsburgh 23 (9, 8, 6), Detroit 30 (14, 7, 9).

Évolution du score :

1-0 à 02'51" : Hossa assisté de Gonchar et Crosby (sup. num.)

1-1 à 06'59" : Lidström assisté de Rafalski et Datsyuk

1-2 à 42'26" : Hudler assisté de Helm et Stuart

Gardien : Marc-André Fleury.

Défenseurs : Sergei Gonchar (A) - Brooks Orpik ; Rob Scuderi - Hal Gill ; Darryl Sydor - Ryan Whitney.

Attaquants : Pascal Dupuis - Sidney Crosby (C) - Marian Hossa ; Ryan Malone (A) - Evgeni Malkin - Petr Sykora ; Maxime Talbot - Jordan Staal - Tyler Kennedy ; Jarkko Ruutu - Adam Hall - Gary Roberts.

Remplaçant : Ty Conklin (G). En réserve : Kristofer Letang, Georges Laraque, Kris Beech, Jeff Taffe, Dany Sabourin (G).

Gardien : Chris Osgood.

Défenseurs : Nicklas Lidström - Brian Rafalski ; Brad Stuart - Nicklas Kronwall ; Brett Lebda - Andreas Lilja.

Attaquants : Pavel Datsyuk - Henrik Zetterberg - Daniel Cleary ; Johan Franzen - Valtteri Filppula - Mikael Samuelsson ; Dallas Drake - Kris Draper - Kirk Maltby ; Jiri Hudler - Darren Helm - Darren McCarty.

Remplaçant : Dominik Hasek (G). En réserve : Tomas Holström (ischio-jambiers), Tomas Kopecky, Kyle Quincey, Justin Abdelkader, Derek Meech, Aaron Downey, Chris Chelios, Mattias Ritola, Mark Hartigan, Jakub Kindl, Jonathan Ericsson, James Howard (G).

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